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Covid-19 : pas de « miracles » à attendre de Discovery ni de vaccin avant 2021 (F. Ader et É. Philippe)

News Tank Éducation & Recherche - Paris - Actualité n°180992 - Publié le 20/04/2020 à 14:41
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Florence Ader - ©  D.R.

« Comme on utilise des médicaments qui ne sont pas directement conçus pour le virus, il y a fort à parier qu’ils ne seront pas des médicaments miracles », déclare Florence Ader, infectiologue à l’hôpital de la Croix-Rousse de Lyon, et responsable coordinatrice de l’essai clinique Discovery qui vise à tester plusieurs types de médicaments contre le Covid-19 - dont l’hydroxychloroquine. Il inclut déjà 700 patients en France.

S’exprimant lors d’une conférence de presse d’Édouard Philippe Président @ Entente Axe Seine • Président @ Le Havre Seine Métropole • Maire @ Ville du Havre
, le 19/04/2020, elle fait aussi une mise en garde : « Comme nous ne sommes pas dans l’indication initiale, il ne faut absolument pas niveler tout l’aspect réglementaire des essais. C’est pour cela que nous avons été extrêmement exigeants, par exemple pour l’essai Discovery que je pilote, sur la réglementation [avec un] comité de protection des personnes pour avoir tous les feux verts (…), et bien sûr l’autorisation de l’ANSM Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé  ».

Elle ajoute que « le Graal est de trouver un vaccin » : « Il y a des tas de vaccins actuellement en développement dans le monde, en particulier à l’Institut Pasteur avec un vaccin sur lequel des essais [sur l’homme] vont commencer à échéance de cet été » .

Édouard Philippe résume la situation : « La population n’est pas immunisée, nous n’aurons pas de vaccins rapidement, en tout cas rien à un horizon raisonnable avant 2021 et peut-être un peu plus loin. Et il n’y a pas à ce stade de traitement efficace démontré ou connu [ni] dans un avenir proche ». Partant de ce constat, « cela nous laisse un instrument : la prévention qui va être déterminante dans la façon dont nous allons procéder au déconfinement », ajoute-t-il.

Pour le Premier ministre, cette prévention va reposer sur « trois éléments essentiels » - gestes barrières, tests, et isolement des porteurs du virus - sur la base desquels sera préparé le plan de déconfinement « que je présenterai à la fin du mois d’avril comme le président de la République me l’a demandé », aidé d'« une équipe d’experts pilotée par Jean Castex », maire de Prades (Pyrénées-Orientales), énarque et conseiller-maître à la Cour des comptes. Délégué interministériel aux grands événements sportifs et président de l’Agence nationale du sport, il a été secrétaire général adjoint de l’Elysée de Nicolas Sarkozy.

« Nous aurons sur les conditions de ce déconfinement un débat parlementaire au début du mois de mai, il est indispensable, car beaucoup de choses vont se jouer dans ce déconfinement », ajoute Edouard Philippe, rappelant que la mise en œuvre du déconfinement sera « progressive à partir du 11/05, elle ne pourra pas être autre chose que progressive ».

« Dans les entreprises, les gestes barrière et la distanciation sociale doivent passer d’abord lorsque c’est possible par le maintien du télétravail (…). Il va falloir faire en sorte que ce télétravail se poursuivre dans toute la mesure du possible », précise encore Édouard Philippe avant de prévenir :  « Cette crise sanitaire qui n’est pas terminée va entraîner une crise économique qui ne fait que commencer et sera brutale ».


Connaissances sur le coronavirus : « on progresse à la vitesse de l’éclair »

Florence Ader, infectiologue à l’hôpital de la Croix-Rousse de Lyon, responsable coordinatrice de l’essai clinique Discovery, liste ce que les scientifiques ont déjà découvert sur le coronavirus responsable du Covid-19 :

  • La structure du virus : « on commence à bien la connaître » ;
  • la carte d’identité du virus, c’est-à-dire son génome, « est aussi connue » ;
  • « on connaît un certain nombre de choses qui permettent au virus de s’attacher aux cellules, c’est très important, car c’est sa porte d’entrée » ;
  • « on progresse aussi beaucoup dans la description clinique des formes de la maladie : c’est important qu’on soit au courant de cela sur le terrain, car cela permet d’écourter les temps de diagnostic » ;
  • la chronologie de la maladie « par conséquent est désormais assez bien connue ».

