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Think Education : les leçons des neurosciences pour changer l’enseignement

Paris - Actualité n°61731 - Publié le 05/02/2016 à 17:05
©  News Tank - LM
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« La psychologie de l’apprentissage apporte des résultats sur l’attention qui ne sont pas du tout pris en compte dans notre pédagogie. En demandant toutes les dix minutes à des élèves s’ils suivent toujours leur cours, on se rend compte qu’à la fin d’une heure il ne subsiste que 50 % de temps d’écoute. Si leurs connaissances étaient mobilisées toutes les 20 minutes par des questions sur la leçon, l’attention serait bien meilleure. Utilisons les sciences des apprentissages pour que les étudiants apprennent à apprendre », indique Grégoire Borst, professeur de psychologie du développement et de neurosciences cognitives de l’éducation à l’Université Paris-Descartes, lors de l’atelier de Think Education « les leçons des neurosciences pour changer l’enseignement », le 02/02/2016 à Paris Dauphine.

Cet atelier animé par Olivier Monod (News Tank) rassemblait : Nadia Medjad, docteur en médecine ; Guillaume Dumas, chercheur en sciences cognitives à l’Institut Pasteur ; et Grégoire Borst, professeur de psychologie du développement et de neurosciences cognitives de l’éducation, Université Paris-Descartes.

La concentration des étudiants en cours

Seuls 50 % des élèves voient le gorille car toute leur attention est portée sur la tâche qu’on leur a confié »

 « Il faut savoir qu’un être humain ne peut pas se concentrer sur plusieurs choses à la fois, comme le prouve par exemple l’expérience du gorille invisible. Elle consiste à demander à des individus de compter les passes entre de joueurs de basket sur une vidéo. Durant celle-ci, un homme en costume de gorille déambule sur le terrain. Seuls 50 % des sujets s’en aperçoivent, car toute leur attention est portée sur la tâche qu’on leur a confié. C’est un exemple que je prends souvent lorsque je m’adresse à des élèves qui pensent qu’il peuvent à la fois suivre le cours et être sur leur téléphone. Au début ils sont plutôt sceptiques mais l’expérience change leur avis rapidement », indique Grégoire Borst, professeur de psychologie du développement et de neurosciences cognitives de l’éducation à l’Université Paris-Descartes.

Halte aux neuromythes

« Il existe beaucoup de neuromythes, qu’on ne peut pas tous légitimer. Par exemple, le fait que l’on utilise uniquement 10 % de notre cerveau. Cette théorie est très répandue mais est basée sur une interprétation fausse de l’analyse du cerveau. La première fois que l’on a compté les cellules du cerveau, on s’est aperçu que les neurones ne comptaient que pour 10 % du total. Mais il est faux d’en conclure que l’on utilise 10 % de notre cerveau », explique Guillaume Dumas, chercheur en neurosciences à l’Institut Pasteur.

« Ceci dit, ces préjugés erronés sur la cognition peuvent devenir vrais si l’enseignant y croit. C’est ce que l’on appelle l’effet Pygmalion : si un professeur pense que  les garçons sont meilleurs en mathématiques, il finit par provoquer la situation et ses élèves tendent à se conformer à sa croyance. »

L’apprentissage par problèmes et en groupe

L’apprentissage actif

L’apprentissage par problèmes invite l’étudiant à découvrir le sujet d’un cours par lui même avant le déroulement de celui-ci. Dans ce type d’apprentissage, l’étudiant est acteur de ses acquis. Le rôle du professeur est alors d’être un médiateur et de donner tous les outils nécessaire à l’étudiant en fonction de son profil. Il est prouvé que des élèves apprennent plus en trouvant une information plutôt qu’en l’apprenant.

L’effet positif de la collaboration sur l’apprentissage

Pour Guillaume Dumas, « il faut voir l’interaction sociale comme une forme de récompense. Le cerveau retire du positif du simple fait d’être en interaction avec un autre. Un éducateur peut donc motiver ses étudiants grâce au partage et à la collaboration qui facilitent l’apprentissage sur le long terme. »

Quelle que soit la méthode employée, le rôle du professeur n’est pas à négliger. Un enseignant doit avoir l’envie pour donner envie. Le système du stimulus-réponse, qui prévaut depuis des siècles est en passe de disparaître pour réintégrer le corps en abandonnant peu à peu le « cerveau ordinateur ».

L’impact du stress sur l’apprentissage

« Il est nécessaire de prendre conscience de l’impact du stress et des émotions négatives sur l’apprentissage ainsi que de trouver des pistes d’action pour y remédier », selon Nadia Medjad, docteur en médecine. 

  • « Le stress peut tout à fait être bénéfique pour l’instruction, mais jusqu’à un certain point seulement. C’est ce que nous démontre la courbe du stress. Les données en abscisse correspondent à la pression que subit l’individu et en ordonnée ses performances. Le résultat donne une courbe en cloche, qui décroit lorsque le niveau de stress devient ingérable pour une personne. »
  • « On ne pourrait pas survivre dans un monde sans stress, mais tout dépend de la quantité et de la durée de celui-ci. Quand une émotion négative est ressentie, il y a un court-circuitage du centre exécutif, qui gère la rationalité des pensées. »
  • « Un stress chronique fait augmenter le taux de cortisol qui est nocif pour l’hippocampe, partie du cerveau qui gère notre attention, notre mémorisation et nos décisions. La bonne nouvelle c’est que les trois quarts des sources de stress sont accessibles, et donc éradicables. »

Au sein des établissements, plusieurs solutions sont envisageables pour agir sur ces sources de stress, notamment en repensant l’espace d’apprentissage :

  • « Il faut créer un aménagement qui rassure l’étudiant. Le sécuriser en le plaçant face à la porte plutôt que de dos, créer du lien avec les professeurs en mettant moins de distance et d’obstacles physiques, préférer une configuration où le mouvement est favorisé ou encore profiter d’une lumière naturelle plutôt qu’artificielle. »

Pour couvrir le plus grand nombre d’ateliers et en rendre compte, News Tank a reçu le renfort d’un groupe d’étudiants de l’ISC Paris et de l’ISCPA (groupe IGS). Les articles ont été relus, édités et validés par l’équipe rédactionnelle de News Tank.


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