CGE : « Faire rayonner les grandes écoles » en France et à l’international (D. Manceau) ; sa feuille de route
« Le premier objectif, c’est de faire rayonner les grandes écoles et de mieux faire connaître leurs spécificités. Il est important de les valoriser en France : elles représentent près de 500 000 étudiants et une très grande diversité, que ce soit en termes de disciplines, de taille, de structure juridique ou d’ancrage territorial », déclare Delphine Manceau
Présidente @ Conférence des grandes écoles (CGE) • Directrice @ Neoma Business School (Neoma)
, présidente de la CGE
Conférence des grandes écoles
et directrice de Neoma à News Tank le 23/06/2025.
Elle détaille les quatre axes de sa feuille de route pour son mandat à la CGE, après son élection à la présidence le 19/06, à la suite de Laurent Champaney
VP Commission Affaires publiques @ Conférence des grandes écoles (CGE) • Directeur général @ Arts et Métiers ParisTech - École Nationale Supérieure d’Arts et Métiers
, DG d’Arts et Métiers.
Il s’agit également de renforcer le rayonnement des écoles de la CGE à l’international. « Dans un monde qui tend à se refermer, il est crucial de consolider l’attractivité de l’enseignement supérieur français, pour attirer davantage d’étudiants internationaux, mais aussi des enseignants-chercheurs du monde entier », dit-elle.
Actuellement, « la part d’étudiants internationaux dans les grandes écoles françaises atteint 23 %, tous types d’établissements confondus. La proportion d’enseignants internationaux y est également significative. »
« Nos grandes écoles jouissent d’une forte visibilité à l’international. Elles ont noué des partenariats dans le monde entier. Ce sont des outils de soft power pour la France, et elles constituent un de ses pôles d’excellence. Il est important que les pouvoirs publics français en aient pleinement conscience. »
« Pour ce faire, l’enjeu n’est pas de dire aux grandes écoles ce qu’elles doivent faire, mais de partager ce qui fonctionne bien. Quand je regarde les bachelors développés par CentraleSupélec ou Polytechnique, il y a un énorme potentiel d’attractivité internationale pour les écoles d’ingénieurs. Les grandes écoles offrent également de très bonnes conditions de recherche. »
Les trois autres objectifs de Delphine Manceau
Outre le rayonnement des écoles de la CGE, le deuxième objectif est pour Delphine Manceau « de poursuivre les échanges et le travail avec les pouvoirs publics, notamment sur la question de la régulation — qui figure en haut de la liste —, ainsi que sur les sujets de financement. Il y a, par exemple, actuellement un sujet autour des instituts Carnot en matière de recherche. »
« Nous sommes à un moment où notre secteur est confronté à de nombreux défis. Il faut les affronter collectivement et les porter auprès des ministères. Le dossier de l’apprentissage fera également partie des priorités de cette mandature. »
Ce que prévoit le projet de loi de modernisation et régulation de l’enseignement supérieur du MESR
L’interview de Delphine Manceau a été réalisée avant la publication par News Tank du projet de loi de modernisation et régulation de l’enseignement supérieur du MESR, dont Philippe Baptiste avait annoncé les contours, le 13/05/2025. Il prévoit notamment :
• la création de deux dispositifs — l’agrément, ouvert à tous les établissements privés, et le partenariat, réservé aux structures à but non lucratif — qui conditionneront l’accès à Parcoursup (et remplacent les notions de de « premier » et « deuxième » cercle évoqué en mai 2025). Le dispositif de « partenariat » permettra aux écoles ayant opté pour le statut d’EESC du même type de reconnaissance que les Eespig ;
• l’extension de l’obligation de certification Qualiopi à tous les organismes proposant des formations inscrites au RNCP. Cette reconnaissance bénéficiera automatiquement à tous les établissements « en partenariat » ou « agréés ».
