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Covid-19 : « Le confinement durera vraisemblablement au moins six semaines » (conseil scientifique)

News Tank Éducation & Recherche - Paris - Actualité n°178723 - Publié le 24/03/2020 à 20:24
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Jean-François Delfraissy, président du Conseil scientifique Covid-19 - ©  D.R.

Le conseil scientifique Covid-19 considère « indispensable » de prolonger le confinement qui « durera vraisemblablement au moins six semaines à compter de sa mise en place », écrivent ses membres dans leur 4e avis daté du 23/03/2020 et rendu public le 24/03. Il estime par ailleurs « nécessaire un renforcement du confinement ».

Il identifie deux options :
• durcir les mesures de confinement en les appliquant à toute la population dans un esprit d’égalité, « rien ne garanti[ssan]t que cette option parvienne à tous les effets escomptés si son application est inégale ou incomplète » ;
• l’application stricte du confinement dans ses modalités actuelles sans en modifier les règles en vigueur à l’échelle nationale, « dans un esprit d’équité attentif à la situation des plus vulnérables ». 

Le conseil précise « qu’étant donné les incertitudes scientifiques mentionnées sur la dynamique de l’épidémie », il n’est pas encore possible de proposer une date de sortie de confinement.

« Pour appuyer la décision de sortie de confinement, il est important de consolider les systèmes de surveillance épidémiologique en place dans les hôpitaux. Ce recueil de données est difficile lorsque les établissements hospitaliers sont débordés ».

Pour le conseil, le confinement est actuellement « la seule stratégie réellement opérationnelle, l’alternative d’une politique de dépistage à grande échelle et d’isolement des personnes détectées n’étant pas pour l’instant réalisable à l’échelle nationale ».

Selon les experts, il semble enfin « indispensable pour les pouvoirs publics de faire preuve d’une entière transparence et de plus de clarté, afin de répondre aux questions que se posent les hôpitaux et les soignants quant aux stocks existants et à la manière dont les services seront approvisionnés ».

Ce conseil a été mis en place pour « éclairer la décision publique dans la gestion de la situation sanitaire liée au coronavirus » par Olivier Véran, ministre des solidarités et de la santé, à la demande d’Emmanuel Macron. Il est officiellement institué par la loi d’urgence en réponse au Covid-19, adoptée par le Parlement le 22/03 et promulguée le 24/03.


Trois semaines pour observer un effet du confinement

Le Conseil scientifique Covid-19 rappelle que les effets épidémiologiques du confinement ne peuvent être observés qu’à partir d’une durée de deux à trois semaines à partir de sa mise en œuvre.

« Trois semaines après le démarrage du confinement sont donc nécessaires pour obtenir une première estimation de son impact. Cela s’explique par le délai de deux à trois semaines entre l’infection d’une personne et son admission éventuelle en réanimation dans les cas les plus graves ».  

Préparer une stratégie post-confinement

Bientôt un avis sur la stratégie de sortie du confinement »

L’instance ajoute qu’avant d’envisager une sortie du confinement, le gouvernement devra s’assurer que l’objectif de l’intervention est atteint.

« Cette décision pourra être prise sur la base d’indicateurs épidémiologiques indiquant notamment que la saturation des services hospitaliers, et des services de réanimation en particulier, est jugulée.

Le gouvernement devra en outre s’assurer que les éléments d’une stratégie post-confinement sont opérationnels. »

Le  conseil scientifique émettra prochainement un avis sur la stratégie de « sortie du confinement ».

