Think Education : « Améliorer la réussite en licence et lutter contre le décrochage »
« Avec le dispositif des Cordées de la réussite, il y a une vraie collaboration avec les enseignants du secondaire, on fait tout pour donner envie aux futurs étudiants de venir. Cela permet de clarifier son projet d’études avant APB
Admission Post Bac
. Ceux qui viennent sont plus motivés et on réduit l’échec car un étudiant qui nous connaît et nous choisit a plus de chance de réussir », déclare Christophe Morin, maître de conférences à l’Upec
Université Paris-Est Créteil
et responsable d’une Cordée de la réussite, lors de l’atelier de Think Education « Améliorer la réussite en licence et lutter contre le décrochage ? », le 02/02/2016 à l’université Paris-Dauphine.
« Dès que lycéens s’inscrivent via APB, on entre en contact avec eux et on leur propose une remise à niveau et une découverte de l’établissement. Tout repose sur du volontariat et les élèves jouent le jeu avec plus de 95 % de participation. On a un retour très positif des familles, elles sont rassurées et les étudiants se sentent mieux », indique de son côté Yann Verchier, responsable du cursus ingénieur et du tronc commun de l’UTT
Université de technologie de Troyes
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Animé par Eugénie Binet-Tiessen (journaliste de News Tank), l’atelier réunissait Christophe Morin, maître de conférences à l’Upec, Yann Verchier, responsable du cursus ingénieur et du tronc commun de l’UTT, et Patricia Albanese, assesseure de la CFVU
Commission de la formation et de la vie universitaire
et directrice du Service commun universitaire d’information et d’orientation de l’Upec.
Réussir en licence : « réussir son orientation » ou « sa réorientation »
Le véritable échec serait de ne pas aider des élèves à envisager une autre voie »« Réussir sa licence c’est être sûr de son orientation. Réussir sa première année c’est savoir si on s’engage sur la bonne voie. Cela me rappelle une discussion menée avec Marc Romainville, responsable du service de pédagogie universitaire de l’université de Namur, pour définir l’échec. Il considère que les Français sont les seuls à voir le verre à moitié vide. Qu’est ce qu’un échec ? Dans les chiffres, un étudiant qui n’a pas validé son année est compté comme en échec. Mais certains se réorientent. » (Christophe Morin, Upec Université Paris-Est Créteil )
« Avec les contraintes ministérielles, le décrochage est un échec point. Le véritable échec serait de ne pas aider des élèves à envisager une autre voie. » (Yann Verchier, UTT Université de technologie de Troyes )
« Avec la diversité du public et des jeunes, on se rend compte à l’entrée à l’université qu’il faut s’acclimater aux changements de méthodes pédagogiques et à de nouvelles matières. Il y a un droit à l’erreur que l’on doit permettre aux étudiants afin qu’ils puissent imaginer une réorientation. » (Patricia Albanese, Upec)
Les initiatives et dispositifs qui ont fait leur preuve
L’université à la rencontre du secondaire
Nous avons « désacralisé » les études supérieures »« Avec le dispositif des Cordées de la réussite, il y a une vraie collaboration avec les enseignants du secondaire, on fait tout pour donner envie aux futurs étudiants de venir. Cela permet de clarifier son projet d’études avant APB. Ceux qui viennent sont plus motivés et on réduit l’échec car un étudiant qui nous connaît et nous choisit a plus de chance de réussir. » (Christophe Morin, Upec)
« Avec la création d’une “journée APB” à l’Upec pour expliquer aux parents et étudiants le fonctionnement du dispositif, nous avons “désacralisé” les études supérieures. On leur explique bien que ce n’est plus le système pédagogique d’il y a 50 ans avec un grand amphi et des grands profs qui déversent leur savoir face à des élèves. Rassurer les parents et les étudiants sur ces éléments est fondamental. Si on n’accepte pas d’aller vers l’autre, on attendra pas l’objectif de faire réussir nos etudiants en licence. » (Patricia Albanese, Upec)
Les tutorats ciblés, tests de positionnement, training estival
