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[Bilan du quinquennat] « La considération pour l’enseignement supérieur pas au niveau » (SNPTES Unsa)

News Tank Éducation & Recherche - Paris - Analyse n°243899 - Publié le 02/03/2022 à 12:00
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©  D.R.
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« Avec la LPR Loi de programmation de la recherche pour les années 2021 à 2030 et portant diverses dispositions relatives à la recherche et à l’enseignement supérieur , mais aussi à cause de la pandémie, on a l’impression qu’une partie des pouvoirs politiques commencent à comprendre la nécessité vitale d’investir dans la recherche », déclare Alain Halère Secrétaire général @ Syndicat national des personnels titulaires et contractuels de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur, de la recherche et de la culture (SNPTES)
, secrétaire général de SNPTES-Unsa Syndicat national des personnels titulaires et contractuels de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur, de la recherche et de la culture - Union nationale des syndicats autonomes , le 02/03/2022. Il fait partie des personnalités sollicitées par News Tank pour dresser un bilan du quinquennat Macron, sur le volet Esri.

« Malheureusement, la considération pour l’enseignement supérieur n’a pas été au niveau des enjeux ni de la réalité démographique. La LPR néglige totalement la formation au moment où les besoins n’ont jamais été aussi grands et aussi importants pour l’avenir », tempère-t-il.

Par ailleurs, les relations entre le ministère (DGRH Direction générale des ressources humaines , cabinet et ministre) et les organisations syndicales « n’ont pas été optimales : on peut même affirmer qu’elles ont été en dents de scie », ajoute Alain Halère.

Selon lui, il y aurait aussi « beaucoup à dire sur l’action du gouvernement pendant la crise Covid », avec un Mesri « loin de prendre ses responsabilités, ayant souvent laissé les établissements gérer seuls cette crise » et un « manque d’anticipation des conséquences prévisibles de la pandémie sur la vie des étudiants ».

Quant à Frédérique Vidal Conseillère spéciale du président @ European Foundation for Management Development (EFMD)
comme ministre, « elle a une bonne connaissance des problématiques, mais il est arrivé que certaines de ses prises de position relèvent davantage d’une vision idéologique que de la réalité du terrain, comme par exemple sur “l’islamogauchisme” ».


« Une loi de programmation de l’enseignement supérieur et une révision de la loi LPR »

Quel sujet a selon vous le plus avancé ces cinq dernières années sous l’action du ministère et/ou du Gouvernement ? En quoi concrètement ?

Le SNPTES Syndicat national des personnels techniques, scientifiques et des bibliothèques de l’enseignement supérieur, de la recherche et de la culture a approuvé le projet de LPR Loi de programmation de la recherche pour les années 2021 à 2030 et portant diverses dispositions relatives à la recherche et à l’enseignement supérieur présenté au Cneser Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche tout en s’opposant fortement à certaines dispositions (contrats de mission scientifique, chaires de professeur junior, etc.). Néanmoins, nous reconnaissons que certaines mesures répondent partiellement à des problématiques comme l’amélioration de l’attractivité de certains métiers dans la recherche et en partie aux besoins de financement de la recherche (par les crédits d’installation nouveaux entrants, l’augmentation des crédits récurrents et du budget ANR Agence nationale de la recherche , etc.). Avec la LPR, mais aussi à cause de la pandémie, on a l’impression qu’une partie des pouvoirs politiques commencent à comprendre la nécessité vitale d’investir dans la recherche.

Quel sujet auriez-vous aimé voir avancer davantage ? Qu’est-ce qui selon vous l’a empêché ?

Malheureusement, la considération pour l’enseignement supérieur n’a pas été au niveau des enjeux ni de la réalité démographique. La LPR néglige totalement la formation au moment où les besoins n’ont jamais été aussi grands et aussi importants pour l’avenir.

Besoin d’un plan ambitieux d’investissement dans les formations »

Nous avons absolument besoin d’un plan ambitieux d’investissement dans les formations, qui doit se matérialiser aussi par des recrutements massifs de personnels, en particulier dans les universités qui ont la charge d’accueillir le plus grand nombre d’étudiantes et étudiants.

L’impression, fausse, que les personnels et les établissements arrivent à absorber le surplus démographique sans conséquences a induit le gouvernement en erreur. La dette accumulée est désormais énorme et sera résorbée plus difficilement que si on avait durablement investi en rapport des besoins.