Plusieurs « points d’alerte »

Les membres du conseil émettent enfin plusieurs « points d’alerte » liés à la crise sanitaire et à la mise en œuvre du confinement et recommandent notamment :

  • d’assurer l’approvisionnement en équipement de matériel de protection personnels les soignants en priorité des différents secteurs médicaux et médico-sociaux, « même si les remontées des établissements hospitaliers ne signalent pas pour le moment de ruptures de stocks » ;
  • que soient rapidement prises des mesures sur le pilotage, l’organisation et la coordination des soins, la circulation de l’information, et la mobilisation des moyens logistiques nécessaires ;
  • que tous les moyens soient mis en œuvre pour que les patients notamment les plus fragiles continuent à faire l’objet d’une prise en charge adaptée tout en limitant au strict minimum les déplacements, le conseil souhaitant « réaffirmer le rôle majeur que va jouer dans un temps proche la médecine de ville dans la gestion de cette crise sanitaire » ;
  • que les déplacements vers l’outre-mer et vers des pays aux systèmes de santé plus fragiles soient limités au strict minimum, « il convient également d’être extrêmement vigilant vis-à-vis des déplacements vers des pays aux systèmes de santé vulnérables, notamment sur le continent africain » ;
  • d’accompagner les mesures actuelles de prise en charge spécifique notamment pour les personnes isolées ou précaires  sur le plan de la santé psychique.

Impliquer les ONG

Le conseil scientifique souligne aussi l’importance majeure d’impliquer le monde associatif dans les semaines qui viennent.

« Les ONG Organisation non gouvernementale telles que la Croix-Rouge, Médecins du monde, Médecins sans frontières, Alima … sont déjà impliquées dans l’accompagnement des plus fragiles. Elles ont également une compétence reconnue en terme logistique et organisationnelle en situation d’urgence. Elles doivent être consultées et écoutées par les pouvoirs publics ». 

Solliciter les SHS

« Parallèlement aux recherches conduites dans d’autres domaines, fondamentaux ou cliniques notamment, une initiative de recherche ambitieuse et de grande ampleur doit être orientée vers les sciences humaines, sociales, économiques et comportementales, ainsi que vers tous modes de connaissance susceptibles de produire des éléments utiles sur les rapports des Français à l’épidémie (comparaisons, études en populations générales, enquêtes d’opinion, analyses des réseaux sociaux par exemple…) », indique encore l’avis.

Prise en charge des défunts

Le conseil « attire aussi l’attention » :

  • « sur les précautions particulières nécessaires en matière de prise en charge des corps des défunts Covid-19, en associant écoute et humanité, et sur la nécessité d’accompagner les initiatives actuelles notamment de création d’une permanence téléphonique nationale d’accompagnement spirituel inter-cultes ;
  • sur l’importance d’un dispositif réactif d’analyse et de recherche sur la société française face au Covid-19 impliquant l’ensemble des acteurs pertinents de la recherche ainsi que d’autres acteurs (associations, science citoyenne…). »

Didier Raoult remplacé par Franck Chauvin du HSCP ?

Comme pour le dernier avis du conseil scientifique, Didier Raoult, directeur de l’IHU Institut hospitalo-universitaire Méditerranée infection de Marseille, n’est plus mentionné parmi les membres, alors qu’il figurait dans les deux premiers avis. Un nouveau membre apparaît dans la liste des membres : Franck Chauvin du Haut conseil de la santé publique.

Interrogé par News Tank à ce sujet ni Jean-François Delfraissy Président @ Comité consultatif national d’éthique pour les sciences de la vie et de la santé (CCNE)
 , président du conseil scientifique Covid-19, ni Didier Raoult ne nous avaient répondu à l’heure ou nous publions cet article.

« Je ne participe plus au conseil scientifique réuni autour d’Emmanuel Macron », a annoncé ce 24/03 aux « Echos » Didier Raoult, tout en précisant qu’il ne démissionne pas. 

Les membres du conseil scientifique Covid-19 listés par ce nouvel avis du 23/03 sont :

  • Jean-François Delfraissy, président;
  • Laetitia Atlani Duault, anthropologue ;
  • Daniel Benamouzig, sociologue ;
  • Lila Bouadma, réanimatrice ;
  • Simon Cauchemez, modélisateur ;
  • Franck Chauvin, Haut conseil de la santé publique ;
  • Pierre Louis Druais, médecine de Ville ;
  • Arnaud Fontanet, épidémiologiste ;
  • Bruno Lina, virologue ;
  • Denis Malvy, infectiologue ;
  • Yazdan Yazdanapanah, infectiologue.
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Jean-François Delfraissy, président du Conseil scientifique Covid-19 - ©  D.R.