À l’Université de Haute-Alsace, « une montée en puissance » des mesures face au Covid-19
« Nous avions déjà commencé à mettre en place les mesures contre la propagation de l’épidémie, dans la situation qui était la nôtre à l’UHA
Université de Haute-Alsace
. Nous avons aussi accompagné les équipes pour travailler davantage à distance. Cela a permis une certaine montée en puissance, au vu des situations à Mulhouse et Colmar qui étaient déjà très tendues sur le plan sanitaire », déclare Christine Gangloff-Ziegler, présidente de l’Université de Haute-Alsace, à News Tank, le 23/03/2020.
Comme tous les établissements d’ESR, l’UHA est fermée depuis le 16/03 après l’annonce du président de la République. Mais elle était « en réalité mobilisée depuis le 06/03, car des décisions de fermeture des écoles, crèches et lycées avaient déjà été prises localement face à l’épidémie de Covid-19. En outre l’interdiction de rassemblement de plus de 50 personnes nous avait conduits à mettre en place plusieurs actions de réorganisation pour les étudiants ».
Principales préoccupations pour la présidente de l’université : « la santé des uns et des autres et assurer la continuité de l’activité. Il est important pour nous de ne pas pénaliser les étudiants et les activités de recherche », ajoute la présidente de l’université. C’est notamment pour cela qu’elle se dit « ravie de voir que l’enseignement à distance s’est déployé très vite et que cela fonctionne. »
La crise révèle, selon Christine Gangloff-Ziegler, « un engagement assez exceptionnel des équipes », et constitue « une forme d’accélérateur de l’innovation pédagogique ». « On se retrouve individuellement comme enseignant-chercheur obligé de mettre en œuvre des dispositifs nouveaux. »
L’apprentissage entre pairs et l’échange de bonnes pratiques pour assurer la continuité pédagogique
L’Université de Haute-Alsace dispose d’un ENT Environnement numérique de travail , basé sur une plateforme Moodle Plateforme d’apprentissage Moodle. Logiciel libre élaboré par le projet Moodle, conduit et coordonné par Moodle HQ, une entreprise australienne de 30 développeurs. , et « sur lequel les équipes se sont évidemment appuyées pour assurer la continuité pédagogique », indique Christine Gangloff-Ziegler à News Tank.
Pour la formation aux outils de pédagogique numérique, l'UHA Université de Haute-Alsace mise notamment sur un apprentissage entre pairs et un échange de bonnes pratiques :
« Dans ces modes de fonctionnement à distance, il existe des enseignants très pionniers sur les outils, qui connaissent l’alpha et l’oméga de leur fonctionnement, que nous avons par ailleurs utilisés dans certains cas pour former d’autres collègues, plus éloignés de ces outils. »
Selon la présidente de l’UHA, « tout n’est pas parfait aujourd’hui, mais il y a une prise en main des équipes sur le sujet ».
Concernant les visioconférences, l’établissement s’appuie sur un outil de Cisco, Webex. « Nous avons cherché à limiter le poids sur Renavisio [outil de visioconférence de Renater] qui était saturé », explique-t-elle.
« Nous réservons Renavisio à ce qui apparait comme confidentiel, comme les discussions autour de travaux de recherche.
Nous avons par ailleurs insisté sur l’utilité de travailler en asynchrone pour limiter la charge sur les différents réseaux. On ne peut pas demander à tous les étudiants une présence virtuelle synchrone à tout moment. »
Des inégalités d’équipement chez les étudiants
Christine Gangloff-Ziegler souligne que certains étudiants de l’UHA ne sont pas équipés d’ordinateurs pour suivre les enseignements à distance. « Nous effectuons un recensement en ce sens afin de voir comment les accompagner ». Cette période met, selon elle, en lumière « les défaillances des infrastructures numériques ».
« D’autres subissent des difficultés d’accès à internet, lorsqu’ils résident dans des zones blanches. En outre, dans les familles, il n’y a pas obligatoirement un ordinateur par personne, donc lorsque les parents doivent télétravailler ou les plus jeunes faire leur classe à la maison, c’est une organisation au quotidien. »
Étudiants à l’étranger et internationaux : accompagner les étudiants quel que soit leur choix
L’UHA a envoyé plusieurs messages à ses étudiants à l’étranger afin qu’ils informent l’établissement de leur situation et de leur souhait ou non de revenir en France.
« Nous sommes partis de l’idée que les étudiants qui souhaitaient revenir devaient pouvoir le faire. Nous n’avons pas mis en place de rapatriement, car nous ne sommes pas aptes à le faire, mais nous sommes prêts à entendre les demandes d’aides financières pour revenir en France, cela ne doit pas être frein pour les étudiants. »
Concernant les étudiants internationaux inscrits ou en échange à l’UHA, « un certain nombre est parti très vite, dès lors que le bruit d’un confinement s’est fait entendre, notamment des étudiants chinois », indique Christine Gangloff-Ziegler.