« Ce qui est aussi très important, car il n’y a pas d’infection sans la réponse du système immunitaire, il est impossible qu’il n’y ait pas une étude cordonnée de l’impact du virus et de la réponse du système immunitaire ».

Une mobilisation nationale et mondiale

Moins de 4 mois pour apprendre tout ça »

« Si l’on fait la somme de toutes ces connaissances qui ont été acquises, cela nous a pris moins de quatre mois pour apprendre tout ça. C’est absolument extraordinaire, car si on se projette dans ce qui a par exemple pu se passer au moment de l’épidémie de VIH, on a mis plusieurs années à acquérir la somme de connaissances que l’on [a déjà accumulées] sur le coronavirus ».

Sur cette connaissance du virus, « on progresse à la vitesse de l’éclair, on va très vite dans la recherche », estime-t-elle, ajoutant que la mobilisation est « absolument mondiale sur la recherche en matière de coronavirus, c’est pour cela que cela va aussi vite (…), et en France, si on regarde la cartographie de tous les essais en cours, on voit bien que c’est réparti très harmonieusement sur tout le territoire : tout le monde s’est retroussé les manches. La recherche active contre le coronavirus est extrêmement vivace en France ».

Florence Ader liste toutefois des questions auxquelles les scientifiques n’ont « pas encore totalement répondu » :

• « pourquoi plus d’hommes que de femmes sont infectés et (…) hospitalisés »,

• pourquoi certains patients développent davantage des formes graves ou dont l’état va davantage se dégrader en hospitalisation,

• pourquoi les enfants sont « relativement peu touchés avec des formes symptomatiques peu importantes »,

• « la maladie n’est a priori peut-être pas immunisante, mais c’est une question très importante à laquelle nous ne sommes pas encore capables de répondre ».

La stratégie adoptée

« À partir de là, le raisonnement des chercheurs se résume ainsi : “comment peut-on proposer des choses en période de crise, c’est-à-dire dans une séquence de temps extrêmement courte ?” », indique Florence Ader.

« En première intention, on a raisonné ainsi : c’est un virus, nous possédons des médicaments antiviraux et d’autres, dont un certain nombre ont une activité potentielle sur ce virus : la question est donc de les tester.

On a donc mené un certain nombre de travaux in vitro, c’est-à-dire en laboratoire et on a retenu un certain nombre de molécules : par exemple une déjà utilisée contre le VIH Virus de l’immunodéficience humaine , une autre qui a déjà été testée contre Ebola ou dans le Mers-coronavirus… (…) et d’autres médicaments pas forcément utilisés dans le cadre des infections virales, notamment la chloroquine et l’hydroxychloroquine utilisées dans le paludisme  ». Des molécules aujourd’hui testées dans l’essai clinique Discovery, entre autres.

Des innovations à venir

Pour Florence Ader, « quand on progresse et que l’on comprend beaucoup mieux la façon dont le virus est structuré, dont il fonctionne et dont il interagit avec l’organisme, cela permet d’avoir des stratégies complètement spécifiques au virus, ce qui aboutit à deux innovations actuellement en cours :

  • d’une part trouver des cibles qui nous permettent d’élaborer de nouveaux médicaments complètement spécifiques à ce virus, dits de ‘deuxième génération’ ;
  • et le Graal c’est de trouver un vaccin qui soit assez spécifique pour générer une réponse immunitaire complètement ciblée sur ce virus et qui génère une immunité durable dans le temps ».

Seule arme à disposition : la prévention

Selon Édouard Philippe, nous avons pour l’instant qu'« un instrument : la prévention qui va être déterminante dans la façon dont nous allons procéder au déconfinement , dans la façon dont nous allons vivre après le confinement avec le virus. » Et le Premier ministre d’indiquer que cette prévention va reposer sur « trois éléments essentiels » :

  • « d’abord les gestes barrières », « ne pas les respecter, les prendre avec un peu plus de décontraction (…) c’est littéralement nous exposer à une reprise de l’épidémie »
  • « les tests, et singulièrement les tests virologiques » : « nous allons devoir tester vite et massivement tous ceux qui sont susceptibles de porter le virus, qui présenteraient des symptômes et ont été en contact avéré avec un malade » ;
  • l’isolement des porteurs du virus.

Édouard Philippe


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Fiche n° 17900, créée le 06/06/2016 à 17:04 - MàJ le 08/09/2020 à 15:30


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