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Demoes : l’enjeu de l’essaimage, appuyé par les opérateurs et des groupes de travail thématiques

News Tank Éducation & Recherche - Paris - Actualité n°312520 - Publié le 19/01/2024 à 18:15
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« Vous entrez dans une nouvelle phase de travail sur ces livrables des groupes de travail. Pour le rapport final, demandez-vous quelles devraient être les préconisations pour l'État, et qu’est-ce ce qui serait utile aux autres projets Demoes Démonstrateurs numériques dans l’enseignement supérieur , mais aussi aux établissements qui ne sont pas lauréats », déclare Mireille Brangé Coordinatrice nationale de la stratégie enseignement et numérique @ Secrétariat général pour l’investissement (SGPI)
, coordinatrice nationale de la stratégie pour l’enseignement et le numérique au SGPI Secrétariat général pour l’investissement , le 16/01/2024.

Elle s’exprime lors d’un point d’étape des sept GT Groupe de travail Demoes (Démonstrateurs numériques dans l’enseignement supérieur). Ces groupes thématiques (inclusion, collaboration avec la edtech, apprentissages nomades, etc.) réunissent les 17 lauréats de cet AMI Appel à manifestation d’intérêt lancé en 2021 dans le cadre de France 2030, qui vise à déployer des outils de transformation numérique au service de l’enseignement.

« Nous avons estimé que l’entrée par la thématique plutôt que par le projet était intéressante, notamment pour rassembler tout le monde », précise Mireille Brangé à l’issue de la journée.

Ces 17 projets concernent plus de 75 établissements, « d’autant que nous avons introduit une notion de compagnonnage qui ne figurait pas dans l’AMI initial, de manière à aller plus loin dans l’essaimage ».

Pour elle, cette question « doit être posée de manière plus franche, en s’appuyant sur la gouvernance des établissements, la formalisation d’accords, mais aussi des conférences d’établissements, dont nous attendons une implication plus forte sur la restitution des projets PIA Programme d’investissements d’avenir  ».

Les groupes de travail rencontreront le SGPI, l’ANR Agence nationale de la recherche et la Dgesip Direction générale de l’enseignement supérieur et de l’insertion professionnelle d’ici avril pour un échange plus critique sur ces premiers rapports, visant une version finale pour début 2025. En 2024, les projets Demoes qui ont été financés pour quatre ans, seront également évalués.


Sept groupes de travail transversaux « pour un travail en réseau »

La liste des sept groupes :

  • Université inclusive et bien-être étudiant.
  • Quelle collaboration avec la edtech ?
  • Apprentissages nomades.
  • Démarches et usages des e-portfolio.
  • Pédagogie et nouveaux environnements virtuels.
  • La construction d’une transformation numérique responsable.
  • Stratégie et pilotage de la transformation numérique.

Mireille Brangé indique que ces groupes de travail se sont formés « sur la base du volontariat, et en fonction des compétences et appétences de chacun. À l’origine, il n’y avait que six groupes, mais à l’issue de la première rencontre Demoes, un septième a été ajouté, dédié au pilotage et la stratégie. La volonté était de mettre en place un travail en réseau, de la même manière que pour les lauréats des NCU Nouveaux cursus universitaires ou Idefi Initiative(s) d’excellence en formation(s) innovante(s) . » 

Un chef de file a été désigné pour chaque GT, en s’assurant d’une représentativité des établissements.

« L’idée est que cette diversité soit aussi bénéfique. Une fois que le cadre a été posé et les attentes définies, les groupes étaient libres d’aller dans la direction de leur choix. »

Il s’agit des universités de Rennes, Picardie Jules Verne, Haute-Alsace, CY Cergy Paris, Lyon 1, PSL, Orléans, Mayotte, Lorraine, Reims Champagne-Ardennes, Polytechnique des Hauts-de-France, La Rochelle, Poitiers, Nîmes, ainsi qu’Arts et Métiers (Ensam), Agrosup Dijon pour le réseau Agreenium Alliance de neuf établissements d’enseignement supérieur agricole ; Inrae et le Cirad et l’Insa Toulouse pour le réseau des Insa.

Retours d’expériences et pistes des groupes de travail

Des présentations ont été faites pour chaque groupe de travail, notamment autour d’une analyse Swot (forces, faiblesses, opportunités, risques), et de solutions proposées.

