Passation de pouvoir au MESRI : « Conjuguer le local avec le global, le public et le privé » (F. Vidal)
« Conjuguer le local avec le global, le public avec le privé ; concilier le service public avec le service au public ; accepter le défi des jeunes générations ; se connaître, se réaffirmer, se revendiquer pour s’ouvrir aux autres : tel est le formidable défi qui se dresse devant nous. C’est celui pour lequel je m’engage à servir, et pour lequel je vous engage à servir. (…) Car nous servons la plus belle cause qui existe : créer la connaissance, la transmettre, et lui permettre de contribuer dans sa déclinaison au quotidien au bien-être de tous. A nous de faire en sorte qu’à nouveau, la société redonne sa place aux sciences, à toutes les sciences », déclare Frédérique Vidal, ministre de l’ESRI
Enseignement supérieur, recherche et innovation
du premier gouvernement d’Edouard Philippe, lors de la passation de pouvoir, au ministère rue Descartes, le 18/05/2017.
Elle s’exprime face à Thierry Mandon, ancien secrétaire d’Etat en charge de l’ESR
Enseignement supérieur et recherche
, les personnels du ministère et les membres du cabinet, ainsi que de nombreuses personnalités de l’ESR.
Dans sa première allocution, Frédérique Vidal livre « son ambition pour le ministère », avec comme grandes lignes :
• « tirer ensemble le meilleur des universités, des écoles, des organismes de recherche, au profit du rayonnement de notre pays » ;
• « poursuivre la révolution numérique dans l’enseignement supérieur, au service d’une révolution pédagogique » ;
• faire en sorte que « l’insertion professionnelle des jeunes comme des moins jeunes, dans le monde économique comme le monde académique, soit et reste l’une des missions cardinales de l’enseignement supérieur » ;
• « travailler à consolider un équilibre dans l’écosystème de l’innovation » pour « remettre l’innovation et la recherche au cœur de l’économie ».
Concernant la rentrée prochaine, et notamment la polémique autour du tirage au sort en licence dans les filières à capacités limitées instaurée par une circulaire du 27/04/2017, Frédérique Vidal ne prend pas d’engagement mais indique qu’elle recevra les organisations étudiantes « très vite pour préparer la rentrée ». Interrogée par News Tank sur ce qu’implique l’ajout de l’innovation à son portefeuille, et notamment la éventuelle venue de directions aujourd’hui rattachées à Bercy, elle répond que cela « doit se décider avec l’ensemble du gouvernement ».
Thierry Mandon, pour sa part, dresse le bilan de son action pendant 20 mois à la tête du secrétariat d’Etat. « Le temps était compté, nous aurions aimé en disposer davantage, notamment pour s’occuper du premier cycle universitaire, après avoir réformé le cycle de master, le doctorat, les études médicales, l’examen d’entrée à la profession d’avocat. Sans prétendre avoir tout réussi, nous avons donné le meilleur de nous-mêmes », déclare-t-il. A son successeur, il souhaite « belle réussite », estimant qu’elle a « toutes les qualités pour remplir cette belle mission de ministre de l’ESRI ».
« Tirer ensemble le meilleur des universités, des écoles, des organismes de recherche » (Frédérique Vidal)
S’adressant d’abord à Thierry Mandon, Frédérique Vidal déclare : « Durant votre mandat, vous avez porté une vision ambitieuse pour l’enseignement supérieur, la recherche, l’innovation ; en montrant l’importance de l’empreinte du territoire, du rayonnement international qu’apporte l’ESR à notre pays, et la nécessité de l’excellence et ce qui l’accompagne, l’exigence pour tous. Cette vision est dictée par la place essentielle de l’ESRI dans la création et l’économie de la connaissance. Vos mots me touchent et m’honorent, ils me portent à encore plus d’exigence envers moi-même afin de faire rayonner encore plus l’ESRI ».
Elle dresse ensuite « en quelques mots, l’ambition [qu’elle] porte pour ce ministère ».
« Un défi à relever tous ensemble »
« Le monde de l’ESRI est le creuset où se conjuguent et se nourrissent :
- la recherche, ensemble d’études et de travaux menés méthodiquement par des spécialistes de la connaissance ;
- l’enseignement pour transmettre aux générations futures un corpus de connaissances et de valeurs faisant partie d’une culture commune et universelle ;
- la science, mise en cohérence des observations, faits, objets, phénomènes obéissant à des lois ;
- l’innovation pour faire progresser l’humanité et contribuer au bien commun, à l’emploi, à la réussite de nos étudiants et de nos entreprises ;
- l’ouverture, la possibilité de comprendre, connaître, faire du lien avec ce qui est extérieur à son milieu habituel.