De plus, les mesures relatives à l’amélioration des rémunérations et des carrières programmées dans le cadre de la LPR laissent au bord de la route de nombreux personnels des établissements d’enseignement supérieur qui ne concourent pas directement à l’accomplissement des missions de recherche. Ces personnels sont pourtant indispensables à l’accomplissement des missions d’enseignement, de diffusion des connaissances et aux activités d’administration et techniques corrélatives.

Comment qualifiez-vous l’évolution des relations entre le ministère et les organisations syndicales ces cinq dernières années ?

Le SNPTES considère que les relations entre le ministère (DGRH Direction générale des ressources humaines , cabinet et ministre) et les organisations syndicales n’ont pas été optimales. On peut même affirmer qu’elles ont été en dents de scie. Il faut dire que d’une manière générale le quinquennat d’Emmanuel Macron se caractérise par un déficit de dialogue social et une tentative d’affaiblissement des organisations syndicales.

Nous en voulons pour preuve la promulgation de la loi de transformation de la fonction publique qui a fortement réduit le périmètre du principe de participation en supprimant notamment la consultation des représentants des personnels sur les décisions individuelles relatives à leur carrière. Cette réforme a évidemment eu un impact extrêmement négatif sur nos relations avec les établissements, la direction générale des ressources humaines et la ministre.

Néanmoins, nous avons été invités à de nombreuses réunions multi et bilatérales. Si les échanges ont toujours été cordiaux, on ne peut pas dire qu’il y ait toujours eu de la part de nos interlocuteurs une réelle volonté de négocier, même s’il convient de reconnaître que certaines de nos propositions ont finalement été prises en compte.

La seule réelle négociation qui a été menée est celle qui a abouti à la signature de l’accord du 12/10/2020 relatif à l’amélioration des rémunérations et des carrières. Malheureusement, comme nous l’avons rappelé lors du dernier CTMESR  Comité technique ministériel de l’enseignement supérieur et de la recherche  : « Si la publication des textes relatifs aux enseignants-chercheurs et chercheurs suit son cours à un rythme de croisière, il n’en est pas de même pour la mise en œuvre des mesures en faveur des ingénieurs et personnels techniques (ITRF Ingénieurs et personnels Techniques de Recherche et de Formation et ITA Ingénieurs, techniciens et personnels administratifs ) et des personnels des bibliothèques. »

Quel est votre regard sur l’action du gouvernement pendant la crise Covid ?

Il y aurait beaucoup à dire sur l’action du gouvernement pendant la crise Covid, mais ce qui nous met le plus en colère c’est l’impréparation de la France pour faire face à une crise sanitaire de cette ampleur. Les atermoiements et les mensonges du gouvernement ont conduit à une crise de confiance. Il n’est pas acceptable qu’au début de la pandémie certains membres du gouvernement soient allés jusqu’à nier la pandémie (qualifiée de simple « grippette ») et ont tenté de nous faire croire que le port du masque et le confinement ne servaient à rien.

Tout cela pour cacher que, pour faire des économies, nos dirigeants politiques ont laissé détruire les stocks de masques, délocaliser la production de masques, de médicaments et de produits de première nécessité. Le manque de financement de la recherche et de l’hôpital publics, mais également les lourdeurs administratives dans ces domaines ont également eu des conséquences désastreuses sur la gestion de cette pandémie.

Au niveau de l’ESR Enseignement supérieur et recherche , le SNPTES note également un manque évident de dialogue social spécifique notamment au sein des CHSCT Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail . Dans les universités, cette instance a la particularité de permettre également une représentation des étudiants. Il s’agissait donc d’un lieu à privilégier dans le cadre de la gestion de cette pandémie. Cela a rarement été le cas !

Le Mesri a souvent laissé les établissements gérer seuls cette crise »

Le SNPTES note également que le ministère, loin de prendre ses responsabilités, a souvent laissé les établissements gérer seuls cette crise. Certains l’ont fait dans la concertation avec les représentants des personnels, mais d’autres pas. Pour le SNPTES, la vaccination ne peut pas être la seule réponse. C’est la raison pour laquelle le SNPTES ne cesse de demander des mesures efficaces et durables pour améliorer la qualité de l’air intérieur, notamment dans les transports en commun, les locaux professionnels et les lieux recevant du public.