« D’autres ont fait le choix de rester, ils sont actuellement dans les cités universitaires. Nous travaillons main dans la main avec le Crous pour les identifier, voir s’ils vont bien et répondre aux difficultés qu’ils pourraient rencontrer. »
Organisation interne : adaptation et télétravail
« Le télétravail a été mis en place, et nous avons dû adapter certains types de postes », indique la présidente de l’UHA. Par ailleurs, l’équipe de gouvernance travaille à une nouvelle répartition de la charge de travail entre les services.
« En effet, certains services sont débordés, comme la direction du numérique avec le développement du télétravail et de l’enseignement à distance, les services sociaux par les étudiants qui s’inquiètent, ou encore la direction des études et de la vie universitaire, pour un travail autour des modalités de contrôle des connaissances.
Nous nous demandons donc comment d’autres services plus calmes en ce moment peuvent venir en soutien de ces services surchargés. »
Des personnels de l’université sont présents sur site, mais de manière ponctuelle. « Nous souhaitons limiter leur présence au maximum. »
« Au début de la fermeture, la direction du numérique a ainsi eu besoin d’être présente afin de gérer l’infrastructure numérique. Nous avons également eu besoin de personnels lorsque nous avons récupéré des masques et du gel hydroalcoolique pour les remettre aux hôpitaux locaux. »
Concernant la recherche, l’UHA ne dispose pas d’animalerie, « ce qui limite déjà une partie des déplacements dans les laboratoires ». En revanche, « pour le suivi d’installations ou les fins d’expérimentation, les personnels viennent régulièrement dans le respect des conditions de sécurité, avec le souci de ne pas provoquer de contaminations supplémentaires ».
Cas de Covid-19 : « Difficile aujourd’hui d’avoir une vision d’ensemble »
L’UHA effectuait des recensements avant la fermeture de l’établissement, mais « il est plus difficile aujourd’hui d’avoir une vision d’ensemble », indique sa présidente.
« Avant la fermeture, parmi les absents, qui représentaient 300 personnes,
- la moitié l’était en raison des gardes d’enfants à la suite de la fermeture des écoles ;
- 35 % représentaient des personnes fragiles qui se mettaient en retrait ou des personnes qui s’occupent de personnes fragiles ;
- 15 % étaient des personnes symptomatiques ».
L’UHA participe à l’effort des hôpitaux de Mulhouse et Colmar
Les équipes de l’Université de Haute-Alsace ont effectué des dons de matériel aux hôpitaux de Mulhouse et Colmar, les 18, 20 et 20/03/2020.
Ainsi l’École national supérieure de chimie de Mulhouse, l’IUT de Colmar et cinq laboratoires de l’UHA ont fait don de « 14 000 gants, 1 250 masques FFP2, FFP3 et chirurgicaux, 40 litres d’éthanol ou alcool et une centaine de combinaisons à usage unique ».
Par ailleurs, l’École nationale supérieure des ingénieurs Sud Alsace prête dix machines textile permettant la fabrication de masques. Celles-ci « sont installées le 23/03 matin au sein de l’entreprise Kayser Filtertech ».
L’organisation de la fin de l’année universitaire
L’examen des vœux de Parcoursup
La phase d’examen des vœux et de saisie des données d’appel par les établissements dans le cadre de la procédure de Parcoursup se déroule du 07/04 au 11/05. Durant cette phase, pour chaque formation proposée sur la plateforme, des commissions d’examen des vœux se réunissent afin d’examiner les candidatures.
Selon Christine Gangloff-Ziegler, « les jurys pourront se faire en visioconférence ».
« Parcoursup est relativement simple à gérer, car tout est déjà dématérialisé, même si ce n’est jamais idéal de réaliser des réunions à distance. »
L’organisation des examens terminaux
L’organisation des examens est un des objets de discussion avec les composantes, indique la présidente de l’UHA.
« Nous devons étudier la situation au vu de la durée du confinement actuellement annoncée, ce qui est une donnée importante. Même si on nous a demandé d’imaginer la situation la plus contraignante, nous devons étudier différents scénarios sur lesquels nous pourrons nous appuyer. »
En outre, l’organisation des examens se conçoit selon elle à deux niveaux :
- au niveau de chaque formation dans l’établissement,
- et au niveau national, si un décalage de la rentrée de septembre est acté par exemple, ce qui est évoqué par certains à cause notamment du décalage des concours.
« Il faut que nous arrivions à nous coordonner pour ne mettre personne en difficulté. »
Les élections aux conseils centraux
« Pour le moment, les élections prévues le 07/04 sont reportées », déclare Christine Gangloff-Ziegler. En fin de second mandat, elle ne peut, comme le veut la loi, se présenter pour un troisième.
