Le procès de la sociologue franco-turque Pinar Selek (Université Côte d’Azur) reporté au 28/06/2024
La Cour criminelle d’Istanbul reporte à nouveau l’examen du dossier de Pinar Selek au 28/06/2024, indique la coordination des collectifs de solidarité avec Pinar Selek, le 29/09/2023.
Il s’agit du 5e procès de cette sociologue franco-turque de l’Université Côte d’Azur, accusée par les autorités turques d’être impliquée dans une explosion survenue au marché aux épices d’Istanbul du 19/07/1998, « dont il a été prouvé qu’elle était due à un accident. À cette date-là, Pinar Selek était déjà en prison depuis huit jours et torturée pour livrer l’identité de militants kurdes qu’elle avait interviewés dans le cadre de son enquête sociologique ».
La Cour criminelle d’Istanbul s’est « contentée de déclarer avoir à nouveau transmis la demande d’extradition de Pinar Selek ».
Après avoir été acquittée quatre fois et accueillie par la France en 2012, Pinar Selek a été à nouveau mise en accusation, début 2023. Une première audience de ce 5e procès a eu lieu le 31/03/2023 en Turquie et a débouché sur un report du procès « au prétexte que Pinar Selek devait être présente pour être jugée. C’est sur ce motif que la Cour a sollicité une demande d’extradition ».
« Toutes les fois qu’une Cour de justice a regardé le fond de son dossier, elle a admis qu’il n’y avait aucune preuve contre elle ». Le tribunal « cherche à faire diversion, en renvoyant la balle à la France, censée examiner une demande d’extradition, qu’elle n’a toujours pas reçue. Le ministère de la justice turque lui-même a renvoyé le dossier à la Cour, jugeant la demande insuffisamment motivée ».
Un « acharnement politico-judiciaire » depuis 25 ans
Pour la coordination des collectifs de solidarité avec Pinar Selek, ce report du procès au 28/06/2024 est « la nouvelle étape d’un long acharnement politico-judiciaire entamé il y a 25 ans » :
« La justice turque souhaite enfermer Pinar Selek à perpétuité pour ses travaux de recherche, comme pour ses oeuvres littéraires et ses prises de position en faveur des minorités kurdes et arméniennes, des mouvements féministes et des minorités LGTB+ turques, [et] poursuit son acharnement politique contre elle, qui relève du harcèlement, voire de la torture psychologique. »
Un « procès politique en terrorisme »
Et d’ajouter que la justice turque « espère sans doute épuiser la résistance de Pinar Selek, comme celle de la puissante solidarité internationale qui se dresse à ses côtés. Mais notre détermination reste entière, afin que justice soit enfin rendue pour notre collègue, amie et camarade, et que cette grande intellectuelle puisse poursuivre ses activités d’enseignante, de chercheure, d’écrivaine et de militante en toute liberté. Ce procès politique en terrorisme est une des formes les plus extrêmes d’atteinte à la liberté d’expression et à la liberté académique, menacées aujourd’hui partout dans le monde. »