Débat autour du doctorat à l’AN : une « nécessité pour diriger un établissement public de recherche »
« Nos établissements publics de recherche et, plus généralement l’État, doivent être exemplaires dans la valorisation du doctorat. Il nous semble donc cohérent que les dirigeants de ces établissements soient titulaires d’un doctorat, ce qui devrait évidemment être inscrit dans la loi », déclare le député LR
Les Républicains
Patrick Hetzel
Ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche @ Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche (MESR) • Professeur en sciences de gestion @ Université Paris 2 - Panthéon-Assas
durant l’examen en séance publique du projet de LPR
Loi de programmation de la recherche pour les années 2021 à 2030 et portant diverses dispositions relatives à la recherche et à l’enseignement supérieur
à l’Assemblée nationale, le 23/09/2020.
Il défend un amendement (n° 2), identique à ceux du député Cédric Villani
Titulaire de la chaire IHES-Université de Lyon en analyse @ Institut des hautes études scientifiques (IHES) • Président du comité consultatif @ EPA Paris-Saclay • Membre du conseil scientifique …
pour le groupe EDS
Écologie Démocratie Solidarité
(n° 199) et de la députée UDI
Union des Démocrates et Indépendants
Béatrice Descamps (n° 260) visant à créer un article additionnel après l’article 5 du projet de loi. Objectif : rendre le diplôme de doctorat obligatoire afin de diriger un établissement public de recherche.
Si les amendements précités ne seront pas adoptés, le sujet évoqué suscite des débats notables.
Selon Cédric Villani, « il ne s’agit pas de faire la chasse aux chefs d’établissement déjà en place mais de reconnaître que le diplôme de doctorat ouvre des voies et des portes, au figuré comme au sens propre. Ces amendements participent à la nécessaire revalorisation dans la société de ce diplôme à nul autre pareil ».
Pour Béatrice Descamps, « il s’agit surtout d’encourager les jeunes diplômés, désireux d’accéder un jour à un tel poste, de s’engager dans une carrière de recherche et de contribuer ainsi à la recherche française ».
La députée communiste Marie-Georges Buffet ajoute que « cette disposition permettrait en outre d’être certain des connaissances des enjeux de la recherche publique dont dispose le candidat au poste de direction. Elle donnerait à nos établissements une crédibilité à l’international quant à la portée de leurs travaux ».
« Mon souhait est que le doctorat soit reconnu partout, dans l’ensemble du monde professionnel, dans l’administration comme dans les entreprises, mais il faut commencer par le début. Je le répète, on peut avoir toutes les qualités nécessaires pour diriger un grand organisme de recherche sans pour autant avoir de doctorat », leur répond finalement Frédérique Vidal
Conseillère spéciale du président @ European Foundation for Management Development (EFMD)
, ministre de l’Esri
Enseignement supérieur, recherche et innovation
.
L’exemple donné par le député Hetzel
Patrick Hetzel s’adresse à Frédérique Vidal dans l’hémicycle : « En commission, madame la ministre, vous nous avez dit qu’une telle disposition exclurait de ces postes les corps techniques de l’État. Je suis assez surpris par cet argument.
L’un de vos plus proches collaborateurs, le directeur général de la recherche, double major de l’École polytechnique, a intégré un corps technique mais aussi passé un doctorat de mathématiques et obtenu une HDR Habilitation à diriger des recherches ; à ce titre, il a disposé d’une pleine légitimité pour être P-DG Président(e)-directeur(rice) général(e) d'Inria Institut national de recherche en informatique et en automatique , puis directeur général du CNRS Centre national de la recherche scientifique , avant de travailler aujourd’hui à vos côtés.
Le parcours est cohérent. Voilà le signal que nous devons envoyer, y compris aux corps techniques de l’État : “Si vous voulez diriger un établissement public de recherche, passez d’abord un doctorat” ».
La défense de la ministre : l’inscription tardive du doctorat au RNCP
Pour sa défense, la ministre de l’Esri déclare à l’assistance : « Je me réjouis que vous soyez si nombreux, sur tous ces bancs, à vouloir faire reconnaître la qualité, la compétence, les connaissances, l’expérience professionnelle et le compagnonnage qu’apporte le diplôme de doctorat. Mais je regrette que personne, avant ce gouvernement, n’ait pensé à le faire inscrire ne serait-ce qu’au répertoire national des certifications professionnelles ! »
En effet, le diplôme de doctorat est enregistré au RNCP depuis le 06/03/2019.
Un ancien débat qui refait surface
En juillet 2016, Frédéric Dardel
Professeur @ Université Paris 5 - Descartes
avait démissionné de la présidence du conseil scientifique de l’Inra
Institut national de la recherche agronomique
suite à la proposition du président de la République de nommer Philippe Mauguin
P-DG @ Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae)
à la tête de l’Institut. Frédéric Dardel, mais aussi Patrick Hetzel
Ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche @ Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche (MESR) • Professeur en sciences de gestion @ Université Paris 2 - Panthéon-Assas
, regrettaient entre autres que Philippe Mauguin ne soit pas titulaire d’un doctorat.
- « Je milite avec force pour la reconnaissance du doctorat délivré par nos établissements et dont j’estime qu’il est insuffisamment valorisé dans notre pays », affirmait alors Frédéric Dardel.
- « Il s’agit d’un mépris pour la science et d’un signal détestable pour le monde scientifique », déclarait Patrick Hetzel.
Philippe Mauguin est aujourd’hui P-DG par interim d'Inrae Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (issu de la fusion de l’Inra et de l’Irstea) et Emmanuel Macron envisage, sur proposition du Premier ministre, de le nommer P-DG d’Inrae, indiquait l’Élysée le 16/07/2020.
Assemblée nationale
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Adresse du siège
126 rue de l’Université75355 Paris sp 07 France
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