EISTI : vers un statut public et une fusion avec l’Ensea dans un grand établissement Paris-Seine
« L’avenir de l’école se projette entièrement dans l’intégration du grand établissement. L’EISTI
École internationale des sciences du traitement de l’information, école d’ingénieurs mathématiques - informatique
arrive au bout des améliorations qu’elle peut accomplir seule. Sans ce type de transformation radicale, l’école ne peut pas aller plus loin », indique Nesim Fintz, son directeur, à News Tank, le 27/10/2017. Il revient sur l’implication de son école dans l’I-site
Initiative-Science-Innovation-Territoire-Economie
Paris Seine, porté par la Comue
Communautés d’universités et d’établissements
Paris Seine lauréate du PIA
Programme d’investissements d’avenir
2 en février dernier.
Ce projet implique une mutation majeure de l’école. « Pour l’EISTI — aujourd’hui école privée ayant le label Eespig
Établissement d’enseignement supérieur privé d’intérêt général
—, cette intégration dans une université internationale de recherche ayant le statut de grand établissement signifie une transformation en école publique. (…) Le principal problème est d’ordre financier : nous essayons de trouver une convergence des frais de scolarité. Ils sont aujourd’hui de 7 450 € par an en cycle ingénieur. L’idée serait de les descendre à 2 500 € ».
L’objectif de Paris Seine est d’obtenir le statut de grand établissement pour la rentrée 2018 et de revoir l’organisation des structures en créant en son sein une « engineering school » rassemblant l’EISTI, l’Ensea
École nationale supérieure de l’électronique et de ses applications
et les masters CMI
Cursus master ingénierie
, qui seraient habilités par la CTI
Commission des titres d’ingénieur
. « Malgré une grande autonomie, cette école d’ingénieurs interne n’aurait pas de personnalité morale », déclare le directeur de l’EISTI.
Nesim Fintz revient également sur d’autres projets de l’I-site qui concernent son école, notamment la projection de trois campus internationaux à la rentrée 2019, à Singapour, sur l’île Maurice et au Maghreb et proposant un bachelor sélectif.
L’école, en revanche, ne fera bientôt plus partie de l’Institut polytechnique du grand Paris, promis à une dissolution au 31/12/2017.
Nesim Fintz répond à News Tank
Comment cela se passe-t-il pour l’EISTI au sein de l’I-site Paris Seine ? Quels sont les projets dans lesquels vous êtes impliqués ?
Nesim Fintz : Nous sommes un groupe qui aime travailler ensemble, et cela a été ressenti par le jury international pour l'I-site Initiative-Science-Innovation-Territoire-Economie . Nous avons eu parmi les meilleures notes, avec 9 A et 3 B : nous avons été les premiers de la 2e vague ! Notre projet repose sur trois piliers :
- une université internationale de recherche, avec un statut de grand établissement;
- le développement d’un campus international;
- un collège universitaire, incluant les licences de l’Université de Cergy-Pontoise. Ce collège est séparé de l’université, mais il aura un lien organique.
Je suis ravi de voir que Vincenzo Vinzi
Président @ Conférence des directeurs d’écoles françaises de management (CDEFM) • Président de la commission « diversité » @ Conférence des grandes écoles (CGE) • Directeur général @ Essec Business…
— qui a pris l’intérim de Jean-Michel Blanquer
Président @ Terra Academia • Professeur @ Université Paris 2 - Panthéon-Assas
à la direction de l’Essec depuis la nomination de ce dernier au ministère de l’éducation nationale — suit les directions tracées par son prédécesseur concernant l’I-site. L’équipe reste soudée. Et, depuis qu’elle est devenue conseillère formation au Mesri
Ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation
, Anne-Sophie Barthez
Directrice du département éducation @ Cité de la Musique - Philharmonie de Paris
[ancienne présidente de la Comue
Communautés d’universités et d’établissements
Paris-Seine] a toujours une écoute amicale pour nous.
Qu’est-ce que l’université internationale de recherche ?
Nous espérons avoir le statut de grand établissement pour la rentrée 2018 »Nous espérons avoir le statut de grand établissement pour la rentrée 2018. Nous avons toutes les certitudes aujourd’hui de pouvoir devenir grand établissement, car nous présentons toutes les conditions requises.
Cette université inclurait les masters, les doctorats de l'UCP Université de Cergy-Pontoise , les diplômés des écoles d’ingénieurs (EISTI École internationale des sciences du traitement de l’information, école d’ingénieurs mathématiques - informatique et Ensea École nationale supérieure de l’électronique et de ses applications ) et des masters CMI Cursus master ingénierie qui deviendraient des formations d’ingénieurs, que nous ferions habiliter par la CTI Commission des titres d’ingénieur . Malgré une grande autonomie, cette école d’ingénieurs interne n’aurait pas de personnalité morale. Cette « engineering school » apporte sa culture professionnalisante (stages, insertion professionnelle).
