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F. Adelkhah détenue en Iran : demande à E. Macron de saisir le Conseil européen (comité de soutien)

News Tank Éducation & Recherche - Paris - Tribune n°274772 - Publié le 21/12/2022 à 17:42
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Affiche de soutien à Fariba Adelkhah - ©  D.R.

« Saisissez le Conseil européen de ce scandale pour que, d’un seul geste solidaire, les États membres de l’UE Union européenne rappellent en consultation leur ambassadeur à Téhéran, et fassent du retour de leurs ressortissants dans leur foyer le préalable à toute relation diplomatique normale : il en va non seulement de leur vie, de la dignité de nos pays respectifs, mais aussi de la sécurité internationale. »

C’est ce qu’écrivent les responsables des comités de soutien à Fariba Adelkhah et Benjamin Brière emprisonnés en Iran, dans une lettre ouverte à Emmanuel Macron, rendue publique le 20/12/2022.

Chercheuse au Ceri Centre de recherches internationales (Sciences-Po/CNRS), Fariba Adelkhah a été arrêtée en Iran en juin 2019, accusée de « collusion en vue d’attenter à la sûreté nationale » et de « propagande contre le système politique de la République islamique ». Benjamin Brière avait lui été avait été arrêté en mai 2020 pour « espionnage et propagande contre le régime iranien » alors qu’il effectuait un séjour touristique.

Pour les signataires de la lettre, « force est de reconnaître que la stratégie de négociation poursuivie jusqu’alors n’a engrangé aucun résultat significatif : nous vous demandons solennellement de la reconsidérer pour que cesse le calvaire de nos proches, de nos collègues, de nos concitoyens, et l’iniquité de cette forme barbare de diplomatie du chantage que pratique l’Iran ».

« Il est grand temps que l’Europe parle d’une seule voix, signifie aux autorités de Téhéran que leur farce cruelle n’a que trop duré, et conditionne la poursuite de toute forme de dialogue et de relation avec l’Iran à la libération immédiate et inconditionnelle de ses otages. »


« La capture d’étrangers devenue une véritable politique publique en Iran »

« Aujourd’hui sept de nos compatriotes sont retenus en otages en Iran. Sept ou peut-être plus, car nous savons d’expérience que tous les cas ne sont pas divulgués dans l’espoir - compréhensible - de faciliter les pourparlers avec les autorités de Téhéran », écrivent encore les responsables des comités de soutien à Emmanuel Macron.

« Nous craignons néanmoins que la liste ne s’allonge entre le moment où nous vous écrivons et celui où vous prendrez connaissance de notre courrier puisque la capture d’étrangers est devenue une véritable politique publique en Iran.

Nous ne doutons pas de votre détermination ni des efforts de notre diplomatie. Nous ne méconnaissons pas la difficulté de votre tâche dans la mesure où les intentions et les pouvoirs des preneurs d’otages demeurent opaques ».

Et d’interroger le Président de la République : « S’agit-il de peser sur les négociations en cours entre l’Iran et les chancelleries étrangères, ou au contraire de les saboter ? S’agit-il d’un jeu politique interne à la République islamique, opposant une faction ou une institution à d’autres ? ».

Les otages « monnaie d’échange pour des tractations obscures »

« Mais une chose au moins est claire que ne peuvent dissimuler les prétextes, à la fois dramatiques et loufoques, invoqués pour “justifier” la détention arbitraire de nos compatriotes. Ceux-ci ne sont rien d’autre qu’une monnaie d’échange pour des tractations obscures qui ne les concernent en rien.

Et aux yeux de la sécurité nationale et des intérêts de l’Iran, cette monnaie est bien petite, dérisoire même. Pourtant elle paye. Depuis 2019 un seul de nos ressortissants a été libéré : le chercheur Roland Marchal, arrêté le 05/06/2019 et échangé le 20/03/2020. La doyenne de nos otages, sa collègue Fariba Adelkhah, capturée le même jour, est toujours en prison. Et au moins six autres noms se sont donc ajoutés à la liste. »

Une généralisation de la « diplomatie du chantage »

« Divers gouvernements recourent désormais à ce genre de méthode [de diplomatie du chantage] : la Russie, la Chine, la Birmanie, pour ne nous en tenir qu’aux faits les plus récents. C’est l’essence même du système diplomatique dont dépend la paix qui risque d’être mise en danger par la généralisation de cette technique de négociation que nous croyions naïvement être d’un autre âge.

Tout indique que l’Iran ne paye pas le juste prix de son cynisme. Or, la France n’est pas la seule à en être victime. La plupart de nos partenaires européens ont eux aussi des ressortissants pris en otages par les autorités de Téhéran ».

« Nous n’avons des nouvelles d’elle qu’indirectement. Car bien qu’elle ait la double nationalité française et iranienne, l’Iran ne reconnaît que sa nationalité iranienne. Elle ne bénéficie ainsi pas de droit à l’accès consulaire auquel un citoyen français a droit. Les diplomates français ne peuvent donc pas lui rendre visite. Son cas est donc très douloureux pour nous. Cela fait quand même depuis juin 2019 qu’elle est emprisonnée en Iran », déclarait Alain Dieckhoff, directeur du Ceri à News Tank le 23/11/2022. 

« À travers elle, se pose aussi toute la question de la liberté de la recherche et des difficultés qu’on peut maintenant rencontrer comme chercheurs, au-delà du cas de la République islamique d’Iran, dans beaucoup de pays compliqués et parfois dangereux ou en situation de chaos. Par exemple, aujourd’hui, il n’est plus possible de mener des recherches au Yémen : un de nos collègues qui travaillait sur ce pays a d’ailleurs dû en partie réorienter ses thématiques de recherche. »

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Affiche de soutien à Fariba Adelkhah - ©  D.R.