ExclusifScience ouverte : le Fonds national, doté de 3,1 M€ dont 100 k€ d’Inria, soutiendra HAL en 2019
« Nous avons créé le Fonds national pour la science ouverte et fixé sa dotation à 3,1 M€ pour l’année 2019 », à l’occasion de la 2e réunion officielle du Comité de pilotage de la science ouverte, l’organe décisionnel du Comité pour la science ouverte, qui a eu lieu le 17/07/2019, déclare Marin Dacos
Conseiller pour la science ouverte du DGRI @ Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche • Membre du CT @ Istex • Membre du CST @ HAL • Ingénieur de recherche @ Centre national de la…
, conseiller pour la science ouverte auprès du DGRI
Directeur/rice général(e) de la recherche et de l’innovation
, à News Tank le 28/08/2019.
« Ces 3,1 M€ sont financés à partir de plusieurs dotations :
• 2 M€ de l’État ;
• 1 M€ de “contribution d’Elsevier”, correspondant à une partie des économies réalisées sur le nouvel accord de licence nationale avec la maison d’édition pour la période 2019-2022 [1], signé par Elsevier le 28/06 et communiqué aux établissements pour validation le 18/07;
• 100 k€ de la part d’Inria
Institut national de recherche en informatique et en automatique
, correspondant aux économies que l’organisme a réalisées en se désabonnant de l’éditeur Springer. Nous espérons bien sûr que cette initiative individuelle sera suivie par d’autres », détaille-t-il.
En outre, ces 3,1 M€ se ventileront, en 2019, comme suit :
• « 500 k€ pour HAL
Hyper Articles en Ligne, plateforme d’archives ouvertes
, l’archive ouverte nationale ;
• 2,6 M€ pour un appel à projets sur l’édition scientifique, déjà préparé par le Secrétariat permanent pour la science ouverte, l’instance exécutive du Coso
Comité pour la science ouverte
, dont une partie pourra être affectée à des projets labellisés par Scoss
Global sustainability coalition for open science services
, la Coalition internationale pour le développement durable des services scientifiques ouverts, en fonction des projets proposés. »
Pour le conseiller du DGRI, la somme attribuée à HAL est « un clair changement de levier » : « grâce aussi à un apport exceptionnel de 650 k€ du CNRS
Centre national de la recherche scientifique
, le budget de HAL double et passe la barre des 2 M€ », se félicite-t-il.
Ces contributions du CNRS et du FNSO
Fonds national pour la science ouverte
ne sont toutefois que « transitoires », note Marin Dacos, qui évoque « une évolution du modèle économique de HAL à partir de 2020-2021 ». « Nous réfléchissons sérieusement à la mise en place d’un système de cotisations annuelles — peut-être entre 5 000 et 10 000 € — pour les établissements possédant un portail institutionnel dans la plateforme nationale, comme HAL-AMU ou HAL Sorbonne Université ».
Enfin, concernant Scoss, « nous avons également décidé de cotiser à l’échelle nationale. À ce titre, j’intègre le board de Scoss, avec Jean-François Lutz, directeur de la bibliothèque numérique de l’Université de Lorraine et membre du groupe-projet “Construire la bibliodiversité” du Coso, pour me suppléer », précise encore le conseiller.
Pour lui, cette démarche « fait partie d’une stratégie globale d’influence internationale où nous intégrons petit à petit les instances de régulation, de développement et de coordination de la science ouverte ».
Explorer de nouveaux modèles économiques d’édition scientifique
« Cet appel, doté de 2,6 M€ en 2019 et dont la publication est prévue en septembre 2019, s’adresse à trois types d’acteurs :
- les infrastructures de recherche inscrites sur la feuille de route nationale et associées à une activité d’édition ;
- les plateformes numériques qui n’ont pas le statut d’IR Infrastructure de recherche , qu’elles soient privées ou publiques ;
- toute initiative éditoriale, privée ou publique.
Les volumes d’argent éligibles seront variables en fonction de la catégorie de chaque candidat », détaille Marin Dacos à News Tank, le 28/08/2019. « Les conditions de sélection de l’appel sont fortes, avec la mise en place de critères d’exemplarité rigoureux, librement consultables sur le site du Coso, ouvrirlascience.fr », ajoute-t-il.