La place de la recherche dans le projet
Alors que la recherche a été relevée comme un « point à améliorer » par le jury, Nesim Fintz déclare : « La priorité des financements va à la recherche : les 3/4 des sommes de l’I-site y sont consacrées. C’est le point prioritaire. Ainsi, la plus grand partie de notre subvention de 9 M€ par an servirait surtout à la recherche. Nous souhaitons, par exemple, recruter 200 enseignants-chercheurs, 200 post-doctorants et 600 doctorants supplémentaires d’ici dix ans. »
Qu’est-il prévu dans le volet « campus international » ?
Il aura 5 000 résidences pour nos élèves et des enseignants-chercheurs internationaux (notamment ceux de notre Institut d’études avancées) — mais nous souhaitons également qu’elles puissent accueillir des étudiants d’autres établissements de la région Île-de-France.
Il comptera aussi des espaces de travail, une « aula magna » pour accueillir des événements, des fab labs, des entreprises innovantes…. Et au moins deux universités étrangères seront accueillies, dont une britannique. Nous avons lancé un appel à propositions.
Ce projet est estimé à 1 Md€ »Nous avons beaucoup avancé sur ce volet, en partenariat avec les acteurs locaux (agglomération de Cergy-Pontoise, conseil départemental et conseil régional ainsi que la préfecture). Ce projet est estimé à 1 Md€. Nous avons aussi des investisseurs privés qui semblent intéressés. Les collectivités territoriales sont prêtes à céder des terrains à des universités européennes ou asiatiques.
Par ailleurs, nous avons signé un mémorandum of understanding avec l’université de Warwick, le 26/09/2017. Nous souhaitons avoir un partenariat très proche avec cette dernière.
L’autre volet de notre ambition porte sur la création de trois campus à l’international, pour la rentrée 2019 :
- à Singapour, où l’Essec est implantée ;
- sur l’île Maurice ;
- au Maghreb.
Le but est d’avoir 300 à 400 étudiants sur chacun des campus. Nous commencerons par des promotions de 60 élèves par classe. Et nous y lancerons ce bachelor international en quatre ans.
Quel est ce bachelor ?
C’est un bachelor sélectif, avec admission avec mention bien ou très bien pour les bacheliers français et 3 A pour les a-level britanniques. Il sera lancé en même temps sur nos sites, à la rentrée 2019 :
- 1re année : propédeutique, avec un fort aspect théorique en mathématiques, physique et informatique ;
- 2e année : l’étudiant approfondit une majeure et une mineure ;
- 3e année : l’international — chaque étudiant passera une année sur un autre de nos campus ;
- 4e année : spécialisation en big data, mathématiques/économie ou sciences de la vie.
Il sera enseigné en anglais et français et comportera des projets et des stages en 3e et 4e année. Les étudiants internationaux devront donc apprendre le français, le cas échéant. Après la diplomation, l’étudiant peut aller vers une insertion professionnelle ou une poursuite d’études (dans le grand établissement ou une université partenaire).
Dans le projet I-site, comment se caractérise le volet « collège universitaire » ?
Le collège universitaire rassemble les formations de premier cycle non sélectives. Notre intention est de passer d’un taux moyen de réussite en licence de 35,8 % aujourd’hui en moyenne à plus de 50 % voire à 60 %, et ce, grâce à deux moyens :
- la valeur de l’exemple : des étudiants du grand établissement seront formés pour être « coachs » pour nos étudiants de bachelor ;
- les diplômés de ce collège universitaire pourront intégrer le grand établissement.
Pour l’EISTI, que signifie l’implication dans ce projet ? Quel changement de statut est envisagé ?
Pour l’EISTI — aujourd’hui école privée ayant le label Eespig Établissement d’enseignement supérieur privé d’intérêt général — cette intégration dans une université internationale de recherche ayant le statut de grand établissement signifie une transformation en école publique.
Le principal problème est d’ordre financier : nous essayons de trouver une convergence des frais de scolarité. Ils sont aujourd’hui de 7 450 € par an en cycle ingénieur ; l’idée serait de les descendre à 2 500 €, le statut de grand établissement permettant une certaine liberté sur cette question.
Sachant que notre école compte 300 étudiants par promotion, il faut financer un différentiel d’environ 3,5 M€. Car il y a certaines exceptions : ainsi, la centaine de contrats de professionnalisation que nous comptons en 3e année apporte 10 000 € par étudiant, ce qui nous aide à rééquilibrer. Par ailleurs, les étudiants de CMI qui seront intégrés à l’engineering school verront leurs droits de scolarité relevés à 2 500 €.
