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Services de santé universitaires : « Aucun n’a fermé, nous avons parfois basculé en téléconsultation »

News Tank Éducation & Recherche - Paris - Actualité n°179819 - Publié le 07/04/2020 à 08:50
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Laurent Gerbaud - ©  Seb Lascoux

« Les services de santé universitaires se sont mobilisés assez tôt, dès la mi-janvier, et ont donc beaucoup anticipé leur manière de réagir selon leurs moyens, en partenariat avec les Crous Centre régional des œuvres universitaires et scolaires . Finalement, aucun SSU Service de santé universitaire n’a réellement fermé, mais nous avons parfois basculé en téléconsultation », déclare Laurent Gerbaud, directeur du service de santé universitaire du site Clermont-Auvergne et président de l’ADSSU Association des Directeurs des Services de Santé Universitaires (association des directeurs de SSU), à News Tank, le 31/03/2020.

En revanche, « les situations des SSU sont variables en fonction de la considération que leur portent les ARS Agence régionale de santé . En Bretagne ou dans le Grand Est, ils sont considérés comme des maillons de la lutte contre l’épidémie, ils intègrent les circuits de réapprovisionnement de masques, et on s’intéresse à leurs actions. Pour d’autres ARS, qui forment une grande minorité, les SSU ne sont pas prioritaires pour les masques. Cela joue beaucoup sur le moral de certaines équipes. »

Par ailleurs, les services qui sont des centres de santé et ceux qui ne le sont pas n’ont habituellement pas les mêmes autorisations d’exercice. Le décret conjoint du Premier ministre et de la ministre de l’Esri Enseignement supérieur, recherche et innovation du 18/03 « a permis aux services non centre de santé d’agir comme tels ». Et ainsi « qu’ils ne puissent pas être attaqués, par certaines ARS ou conseils départementaux de l’ordre des médecins aux visions archaïques, pour exercice illégal de la médecine, notamment lorsqu’ils réalisent des téléconsultations ».

Laurent Gerbaud souligne « le vrai effort du Mesri Ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation pour avoir fait passer le décret alors qu’il existait des forces de frottement au ministère des solidarités et de la santé ».

« Mis à part quelques services au cœur de l’épidémie, le problème est que nous sommes en sous-activité. Nous travaillons à 25-30 % de notre capacité », indique-t-il. Il explique cette sous-activité par le retour des étudiants à leur domicile, « même s’il reste des étudiants en résidence et en internat ». Selon lui, « cette sous-activité provoquera, par ailleurs, un gros trou budgétaire pour les SSU ».

En outre, la plus grande difficulté pour les services reste « l’approvisionnement en masques, en blouses, en gants, et en solutés hydroalcooliques, même si les universités en ont produit ».

« Les SSU de l’Est de la France n’ont pas du tout la même expérience que ceux qui ne sont pas encore touchés par l’épidémie. Le tableau général ne doit pas gommer le fait qu’à Strasbourg et Mulhouse, les collègues ont énormément de travail », souligne-t-il.


Le rôle des services de santé universitaires durant la crise

Selon qu’ils soient centres de santé ou non, les services de santé universitaires adoptent deux organisations différentes :

  • « Les centres de santé sont restés ouverts. Nous avons maintenu un accueil physique, avec un double circuit pour les cas suspects ou non, puisqu’en général les locaux permettent de le mettre en place. Cela nous a tout de même amenés à fermer les petites antennes et à regrouper les moyens sur des centres plus importants. Par exemple, sur le site clermontois, nous sommes passés de cinq à deux centres.
  • Les SSU Service de santé universitaire qui ne sont pas des centres de santé disposent souvent de locaux plus petits, parfois au sein des universités qui ont fermé, notamment pour les antennes universitaires, ou de locaux non adaptés à la situation. Dans ces cas-là, une permanence téléphonique et par internet est mise en place, afin d’effectuer notamment un suivi des étudiants suspectés d'être malades, ou encore d’aider au portage des repas dans les résidences des Crous Centre régional des œuvres universitaires et scolaires . »

« À côté, nous organisons des téléconsultations, par téléphone ou visio selon les équipements des étudiants. La crise a permis de développer ce mode de consultation, mais aussi d’en montrer les limites (mauvaise qualité d’image, difficulté de diagnostic, impossibilité d’effectuer certains actes à distance, etc.)

