Think Education : « Faire évoluer les contrats de site vers un mapping territorial » (S. Bonnafous)

« Nous avons réussi à faire des contrats de site mais il y a toujours des volets spécifiques prévus pour chaque établissement. Une des idées que je porte est de les faire évoluer vers la légèreté et vers un mapping territorial avec les collectivités et avec les autres ministères représentés dans les territoires (…) L’ESR Enseignement supérieur et recherche doit se penser en réseau avec les acteurs du territoire », déclare Simone Bonnafous, directrice générale pour l’enseignement supérieur et l’insertion professionnelle, lors de la journée Think Education organisée par News Tank le 02/02/2016 à l’université Paris Dauphine. « Ce qui est important dans les années à venir est de concevoir ces réseaux territoriaux à l’échelle européenne. Cela permettrait d’aller vers l’ouverture », selon Patrick Hetzel, député (Les Républicains).

Participaient au débat intitulé « Réformes territoriales et réforme des Comue, quelles conséquences ? », outre Simone Bonnafous et Patrick Hetzel, Catherine Vautrin, vice-président de l’Assemblée nationale et présidente de l’Avuf ; Anne-Sophie Barthez, présidente de la Comue Paris-Seine et Jean-Yves Mérindol, président de la Comue USPC Université Sorbonne Paris Cité .

Similarités entre réforme territoriale et réforme de l’ESR 

« Les deux réformes qui se sont traduites par d’une part les lois Maptam Loi de modernisation de l’action publique territoriale et d’affirmation des métropoles, promulguée 27/01/2014 et publiée au J.0 le 28/01/2014   et Notre et d’autre part la loi Fioraso, sont étanches mais dans les deux débats qui ont précédé, il a été question de taille critique,, de visibilité et de capacité d’action. » (Patrick Hetzel)

« Bien qu’il y ait une étanchéité entre les deux réformes, elles vont dans le même sens : on va créer des ensembles qui affichent des spécificités. » (Simone Bonnafous)

« Dans la réorganisation territoriale des collectivités comme celle des établissements d’enseignement supérieur et de recherche, la question est celle des compétences que chacun va réellement exercer.  C’est là que se jugera la pertinence des regroupements. Il est probable par exemple que sur les 25 Comue, certaines développent une puissance politique importante tandis que d’autres demeureront des coquilles vides. » (Jean-Yves Mérindol)

Coordination entre ESR et collectivités territoriales

ESR, élément d’attractivité territoriale

« Les universités et les établissements d’enseignement supérieur sont des éléments d’attractivité pour un territoire. Cela est d’ailleurs frappant dans des villes de petite taille attachées a leur petite part d’université ou à leur IUT Institut universitaire de technologie . Nous le savons, les entreprises s’y installent plus facilement car elles ont besoin d’un lien avec l’ESR notamment pour la formation de ses personnels et parfois développer sa recherche. » (Catherine Vautrin)

« Ce qui est intéressant dans la nouvelle loi de décentralisation (loi Notre), c’est qu’il est explicitement demandé aux régions de travailler “en concertation” avec les établissements d’enseignement supérieur du territoire à la construction d’une stratégie commune, dans le cadre des schémas directeurs. Pour la première fois, c’est écrit noir sur blanc. Il s’agit d’une avancée, même si cela n’a l’air de rien : cela indique que nous sommes considérés comme le bras armé de l’innovation. » (Anne-Sophie Barthez)

ESR et aménagement du territoire

« La question de l’aménagement du territoire est aujourd’hui un problème : les instruments PIA Contrat de plan État-région  et Opération Campus n’ont pas été prévus pour cela et le montant des CPER est en baisse. Ce seront les schémas directeurs des régions qui vont pouvoir agir sur ce point mais ils vont mettre un peu de temps à se mettre en place. »(Jean-Yves Mérindol)

« Associer l’ESR à l’aménagement du territoire fait sens car nous sommes confrontés à un nouveau défi : faire en sorte que les établissements d’enseignement supérieur et de recherche assurent leurs missions à 360 degrés : qu’ils développent à la fois un ancrage local et une vision internationale. Pour cela, le PIA a joué un role essentiel car c’est une boite à outil large, qui s’inscrit dans la continuité en dépit de l’alternance politique et j’espère que cela va se poursuivre. Il a notamment permis :

• La mise en place des Satt Sociétés d’accélération du transfert de technologies  qui font en sorte que la recherche académique soit inoculée dans les milieux socioéconomiques des territoires ;
• La création des Labex qui ont donné une visibilité aux établissements et territoires, cela a permis de montrer leurs excellence dans certains domaines très spécifiques
• Sur certains sites qui n’ont pas eu la chance d’obtenir les Idex Initiative(s) d’excellence /Labex Laboratoire d’Excellence /I-site Initiative-Science-Innovation-Territoire-Economie , les CPER ont parfois permis de mettre en place des coordinations. » (Patrick Hetzel)

« Un sujet revenu sur le devant de la scène »

« Le terme d’aménagement du territoire a des connotations négatives mais c’est un sujet revenu sur le devant de la scène avec le PIA 2, au niveau des I-sites surtout. Je confirme que les Labex ont permis aux établissements de valoriser leurs forces et cela a été un élément de fierté et de reconnaissance pour le territoire. Mais tout ne peut pas passer par les Idex (…). On ne valorise pas assez par exemple le taux de réussite en licence des étudiants des université de taille plus modeste qui affichent d’excellents résultats. » (Simone Bonnafous)

« Dans les PIA, le seul outil assumé d’aménagement du territoire, ce sont les Satt Sociétés d’accélération du transfert de technologies . » (Jean-Yves Mérindol)

« La mission première des Idex/I-site n’est peut-être pas l’aménagement du territoire mais ils participent à la mise en oeuvre d’une politique d’égalité des chances. »(Catherine Vautrin)

Paris-Seine : projet de Campus international

« Notre projet de campus international à Cergy est la démonstration du bon dialogue que nous avons avec le département et la communauté d’agglomération. Nous voulons faire de ce projet un élément différenciant dans ce maquis parisien et montrer que nous expérimentons, osons et faisons se réconcilier ancrage local et dimension internationale. Nous souhaitons donner une identité à ce territoire qui n’est pas toujours dans le viseur des politiques. » (Anne-Sophie Barthez)

« Penser en réseau » 

« Nous avons réussi à faire des contrats de site mais il y a toujours des volets spécifiques prévus pour chaque établissement. Une des idées que je porte est de les faire évoluer vers la légèreté et vers un mapping territorial  avec les collectivités et avec les autres ministères représentés dans les territoires (…) L’ESR doit se penser en réseau avec les acteurs du territoire. » (Simone Bonnafous)

« Ce qui sera important dans les années à venir est de concevoir ces réseaux territoriaux à l’échelle européenne. Cela permettrait d’aller vers l’ouverture. » (Patrick Hetzel)

PIA et regroupements d’universités et d’établissements

« On confond PIA et regroupement d’universités et d’établissements. Il n’avait pas forcément été prévu que les Comue portent les Idex par exemple, elles n’ont pas été conçus pour cela. »(Simone Bonnafous)

« Les regroupements d’universités et d’établissements ne sont pas conçus comme des machines à gagner les Idex et I-site mais comme une manière de coordonner les stratégies des établissements à long terme. » (Jean-Yves Mérindol)

« Sans les subsides d’un Idex ou d’un I-Site, il est parfois difficile pour une Comue de se projeter. C’est le cas pour notre Comue Paris-Seine. » (Anne-Sophie Barthez)