« Une deuxième vague doit avoir lieu en 2020 », assure-t-il par ailleurs.
« Les candidats qui n’auront pas le temps de monter un projet d’ici le lancement de la première vague auront l’occasion de candidater dès le premier semestre 2020 pour la deuxième vague. Et avec l’appel flash ANR Agence nationale de la recherche sur les données, dont les lauréats ont été annoncés en juillet 2019, cela fera un total de 6 M€ pour des projets de science ouverte ! », poursuit-il.
Un appel à la « créativité » du côté des initiatives éditoriales
Pour le volet de l’appel concernant les initiatives éditoriales, « l’aide consisterait par exemple à apporter un soutien financier aux initiatives souhaitant passer à l’open access [appelé “flip“, ou bascule] ». « Mais nous savons que les montants annoncés pour l’appel ne suffiront pas à tout couvrir, c’est pourquoi nous demandons des cofinancements », ajoute-t-il toutefois.
Parmi les projets attendus par le conseiller pour la science ouverte, « nous avons notamment besoin que certains émergent dans le domaine des livres, pour explorer des “preuves de concept” autour de nouveaux modèles économiques ».
« Une erreur serait de dire qu’un livre coûte 8 000 € à produire, et donc qu’on va aider 50 livres à être produits en open access avec 400 k€. Au regard du grand nombre de livres publiés chaque année en France, cette démarche n’est pas viable. Nous souhaitons donc soutenir des prototypes de mécanismes, d’ordre commercial, participatif, ou autre, permettant d’aboutir au financement d’un livre. Car à ce stade, il y a beaucoup à inventer », expose Marin Dacos.
« Du côté des revues, le sujet est différent, car plus mûr. Nous pourrons donc soutenir temporairement une revue, mais à condition que notre apport n’excède pas 50 % du financement total : les candidats devront arriver avec un apport », conclut-il.
Knowledge Unlatched : « Des alternatives de ce type doivent voir le jour »
Marin Dacos revient sur le cas de Knowledge Unlatched, un système d’acquisition de licences de publications par des campagnes de financement participatif afin de les diffuser au plus grand nombre. Pour lui, « ce type de modèle est très vertueux. Il mutualise la charge, donne une place intéressante aux bibliothèques pour le développement de la science ouverte, mais n’a pas été assez exploré. Je souhaite aujourd’hui que des alternatives de ce type voient le jour », indique-t-il à News Tank.
« On ne travaille plus sur un prix mais sur un coût. Imaginons qu’il faille 10 000 € pour libérer un livre pour la planète entière. Si 10 000 bibliothèques font une dépense groupée, elles ne devront que débourser chacune 1 €. (…) Si on veut changer d’écosystème, il faut que nous investissions massivement dans ces alternatives très sérieuses », déclarait-il à ce sujet en octobre 2017.
Quelle différence avec le Plan de soutien à l’édition scientifique ?
Marin Dacos affirme que l’appel à projets du FNSO Fonds national pour la science ouverte « complétera » les mesures du Plan de soutien aux revues scientifiques françaises, mis en place à la suite de la Loi pour une République numérique de 2016. Mobilisant actuellement 16,7 M€ répartis sur cinq ans, ce Plan est suivi et évalué par le Comité de suivi de l’édition scientifique.
« Si le Plan de soutien contient aussi cette notion d’ouverture — sa dynamique est d’accompagner des éditeurs nationaux vers la science ouverte — l’opération a surtout consisté à apporter un soutien de fond à des acteurs, pour amortir un impact potentiellement négatif de la Loi pour une République numérique votée en 2016 », retrace le conseiller.
Un nouveau modèle économique pour HAL, qui doit prouver la qualité de son offre de services
Marin Dacos expose les raisons de la réflexion autour de la mise en place pour HAL Hyper Articles en Ligne, plateforme d’archives ouvertes , dès 2020-2021, d’un système de cotisations annuelles pour les établissements ayant mis en place un portail permettant la jonction avec la plateforme nationale :
« Actuellement, un portail ne coûte que 1 500 € au moment de sa mise en place, ce qui est totalement déconnecté des coûts… La somme dont s’acquitteront les établissements permettra de prendre peu à peu le relais des apports exceptionnels du CNRS Centre national de la recherche scientifique et du FNSO.
