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Sanofi : les suppressions de postes dans la R&D « étrangères à la division vaccin » (O. Bogillot)

News Tank Éducation & Recherche - Paris - Actualité n°211770 - Publié le 22/03/2021 à 17:49
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Olivier Bogillot, président de Sanofi France - ©  D.R.

« Les suppressions de postes sont totalement étrangères à la division vaccin de Sanofi sur laquelle nous avons des investissements et qui est la deuxième priorité du groupe. Ces restructurations s’expliquent par la transformation de la nature des produits développés par Sanofi », déclare Olivier Bogillot Directeur général Médecine générale Etats-Unis @ Sanofi • Président @ Comité de suivi du plan Innovation Santé 2030 • Président @ Fédération française des industries de santé (FEFIS) • Membre du CA… , président de Sanofi France, à l’occasion d’une audition par les commissions des affaires sociales et des affaires économiques du Sénat, le 17/03/2021.

Il est notamment interpellé par les sénateurs sur la concomitance entre la suppression de 400 postes de R&D Recherche et développement chez Sanofi, dans le cadre d’un plan social dont les négociations ont débutés en janvier 2021, et le retard de la big pharma dans la course aux vaccins contre la Covid-19.

« Si l’on se projette dans l’avenir de la pharmacopée mondiale, ça ne sera plus de la chimie mais de la biotechnologie ». Il se félicite ainsi que Sanofi « ait pris ce virage » en redéfinissant ses stratégies, et refuse les accusations visant son groupe de « désinvestissement R&D en France ».

« Sanofi ne se désengage pas en matière de R&D, c’est l’inverse. Nous investissons plus aujourd’hui en R&D que nous ne l’avons jamais fait », déclare Olivier Bogillot Directeur général Médecine générale Etats-Unis @ Sanofi • Président @ Comité de suivi du plan Innovation Santé 2030 • Président @ Fédération française des industries de santé (FEFIS) • Membre du CA… , rappelant que Sanofi investit « 2 Md€ en R&D en France tous les ans et 6 Md€ aux bornes du groupe ».

En outre, Olivier Bogillot évoque le changement de modèle de Sanofi : « Les laboratoires qui font 100 % de leurs recherches in situ, ça n’existe plus. Aujourd’hui, les modèles de recherche nécessitent d’avoir moins de chercheurs en interne mais avec des profils très différents. Des profils qui leur permettent d’aller chercher, dans des biotechs externes, de nouvelles technologies, de nouvelles plateformes. »


Colocalisation des centres de R&D en France

Interpellé par les sénateurs sur le passage de 11 à seulement trois centres de R&D en France chez Sanofi, Olivier Bogillot déclare qu’il y a « moins de centres de R&D de Sanofi en France car nous avons une stratégie de consolidation sous forme de centres d’excellence ».

« Le modèle de recherche d’aujourd’hui qui est très technique nécessite des collaborations colocalisées. Nous avons donc choisi de consolider sur des mêmes lieux les compétences sur des aires thérapeutiques choisies. Au-delà de 2025, l’aire thérapeutique sur laquelle Sanofi sortira le plus de produits est celle de la cancérologie et de l’immuno-oncologie. »

Faire « comme à Boston ou San Francisco »

« Nous avions une équipe d’une soixantaine de personnes à Strasbourg et nous lui avons proposé de rejoindre le site de Vitry pour avoir une logique de cluster que suivent très bien les autres pays », indique le président de Sanofi France.

« Il s’agit d’avoir des compétences à proximité géographique sur un même domaine de travail. Cela permettra, comme à Boston, San Francisco ou Cambridge, d’avoir en un même lieu des capacités de génération de recherche supérieures à celles que nous avons actuellement », poursuit-il.

Dans une lettre ouverte adressée à la présidence de la République, la CGT Confédération générale du travail Sanofi, le SNTRS-CGT Syndicat National des Travailleurs de la Recherche Scientifique - Confédération générale du travail , Inrae-CGT, la FercSup-CGT Coordination des syndicats de l’enseignement supérieur de la Fédération de l’ éducation, de la recherche et de la Culture et l'UGICT-CGT Union générale des ingénieurs, cadres et techniciens CGT condamnent « la direction de cette entreprise [qui] a décidé et annoncé que le centre de gravité de la recherche doit se déplacer aux USA et en Chine, marchés à fort potentiel commercial.

Des axes de recherche fondamentaux, cardiovasculaire, diabète, maladie d’Alzheimer et médicaments anti-infectieux, sont abandonnés malgré les conséquences sur la santé publique. Sanofi se focalise sur quelques axes thérapeutiques où elle pense tirer le maximum de profits ».

« Comment l’État peut-il accepter le démantèlement de la recherche du premier groupe pharmaceutique français, qui fait plus de 12 Md€ de résultat net consolidé et qui a versé près de 4 Md€ de dividendes à ses actionnaires en 2020 ?

