Incubateur Paris-Dauphine : « L’entrepreneuriat devient stratégique pour l’université » (O. Kerléguer)
« L’Université Dauphine-PSL construit une nouvelle aile qui sortira de terre durant l’année 2024. Elle accueillera entre autres l’Incubateur Paris-Dauphine qui verra donc son espace agrandi avec plus de 160 m2 à disposition (contre 110 m2 aujourd’hui). À travers cette dynamique, on comprend que l’entrepreneuriat devient un axe réellement stratégique pour l’université », déclare Oriane Kerléguer
Directrice de l’Incubateur Dauphine @ Fondation Paris Dauphine • Enseignante dans le Master marketing @ Dauphine - PSL • Mentor entrepreneur sur le parcours Talent @ Dauphine - PSL • Mentor…
, directrice de l’incubateur, à News Tank le 09/05/2023.
Elle dresse un bilan des activités de l’incubateur créé il y a dix ans, avec à son actif 192 start-up incubées — 105 venant d’alumni et 87 d’étudiants — et pose les perspectives d’évolution de ses programmes d’accompagnement pour la rentrée 2023.
Porté par la Fondation Dauphine depuis 2012, l’incubateur ne soutenait que des projets entrepreneuriaux d’alumni. « À compter de 2015, Dauphine-PSL y a apporté son soutien académique et financier. À partir de là, nous avons pu créer un programme gratuit à destination des étudiants », indique Oriane Kerléguer, arrivée à son poste en mai 2022.
En un an, et sous son impulsion, l’incubateur a doublé les effectifs de start-up étudiantes accompagnées. L’installation dans la nouvelle aile de Dauphine, plus spacieuse, doit lui permettre de faire croître les effectifs alumni.
Outre un programme spécifique ciblant les start-up à impact lancé à la rentrée 2022, l’incubateur se dotera d’un nouveau programme dédié à l’entrepreneuriat féminin à la rentrée 2023 : « Nous visons 60 % de femmes entrepreneures. Cela donnera une promotion dotée d’une forte ADN féminine. »
« L’incubateur peut bénéficier de relations privilégiées avec les autres acteurs de PSL »
L’incubateur de Dauphine fête ses dix ans, avec à son actif 192 start-up incubées, 105 venant d’alumni et 87 d’étudiants. Quel bilan faites-vous aujourd’hui ?
On peut toujours faire mieux, mais c’est un bilan génial. Au départ en 2012, l’incubateur porté par la Fondation Dauphine n’a démarré qu’avec des programmes alumni, et au fur et à mesure, à compter de 2015, l’Université Paris-Dauphine y a apporté son soutien académique et financier. À partir de là, nous avons pu créer un programme à destination des étudiants, gratuit et « sponsorisé » par l’Université, contrairement à celui qui vise nos alumni, même si ces derniers bénéficient de tarifs ultra préférentiels.
Quand je suis arrivée à la tête de l’incubateur en mai 2022, je souhaitais amplifier le programme étudiant, et nous avons doublé les effectifs de start-up étudiantes. En ce moment, nous accompagnons une trentaine d’entre elles, et une petite quinzaine de start-up alumni à Paris, auxquelles s’ajoutent cinq start-up sur notre campus de Londres.
Même si nous ne sommes pas un gros incubateur, nous pouvons être fiers de nos résultats qui sont le fruit d’un travail sur-mesure, de qualité et de proximité. Notre superficie d’accueil et nos capacités humaines d’accompagnement ne nous permettent pas de faire plus à l’heure actuelle.
L’équilibre entre start-up issues d’alumni et d’étudiants est plutôt le bon selon vous ?
Ayant doublé les effectifs de projets étudiants depuis un an, nous comptons aujourd’hui 2/3 de start-up étudiantes pour 1/3 d’alumni. C’est un bon équilibre, sachant que les étudiants d’aujourd’hui sont les alumni de demain.
Un étudiant a ses obligations d’étudiant. Une salle en flex office lui suffit. Au contraire de l’alumni qui arrive et pose ses valises. Pour accompagner plus de start-up alumni, nous avons donc besoin de plus d’espace.
2/3 de start-up étudiantes pour 1/3 d’alumni »L’Université Paris-Dauphine est en rénovation et construit une nouvelle aile qui sortira de terre durant l’année 2024. Elle accueillera entre autres l’incubateur qui verra donc son espace agrandi avec plus de 160 m2 à disposition (contre 110 m2 aujourd’hui). Avec ces nouvelles capacités, nous pourrons faire croître le programme alumni.
