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Confinement : des personnels administratifs et techniques inégaux face au télétravail (NT Adoc Mètis)

News Tank Éducation & Recherche - Paris - Actualité n°183589 - Publié le 25/05/2020 à 10:29
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©  Photo by Nick Morrison on Unsplash
©  Photo by Nick Morrison on Unsplash

• 63 % des personnels Biatss Bibliothèques, Ingénieurs, Administratifs, Techniciens, Social, Santé interrogés par News Tank et Adoc Mètis avaient déjà eu une expérience du télétravail avant le confinement ; 
• 47 % des répondants travaillent à domicile dans une pièce commune ;
• 56 % disent avoir été accompagnés par leur établissement et 44 % ne pas l’avoir été ;
• 60 % échangent moins d’une fois par jour avec leur responsable ;
• 57 % n’ont pas discuté de « règles du jeu » à propos du fonctionnement en période de confinement ;
• 87 % estiment que leur autonomie professionnelle n’a pas changé.

214 personnels Biatss d’écoles, universités ou organismes de recherche ont répondu à ce volet de l’enquête « Vivre et travailler confiné dans l’Esri » à laquelle ont participé 633 personnes. Elle a été imaginée par News Tank et le cabinet Adoc Mètis pour appréhender la manière dont les personnels et dirigeants de l’écosystème ont réagi au confinement.

« Sans que cela ne soit étonnant, il faut relever des résultats différenciés selon que les Biatss avaient ou non une expérience du télétravail. C’est d’ailleurs là un constat général dans cette enquête : les personnels, mais surtout Biatss, ne sont pas égaux devant le télétravail », déclare Romain Pierronnet, co-concepteur de l’enquête, consultant chez Adoc Mètis et chercheur associé à l’IRG (Institut de recherche et de gestion, Upec Université Paris-Est Créteil - Université Gustave Eiffel) 

Et de poursuivre : « Là où les enseignants-chercheurs ont l’habitude du travail en mobilité, les personnels administratifs ont besoin d’accéder à leurs dossiers, à leurs disques réseaux, aux logiciels métier. Ils n’ont pas une culture du télétravail homogène. »

Les résultats sont par ailleurs commentés par :
• Tarik Chakor, maître de conférences en sciences de gestion à l’Université Savoie Mont-Blanc ;
• Hugo Gaillard, enseignant-chercheur en gestion des ressources humaines (Ater Attaché temporaire d’enseignement et de recherche ) à Le Mans Université.


Une expérience variable du télétravail avant le confinement

Aviez-vous déjà une expérience du télétravail

Source(s) : « Vivre confiné dans l’ESRI » enquête News Tank / Adoc Mètis

Pour Romain Pierronnet, il faut garder en tête que « si le travail à distance informel existe depuis longtemps, la mise en œuvre du télétravail formel se fait sur un mode prudent depuis un an dans les universités ».

« Les agents qui avaient déjà pu en bénéficier avaient pu redéfinir leurs activités en conséquence, s’approprier de nouveaux outils, développer des compétences ad hoc, changer leur façon de faire. Les Biatss Bibliothèques, Ingénieurs, Administratifs, Techniciens, Social, Santé qui n’avaient pas pu s’initier au télétravail ne bénéficiaient pas de cette expérience et ont basculé dans un télétravail de fait, subi. »

Tarik Chakor souligne que « pour une grande partie des Biatss, ils savaient déjà gérer une partie de leur activité à distance ».

Les conditions du travail à domicile

A votre domicile, vous télétravaillez principalement :

Source(s) : « Vivre confiné dans l’ESRI » enquête News Tank / Adoc Mètis

Votre établissement vous a-t-il accompagné pour mettre en oeuvre le travail à distance lors du confinement ?

Source(s) : « Vivre confiné dans l’ESRI » enquête News Tank / Adoc Mètis

Le management à distance

A quelle fréquence échangez-vous avec votre responsable ?

