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« Refaire de l’université le lieu de la formation professionnalisante » (D. Sciamma, CY)

News Tank Éducation & Recherche - Paris - Tribune n°344623 - Publié le 18/11/2024 à 14:21
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©  L DEFROCOURT_CACP
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« Naviguant depuis 26 ans dans le monde de l’enseignement supérieur - privé puis public aujourd’hui - je sais, pour le mettre en œuvre avec CY Cergy Paris Université école de design - que l’université peut et doit redevenir le lieu des meilleures formations professionnalisantes en France. Il est plus que temps de le faire », écrit Dominique Sciamma, directeur de CY école de design, dans une tribune pour News Tank, le 18/11/2024.

Pour cela, dit-il, il faudrait que l’enseignement supérieur public « se mette à la hauteur de la mission en ayant les moyens, l’organisation, et pour tout dire une culture, synchronisés avec les réalités professionnelles qu’elle n’a pas toujours aujourd’hui. (…) Un gigantesque chantier, qui nécessite de nouvelles règles, dont celles de recruter de nouveaux profils d’enseignants ».

Il faudrait aussi selon lui que l’État arrête de « déléguer à des opérateurs privés le soin de former des professionnels, sans les discriminer aucunement en fonction de leur statut, lucratif ou pas. Ce qui pose un vrai problème dans la mesure où celles-ci, indépendamment de ce statut bénéficient d’argent public ».

Celui qui a dirigé Strate École de design entre 2013 et 2020 - école appartenant au groupe Studialis racheté en 2015 par Galileo - dresse un constat sévère sur l’utilisation de ces fonds par les écoles privées « et typiquement celles appartenant à des groupes dont les fonds de pension sont actionnaires ».


L’enseignement supérieur, un marché en croissance qui intéresse au plus haut point les financiers

D’années en années, le nombre d’étudiants dans l’enseignement supérieur ne cesse d’augmenter (2,4 millions en 2014, près de 3 millions en 2024), dont un peu plus d’un tiers dans les universités. Une part croissante de ces étudiants est aujourd’hui accueillie dans des établissements privés, qui promettent, parfois à juste titre et parfois pas, de mieux les professionnaliser, contrairement à la réputation faite aux universités, parfois à juste titre et parfois pas.

L’enseignement supérieur est de fait devenu un marché en croissance, et qui intéresse au plus haut point les financiers et en particulier les fonds de pension qui leurs servent de véhicules. C’est qu’il y a peu de business qui offrent des revenus prévisionnels aussi stables que celui de l’enseignement. Un étudiant assure un revenu sur trois ou cinq ans totalement prévisible, et il n’y a rien de plus délectable que l’absence de risque pour les financiers.

Pour peu que vous augmentiez les frais de scolarité tout en contrôlant vos coûts de fonctionnement, et vous voilà prêt pour une culbute annoncée de vos investissements, en cinq ans. Le nirvana…

Que ce soit par cynisme, idéologie ou impuissance, force est de constater que l’État s’est résigné à déléguer à ces opérateurs privés le soin de former des professionnels, sans les discriminer aucunement en fonction de leur statut, lucratif ou pas.

Ce qui pose un vrai problème dans la mesure où celles-ci, indépendamment de ce statut bénéficient d’argent public. S’il s’agit d’écoles privées à but non lucratif, l’on peut estimer qu’elles œuvrent pour le bien commun. Mais qu’elles soient des écoles privées à but lucratif - et typiquement celles appartenant à des groupes dont les fonds de pension sont actionnaires - et se pose un réel problème d’éthique d’utilisation de l’argent public.

L’État sait pourtant parfois faire la différence, et agir en conséquence.

La taxe d’apprentissage est par exemple inaccessible aux écoles privées à but lucratif, et l’on se demande bien pourquoi le financement par les Opco Opérateurs de compétences des frais de scolarité des alternants serait accessible à ceux-là même !

Car ce faisant, ce sont autant les dividendes distribués que la valeur de ces entreprises auxquels l’argent public issu de l’impôt contribue scandaleusement (ne pas oublier que nombre d’entre elles appartiennent à des groupes dont le seul objectif est de se revendre deux fois le prix qu’ils ont été achetés, ce que l’on appelle un LBO Leveraged buy-out (achat à effet de levier), rachat d’entreprise par endettement et emprunt ). Ce financement devrait donc être, de droit, comme pour la taxe d’apprentissage, réservé aux seules écoles publiques et privées associatives.

L’université doit réinventer sans la craindre sa relation avec le monde de l’entreprise

Il faudrait évidemment pour cela que l’enseignement supérieur public se mette à la hauteur de la mission en ayant les moyens, l’organisation, et pour tout dire une culture, synchronisés avec les réalités professionnelles qu’elle n’a pas toujours aujourd’hui. Il faudrait qu’il puisse être crédible dans sa capacité à professionnaliser ses étudiants.

C’est un gigantesque chantier, qui nécessite de nouvelles règles, dont celles de recruter de nouveaux profils d’enseignants, d’autant plus efficaces dans leur enseignement qu’ils auront pratiqué ce qu’ils enseignent, la question du statut de ces intervenants n’étant pas le moindre enjeu. Il faudra aussi qu’elle réinvente sans la craindre sa relation avec le monde de l’entreprise et de la création de valeur.

Naviguant depuis 26 ans dans le monde de l’enseignement supérieur - privé puis public aujourd’hui - je sais, pour le mettre en œuvre avec CY école de design - que l’université peut et doit redevenir Le lieu des meilleures formations professionnalisantes en France. Il est plus que temps de le faire.

Dominique Sciamma

Email : dominique.sciamma@cyu.fr
Téléphone : +33660233556

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CY Cergy Paris Université (EPE)
Directeur de CY École de design
Strate École de Design
Chef du département 'Systèmes et Objets Interactifs'
Strate École de Design
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EDS France
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EDS France
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Bull HQ
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Bull HQ
Researcher - Parallel computing
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Établissement & diplôme

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DEA, theorical computer science
Université Paris 7 - Diderot
Maîtrise, computer science
Université Paris 7 - Diderot
Maîtrise, mathématiques

Fiche n° 14608, créée le 08/12/2015 à 16:11 - MàJ le 18/11/2024 à 10:53


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