La loi d’urgence pour faire face à l’épidémie de Covid-19, promulguée le 24/03, indique que les mandats des présidents d’université et des membres de leurs conseils, terminés entre le 15/03 et le 31/07, ce qui est le cas à l’UHA, « sont prolongés jusqu’à une date fixée par arrêté du ministre chargé de l’enseignement supérieur, et au plus tard jusqu’au 01/01/2021 ».
« En fonction de cette date, et surtout de la date de réouverture des établissements,
- soit nous arrivons encore à organiser des élections sur cette année universitaire, même si cela parait compliqué au vu de la situation,
- soit, et c’est ce qui semble s’annoncer, nous attendons la rentrée 2020, mais avec un délai suffisant entre la rentrée et les élections, notamment pour que les étudiants puissent constituer des listes, et que la campagne puisse se tenir correctement ».
Pour répondre à la crise, une « succession très rapide de mesures à prendre »
« Ce qui a été le plus complexe a été la succession très rapide de mesures à prendre, au sein d’un cadre de plus en plus contraignant », indique la présidente de l’UHA.
« En outre, le plus difficile à gérer est l’urgence sanitaire et la crainte pour les personnels et étudiants alors qu’une université n’a pas de compétences à proprement parler pour gérer une pandémie. »
« Nous nous sommes donc focalisés et avons respecté strictement les consignes du gouvernement et du préfet qui, eux, disposent d’une vision globale. Tout cela s’est en plus déroulé dans une ambiance de pression liée à un emballement important, notamment médiatique. »
L’occasion de revoir le plan de continuité pédagogique
La fermeture de l’établissement est l’occasion pour l’UHA « d’évoquer des réorganisations possibles et de revoir notre plan de continuité d’activité, car il existe un écart entre la vision théorique et la mise en application. Ce sera évidemment utile pour l’avenir, nous serons mieux préparés. »
Selon Christine Gangloff-Ziegler, « il y a chaque jour de nouvelles dispositions à prendre et de nouveaux points à régler », mais le défi à venir est « celui des scénarios de reprise d’activité ».
« Nous souhaitons faire tout ce que nous pouvons en télétravail dans les prochains mois, en essayant d’avancer au maximum certaines échéances et ainsi nous libérer du temps pour les activités au moment de la réouverture complète. »
CPU : « Assurer la continuité des missions de formation et de recherche en sécurisant les personnes et les procédures »
La Conférence des présidents d’université, dont Christine Gangloff-Ziegler est vice-présidente, salue, le 24/03/2020, « les dispositions relatives aux établissements d’enseignement supérieur et de recherche [présentes dans la loi d’urgence], et le recours à un comité composé de personnalités scientifiques en cas d’urgence sanitaire ».
« L’essentiel, pour la CPU, réside dans le fait que les universités soient à même d’assurer, dans des circonstances exceptionnelles, la continuité de leurs missions de formation et de recherche en sécurisant les personnes et les procédures afin de ne pas pénaliser les étudiants et d’assurer la reprise des activités dans les meilleures conditions. »
La conférence souligne que depuis l’annonce de la fermeture des établissements d’ESR, « les ressources techniques, pédagogiques et d’accompagnement médical, psychologique et social sont mobilisées pour permettre l’enseignement à distance et maintenir le contact avec tous les étudiants, particulièrement les plus fragiles d’entre eux ».
Concernant les activités de recherche, les ressources des établissements sont également mobilisées « pour garantir la poursuite de la recherche dans les laboratoires et notamment ceux dont dépend la définition de nouveaux protocoles d’intervention et de traitements les plus pertinents de l’infection ».
Christine Gangloff-Ziegler
Rectrice de la région académique de la Guadeloupe @ Académie de Guadeloupe
Professeure des universités @ Université de Haute-Alsace (UHA)
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Parcours
Rectrice de la région académique de la Guadeloupe
Professeure des universités
Vice-présidente
Présidente
Directrice
Directrice adjointe
Établissement & diplôme
Doctorat en sciences de l’éducation
Titulaire d’un DEA en droit privé
Fiche n° 3317, créée le 04/04/2014 à 07:56 - MàJ le 25/01/2021 à 18:07
Université de Haute-Alsace (UHA)
L’Université de Haute-Alsace (UHA, Université de Mulhouse) est une université pluridisciplinaire hors santé.
Catégorie : Universités
Entité(s) affiliée(s) :
Ensisa (Ecole nationale supérieure d'ingénieurs Sud Alsace)
Adresse du siège
Learning Center4 Rue des Frères Lumière
68093 Mulhouse Cedex 2 France
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Fiche n° 1494, créée le 19/02/2014 à 11:42 - MàJ le 18/10/2024 à 17:47
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