Source(s) : « Vivre confiné dans l’ESRI » enquête News Tank / Adoc Mètis

Avez-vous échangé avec votre responsable sur d’éventuelles “règles du jeu” ?

Source(s) : « Vivre confiné dans l’ESRI » enquête News Tank / Adoc Mètis

« La dialectique autonomie/contrôle est au cœur de la mise en place du télétravail, surtout lorsqu’il est subi. De fait la confiance s’impose initialement parce qu’il n’y a guère le choix. Mais à mesure que la situation dure, ce télétravail de fait s’institutionnalise et s’accompagne logiquement du souhait de bénéficier d’outils de suivi et de coordination de travail à distance plus efficaces », analyse Romain Pierronnet.

Tarik Chakor fait l’hypothèse d’un « possible sentiment d’abandon des Biatss par leur employeur, voire la remise en question de leur utilité, du fait de leur impossibilité d’être physiquement présents ».

En effet, le télétravail est particulièrement subi « pour ceux qui n’ont pas d’expérience préalable dans le travail à distance ». Or, si 57 % disent avoir été accompagnés, ils sont 60 % à échanger « moins souvent qu’une fois par jour » avec leur responsable, et surtout plus de 50 % pointent une absence de « règles du jeu », de « cadre »…

« Cela peut nous permettre d’émettre un point de vigilance sur le retour au travail des Biatss, qui seront confrontés les premiers à leur espace physique de travail et aux évolutions organisationnelles post-Covid. »

Travail à domicile et autonomie

« Pour 87 % des répondants, le télétravail n’a rien changé. À ce moment du confinement, on fait comme on peut et la réponse trouvée est basée sur la confiance et l’urgence. Les établissements ont paré au plus pressé », note Tarik Chakor.

Depuis le début du confinement, vous avez le sentiment que

Source(s) : « Vivre confiné dans l’ESRI » enquête News Tank / Adoc Mètis

Commentaires des répondants sur leur autonomie de travail durant le confinement

« Aller au plus pressé »
  • « À la maison, je répartis mon temps différemment en faisant plus de pauses ».
  • « Les horaires sont plus souples et plus amples. »
  • « Je suis beaucoup plus efficace, car beaucoup moins interrompue. Et je contrôle davantage mon emploi du temps et mon organisation. »
  • « Ma responsable considère clairement qu’il faut aller au plus pressé, là ou avant elle aurait peut-être été plus regardante sur certains dossiers. Je pense que cela va considérablement changer notre manière de travailler à notre retour au bureau ».
  • « Plus d’autonomie car des temps et des activités contraintes (même si marginales dans mon activité) ont disparu ».
« On perd en spontanéité »
  • « L’autonomie est différente. Chaque mot, chaque mail doit être pesé en période de crise. On perd en spontanéité. Cela fait ressortir les dysfonctionnements internes et institutionnels, que ce soit au niveau du service, du lien au VP ou à la gouvernance. »
  • « Autonomie impactée par les demandes de la direction en période de crise. Moins de temps pour accomplir ses missions principales, nous devons nous dédier en majorité à la communication de crise. »
  • « Le manque de délégation de signature rallonge et complexifie normalement l’avancement des  dossiers. Les dossiers sont scannés, signés, photographiés à nouveau signés, ils en deviennent illisibles. »
« Il y a encore du chemin à parcourir en matière de confiance »
  • « Peur de la hiérarchie qu’on “s’ennuie“ et qu’on passe nos journées sur Netflix… il y a encore du chemin à parcourir en matière de confiance pour les managers qui ne sont pas eux-mêmes habitués à gérer le télétravail de façon aussi intense (1/2 à 1 journée par semaine, ce n’est pas tous les jours de la semaine). Le besoin de contrôle s’en ressent, encore plus quand on n’a pas “l’excuse“ d’avoir des enfants ou une famille à gérer, on se sent un peu corvéable à merci… »
Le rôle de “confinée“, en plus du travail
  • « L’autonomie reste la même. Ce qui reste plus délicat c’est conserver sa concentration lorsque l’on a à gérer la classe à distance (j’ai une fille au CM2 et un autre en 1re qui avance son année en confinement et qui prépare son oral de bac de français) et l’intendance (pour conserver la motivation et l’équilibre de sa famille, il convient de conserver un rythme, des repas équilibré, des temps d’exercice physique, etc.). Cela fait partie du rôle de “confinée“, en plus du travail. »