Ce qui est intéressant à travers cette dynamique, c’est qu’on comprend que l’entrepreneuriat devient un axe réellement stratégique pour l’université.
Faire partie du grand établissement PSL Paris Sciences & Lettres , qu’est-ce que cela apporte à l’incubateur ?
Pour l’université en tant que telle, c’est une très bonne chose. Cela élargit nos relations avec l’univers des grandes écoles et des formations de qualité qu’on peut trouver en France. De ce fait, l’incubateur peut bénéficier de relations privilégiées avec les autres acteurs de PSL, notamment pour de l’expertise dans certains domaines. Aujourd’hui par exemple, il est beaucoup plus simple d’aller voir Mines ParisTech-PSL quand nos entrepreneurs ont besoin de prototyper quelque chose pour profiter de leur matériel. Appartenir à ce grand ensemble induit des synergies.
PSL nous permet de nous diversifier »Pour nous en tant qu’incubateur, c’est aussi une bonne nouvelle, car cela élargit notre scope et nous permet de diversifier les projets.
Enfin, PSL possède une recherche très développée qui donne lieu à des innovations deep tech incroyables. Dans cet écosystème, il dispose d’un fonds d’investissement, le PSL Innovation fund, opéré par Elaia, et destiné à soutenir les pépites deep tech issues de l’établissement. Pour nos incubés, ce sont des possibilités de financement et d’appui supplémentaires.
Dauphine Alumni lance par ailleurs un club d’alumni investisseurs. Quelles synergies peut-il y avoir avec l’incubateur ?
L’université, la Fondation Dauphine et l’association Dauphine Alumni sont trois entités distinctes et autonomes, mais toutes travaillent ensemble, en triptyque, pour faire rayonner l’entrepreneuriat, et donc faire rayonner l’Université.
Club Dauph’invest : un nouvel accès à des financements »Dauphine Alumni s’implique beaucoup en matière d’entrepreneuriat, avec notamment le prix Made’in Dauphine qui remet des prix chaque année aux entrepreneurs issus de l’Université dans différentes catégories.
Récemment, ils ont lancé le club Dauph’invest, un club de business angels. C’est une très bonne nouvelle, car nos entrepreneurs vont pouvoir bénéficier d’un nouvel accès privilégié à des financements dilutifs. Les business angels pourront aussi ouvrir leur carnet d’adresses et apporter leur expertise.
La prochaine étape consistera-t-elle à monter un fonds d’amorçage alumni comme le font plusieurs écoles de commerce et d’ingénieurs ?
Il faut apprendre à marcher avant de courir. Démarrer avec un club de business angels est déjà une excellente initiative. Si cela fonctionne bien, oui, le fonds d’amorçage sera peut-être l’étape suivante.
Quelles sont les autres possibilités de financement des start-up que l’incubateur accompagne ?
Le financement est le nerf de la guerre. Avant même la création de ce club de business angels, les entrepreneurs qui venaient à l’incubateur avaient déjà accès à deux financements.
Nous disposons d’un fonds de prêt d’honneur, porté par la Fondation Dauphine, qui permet d’avoir jusqu’à 40 k€ par start-up.
Une candidature au label Innov’up de la Région Île-de-France »Par ailleurs, nous sommes labellisés FPI, « Fonds parisien pour l’innovation », dans le cadre d’un partenariat entre Bpifrance et la Ville de Paris. Notre incubateur peut donc faire bénéficier à ses start-up de subventions publiques, sous réserve de critères d’éligibilité propres à Bpifrance.
Au niveau régional, nous avons aussi candidaté à une nouvelle labellisation baptisée Innov’up avec Bpifrance et la Région Île-de-France. J’espère que nous aurons le même succès qu’avec la Ville de Paris, cela donnerait un beau continuum de financements à nos start-up.
À la rentrée de septembre 2023, l’incubateur aura plusieurs nouveautés sur l’entrepreneuriat féminin et les projets à impact. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Notre incubateur se doit d’être agile. L’écosystème entrepreneurial évolue avec les enjeux sociétaux. Il était donc crucial que l’incubateur s’aligne avec ces enjeux actuels. Nous avons été parmi les premiers à créer un incubateur académique il y a dix ans, il fallait aussi être pionnier sur les nouveaux enjeux que l’entrepreneuriat suscite.