« Faire entendre la voix des grandes écoles dans les grandes échéances politiques »
Le troisième pilier repose sur le partage entre grandes écoles : échange de bonnes pratiques, retours d’expérience… « Une de nos spécificités, c’est la diversité des tailles et des approches. Il y a un réel intérêt à dialoguer au sein des onze commissions, qui sont des lieux privilégiés pour cela. Nous ferons émerger, à partir de ces commissions, les sujets prioritaires à traiter ensemble et à porter auprès des pouvoirs publics. »
Enfin, Delphine Manceau veut faire entendre la voix des grandes écoles dans les grandes échéances politiques à venir : municipales de 2026 et présidentielle de 2027. « L’éducation est plus importante que jamais, face aux défis auxquels nous sommes confrontés et face aux changements rapides du monde. »
« Dans un monde en transformation constante, l’enseignement supérieur est en première ligne : nous sommes en lien direct avec la jeunesse. Il est donc essentiel que nous fassions entendre notre voix pour que les bons choix soient faits en matière d’éducation, de compétitivité, et pour l’avenir des jeunes. »
« Nous devons aussi prendre la mesure des transformations majeures vécues ces cinq dernières années dans de nombreux domaines : géopolitiques, technologiques avec l’IA Intelligence artificielle , climatiques, sociétaux, économiques… »
Le premier bureau élargi se réunira le 21/07 pour un séminaire de travail, l’occasion de poser les axes de réflexion et de « fixer une vision collégiale pour la nouvelle mandature ».
Engagement au sein de l’AACSB : « complémentaire » à la présidence de la CGE
« J’ai siégé au sein du comité d’accréditation Equis European Quality Improvement System (label) , mais mon mandat est arrivé à échéance. En revanche, je poursuis mon engagement au sein du Board of Directors de l’AACSB Association to Advance Collegiate Schools of Business . Cette fonction est complémentaire à celle de présidente de la CGE. »
« De vraies questions sur le modèle économique des écoles »
« Aujourd’hui, il y a de vraies questions sur le modèle économique des écoles, car les financements publics se raréfient », déclare la présidente de la CGE. « Pour les écoles publiques, cela a un impact évident. Pour les autres, l’impact existe également, notamment du fait des questionnements sur le financement de l’apprentissage. La démographie des jeunes en âge d’étudier se stabilise, et l’on anticipe une baisse à partir de 2032. »
« Parmi les leviers envisagés pour compenser cette baisse, il y a les étudiants internationaux que nous espérons pouvoir attirer. Mais les évolutions géopolitiques peuvent aussi remettre en question le souhait des jeunes d’aller étudier hors de leur pays. »
Selon elle, les écoles entrent dans une situation « où les choses seront plus tendues ». « Ce contexte pourrait mener à des restructurations, avec des rapprochements entre écoles, ou à des évolutions dans les portefeuilles de programmes des établissements. »
« Il y a eu quelques privatisations ces dernières années, et il y avait eu une grande vague de fusions il y a une quinzaine d’années. Je ne peux pas prévoir ce qui se passera, mais ce qui est clair, c’est que nous entrons dans une phase où les écoles vont devoir remettre à plat leur modèle économique. Cela peut remettre en cause les équilibres actuels. »
Apprentissage : « Un des critères clés, c’est la qualité de la pédagogie »
Interrogée sur le sujet de l’apprentissage, elle estime qu’il faut mettre la qualité au cœur des dispositifs de financement. « Un rapprochement des critères d’évaluation - et des évaluations tout court - entre le ministère du travail et le MESR Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche me semble indispensable. D’un côté, il y a le RNCP Répertoire national des certifications professionnelles et Qualiopi, qui dépendent du ministère du travail ; de l’autre, le visa et le grade, qui relèvent du MESR. »