La politique de Sanofi montre de façon éclatante l’inefficacité de ces aides publiques, accordées sans évaluation ni contrepartie, aux grands groupes industriels, aides publiques qui leur servent essentiellement à accroître les profits », poursuivent les syndicats.

Ils concluent : « Vous êtes très loin de traduire dans les faits les propos que vous teniez en mai 2020. Il est grand temps d’investir massivement dans la recherche publique et de reconstruire un outil industriel stratégique capable de répondre aux besoins de la nation et aux urgences du temps ».

De la chimie aux biotechnologies

Mettre des investissements « à taille critique sur certaines recherches »

« La stratégie présentée par notre nouveau DG Paul Hudson est de faire des choix, de définir des priorités, de mettre des investissements à taille critique sur certaines recherches comme notre produit contre la sclérose en plaques pour lequel nous menons trois essais cliniques de phase 3 simultanément, sachant que chacun coûte plusieurs centaines de millions d’euros », indique Olivier Bogillot.

« La plupart des médicaments d’aujourd’hui sont issus de biotechnologies »

« Il y a dix ans, nous faisions de la chimie. Dix ans plus tard, nous n’avons plus besoin de la même nature de chercheurs pour travailler sur les produits de demain. Les produits issus de biotechnologies nécessitent des plateformes technologiques pour travailler sur de petites molécules et protéines, sur de la thérapie génique. Cela nécessite de nouvelles compétences et implique que certaines natures de compétences disparaissent en conséquence », indique Olivier Bogillot.

Il rappelle que « Jean-François Dehecq, fondateur de Sanofi, considérait que l’avenir du groupe serait la chimie. Or, depuis le début des années 1990 et jusqu’au début des années 2000, la vague de la biotechnologie est apparue dans notre secteur et aujourd’hui, la plupart des médicaments qui sortent sont issus de biotechnologies ».

Olivier Bogillot donne l’exemple du centre de recherche de Sanofi à Vitry, « où il y a des chercheurs extrêmement qualifiés qui ne font plus exclusivement de la chimie. Ils font aussi de la biotechnologie. Le site de Vitry est capable de faire des choses qu’on ne peut pas faire ailleurs dans le monde ». 

Olivier Bogillot entend les critiques que l’on peut faire à Sanofi sur sa restructuration mais, selon lui, « on parle beaucoup moins de l’investissement de 500 M€ annoncé en juin 2020, en plein milieu de la crise, à Lyon.

Une usine ultramoderne pour les vaccins de demain qui sera notamment capable de faire de l’ARN messager. Cela va nous permettre d’avoir sur le territoire français probablement l’usine de vaccins la plus moderne du monde. Nous allons y recruter plus de 200 personnes. 

Juste à côté de cette usine, Sanofi investit 110 M€ dans un centre de recherche ultramoderne sur le vaccin. J’aimerais de temps en temps que dans les prises de parole on contrebalance un peu car ce sont des investissements majeurs dans le cadre d’une crise mondiale ».

Une stratégie qui nécessite « une puissance financière pour acheter rapidement »

Pour illustrer le changement de modèle de recherche de Sanofi, Olivier Bogillot évoque l’acquisition, en décembre 2019, de « la société SynthorX qui travaille sur l’alphabet du code génétique et notamment sur un produit qui demain pourrait être associé à un nouveau traitement en immuno-oncologie. Intégrer cette nouvelle technologie a nécessité d’avoir en interne des chercheurs qui regardent à l’extérieur où se situe l’innovation ». 

« Cela nécessite d’avoir une puissance financière qui nous permet d’acheter rapidement ce type de plateforme pour l’intégrer au sein de Sanofi. Cela crée de l’activité ensuite au sein du groupe », indique-t-il.

CIR et fiscalité de propriété intellectuelle : « Des éléments d’attractivité du territoire »

« Sanofi touche 1,5 Md€ de CIR Crédit Impôt Recherche sur dix ans, ce qui représente environ 100 M€ par an. C’est un crédit d’impôt, donc cela veut dire qu’il y a une dépense. Je la rappelle : 2 Md€ par an, donc 20 Md€ sur dix ans investis dans la R&D en France par Sanofi », indique Olivier Bogillot.

« Le fait que nous touchions ce CIR est très important. Cela fait partie, avec la réglementation fiscale sur la propriété intellectuelle, des éléments d’attractivité du territoire. Je peux vous dire qu’au niveau mondial, la compétition est féroce sur le CIR et la fiscalité de PI Propriété Intellectuelle , y compris en Europe. Les Belges, les Allemands qui redensifient leur industrie grâce à des dispositions nettement plus favorables que ce qui existe en France », conclut-il.

