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[Vœux 2022] Que les sujets Esri soient présents dans la campagne présidentielle (J-P Bourguignon)

News Tank Éducation & Recherche - Paris - Tribune n°239035 - Publié le 12/01/2022 à 11:00
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Jean-Pierre Bourguignon - ©  ERC

«  En ce début d’année, le premier vœu que l’on peut former est que la pandémie soit en 2022 rapidement sous contrôle afin que le secteur n’ait plus à évoluer en permanence sous contrainte pour l’enseignement comme pour la recherche ».

C’est ce qu’écrit Jean-Pierre Bourguignon Président @ FSMP • Mathématicien @ Centre national de la recherche scientifique (CNRS)
, ex-président de l’ERC European Research Council dans ses vœux pour 2022. Il fait partie des personnalités sollicitées par News Tank en ce début d’année pour connaître leurs attentes pour l’année à venir dans le domaine de l’Esri Enseignement supérieur, recherche et innovation .

Son second vœu est que « les efforts nécessaires soient faits pour estimer les dommages qu’a pu provoquer l’absence, ou au moins la stricte limitation, des contacts directs pendant presque deux ans ».

Il plaide ainsi depuis quelques mois pour qu’une conférence comparant la situation entre pays, entre institutions et entre disciplines permette de mesurer l’impact de la pandémie sur la carrière des jeunes chercheurs à l’échelle européenne : « Un des objectifs d’une telle étude serait d’identifier des bonnes pratiques et de les partager ».

Il est aussi selon lui « urgent de passer à une action efficace » face au « trop petit nombre » de candidatures aux programmes européens encore constaté malgré le plan mise en place par le Mesri Ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation .

« Jusqu’à maintenant sont à peu près absents de la précampagne présidentielle les sujets qui vont décider du futur de la France à l’échelle internationale, à savoir l’éducation, la recherche et l’innovation, au profit de questions dont on peut affirmer sans risque de se tromper que leur impact sur la prospérité de la France sera minime », estime enfin Jean-Pierre Bourguignon.

« Quand on prétend avoir des ambitions pour le pays, c’est à la fois étrange et pour sûr inquiétant », conclut-il.


Un « travail collectif » pour estimer les dommages générés par la pandémie

« Le secteur de l’enseignement supérieur et de la recherche a été gravement affecté par la pandémie comme presque tous les secteurs de la société. Un des facteurs spécifiques est l’importance qu’y jouent les relations interpersonnelles directes. Les moyens virtuels ont permis d’éviter un arrêt total, et des initiatives nouvelles pour accéder aux connaissances et les partager ont fleuri.

Les limites posées par la distance ont pu être abolies pour certaines activités, permettant un plus large accès à divers événements académiques à l’échelle mondiale », indique encore Jean-Pierre Bourguignon.

Concernant son voeu de voir estimés les dommages générés par la limitation des contacts pendant presque deux ans :

« On ne peut pas tourner la page comme si rien ne s’était passé car il existe un risque que nombre d’étudiants, et notamment parmi les plus avancés, décident, faute de perspectives, de ne plus envisager une carrière dans la recherche », précise-t-il.

Cela suppose « un travail collectif impliquant tous les partenaires de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation. En effet des mesures appropriées peuvent permettre de reconstruire une vision pour ceux et celles craignant que la rupture introduite par la pandémie ne puisse être corrigée ».

« Dans le domaine de l’enseignement supérieur et de la recherche, la France a un sous-engagement notable dans les programmes européens si on compare le niveau de sa contribution au budget européen et ce qu’elle en retire

Cette situation problématique n’est pas due à un défaut de qualité des chercheurs travaillant en France - les candidats basés en France ont des taux de succès parmi les plus élevés - mais à un trop petit nombre de candidatures. Ce problème est récurrent et n’a toujours pas trouvé de solution bien qu’il ait été identifié et qu’un plan d’action ait été officiellement mis en place. »

2022 : « année particulière »

Pour la France, l’année 2022 est selon lui particulière à deux titres :

  • « c’est la première année d’application de la LPR (loi de programmation de la recherche) avec quelques nouveautés structurelles mais aussi la revalorisation des salaires, notamment au niveau des débuts de carrière ; le retard était si considérable que cela ne règle le problème que partiellement mais il sera intéressant de voir les effets de cette mesure qui va s’étaler sur plusieurs années au moment où peu de postes sont mis au concours malgré l’augmentation du nombre d’étudiants ;
  • c’est aussi l’année où se tiennent une élection présidentielle et corrélativement un renouvellement de l’Assemblée nationale ; cela peut entraîner des changements considérables dans la politique relative à l’enseignement supérieur et la recherche ; un terme sera-t-il enfin mis à la stagnation autour de 2,2 % de la part du PIB Produit intérieur brut consacrée à la recherche avec une vraie perspective d’atteindre en 2030 l’objectif de 3 % - supposé être atteint en 2020 -, pourtant bien loin des niveaux atteints aujourd’hui par Israël et la République de Corée qui sont au-delà de 4 % ? ».

 Le modèle coréen

Enfin, pour Jean-Pierre Bourguignon, « il est intéressant de prendre connaissance des effets d’une politique donnant priorité à l’éducation et à la recherche dans la durée : il suffit de regarder la transformation radicale du niveau de prospérité de la Corée du Sud qui a suivi une telle politique pendant une soixantaine d’années, et cela sous des régimes politiques différents ».

« Comme noté plus haut, ce pays, de taille comparable à la France et sans ressource pétrolière, est en tête au niveau mondial pour la part de son PIB consacrée à la recherche et à l’innovation, alors qu’il avait peu de tradition dans ce domaine.

Par ailleurs, début décembre il avait déjà vacciné 92 % de sa population adulte, un des niveaux les plus élevés au monde, et hier y avaient été enregistrés 117 décès de la Covid-19 par million d’habitants contre 1912 en France et 2570 aux États-Unis ».

Jean-Pierre Bourguignon


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Parcours

FSMP
Président
ERC
Président par intérim
Institut des Hautes Études Scientifiques
Directeur
École polytechnique (X)
Professeur de mathématiques
Centre national de la recherche scientifique (CNRS)
Président du comité d’éthique
Société mathématique européenne
Président
Société mathématique de France
Président

Fiche n° 18657, créée le 10/08/2016 à 11:41 - MàJ le 25/10/2021 à 18:38


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