Le SNPTES dénonce aussi le manque d’anticipation des conséquences prévisibles de la pandémie sur la vie des étudiantes et étudiants. La mobilisation du gouvernement ne s’est avérée tangible qu’une fois que les médias ont montré l’ampleur des difficultés vécues par notre jeunesse.

Enfin, le SNPTES a présenté ses propositions pour l’après Covid-19, car cela nous semblait un moyen de rendre de l’espoir et d’anticiper certains problèmes, malheureusement pour l’instant aucune mesure n’a été prise dans ce sens.

Au regard des cinq années de Frédérique Vidal à la tête du ministère, pensez-vous qu’avoir une ancienne présidente d’université comme ministre a constitué un atout pour l’écosystème ? Comment qualifiez-vous globalement son action ?

Il y a du positif et du négatif. D’une manière générale, avoir une ou un ministre qui est universitaire devrait être un atout et faciliter le dialogue avec le reste de la communauté, mais souvent les présidentes et présidents d’université ont une vision très personnelle et parfois très locale de la situation et des actions à mener, surtout quand ils n’ont pas fait preuve d’une grande mobilité géographique et fonctionnelle.

F. Vidal : certaines prises de position relevant davantage d’une vision idéologique »

Frédérique Vidal a une bonne connaissance des problématiques, mais il est arrivé que certaines de ses prises de position relèvent davantage d’une vision idéologique que de la réalité du terrain, comme par exemple sur « l’islamo-gauchisme ». 

Si nous avons parfois partagé les mêmes constats sur ce qui ne fonctionne pas, nous avons souvent été surpris de ne pas partager les mêmes positions sur les mesures à mettre en œuvre et la priorité à accorder à ces dernières. Il est toujours difficile de dresser un bilan de l’action d’une ou d’un ministre quand on connaît la complexité du processus de prise de décisions et les freins qu’elles ou ils peuvent rencontrer dans la mise en œuvre de ces dernières.

Dans les décisions finales, il est difficile de savoir quelle est la part qui revient à la ministre et à ses interlocuteurs institutionnels (Premier ministre, ministre de l’Économie, des finances et de la relance, etc.). Enfin, pour la mise en œuvre des décisions, on note malheureusement parfois des atermoiements au niveau des directions chargées de les mettre en musique.   

Que faire évoluer pour le prochain quinquennat ?

Le SNPTES demande que le dialogue social repose sur de réelles négociations au jour le jour. Comme d’autres, le SNPTES a une expertise qui doit être pleinement exploitée par nos interlocuteurs institutionnels. Le SNPTES est favorable à une co-construction des projets avec l’ensemble des partenaires sociaux.

Nos ministres devraient s’inspirer du modèle universitaire où la cogestion est en vigueur pour l’administration des établissements. L’époque que nous vivons est chargée de nombreux périls et la France a besoin de s’appuyer sur l’ensemble des forces progressistes. La recherche et l’enseignement supérieur sont plus que jamais les principaux leviers pour surmonter les enjeux globaux qui nous font face. 

Attente d’investissements massifs pour la jeunesse et l’ESR »

Le SNPTES attend cette prise de conscience et des investissements massifs pour la jeunesse et l’enseignement supérieur et la recherche. Je tiens à rappeler que le SNPTES revendique pour le prochain quinquennat la mise en œuvre rapide d’une loi de programmation de l’enseignement supérieur et une révision de la loi de programmation de la recherche.

Le SNPTES n’est pas favorable à une nouvelle réforme de la gouvernance et encore moins d’un renforcement de l’autonomie notamment en matière de gestion des ressources humaines. Nous n’avons pas besoin de nouvelles réformes structurelles alors que les précédentes ne sont pas encore totalement digérées par des personnels exaspérés et fatigués. Par contre, nous avons un besoin immédiat de financement pour améliorer les conditions d’études et de travail et augmenter nos rémunérations.

Alain Halère


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Fiche n° 8965, créée le 14/02/2015 à 12:20 - MàJ le 18/05/2018 à 12:33

Syndicat national des personnels titulaires et contractuels de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur, de la recherche et de la culture (SNPTES)

Catégorie : Syndicats


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Fiche n° 3257, créée le 20/04/2015 à 12:52 - MàJ le 05/12/2024 à 17:12

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