ExclusifCampus d’innovation : feuille de route du gouvernement, freins et pistes d’amélioration à Think 2019
Le financement de projets et la « simplification » sont les deux volets de la feuille de route du gouvernement concernant les campus d’innovation, annonce David Cavaillolès, conseiller budgétaire, industrie et spatial de Frédérique Vidal
Conseillère spéciale du président @ European Foundation for Management Development (EFMD)
, ministre de l’Esri
Enseignement supérieur, recherche et innovation
, le 13/02/2019, lors de la quatrième édition de Think Education & Recherche.
« On a bien traité le volet financier », estime-t-il. « Nous avons créé, à la demande du président de la République, un fonds de 10 Md€ pour l’innovation de rupture, pour financer les laboratoires et les start-up deep tech qui ont les idées les plus en pointe. » Le conseiller fait référence au Fonds pour l’innovation et l’industrie, lancé le 15/01/2018 par Bruno Le Maire
Professeur invité @ E4S (Enterprise for society - Université de Lausanne, IMD business school, EPFL)
, ministre de l’économie et des finances.
Quant au chantier de « simplification », il est « en cours ». David Cavaillolès mentionne notamment une révision du dispositif du mandataire unique, dans le cadre du projet de loi Pacte
Plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises
, et la mise en place de « contrats types ». Sur ce dernier point, Frédérique Vidal a confié à François Jamet
, ancien chef du Sittar
Service de l’innovation, du transfert de technologie et de l’action régionale
de la DGRI
Direction générale de la recherche et de l’innovation
, la mission d’établir un état des lieux pour contribuer à l’élaboration de ces contrats, a-t-elle indiqué le 16/11/2018.
David Cavaillolès prévoit par ailleurs « des annonces » sur l’entrepreneuriat étudiant, et souhaite « changer d’échelle » en matière de recherche partenariale.
Pour Sandra Oucher, vice-présidente étudiants du conseil académique de l’Université Paris-Saclay, qui s’exprime également lors de ce duo sur les campus d’innovation, ces aspects ne sont pas les seuls freins au développement de tels lieux :
• Pour les étudiants entrepreneurs, « à un moment donné, on arrive à une certaine limite, qu’on trouve un peu dans tous les campus : c’est la capacité à se développer au sein même du territoire d’innovation. C’est pour ça que la plupart des start-uppers que je côtoie sont amenés à un moment donné à partir à l’étranger. »
• À l’UPS
Université Paris-Saclay
, « pour le moment, on a un peu l’impression que c’est une juxtaposition d’établissements d’enseignement supérieur, de laboratoires et de centres de R&D
Recherche et développement
, sans réelles interactions. Heureusement, celles-ci ont quand même commencé à se développer. »
« Il y a un réel enjeu d’aménagement du territoire et puis de financements issus de fonds de capital-risque pour réussir à monter en puissance et à accélérer le développement technologique de ces start-up » issues des campus universitaires, affirme la vice-présidente, qui a par ailleurs écrit un livre blanc sur le projet Paris Saclay, dont News Tank a obtenu copie en janvier 2019.
Implication plus rapide des étudiants dans les laboratoires, mise à disposition de locaux sur les campus pour les start-up, amélioration des conditions de vie sur les campus, formations communes aux étudiants, chercheurs et salariés de R&D
Recherche et développement
, changement d’échelle de la recherche partenariale : News Tank reprend les pistes évoquées par Sandra Oucher et David Cavaillolès au cours de cette intervention.
Feuille de route du gouvernement sur les campus d’innovation
Frédérique Vidal a chargé Jean-Lou Chameau
, membre de l’Académie des technologies et président émérite de Caltech, d’une mission sur les campus d’innovation, a-t-elle annoncé le 29/01/2018. Il avait pour mission d’étudier trois sites universitaires, Strasbourg, Rennes et Montpellier, « afin d’établir un diagnostic individualisé et comparé de leurs atouts et de leurs limites en matière d’innovation ».
Ce rapport a été délivré à la ministre à l’été 2018, mais n’a pas encore été rendu public.
« L’objet des travaux de Jean-Lou Chameau, c’est de connecter ces acteurs » de l’innovation que sont les étudiants, les chercheurs, les industriels et les investisseurs, indique David Cavaillolès, le 13/02/2019.