Université inclusive et bien être étudiant

« Aujourd’hui il s’agit pour les établissements de répondre à des enjeux fondamentaux, au niveau des transitions qui nécessitent des approches holistiques et disruptives, et en même temps de contribuer à créer une société plus inclusive, avec des formations adaptées à recevoir des diversités sociales, psycho-cognitives, territoriales, et de prendre en compte des situations de handicap ou d’exclusion », indique Philippe Malbos Responsable scientifique du Démonstrateur Include @ Université Claude Bernard - Lyon 1 • Vice-président Stratégie numérique et pilotage @ Université Claude Bernard - Lyon 1
de l’Université Lyon 1.

« Cela nous amène à réfléchir à un nouveau paradigme qui appelle une transformation de l’organisation, une évolution des formations et des formats et espaces pédagogiques, pour mieux cultiver les diversités. Il s’agit de placer l’accueil et le bien-être des apprenants au cœur de la stratégie des établissements. »

La proposition du GT pour le déploiement d’une stratégie diversité, inclusion et bien-être. 

  • Un schéma directeur articulé avec les autres (SDVE Schéma directeur de la vie étudiante , SDN Schéma directeur numérique , SPSI Système d’information ) et le Comp Contrat d’objectifs, de moyens et de performance  
  • Un SI décisionnel dédié à la diversité, l’inclusion et le bien être 
  • Des dispositifs et outils pour implémenter la stratégie et la mise en œuvre de la transformation."
Collaboration avec la edtech

Lucie Jacquet-Malo de l'UPJV Université Picardie Jules Verne fait un point sur les avancées du GT à propos des collaborations avec les entreprises edtech.

« Les points expérimentés et validés :

  • Une communication qui passe d’une relation commercial client à une réelle collaboration au service de l’étudiant. Cela nécessite d’expliquer son besoin, de faire se rencontrer les équipes techniques, etc. 
  • Une nécessaire interopérabilité des outils notamment avec Moodle Plateforme d’apprentissage Moodle. Logiciel libre élaboré par le projet Moodle, conduit et coordonné par Moodle HQ, une entreprise australienne de 30 développeurs. .
  • Un accord sur la propriété intellectuelle en amont du contrat, sur l’appartenance de ce qui a été co-conçu.

Les solutions presque expérimentées :

  • Souveraineté numérique  : tenter de trouver des solutions parmi les edtech françaises  ;
  • Les marchés : le fait d’utiliser des marchés à procédures spécifiques ou d’achats innovants.

Les solutions à ne pas expérimenter  : une labellisation des edtechs spécialisées dans l’ESR Enseignement supérieur et recherche

Les solutions à expérimenter  dans le futur : 

  • En matière de gouvernance, expérimenter un comité au sein de l’ESR qui statue sur les relations entre établissements et edtechs, ce qui permettrait de fluidifier les relations. 
  • Former les interlocuteurs : côté établissements, c’est notamment les directions financières, les DPO Data protection officer , et les gouvernances, et côté edtechs sur l’ESR.
  • Organiser une journée d’échange annuelle entre établissements et edtechs qui serait un moment de rencontre, de retour d’expérience sur des partenariats qui ont bien fonctionné, etc.

Celles à expérimenter si possible :

  • Demander au MESR Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche d’avoir une affiliation de membre au mouvement “French Tech“.
  • Consulter la DAJ Direction des affaires juridiques de Bercy et du MESR pour simplifier les règles d’achat public 
  • Créer un observatoire des collaborations ESR et edtech. »
Apprentissages nomades

Brigitte Colantonio de l'Urca Université de Reims-Champagne-Ardenne donne une définition des apprentissages nomades : «  usage des appareils mobiles en matière d’apprentissage et d’objectifs éducatifs, en lien avec la stratégie d’établissement  ».

« Si on veut travailler sur une généralisation, il faut réfléchir au rôle de l’institution dans la conduite du changement, car quand on parle d’innovation pédagogique, il peut y avoir des freins au changement s’il n’y a pas d’incitation à s’engager dans la transformation. 

Autre point de vigilance  : le BYOD Bring your own device (Apportez vos appareils personnels) , et donc la question du stockage des ressources et de toute l’infrastructure numérique pour l’accompagner.  »

Une première enquête nationale sera bientôt envoyée aux établissements avec des questions sur les stratégies, les équipements, les ressources humaines (janvier 2024) et en mai 2024 une seconde sur les aspects pédagogiques, les besoins des enseignants et des apprenants.

Construction d’une transition numérique responsable

« Le numérique est aujourd’hui partout et il y a une forte demande de la part des étudiants et des enseignants d’avoir des outils efficients. Mais le numérique a aussi un coût environnemental et sociétal. Comment concilier développement numérique tout en étant responsable ? », déclare Jean-Christophe Burie, VP Vice-président(e) campus numérique et système d’information de La Rochelle Université.