Crucial que l’incubateur s’aligne avec les enjeux actuels »Les deux enjeux sociétaux majeurs sur l’entrepreneuriat aujourd’hui sont d’une part, l’entrepreneuriat à impact, d’autre part l’entrepreneuriat féminin. Quand je suis arrivée à la rentrée 2022, nous avons créé un « track impact » pour accompagner les entreprises du secteur de l’impact et sensibiliser l’ensemble des entrepreneurs aux enjeux sociétaux et environnementaux. C’est un programme spécifique doublé de l’expertise que nous avons sur le sujet et que nous utilisons pour sensibiliser toutes les promotions de start-up, y compris celles qui ne portent pas un sujet à impact. Depuis un an, cela fonctionne très bien.
Sur l’entrepreneuriat féminin, nous sommes signataires de la charte Sista qui vise à promouvoir la mixité, notamment dans l’entrepreneuriat. Nous avons réalisé que nous avions de bons chiffres, mais que nous pouvions faire mieux, car malheureusement, les femmes se dirigent moins vers l’entrepreneuriat.
Pour la rentrée 2023, un nouveau programme va donc sortir de terre pour favoriser l’entrepreneuriat féminin, avec un accompagnement par les paires et des workshops spécifiques proposés tout du long. Dans ce programme, nous visons 60 % de femmes entrepreneures. Cela donnera une promotion dotée d’un fort ADN féminin, sans nous priver d’accompagner des start-up portées par des équipes 100 % masculines.
Ce n’est pas de la discrimination positive généralisée sur l’ensemble du programme, mais plutôt un quota de places réservées aux entrepreneures. Par ailleurs, pour ce programme, nous souhaitons proposer un accompagnement encore plus early stage pour peser davantage sur le moment de la création de la start-up, là où de nombreux freins entravent l’entrepreneuriat féminin.
En plus de vos fonctions de directrice de l’incubateur Paris-Dauphine, vous donnez aussi des cours de sensibilisation et de formation à l’entrepreneuriat à Dauphine. La place donnée à ces formations est-elle suffisante à vos yeux ?
À Dauphine, j’enseigne aux plus âgés dans un master de marketing, et à la rentrée également dans un master d’entrepreneuriat. Mais je réalise aussi des interventions devant les étudiants de licence, par exemple avec des initiations à la création d’entreprise en L1 Licence 1 . Voir que l’académique dauphinois donne une place aux enseignements entrepreneuriaux dès la L1 et jusqu’au M2 Master 2 , je trouve ça super.
Discover : un cycle de conférences pour sensibiliser à l’entrepreneuriat »À l’incubateur, nous avons le programme Discover, un cycle d’une dizaine de conférences sur l’année pour sensibiliser le plus d’étudiants possible à l’entrepreneuriat.
En 2019, l’Université a créé la « House of entrepreneurship », donc la Maison de l’entrepreneuriat, avec pour objectif d’être un hub d’entrepreneuriat, d’aider l’incubateur à se spécialiser sur l’accompagnement, et de coordonner toutes les actions de l’Université avec ses partenaires et en interne sur l’entrepreneuriat. Cette maison a pris beaucoup d’ampleur cette année.
Oriane Kerléguer
Directrice de l’Incubateur Dauphine @ Fondation Paris Dauphine
Enseignante dans le Master marketing @ Dauphine - PSL
Mentor entrepreneur sur le parcours Talent @ Dauphine - PSL
Mentor entrepreneuriat et organisatrice du projet Price de création d’entreprise @ Estaca
Co-fondatrice @ ProximiKeys
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Parcours
Directrice de l’Incubateur Dauphine
Enseignante dans le Master marketing
Mentor entrepreneur sur le parcours Talent
Mentor entrepreneuriat et organisatrice du projet Price de création d’entreprise
Co-fondatrice
Enseignante
Assistante cheffe de marché
Établissement & diplôme
Master spécialisé en entrepreneuriat
Master spécialisé en entrepreneuriat
Master en marketing et stratégie
BBA en marketing et management du marketing
MBA en science des organisations
Fiche n° 49163, créée le 10/05/2023 à 11:53 - MàJ le 10/05/2023 à 12:05
Dauphine - PSL
Catégorie : Universités
Maison mère : Université PSL
Adresse du siège
Agence comptable - Service facturierPlace du Maréchal de Lattre de Tassigny
Cedex 16
75775 Paris Cedex 16 France
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Fiche n° 1511, créée le 19/02/2014 à 11:42 - MàJ le 23/09/2024 à 09:44
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