« La souplesse horaire semble particulièrement appréciée et relève dans certains extraits d’une sorte de soulagement », note Hugo Gaillard.

« La capacité à organiser sa journée en autonomie, du fait de la distance hiérarchique offerte par le confinement, favorise une organisation du travail repensée, individualisée, et adaptée à la situation personnelle. Cela semble d’ailleurs plutôt cohérent avec le fait que presque un Biatss sur deux n’a pas d’espace de travail dédié à son domicile, et utilise une pièce commune pour assurer la continuité de son activité. »

Commentaires des répondants sur leur capacité à consacrer du temps à d’autres activités professionnelles, grâce au travail à distance

« J’ai suivi une formation en ligne »
  • « Oui bientôt des projets autoformation. »
  • « J’ai suivi une formation en ligne d’Openclassroom et proposée par la direction des ressources humaines. »
  • « J’en ai profité pour me former au dessin et à l’aquarelle avec des cours en ligne et aussi de l’anglais que proposait mon entreprise. »
« Travailler à la réorganisation de mon service »
  • « Travail sur des dossiers que je n’avais pas le temps de traiter en présentiel. »
  • « Quelques études et travaux de fonds et process internes … »
  • « Travail de fond sur des conventions, la transformation de projets. »
  • « Le confinement et le travail à distance laissent du temps pour se consacrer au travail de fond. J’ai pu par exemple travailler à la réorganisation de mon service. Mes collègues ont pu s’impliquer avec moi dans des groupes de travail car elles/ils avaient plus de temps pour cela ».
  • « Veille sur la sphère d’entraide nationale du ministère (avant je n’avais jamais le temps de faire ma veille au travail,  mais là c’est stratégique). »
« En cinq semaines de confinement, je n’ai pas avancé d’un pouce »
  • « Pas le temps car télétravail très chronophage avec deux enfants petits qui me dérangent non stop. »
  • « 90 % de mon temps est pris par des réunions d’organisation et de soutien. Je n’ai le temps pour rien d’autre,  surtout vu la charge de famille en plus. »
  • « Je pensais avoir du temps pour travailler sur des questions de fond pour lesquelles j’ai peu ou pas de temps habituellement, mais en cinq semaines de confinement, je n’ai pas avancé d’un pouce car beaucoup d’urgences à gérer et un travail moins efficace que d’habitude (ça roule moins), beaucoup de mails à écrire, etc… »

« Ce télétravail subi a un impact particulier sur les personnels qui n’ont pas pu s’organiser pour la garde de leurs enfants, ne serait-ce que parce les crèches et les établissements scolaires étaient fermés », déclare Romain Pierronnet.

« On constate ainsi que 54,8 % des Biatss qui doivent garder des enfants déclarent que cela peut leur poser des problèmes. »

Ce constat « renvoie également à la problématique de l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, poursuit-il : tandis que les personnels qui n’ont pas d’enfants à garder étaient 66,3 % à déclarer parvenir à concilier ces deux temps, ils ne sont plus que 49,2 % parmi les Biatss qui ont des enfants. »

« S’y ajoute un effet lié au genre : 60,6 % des hommes qui ont des enfants à garder déclarent parvenir à un bon équilibre entre professionnel et personnel, tandis que ce taux n’est que de 43,6 % parmi les femmes. »


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©  Photo by Nick Morrison on Unsplash
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