Pour les établissements n’ayant pas de portail, parce qu’ils ont souhaité développer leur propre dispositif par exemple, il n’y aura bien sûr pas d’obligation de cotiser. Mais le montant de la cotisation restera toujours bien en deçà du coût d’un dispositif “maison” ».
Une stratégie de mutualisation pour amortir le coût de la dette technique
Pour Marin Dacos, l’adoption de HAL par tous les établissements permet de mieux appréhender l’évolution technique des dispositifs :
« Au bout de quelques années, tout système contracte une dette technique. C’est le cas aujourd’hui pour HAL. C’était aussi le cas de l’archive ouverte institutionnelle de l’Inra Institut national de la recherche agronomique , ProdInra, qui avait atteint un stade où il était nécessaire d’investir dans une “jouvence” du service.
L’Inra avait alors choisi de migrer et de mutualiser avec HAL, en donnant directement un poste à la plateforme. Depuis, l’organisme est l’une des tutelles du CCSD Centre pour la communication scientifique directe , l’unité mixte de services chargée de développer et d’administrer HAL », retrace-t-il.
Toutefois, « HAL doit encore aujourd’hui démontrer qu’il est capable d’offrir tous les services dont les universités ont besoin », estime-t-il.
« C’est l’une des raisons pour laquelle des établissements comme Sciences Po, ou les universités de Bordeaux, Strasbourg ou Lille n’y ont pas fait appel à l’époque. L’investissement apporté par le CNRS et le FNSO doit justement permettre à HAL d’offrir un service plus évolutif et modulaire ».
Marin Dacos annonce par ailleurs qu'« il a été décidé lors du dernier comité de pilotage de la science ouverte que la CPU Conférence des présidents d’université deviendrait membre du comité de pilotage du CCSD Centre pour la communication scientifique directe ».
Un appel à candidatures pour la direction du CCSD
Un appel à candidatures pour succéder à Christine Berthaud, directrice du CCSD depuis 2011, est ouvert jusqu’au 30/09/2019 pour une prise de fonction à compter du 01/12, indique le site du CNRS.
Le CCSD, unité mixte de service rattachée au CNRS au sein de la Dist, a comme autres tutelles Inria, l’Inra et l’Université de Lyon. « Le CNRS avait initié dès 2001 la création de l’archive ouverte HAL. Aujourd’hui cette archive comprend 580 000 documents et 137 portails institutionnels (universités, organismes etc..) ».
Le futur dirigeant devra notamment « proposer un projet ambitieux pour le CCSD, incluant notamment une évolution de HAL pour répondre aux enjeux forts de l’ESR », indique le document, mentionnant un « poste stratégique » avec « de nombreux défis », parmi lesquels :
• « Une convention de partenariats a été signée en 2013 pour afficher le lien fort avec tous les établissements partenaires. Cette convention doit être renouvelée et adaptée au contexte de la science ouverte.
• Le Coso créé en 2018 a remplacé la BSN qui était avant la voix du ministère pour le pilotage de HAL avec les tutelles institutionnelles. La gouvernance du CCSD devra favoriser des prises de décisions en accord avec les enjeux actuels de la science ouverte, et avec ses quatre tutelles.
• Dans ce contexte d’accélération du mouvement vers la science ouverte, et avec de plus en plus de politiques d’établissements qui incitent, ou rendent obligatoire le dépôt dans HAL, l’infrastructure HAL doit fortement évoluer pour pouvoir proposer les services attendus aux chercheurs. Cette transformation doit se faire dans un écosystème international où l’interopérabilité des archives ouvertes est capitale.
• Le CCSD propose aussi la possibilité d’évaluer la qualité scientifique des articles déposés dans HAL pour les rassembler dans des épi-revues. »
Comité pour la science ouverte (Coso)
Catégorie : Associations, réseaux
Consulter la fiche dans l‘annuaire
Fiche n° 8194, créée le 05/02/2019 à 11:14
[1] Les économies réalisées sur le nouvel accord de licence nationale avec Elsevier s’élèvent à 1,5 M€ en 2019 :
• Sur cette somme, une contribution de 1 M€ sera versée au Fonds, à raison de 500 k€ au titre des établissements d’enseignement supérieur et de recherche, et de 500 k€ au titre des organismes de recherche.
• 500 k€ seront redistribués aux universités.