« Parce que finalement, si vous juxtaposez des laboratoires, des établissements d’enseignement supérieur, vous avez fait une partie du chemin, mais vous n’êtes pas encore au bout. »
« Ce qu’il faut, c’est que :
- les étudiants, très tôt, puissent aller dans les laboratoires de recherche ;
- les entreprises et les chercheurs puissent travailler de manière fluide, sans que des obstacles juridiques viennent freiner leur coopération ;
- les chercheurs, lorsqu’ils le souhaitent — et ils sont de plus en plus nombreux à être dans ce cas —, puissent créer des entreprises, aller dans le privé, en revenir », ajoute le conseiller.
« Ce que la ministre a demandé à Jean-Lou Chameau, ce sont des conseils pour densifier ces interactions dans les campus français. »
« Responsabilisation des acteurs »
« Je crois beaucoup à la responsabilisation des acteurs. La surrèglementation, on a beaucoup donné dans ce registre et ce n’est pas un sens qui marche.
Néanmoins, et notamment en réformant le mandataire unique, on augmente un tout petit peu la pression, pour expliquer que, réellement, ce combat est important; que perdre trois ans en négociations, ça n’a pas de sens. Mais après, on laisse de la place aux acteurs pour s’organiser, parce que ce sont eux qui savent, qui maîtrisent la complexité du système. Et parce qu’on ne peut pas non plus prévoir tous les cas dans la loi.
Il y a certains cas qui sont complexes, qui resteront complexes, donc il faut qu’on laisse la possibilité aux acteurs dans ces cas-là de discuter et de prendre le temps nécessaire. Mais cela doit rester des exceptions. »
Autres pistes évoquées pour favoriser le développement des campus d’innovation
Pour maintenir les start-up créées au sein du campus
Lors de la création d’une entreprise au sein d’un campus universitaire, notamment par un étudiant, « souvent, on voit à Paris Saclay qu’une fois que la start-up est lancée, l’entrepreneur va aller dans un autre écosystème parce qu’il n’a pas la possibilité de se développer en son sein », selon Sandra Oucher.
Elle propose donc des « mesures très concrètes » pour répondre à ce problème :
- « La mise à disposition de locaux pour entrer en phase de développement, voire en phase de préindustrialisation ».
- « Il y a un gros travail à faire en matière d’aménagement du territoire » : « il faut pouvoir être au sein d’un campus où il faut bon vivre ».
« C’est très important d’envisager que ce campus n’est pas seulement un lieu de vie où il faut pouvoir se loger, mais également un ensemble d’infrastructures sportives, culturelles, de lieux de vie décloisonnés qui permettent justement à tous ces acteurs de se rencontrer et de développer ensemble de nouveaux projets. Pour cela, effectivement, un certain nombre d’éléments doivent être encore développés. »
- « Il faut que les différents acteurs, universitaires, économiques, puissent ensemble développer une stratégie d’attractivité [des] fonds de capital-risque (…), si on veut effectivement faire en sorte que ces start-up deviennent des entreprises à forte valeur. »
Par la suite, « il y a un intérêt » pour ces start-up à s’associer avec des entreprises plus développées « au moment du scale up, de la mise à l’échelle », estime Sandra Oucher.
« Arrivée à un certain stade, [la start-up] n’a pas les capacités de développer [sa technologie] plus largement, pour justement servir l’intérêt de la société française, européenne ou internationale. Justement, les entreprises ont ces capacités d’industrialisation, qui permettraient de rendre accessible ce service à un plus grand nombre de personnes. »
Licornes : favoriser les levées de fonds de l’ordre de la dizaine ou centaine de millions d’euros
« L’écosystème lié au capital-risque se développe très rapidement », affirme David Cavaillolès. « Sur les premiers tickets, les financements jusqu’à 1 ou quelques millions d’euros, j’ai le sentiment qu’on a bien répondu à la demande. »
« En revanche, on voit qu’on a tout de même du mal à faire émerger des licornes. On en a assez peu. Les entreprises, quand elles doivent lever quelques dizaines voire centaines de millions d’euros, ont parfois des difficultés et donc sont tentées de partir à l’étranger. Pour nous, se développer à l’international, c’est évidemment très bien ; garder une attache française, c’est très bien aussi. Là, il faut qu’on continue d’appuyer le développement des financements privés sur ces séries B et C. »
Dans les levées de fonds, les « séries B » correspondent à des montants compris entre 5 et 10 M€, et les « séries C » à des montants allant de quelques dizaines à quelques centaines de millions d’euros, selon Les Echos.
