Femmes afghanes interdites d’université : condamnation de France Universités, du MEAE et de l’ONU
« France Universités condamne avec la plus grande fermeté la décision des Talibans d’interdire aux femmes l’accès à l’université et aux études supérieures en Afghanistan, formulée dans une lettre qu’ils ont adressée à l’ensemble des universités publiques et privées du pays, le 20/12/2022 », déclare la conférence, le 21/12.
« Après les études secondaires, c’est désormais l’enseignement supérieur qui ne serait plus autorisé pour les filles et les femmes. Cette situation, intolérable, bafoue les conventions et engagements internationaux. Elle s’ajoute à une longue série de mesures et de lois liberticides et contraires aux droits des filles et des femmes dans le pays depuis le retour au pouvoir des Talibans, en août 2021. »
Pour France Universités, « ces décisions obscurantistes, qui suppriment l’accès au savoir, à la connaissance et à l’autonomie des personnes, sont absolument inacceptables. »
De son côté, « la France condamne avec la plus grande fermeté la décision profondément choquante annoncée hier par les Talibans d’interdire aux femmes l’accès aux universités d’Afghanistan », déclare le MEAE
Ministère de l’Europe et des affaires étrangères
, le 20/12.
Volker Türk, haut-commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, appelle lui « les autorités de facto afghanes à revenir immédiatement sur cette décision et à respecter pleinement et à faciliter le droit des femmes et des filles à accéder à l’éducation à tous les niveaux », le 21/12.
Par ailleurs, les ministres des affaires étrangères de 12 pays dont la France, et du haut représentant de l’Union européenne, demandent « instamment aux Talibans d’abandonner immédiatement cette nouvelle mesure oppressive », le 21/12.
« L’accès à l’éducation des Afghanes est fondamental » (MEAE)
Pour le ministère français de l’Europe et des affaires étrangères, cette décision démontre aussi « une nouvelle fois que les Talibans poursuivent une politique de répression et d’exclusion systématique de la moitié de la population de l’Afghanistan, ce qui compromet gravement la stabilité et le développement à long terme du pays, de même que ses relations avec le reste du monde.
La France rappelle son engagement constant en faveur d’un droit universel à l’éducation et son attention particulière à la défense des droits des filles, des adolescentes et des femmes. L’accès à l’éducation des Afghanes est fondamental pour le développement durable et équitable de la société afghane. »
« Cette décision vient s’ajouter à la liste des innombrables violations et restrictions aux droits et libertés fondamentales des Afghanes prononcées par les Talibans, telles que l’interdiction d’accès des filles aux écoles secondaires, l’imposition dans l’espace public du port du voile intégral couvrant également le visage, ou encore les nombreuses restrictions d’accès à l’emploi pour les femmes et à leur liberté de déplacement. Ces violations graves des droits et libertés fondamentales commises par les Talibans sont absolument inacceptables. »
Une exclusion des femmes « sans précédent dans le monde » (Volker Türk, Nations-Unies)
Pour Volker Türk, haut-commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, cette « exclusion systématique des femmes et des filles de pratiquement tous les aspects de la vie est sans précédent dans le monde. Exclure les femmes de l’enseignement supérieur est d’autant plus déchirant compte tenu de la contribution vitale que les femmes afghanes ont apportée dans tant de domaines (…) professionnels au fil des ans ».
« En plus des filles qui se voient interdire l’accès à l’école secondaire, il suffit de penser à toutes les femmes médecins, avocates et enseignantes qui ont été et qui seront perdues pour le développement du pays.
La suspension de la participation des femmes à l’enseignement supérieur (…) est une violation flagrante des obligations de l’Afghanistan en vertu du droit international. Le droit des femmes et des filles d’accéder à tous les niveaux d’éducation sans discrimination est fondamental et incontestable. »
« Des politiques des Talibans visant à effacer les femmes de la vie publique » (ministres des affaires étrangères)
Les ministres des affaires étrangères de l’Australie, du Canada, de la France, de l’Allemagne, de l’Italie, du Japon, des Pays-Bas, de la Norvège, de l’Espagne, de la Suisse, du Royaume Uni, des États-Unis et le haut représentant de l’Union européenne « condamnent fermement la décision récente des Talibans d’exclure les femmes des universités, de continuer à exclure les filles des établissements d’enseignement secondaire et d’imposer d’autres restrictions sévères à l’exercice par les femmes et les filles de leurs droits de l’Homme et de leurs libertés fondamentales en Afghanistan », dans une déclaration commune le 21/12/2022.
Des mesures d’oppression « implacables et systémiques »
« Les mesures d’oppression prises par les Talibans à l’encontre des femmes et filles afghanes sont implacables et systémiques. Au cours des 16 derniers mois, les Talibans ont publié pas moins de 16 décrets et ordonnances qui, entre autres :
- limitent la liberté de mouvement des femmes,
- les obligent à se retirer de la sphère professionnelle,
- exigent qu’elles soient couvertes de la tête aux pieds,
- leur interdisent l’accès aux espaces publics tels que les parcs et les salles de sport,
- et laissent les veuves et les ménages dirigés par des femmes dans une situation désespérée en raison de l’obligation de tutelle masculine.
Ces politiques montrent clairement le mépris des Talibans pour les droits de l’Homme et les libertés fondamentales du peuple afghan », ajoutent-ils.
Selon les 12 ministres et le représentant de l'UE Union européenne , « l’ingéniosité et le dynamisme des femmes afghanes sont de toute urgence nécessaires pour faire face aux besoins économiques et humanitaires considérables du pays. Un Afghanistan stable, économiquement viable et en paix à long terme n’est réalisable que si tous les Afghans, y compris les femmes et les filles, peuvent participer et contribuer pleinement, équitablement et de manière significative à l’avenir et au développement du pays ».
« Des conséquences sur la manière dont nos pays interagissent avec les Talibans »
« Nous soutenons la demande des Afghanes et des Afghans de pouvoir jouir de leurs droits, conformément aux obligations de l’Afghanistan vis-à-vis du droit international. Par ces actions, les Talibans s’isolent encore davantage de la population afghane et de la communauté internationale. »
« Les politiques des Talibans visant à effacer les femmes de la vie publique auront des conséquences sur la manière dont nos pays interagissent avec les Talibans. Notre principale préoccupation restera le bien-être, les droits et les libertés du peuple afghan. »
Fiche n° 1765, créée le 05/05/2014 à 12:19 - MàJ le 18/11/2024 à 10:58
© News Tank Éducation & Recherche - 2024 - Code de la propriété intellectuelle : « La contrefaçon (...) est punie de trois ans d'emprisonnement et de 300 000 euros d'amende. Est (...) un délit de contrefaçon toute reproduction, représentation ou diffusion, par quelque moyen que ce soit, d'une oeuvre de l'esprit en violation des droits de l'auteur. »