Nous effectuons par ailleurs un suivi psychologique des étudiants qui vivent mal le confinement ou qui étaient déjà fragiles. »

Ainsi, à l’Université de Clermont-Auvergne, qui compte 40 000 étudiants, « le SSU a suivi 41 étudiants depuis le début de la crise, dont 31 encore actuellement ». En outre, il suit des étudiants de l’Université Clermont-Auvergne confinés à l’étranger, en Espagne et en Russie.

Les services de santé portent également leur attention sur les étudiants en situation de handicap, en collaboration avec les services universitaires en charge du sujet. « Un étudiant avec une déficience visuelle, par exemple, peut avoir perdu ses repères durant cette période », dit Laurent Gerbaud.

Plutôt que les étudiants en santé, les services de santé universitaires « ont mobilisé les étudiants relais santé [étudiants volontaires de toutes les composantes qui font de la prévention], notamment pour le portage de repas, lorsque les services du Crous ne peuvent l’assurer ».

« En plus, nous sommes en lien avec la fédération des Bapu (Bureaux d’aide psychologique universitaire) pour la mise en place d’une ligne téléphonique d’aide psychologique. »

Les actions habituelles des SSU continuent

Les SSU ont maintenu « les vaccinations contre l’hépatite B pour les étudiants en médecine qui devaient effectuer un stage cet été, les dépistages de tuberculose, et les activités cliniques notamment en gynécologie ».

« J’ai eu le retour de deux cas où des étudiants ont dû indiquer lors d’un contrôle de police la raison précise du rendez-vous médical pour lequel il se déplaçait, cela est une atteinte au secret médical, et c’est intolérable ! »

En outre, les actions de prévention et d’animation des réseaux sociaux continuent, « avec des vidéos, des conseils nutritionnels ou d’activités physiques ».

Les SSU se sont organisés « assez naturellement » avec les Crous

Les SSU se sont organisés « assez tôt » et « assez naturellement » avec les Crous, « même si cela dépend des rapports entre les directeurs des structures, qui, pour la plupart, fonctionnent très bien ».

Le président de l'ADSSU Association des Directeurs des Services de Santé Universitaires remarque cependant une difficulté, « désormais résolue », lorsque les Crous ont demandé quels étudiants étaient en confinement pour une suspicion de Covid-19, afin de protéger leurs personnels.

« Cela allait à l’encontre du secret médical, et nous ne pouvions donc pas leur communiquer ces informations. D’autant plus que les étudiants confinés ne le sont pas tous pour une suspicion de Covid, mais aussi pour des situations à risques et qu’ils doivent donc être protégés de toute contamination. Cela a été expliqué et compris par les Crous, mais aussi les missions handicap des universités. »

Laurent Gerbaud


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Parcours

Centre Universitaire Hospitalier de Clermont - CHU
Directeur du centre de santé universitaire
Conférence Nationale de Santé
Membre de la conférence spécialisée sur de droit des usagers
CHU Clermont-Ferrand
PU-PH
Service de Santé Universitaire Université Clermont-Auvergne
Médecin directeur

Fiche n° 16897, créée le 05/04/2016 à 16:46 - MàJ le 06/04/2020 à 10:20

Association des directeurs des services de santé universitaires (ADSSU)

Catégorie : Associations, réseaux


Adresse du siège

25 rue E. Dolet
63000 Clermont-Ferrand France


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Fiche n° 4484, créée le 10/11/2016 à 11:08 - MàJ le 01/07/2021 à 11:36

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