La lutte contre le décrochage passe aussi par un accompagnement hors temps présentiel »« Les accompagnements mis en place pour faciliter une intégration comme des tutorats avec des étudiants plus âgés sont très efficaces. En première année, nous leur proposons une méthodologie pour apprendre à travailler et s’organiser. On cible une partie des étudiants avec une psychologue qui travaille avec eux. »(Christophe Morin, Upec)
« Dès que lycéens ont validé leur inscription dans l’établissement via APB, on entre en contact avec eux et on leur propose une remise à niveau et une découverte de l’établissement dès l’été, avant la rentrée de septembre. C’est purement basé sur du volontariat et les élèves jouent le jeu avec plus de 95 % de participation. On a un retour très positif des familles très positif, elles sont rassurées et les étudiants se sentent mieux. » (Yann Verchier, UTT)
Repérer les décrocheurs
« Cette année, nous avons mis en place pour une promotion de 300 étudiants de première années, au premier semestre, des tests de positionnement disciplinaires en amphi sous forme de quizz. Cela donne une bonne indication des forces et faibles du groupe, ce qui est important pour adapter nos enseignements. Nous aimerions pouvoir généraliser le dispositif. » (Christophe Morin, Upec)
« En première et deuxième année, nos dispositifs en faveur de la réussite en licence ne se limitent pas à des training pré-rentrée et des ateliers de prise de note ou de réflexion sur son projet professionnel. La lutte contre le décrochage passe aussi par un accompagnement hors temps présentiel via la plateforme Moodle : nous repérons immédiatement les décrocheurs. » (Yann Verchier, UTT)
Le rôle des bibliothèques et des personnels des bibliothèques
« Nous avons la chance d’avoir au sein de nos bibliothèque, des personnel impliqués dans les dynamiques des établissements mais nous ne les associons peut-être pas assez à la question de la réussite en licence », indique Patricia Albanese (Upec) en réponse à une personne du public qui s’interrogeait sur le rôle des personnels des bibliothèques dans les dispositifs en faveur de la réussite en licence.
« Avec la révolution numérique, les bibliothèques universitaires sont effectivement devenues des lieux de regroupement et moins de travail isolé. Il faudrait justement, prendre acte de ces évolutions pour imaginer des temps de soutien, de rencontres etc en leur sein… »(Yann Verchier, UTT)
« Orienter la politique de l’établissement », « accompagner les enseignants »
« Le rôle qui est le mien et celui du président de la CFVU Commission de la formation et de la vie universitaire consiste d’abord à orienter la politique de l’établissement et de mettre à disposition des fonds pour mettre en place des dispositifs de lutte contre le décrochage et de réussite en licence. Concrètement, cela se traduit notamment par un travail de fond engagé avec les composantes pour organiser, articuler les maquettes de formation et accompagner les enseignants dans le cadre de réponse à des appels à projet sur la thématique. Pour conduire ces actions, nous avons mis en place un service de la pédagogie et d’appui aux usages numériques » (Patricia Albanese, directrice du Service commun universitaire d’information et d’orientation de l’Upec)
Evaluer la réussite : la notion de « bien-être » et « la réorientation »
Les indicateurs demandés aux établissements par le ministère ne reflètent pas complètement la réalité »« Le taux de réussite en licence du ministère devrait prendre en compte d’autres critères comme celui du bien-être. Car un étudiant qui se sent bien réussira mieux, et un étudiant qui réussit, se sentira mieux. Nous travaillons beaucoup avec le service de médecine universitaire sur ces indicateurs . » (Yann Verchier, UTT)
« Les indicateurs demandés aux établissements par le ministère ne reflètent pas complètement la réalité. Par exemple un grand nombre de nos étudiants de première année de licence de biologie s’inscrivent à l’université pour préparer des concours, comme celui d’infirmière. Le taux de réussite en licence publié par le MENESR Ministère de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche n’en tient pas compte et ne valorise pas non plus la réorientation. »(Christophe Morin, Upec)