Parmi les conclusions du GT :

  • « Il faut une démarche adoptée au plus haut dans les établissements, pour un soutien politique et opérationnel ;
  • il faut aussi identifier la solution la plus adaptée pour la maitrise du parc informatique (achat, location, etc.) ;
  • s’inscrire dans une démarche d’amélioration continue et accompagner les établissements pour cela avec les bons outils ;
  • sensibiliser et former les publics étudiants, comme personnels. »
Pédagogie et nouveaux environnements virtuels

Ce GT a proposé 16 recommandations, réparties en six catégories, indique Sébastien Fernandez, chef de projet Jenii (jumeaux d’enseignement numériques, immersifs et interactifs).

« Les technologies immersives représentent une révolution, ou en tout cas un changement majeur pour la pédagogie. Elles peuvent faciliter un certain nombre de choses et et permettre des expériences enrichies. Mais ce changement s’accompagne ! Il ne suffit pas d’acheter des casques de réalité virtuelle et des scénarios. »

L’enjeu est aussi « d’identifier ce qui est pertinent de faire en réalité virtuelle ou non, en montrant notamment ce que l’on ne peut pas voir d’ordinaire (l’intérieur d’une presse de forge ou visualiser un champ de température). Recréer un amphi ou l’on projette un cours est sans intérêt ! »

Il insiste également sur la notion de mutualisation : « Ne faisons pas tous la même chose dans notre coin ! »

Stratégie et pilotage

« Le soutien national pour la transformation numérique des établissements est indispensable », indique Olivier Wong, VP numérique à l’Université de Rennes. « La pression augmente sur les universités, avec l’augmentation de la part du secteur privé, mais aussi l’accélération de certaines technologies à marche forcée. »

« Il est nécessaire d’avoir un dialogue concerté entre l'État, le MESR et les établissements et cela suppose de partager la même temporalité, la même conduite du changement et l’approche projet en tant que tel. Pour l’instant, la périodicité est trop étendue. Un alignement est nécessaire. »

« Le fonctionnement par appels à projets est difficile à concilier avec la vie des établissements. Car la pérennisation est un autre travail, qui nécessite une restructuration des processus internes, pour plus d’interdisciplinarité et une gestion axée sur le but des projets. »

Parmi les propositions du GT :

  • « l'élaboration d’un cadre collectif pour l’utilisation des innovations pédagogiques numériques ;
  • un partage des mécanismes de montée en compétences ;
  • un partage des compétences méthodologiques ;
  • ou encore la mutualisation des équipements, des applications et des infrastructures au niveau national, voire européen. »

Un point d’étape pour valoriser les réalisations et améliorer la diffusion

« Cela fait deux ans que les Demoes ont démarré et il est important pour l’État d’avoir des retours d’expérience », déclare Caroline Ollivier-Yaniv, coordonnatrice du Collège des conseillers scientifiques auprès de la Dgesip, en préambule de la journée.

« Tout le travail fourni dans le cadre des sept GT transversaux est très important. Le contexte a beaucoup changé dans la manière de recourir aux outils numériques pour l’enseignement. L’enjeu pour l’État est de comprendre, au regard de l’enveloppe importante accordée par France 2030 [110 M€], ce que ces outils peuvent apporter au fonctionnement de l’ESR, aux étudiants, aux personnels », dit-elle.

Regards croisés et mutualisation

Pour Mireille Brangé, cette présentation et circulation des points d’étape vont aussi permettre « d’homogénéiser la granularité des rapports, et de croiser des expertises et des regards. Il serait normal qu’il y ait dans cette seconde phase, une porosité de ces GT ».

Si les GT vont rencontrer les opérateurs et la tutelle d’ici avril « avec un regard bienveillant, mais aussi challengeant », elle les incite aussi à avoir un dialogue avec d’autres acteurs de l’ESR. « Valérie Gibert Présidente @ Association des DGS (ADGS) • DGS @ Université de Strasbourg (Unistra)
, présidente de l’ADGS Association des directeurs généraux des services , pourrait intervenir dans le groupe pilotage, tout comme l’Anstia Association nationale des services TICE et audiovisuels de l’enseignement supérieur et de la recherche . Leur regard pourra consolider les préconisations, et de mieux les diffuser. »

Mireille Brangé y voit aussi un objectif de plus grande mutualisation. « On a découvert que plusieurs projets pensaient à des AAP Appel à projets sur l’IA Intelligence artificielle . Vous gagneriez en force, en visibilité et en impact, si vous pouviez vous associer sur ces questions-là au sein des Demoes. »

Diffusion et essaimage

Caroline Ollivier-Yaniv insiste aussi sur cette notion de diffusion et « d’essaimage en temps réel ».