Universités et écoles : créer des « synergies dès le premier cycle »
« Nous sommes dans un modèle d’ESR Enseignement supérieur et recherche un peu hybride, où nous avons des grandes écoles qui sont fondatrices d’un modèle d’ESR porté également par des universités. Comment allons-nous justement développer des synergies dès le premier cycle, pour permettre aux étudiants d’avoir des parcours de formation personnalisés et de devenir, demain, des acteurs de cet écosystème de l’innovation ? », s’interroge Sandra Oucher.
Citant l’exemple des écoles d’ingénieurs et des formations universitaires en santé, elle considère que « rassembler tous ces acteurs de l’innovation au sein d’un même campus devrait également permettre de développer des formations plutôt originales » :
- Pour les étudiants universitaires en santé, qui « vivront et vivent déjà des bouleversements liés au développement [de] nouvelles technologies », comme l'IA Intelligence artificielle , cela doit leur permettre « d’acquérir de nouvelles compétences, une certaine culture numérique dans cet exemple précis ».
- Pour les étudiants d’écoles d’ingénieurs, cela doit leur apporter « une ouverture d’esprit, et la possibilité de suivre des enseignements aussi au sein des facultés, des IUT Institut universitaire de technologie , afin d’acquérir peut-être des connaissances plus de l’ordre de l’éthique ; ils pourraient également développer ces nouvelles technologies dans le cadre justement d’une société responsable ».
Et pour « développer des synergies très concrètes », il est nécessaire d'« avoir la liberté de se mouvoir d’un campus à l’autre », ajoute-t-elle, soulignant que « Paris Saclay, ce n’est pas seulement le campus du plateau de Saclay, mais 27 campus au total, si on considère les dix grandes écoles et les trois universités ».
De nouveaux statuts pour les étudiants impliqués dans la recherche
Un autre point « fondamental » pour la VP Vice-président(e) étudiants est de « permettre aux étudiants très tôt de s’impliquer dans le monde de la recherche ».
Pour cela, elle propose, par exemple, de créer « de nouveaux statuts qui faciliteraient la connexion entre les étudiants, les chercheurs et les salariés des centres de R&D Recherche et développement qui sont de plus en plus implantés au sein de ces campus ».
Une formation intensive à l’entrepreneuriat commune aux acteurs de l’innovation
« Ce serait vraiment très intéressant de pouvoir connecter à la recherche et faire en sorte qu’une seule et unique formation intensive à l’entrepreneuriat puisse être ouverte aux enseignants, aux chercheurs, aux étudiants, aux salariés des centres de R&D, pour qu’il puisse y avoir des rencontres. Qu’ils puissent par la même occasion réussir à confronter les idées et développer une nouvelle forme d’innovation. »
L’entrepreneuriat des doctorants et jeunes docteurs : « un énorme sujet »
« Les binômes chercheurs-étudiants sont extrêmement riches », estime le conseiller de Frédérique Vidal. « De ce point de vue là, à mon avis, on a un sujet énorme qui est l’entrepreneuriat des doctorants et des jeunes docteurs, qui sont des populations qui ont une énorme envie d’innover, une énorme envie d’entreprendre et à laquelle on doit donner la possibilité de le faire. »
Sur le sujet, le concours i-Lab est associé à deux nouveaux dispositifs dans le cadre du concours national d’innovation, dont l’un concerne les doctorants : le concours i-PhD, a annoncé le Conseil de l’innovation après sa réunion du 13/12/2018. Il doit permettre « la sensibilisation à l’entrepreneuriat dès le laboratoire », pour « valoriser les travaux de recherche des doctorants ». « Un programme spécifique sera lancé en partenariat avec les Satt. »
Parcours
Conseiller budgétaire, industrie et spatial de Frédérique Vidal
Inspecteur des finances
Superviseur - assurances
Établissement & diplôme
Finance d’entreprise, finance de marché, actuariat
Master de science, économie, mathématiques, corps des mines
Fiche n° 23057, créée le 02/06/2017 à 21:43 - MàJ le 27/08/2019 à 10:59
Parcours
Elue au conseil académique
Chargée de mission Paris-Saclay
Elue au conseil académique
Elue à la commission de la formation et de la vie étudiante
Déléguée étudiante, membre de la commission de la pédagogie de la faculté de pharmacie
Établissement & diplôme
Etudes à la faculté de pharmacie de Châtenay-Malabry
Paces
Fiche n° 34232, créée le 14/02/2019 à 15:55 - MàJ le 14/02/2019 à 16:04