« Les familles sont perdues face à cette diversité et ont parfois du mal à se repérer. Or, il est essentiel de faire la différence entre les grandes écoles qui investissent dans la pédagogie et le corps professoral, dont la qualité est régulièrement contrôlée et saluée par le MESR, et des organismes qui délivrent des certificats et non des diplômes, n’ont pas de professeurs permanents, parfois même pas de locaux pour accueillir les étudiants, et se financent pourtant largement sur le système de financement public de l’apprentissage. »
« Il faut travailler sur une régulation plus compréhensible pour les familles, qui converge entre les différents ministères, et qui facilite les choix d’enseignement supérieur faits par les jeunes. C’est un enjeu de lisibilité et de transparence. »
« Si l’on met en place des critères plus stricts pour accéder au financement de l’apprentissage, fondés sur des indicateurs de qualité des formations, le système se régulera de lui-même : les structures qui se constituent pour capter des effets d’aubaine ne pourront plus le faire. Pour moi, un des critères clés, c’est la qualité de la pédagogie. Cela signifie avoir des professeurs dont le métier est d’enseigner. »
Régulation : « Simplifier les dispositifs en vue d’une meilleure lisibilité »
Concernant la régulation de l’enseignement supérieur privé, « Philippe Baptiste
Ministre de l’Enseignement supérieur et la Recherche @ Ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (MEN)
a partagé sa vision sur la régulation, où il identifie le profil des établissements ayant accès à Parcoursup dans le futur, faisant ainsi de cette plateforme une “zone de confiance”. Cela va dans le bon sens. Tout dépendra ensuite de la mise en œuvre. »
« J’ai en tête deux nécessités : simplifier les dispositifs en vue d’une meilleure lisibilité par les familles, et faire converger les évaluations faites par des organismes différents. »
« Les annonces de Philippe Baptiste ont généré des questions sur la manière dont seront classées les EESC Etablissement d’enseignement supérieur consulaire , établissements d’enseignement supérieur consulaire, qui sont à but non lucratif », dit-elle.
« Les EESC appartiennent aux Chambres de commerce, qui sont des établissements publics, elles sont soumises au code des marchés publics mais elles sont traitées comme des établissements privés. Elles ne peuvent pas être Eespig Établissement d’enseignement supérieur privé d’intérêt général car, quand le statut Eespig a été promulgué, le statut EESC n’existait pas encore ; il avait donc été défini à l’époque que pour être Eespig, il fallait être une association ou une fondation, et cela n’a jamais été modifié depuis. »
« Autre point : l’évaluation doit-elle porter sur les établissements ou les programmes ? L’objectif annoncé est une évaluation de l’établissement. Cela me semble très pertinent. Il faut toutefois s’assurer de la part des programmes de qualité dans l’activité des établissements. Il ne faut pas qu’il y ait là aussi des effets d’aubaine. »
Renforcer la communication auprès du grand public
Selon la présidente de la CGE, « il est essentiel de casser les clichés encore tenaces autour des grandes écoles. »
« Nous devons mieux expliquer ce qu’est une grande école, et mettre en avant ses caractéristiques : l’agilité, la proximité avec les entreprises, la culture de l’excellence, la dimension internationale, la richesse de la vie étudiante, la capacité à se saisir des grands enjeux de demain, l’investissement dans la pédagogie, l’activité de recherche, la capacité d’innovation… »
« Ce sont des traits communs aux grandes écoles, quels que soient leur discipline ou leur statut juridique. Il est indispensable de mieux communiquer sur ce que nous sommes, de valoriser notre ancrage territorial, et de faire passer ces messages au grand public. »

Delphine Manceau
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Fiche n° 7266, créée le 05/11/2014 à 21:58 - MàJ le 27/06/2025 à 11:27
Conférence des grandes écoles (CGE)
Association de grandes écoles, elle compte aussi parmi ses membres des entreprises, des associations d’anciens élèves, des organismes et des écoles basées dans d’autres pays.
Catégorie : Associations, réseaux
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Fiche n° 1879, créée le 05/05/2014 à 12:22 - MàJ le 27/06/2025 à 11:27