C’est donc tous ensemble : personnels techniques, administratifs, enseignants-chercheurs, enseignants, chercheurs, directeurs d’écoles, de laboratoires, présidents d’université, P-DG des organismes de recherche, collectivités, entreprises, que nous devons relever le défi. »
« Passer du commensalisme à la symbiose »
Se transformer sur la base d’une analyse rationnelle »« Notre communauté ESR est internationalement reconnue depuis toujours. Mais comme tant d’autres, elle souffre depuis quelques dizaines d’années d’une forme de mésestime d’elle-même. Et pourtant elle porte aussi en elle, une envie de retrouver du sens, de la fierté, de se faire connaître et reconnaître, individuellement et collectivement. Car le monde change, il ne faut pas le regretter, il faut s’engager pour le construire.
- Il ne s’agit pas de s’uniformiser ou se fondre, mais bien de se transformer sur la base d’une analyse rationnelle des forces et faiblesses de chacun.
- Il s’agit de passer, pour utiliser une métaphore de biologiste, du commensalisme - association de partenaires dont certains retirent un bénéfice et d’autres aucun avantage ou inconvénient - à la symbiose, association durable de plusieurs organismes, profitables à chacun d’entre eux.
C’est ainsi que nous devons tirer ensemble le meilleur des universités, des écoles, des organismes de recherche, au profit du rayonnement de notre pays. »
Enseignement supérieur : « permettre à chacun de se réaliser »
« L’enseignement supérieur se nourrit de la recherche et se met au service des étudiants et de leur formation. Nos jeunes sont notre avenir, nous leur devons un avenir. Nous ne pouvons plus nous contenter de les voir vérifier en direct à l’aide de leur téléphone, ordinateur ou tablette, les connaissances dispensées dans nos amphithéâtres.
- Il faut poursuivre la révolution numérique dans l’enseignement supérieur, au service d’une révolution pédagogique ;
- Encourager la curiosité, la prise de risque chez les étudiants comme dans les pratiques des enseignants ;
- Valoriser celui qui essaie autant que celui qui réussite, et ce quel que soit son âge, sa formation précédente.
- La formation continue et tout au long de la vie, doit permettre à chacun de se réaliser dans un monde de plus en plus mobile et agile.
- L’insertion professionnelle des jeunes comme des moins jeunes, dans le monde économique comme le monde académique, est et doit rester l’une des missions cardinales de l’enseignement supérieur. »
« Réconcilier recherche et innovation, monde académique et monde de l’entreprise »
« L’innovation se nourrit de la recherche et se déploie au service de la société. Nous devrons donc travailler à consolider un équilibre dans l’écosystème de l’innovation. L’écosystème définit l’interaction d’un organisme avec son environnement, et il a pour objet de renforcer les deux parties lorsqu’il est à l’équilibre et c’est cet équilibre que nous devons trouver.
C’est l’enjeu de l’université du 21e siècle : la création des savoirs est la source de toute innovation, mais elle nécessite que l’on ait le cœur à créer, à inventer, à penser autrement ; que l’on redécouvre la force de l’art et de la culture comme moteur dans la création, en puisant dans le passé ce que nous sommes et en rejetant la peur de l’inconnu pour aller de l’avant.
C’est à nous de trouver aujourd’hui la voie de la confiance »C’est à nous de trouver aujourd’hui la voie de la confiance, et de réconcilier recherche et innovation, monde académique et monde de l’entreprise, en acceptant mutuellement de nous connaître, de nous reconnaître, et de nous écouter, je suis convaincue que nous sommes en capacité de remettre l’innovation et la recherche au cœur de l’économie. »
« Retrouver le goût du risque et du défi »
« Nous devons collectivement retrouver le goût du risque et du défi, dans la pratique de nos recherches, dans notre enseignement, dans nos organisations ; regarder avec bienveillance les expérimentations, goûter à nouveau au plaisir de dire “oui, essayons”, et surtout nous faire confiance pour redessiner le chemin qui permettra notre évolution.