Les grandes divisions du groupe Sanofi

1 - La médecine générale

« C’est la plus ancienne au sein du groupe. Elle comporte un grand nombre de produits dont la plupart sont assez anciens et issus de la chimie, et qui jusqu’à il y a quelques années représentaient plus de 70 % du CA du groupe », indique Olivier Bogillot.

« Ces produits-là ont prospéré et arrivent aujourd’hui à un stade de maturité. Il y a des chutes de brevet, ils arrivent à la fin de leur cycle de vie mais ils ont permis de financer en grande partie les innovations et la recherche de Sanofi. »

2 - Les produits d’automédication

« Doliprane, toplexil, lysopaïne, etc. Cette division est importante pour Sanofi car dans un monde économique structuré par la chute des brevets, avoir une BU sur l’automédication permet d’échapper en partie à la règle de la chute des brevets. Leur durée de vie est plus longue.

Un bémol : le marché de l’automédication en France est en retard par rapport aux autres pays d’Europe pour des raisons culturelles et de prise en charge des produits par le système social. »

3 - Les vaccins

« Au sein de Sanofi, il s’agit d’une des divisions les plus importantes du groupe et du monde. Il s’agit du 2e axe choisi pour la stratégie du groupe par le nouveau directeur général Paul Hudson ».

Pour rappel, « avant la crise Covid, quatre acteurs majeurs se positionnent sur les vaccins : Pfizer, Merck, GSK et Sanofi. Nous sommes en grande partie sur le vaccin du voyageur, celui du jeune enfant et celui de la grippe », indique Olivier Bogillot.

« 1/6e de la production mondiale des vaccins contre la grippe vient de Sanofi. Cela représente 250 millions de doses et cela permet à la France d’avoir accès à un producteur local et donc d’avoir plus de doses. »

4 - La médecine de spécialité

« C’est probablement la moins connue. Elle rassemble les médicaments contre les maladies rares. Sanofi est par exemple un leader mondial dans la sclérose en plaques et dans les maladies immunologiques, si bien qu’en 2025, les analystes financiers disent que Sanofi sera probablement le premier groupe mondial en maladies immunologiques.

Il s’agit d’un changement radical de la stratégie du groupe qui a commencé il y a dix ans et qui passe de médicaments pour la médecine générale issus de la chimie à des médicaments pour la médecine spécialisée issus de la biotechnologie. Si bien qu’à Vitry, nous sommes capables aujourd’hui de faire des anticorps monoclonaux, des thérapies ciblées, etc. Cela nous permet de rayonner dans le monde entier dans les aires thérapeutiques les plus graves. »

La « puissance industrielle »

Enfin, Olivier Bogillot insiste sur « la capacité industrielle de Sanofi » : « Nous l’avons vu récemment dans les accords que Sanofi a conclu avec BioNTech et Johnson & Johnson. Sanofi a fait le choix d’avoir une puissance industrielle intégrée. Nous avons donc des capacités industrielles très fortes et sommes très peu dépendants de l’Asie ».

« Sanofi compte 70 usines dont 30 en Europe et 18 en France. On l’oublie mais 18 c’est plus que Renault et Peugeot réunis. Nous sommes présents dans neuf régions sur 13, donc nous sommes dans les territoires avec un outil industriel qui s’est modernisé et sur lequel nous faisons des investissements permanents.

1,5 Md€ ont été investis sur les cinq dernières années. Près de 11 000 salariés français travaillent dans nos usines. Nous sommes le 4e groupe en terme de contribution à la balance commerciale française ».

Olivier Bogillot


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Parcours

Sanofi
Directeur général Médecine générale Etats-Unis
Comité de suivi du plan Innovation Santé 2030
Président
Fédération française des industries de santé (FEFIS)
Président
Les Entreprises du médicament (Leem)
Membre du CA
Sanofi France
Président
Sanofi
Chef de cabinet - Bureau du PDG
Sanofi
Directeur général adjoint de la politique mondiale
Sanofi
Chef de cabinet du 1er VP exécutif, divisions mondiales et développement stratégique
Bristol-Myers Squibb
Directeur stratégie d’accès au marché et opération Europe
Présidence de la République (Élysée)
Conseiller santé, social et dépendance
ARS Île-de-France
Directeur de cabinet du directeur général
Amgen
Responsable économie de la santé et tarification
Organon
Responsable économie de la santé

Établissement & diplôme

Institut de la gestion publique et du développement économique (IGPDE)
Cycle des hautes études pour le développement économique
Université Claude Bernard - Lyon 1
Doctorat en économie de la santé

Fiche n° 43262, créée le 17/03/2021 à 16:55 - MàJ le 02/08/2022 à 10:43

Sanofi

Catégorie : Entreprises


Adresse du siège

54, rue La Boétie
75008 Paris France


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Fiche n° 7352, créée le 04/07/2018 à 14:23 - MàJ le 08/11/2024 à 14:03


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Olivier Bogillot, président de Sanofi France - ©  D.R.