Il faudra trouver des financements »Mais il faudra trouver des financements. L’école un budget équilibré, avec un fonds associatif de 10 M€ : nous voulons apporter cela au Mesri Ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation . C’est une sorte de « don » que fera l’école à la collectivité nationale. Le conseil régional d’Île-de-France et le conseil départemental du Val-d’Oise sont prêts à nous aider. J’espère aussi que l’agglomération et l’université pourront nous aider à financer la transition. Sans EISTI publique, pas de grand établissement.
L’Ensea n’est pas dans cette situation, elle est déjà publique.
Et pour les autres aspects de la transformation ?
Cela sera peut-être compliqué, mais si l’on s’arrête à ces considérations, on ne fait jamais rien »Avec l’Ensea, nous fusionnerons en créant des départements. Ceux consacrés au génie mathématique et informatique dépendront de l’EISTI, un autre en génie électronique dépendra de l’Ensea, les masters CMI deviendront un département de génie civil, et cela donnera la première base de la fusion. Cela sera peut-être compliqué, mais si l’on s’arrête à ces considérations, on ne fait jamais rien.
Nous sommes en train de voir par quel dispositif nous pouvons devenir école publique. Concernant les personnels, ils seront, dans un premier temps, sous le régime de CDD Contrat à durée déterminée de l’État.
L’avenir de l’école se projette entièrement dans l’intégration du grand établissement »L’avenir de l’école se projette entièrement dans l’intégration du grand établissement. Nous voulons en faire partie et nous avons des alliés de poids avec François Germinet
Directeur du pôle Connaissances @ Secrétariat général pour l’investissement (SGPI) • Professeur des universités en mathématiques @ CY Cergy Paris Université
, président de l'UCP
Université de Cergy-Pontoise
.
Que pense le CA Conseil d’administration de cette mutation à venir ?
Il faut se demander quels sont les avantages pour l’école : faire partie d’une université internationale de la recherche qui a pour objectif de devenir l’une des 200 universités mondiales, à l’horizon de dix ans, cela est valorisant ! L’école arrive au bout des améliorations qu’elle peut accomplir seule. Sans ce type de transformation radicale, l’école ne peut pas aller plus loin.
C’est un ensemble : pour l’international, nous n’aurions pas été capable, chacun de notre côté, d’avoir un projet aussi ambitieux. D’un côté, nous donnons, de l’autre, nous recevons. Ainsi, cela nous soutient beaucoup du côté recherche.
Nous sommes aujourd’hui dans un univers concurrentiel où nous jouons à armes inégales. Par exemple, face à notre école, dans le concours commun polytechnique, se trouvent des écoles aux frais de scolarité bien plus bas, ce qui est un argument pour convaincre les familles.
Cela signifie la disparition de l’école, que vous avez créée ?
L’école a 35 ans, c’est une fille en âge d’être mariée »Je n’ai pas du tout peur de perdre l’autonomie de l’école d’ingénieurs. Je ne partirai pas de ce paquebot-école tant que je ne l’aurais pas amené à bon port, c’est à dire, à l’intégration au sein du grand établissement.
De mon temps, lorsque l’on mariait sa fille, elle prenait le nom de son mari. Aujourd’hui, cette école a 35 ans. Je crois que c’est une fille que l’on peut marier : le fait, pour elle, de changer de nom — si c’est pour adopter un nom plus prestigieux — fera de cette démarche un bon mariage.
La fin de l’Institut polytechnique du grand Paris (IPGP)
« L’alliance entre Supmeca, l’Eisti et l’Ensea, lancée en 2009 en tant qu’association sous le nom de Collegium ile-de-France devenu PRES puis EPCSCP en 2013 sera dissoute le 31/12/2017 », indique Nesim Fintz. L’Eisti et l’Ensea se retrouvant, de fait, dans le même projet de grand établissement.
« Nous n’avons pas pu trouver de modus vivendi nous permettant de créer quelque chose de plus important, nous étions arrivés au bout de ce que l’on pouvait faire et ce n’était satisfaisant pour personne », indique t-il.
Nesim Fintz
Vice-président @ Université Paris-Seine
Conseiller auprès du directeur, en charge de l’I-site et des questions institutionnelles @ CY Tech
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Parcours
Vice-président
Conseiller auprès du directeur, en charge de l’I-site et des questions institutionnelles
Vice-président
Directeur
Établissement & diplôme
Titulaire d’un doctorat en mathématiques de la décision
Fiche n° 4277, créée le 03/06/2014 à 09:34 - MàJ le 23/10/2020 à 10:56
CY Tech
Catégorie : Écoles d'ingénieurs
Adresse du siège
Avenue du Parc95000 Cergy France
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Fiche n° 3490, créée le 10/09/2015 à 10:14 - MàJ le 17/12/2020 à 08:58
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