Entretien avec David Huron et Gilles Rouet, par Romain Pierronnet

Comme promis lors d’une première chronique, nous entamons une série de présentation de différents acteurs et travaux de recherche en sciences sociales susceptibles d’éclairer le secteur de la recherche et de l’enseignement supérieur.

Je vous propose ici une présentation de l’Association internationale de recherche en management public, sous forme d’interview de son président, David Huron (IAE Nice, laboratoire GRM - Université Côte d’Azur) et de Gilles Rouet (IAE de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines dont il est le directeur, laboratoire Larequoi - Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, Université Paris-Saclay) qui coanime l’atelier « Gestion et management des organisations scolaires et universitaires » de la conférence annuelle de l’association.

Lien d’intérêt : je fais partie du conseil d’administration et du bureau de l’Airmap où je suis chargé de la valorisation auprès des praticiens.

Le colloque annuel organisé par l’Airmap se tiendra cette année à Amiens du 12 au 14/06/2024. Il comporte chaque année (et cette année encore) un atelier « Gestion et management des organisations scolaires et universitaires ». Depuis quand est-ce le cas et pourquoi ?

Gilles Rouet : Pierre-Charles Pupion, alors président de l’association, a pris l’initiative d’un atelier dédié au management des organisations d’enseignement en 2014, après avoir constaté que de plus en plus de propositions de contribution s’intéressaient à ce champ, en particulier, au début des années 2010, en ce qui concerne les établissements d’enseignement secondaire.

Cet atelier était co-animé avec Thierry Côme et j’ai rejoint l’équipe en 2015, alors que des contributions de plus en plus nombreuses concernaient l’enseignement supérieur.

L’atelier regroupe entre dix et 20 contributions chaque année, ce qui nous amène à prévoir plusieurs sessions. Je pense qu’il s’agit d’un des ateliers les plus fréquentés. Il correspond ainsi à une attente très forte des chercheurs en management public qui souhaitaient écrire sur l’une des missions de service public les plus importantes, l’éducation !

Concrètement, quels apports spécifiques la recherche en management public peut-elle apporter vis-à-vis des pratiques professionnelles du secteur ?

Gilles Rouet : Les contributions s’intéressent à des questionnements liés aux grandes fonctions de gestion comme la GRH Gestion des ressources humaines , le contrôle de gestion, le marketing, la finance ou les systèmes d’information. Compte tenu du spectre étendu de la sphère publique, des recherches spécifiques à certains secteurs sont également développées (santé, éducation, culture, tourisme, etc.).

Certaines thématiques en lien avec les évolutions de la société sont également abordées (responsabilité sociétale, changements organisationnels, digitalisation des structures publiques, agilité des structures publiques, territoires intelligents…).

Les analyses reposent souvent sur des études de cas, ce qui permet aux professionnels (notamment proviseurs, DGS Directeur/trice général(e) des services , chefs de service, etc.) de s’inspirer éventuellement de pratiques efficaces.

Les ateliers accueillent également des analyses des stratégies mises en place par les différents échelons impliqués (du local au national), mais aussi des études comparées avec les situations dans d’autres pays européens (par exemple en ce qui concerne l’évaluation des universitaires) et africains notamment.

Avec quelles autres disciplines le management public dialogue-t-il en particulier ?

Le management public est issu de la convergence de plusieurs disciplines »

David Huron : Par définition, le management public est issu de la convergence de plusieurs disciplines. Il est donc logique que son développement dépende de la dialectique avec la science politique, le droit public, l’économie, la gestion, la géographie, la sociologie.

Les problématiques liées à l’attractivité touristique des territoires mobiliseront probablement plus des recherches proches de la géographie ou de l’aménagement du territoire. Les questions relatives à la digitalisation des services publics seront peut-être plus tournées vers la sociologie, le droit et l’informatique.

Dans quelles revues paraissent les travaux en management public ? Au-delà de la publication académique, que penser de leur impact ?

David Huron : Concernant le management des établissements d’enseignement, entre un tiers et la moitié des contributions présentées dans l’atelier, chaque année, donnent lieu à publication dans différentes revues, en particulier dans GMP Gestion et management public , mais aussi dans PMP ou la RFAP en France.

Plusieurs contributions ont été publiées dans l’International journal of educational management, et sont également présentées au congrès annuel de l’American society for public administration ou de la Korean association for public administration (Thierry Côme, Stela Raytcheva, Hervé Chomienne, Mourad Attarça et Gilles Rouet).

Des revues de sciences de l’éducation peuvent aussi accueillir des contributions (par exemple la Revue internationale d’éducation de Sèvres et la Revue française d’éducation comparée).

L’impact de l’atelier dépasse le cadre universitaire étant donnée la participation de professionnels impliqués dans les établissements d’enseignement (proviseurs, principaux essentiellement).

Il est envisagé, pour 2024, de publier un numéro thématique de GMP dédié au management des établissements d’enseignement, réunissant des contributions acceptées sur ce champ.

Est-ce que les événements scientifiques de l’Airmap sont ouverts aux professionnels ? Comment suivre les travaux et activités de l’association ?

David Huron : Nos manifestations sont bien sûr ouvertes aux professionnels, à l’instar de notre colloque annuel. Outre la participation à nos événements et les actualités publiées sur notre site Internet, nous diffusions nos actualités via une newsletter  ainsi que les réseaux sociaux. Mais vous pouvez aussi retrouver nos membres en proximité, sur vos campus.