« Ces livrables des GT en sont un outil, mais pas le seul : il y a aussi les indicateurs communs remontés par les projets à la Dgesip qui vont permettre de travailler sur un bilan. Réaliser cet essaimage est essentiel pour garantir l’interopérabilité des différents outils. »

Cela passe aussi par les établissements compagnons, « associés à des projets, du fait de leur proximité géographique, thématique ou bien car il y a déjà de nombreux projets en commun. C’est notamment le cas de l’INSP Institut national du service public , qui avait besoin d’un portfolio, et qui s’est rapproché de l’UPJV », précise-t-elle à News Tank.

En conclusion de la journée, elle indique aux membres des groupes de travail : « Il s’agit au fond d’un exercice de responsabilisation, de comprendre comment collectivement s’appuyer sur ce qui a été construit, de participer à une réflexion commune, l’approfondir, et également de construire cette réflexion entre État et projet pour améliorer le système. Ce n’est pas un moyen unique d’incarner une transformation durable, mais cela ne peut qu’y contribuer. »

Les enjeux pour la suite

Mireille Brangé aborde plusieurs sujets à creuser pour les groupes de travail :

  • La question de l’IA : « Elle n’était pas présente au départ dans la définition des GT, et est apparue lorsque ChatGPT a véritablement émergé. Vos rapports seront ainsi extrêmement importants demain pour l’usage de l’IA, qui dans un grand nombre de cas aujourd’hui, reste informel. Il serait intéressant que vous puissiez faire remonter certaines pratiques que vous voyez dans vos projets et établissements. »
  • L’articulation avec la recherche, en lien aussi avec le PEPR Programmes et équipements prioritaires de recherche  « Enseignement et numérique » (CNRS, Aix Marseille Université, Inria Institut national de recherche en informatique et en automatique ) : « Il serait important d’avoir en ligne de mire la mutualisation de questions de recherche portée dans vos projets respectifs, avec le sujet aussi des doctorants impliqués dans les projets Demoes. Il s’agit de voir comment contribuer à alimenter une communauté de recherche, pas pour se subtistuer à ce PEPR, mais jouer un rôle collectif autour des travaux de Demoes, à moindre coût. Cela pourrait être l’organisation d’une journée de mise en relation de ces doctorants, afin d’établir des liens. »
  • Accompagner la conduite du changement : « Dans les AAP, quels qu’ils soient et financés par n’importe quel acteur, il y a la question de l’investissement en temps sur des questions sur lesquelles on a l’impression de ne pas capitaliser. Et cela entraine de la frustration. On parle beaucoup de bien-être étudiant, mais aussi il faut penser au bien-être des acteurs professionnels. »

Mireille Brangé


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Parcours

Secrétariat général pour l’investissement (SGPI)
Coordinatrice nationale de la stratégie enseignement et numérique
Agence Nationale de la Recherche (ANR)
Responsable d’action (Idefi, Dune, NCU, hybridation des formations)
Agence Nationale de la Recherche (ANR)
Responsable par intérim du département Sciences Humaines et Sociales
Agence Nationale de la Recherche (ANR)
Responsable scientifique (département SHS)

Établissement & diplôme

Université de Rouen Normandie
Doctorat de littérature générale et comparée

Fiche n° 46710, créée le 06/07/2022 à 14:22 - MàJ le 27/03/2023 à 11:55

Secrétariat général pour l’investissement (SGPI)

Le Secrétariat général pour l’investissement est chargé du suivi du Grand plan d’investissement et de la mise en œuvre du PIA (Programme d’investissements d’avenir).


Catégorie : État / Agences d'État


Adresse du siège

Hôtel de Cassini
32, rue de Babylone
75007 Paris France


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Fiche n° 3946, créée le 04/03/2016 à 06:53 - MàJ le 24/10/2019 à 10:59


© News Tank Éducation & Recherche - 2024 - Code de la propriété intellectuelle : « La contrefaçon (...) est punie de trois ans d'emprisonnement et de 300 000 euros d'amende. Est (...) un délit de contrefaçon toute reproduction, représentation ou diffusion, par quelque moyen que ce soit, d'une oeuvre de l'esprit en violation des droits de l'auteur. »

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