Je vous invite à vous impliquer »C’est avec cet enthousiasme, cette imagination, cette absence de crainte que je vous invite à vous impliquer : agir plutôt que subir, proposer plutôt que se plaindre, soutenir l’envie de réussir, échouer pourquoi pas, temporairement, mais avancer toujours. »
« Je me réjouis d’avoir été le dernier secrétaire d’Etat à l’ESR » (Thierry Mandon)
« Je voudrais vous faire part de deux convictions qui ont été les boussoles de l’action que nous avons menée pendant une vingtaine de mois », déclare Thierry Mandon :
- « En ces temps d’émotion, de vérités alternatives, ce ministère est l’un des derniers refuges de la raison. La science, l’esprit critique, le doute, l’argumentation, tous ces principes placés au cœur de l’ESR sont des trésors de la nation qui désormais sont placés entre vos mains. Les protéger, les partager, les faire prospérer est la plus belle des tâches qui soit.
- Ce ministère est aussi la première marche vers le rêve et l’aventure.
- Le rêve c’est la possibilité offerte à chaque jeune, quels que soient sa fortune, son lieu de vie de s’élever grâce à l’accès ouvert aux études supérieures.
- L’aventure c’est la tâche quotidienne de nos chercheurs, qui emprunte autant de Sisyphe que Prométhée, leur talent mondialement reconnu, qui font de ces hommes et femmes les architectes de la grandeur de notre nation, petite par sa taille, puissante principalement par le rayonnement de ses savoirs, compétences et connaissances.
Il n’est de si beaux principes que d’institutions qui les font vivre. Dans ce ministère, celles-ci sont irréversiblement - certains trouvent d’ailleurs trop peu - et heureusement autonomes. Elles reposent sur l’engagement de milliers de personnels, de responsables, d’enseignants-chercheurs, d’administratifs, techniques, services de qualité, dévoués. Je veux les saluer et les remercier de leur engagement. »
« Le Livre blanc, jalon précieux pour les années qui viennent »
« Notre ministère et son administration centrale sont en pleine transformation pour répondre à cette réalité nouvelle de l’autonomie, inventer l’Etat moderne qui définira le cadre stratégique dans lequel pourront évoluer ces acteurs autonomes, pour faire converger l’enseignement supérieur et la recherche, et renforcer la contribution des uns et des autres à une contractualisation revivifiée.
En un peu plus de 20 mois - c’est peu -, nous avons cherché :
- à consolider cette évolution ;
- à conjuguer démocratisation de l’enseignement supérieur et exigence de qualité ;
- à renforcer la recherche ;
- à préfigurer l’université de demain à travers l’immobilier, la transformation pédagogique, le numérique, la formation continue ;
- à convaincre les pouvoirs publics que le temps du réinvestissement budgétaire était venu ;
- à bâtir le socle consensuel et durable entre l’Etat et la nation, le fameux livre blanc, jalon précieux pour les années qui viennent. »
« Le voeu d’un réinvestissement public pour l’ESR reste à parfaire »
« Je vous rappelle les deux vœux formulés avec mon équipe lors de mon arrivée, pour ce jour où nous passerions la main :
- Qu’il fallait convaincre que le temps du réinvestissement public pour l’ESR était venu. Il reste à parfaire. Nous avons réamorcé cette année une pompe qui doit l’être dans la durée pour au moins quatre à cinq années. Vous pouvez compter sur toute la communauté ici rassemblée, sur les étudiants, pour vous aider à cette tâche que, j’en suis persuadé, vous arriverez à remplir pleinement.
- Que je sois le dernier secrétaire d’Etat à l’ESR. Je me réjouis que ce second vœu soit déjà exaucé. Et d’abord parce que c’est vous [Frédérique Vidal], qui connaissez parfaitement l’université, qui en êtes issue, qui connaissez la recherche et tous ces enjeux, et qui avez toutes les qualités pour remplir cette belle mission de ministre de l’ESRI. »
Frédérique Vidal
Conseillère spéciale du président @ European Foundation for Management Development (EFMD)
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Parcours
Conseillère spéciale du président
Ministre
Présidente
Professeure des universités en Sciences de la vie
Directrice de la faculté des sciences
Directrice du département Sciences de la vie
Maîtresse de conférences
Membre extérieur du conseil scientifique régional
Fiche n° 4719, créée le 18/06/2014 à 10:19 - MàJ le 07/10/2024 à 16:48
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Secrétaire général
Directeur
Chargé du pilotage du CNC
Directeur général
Directeur général
Secrétaire d’Etat à l’Enseignement supérieur et à la Recherche
Secrétaire d’État chargé de la Réforme de l’État et de la Simplification
Député de la 9e circonscription de l’Essonne
Président
Conseiller général
Maire
1er vice-président et président délégué
Député de la 9e circonscription de l’Essonne
Fiche n° 9606, créée le 16/03/2015 à 10:17 - MàJ le 24/04/2020 à 15:43
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