IUT : « Nous nous adaptons au fait que les jeunes prennent plus de temps pour choisir » (L. Gadessaud)
« Il était évident et attendu avec la fin de la hiérarchisation des vœux, que les jeunes prendraient plus de temps pour former leur décision. Nous nous adaptons. Après, parmi les inscrits, nous en avons la moitié qui a confirmé définitivement, et l’autre moitié qui a confirmé en gardant des vœux en attente. Mais cela ne veut pas dire que nous n’avons pas rempli nos formations ! La preuve c’est que très peu d’IUT
Institut universitaire de technologie
ont besoin d’ouvrir des places dans la procédure complémentaire », déclare Laurent Gadessaud, directeur de l’IUT de Créteil et vice-président et porte-parole de l’Adiut
Assemblée des directeurs d’IUT
, à News Tank, le 20/07/2018.
Il fait le point sur l’affectation des étudiants en IUT par Parcoursup, alors que des voix s’élèvent pour dénoncer la lenteur du système depuis plusieurs semaines. Selon les données compilées par News Tank, depuis les résultats du baccalauréat, le 06/07, qui devaient libérer des places, les candidats ayant définitivement validé leur proposition sont 50 000 de plus, soit 452 475 au 19/07. Ceux qui ont reçu au moins une proposition et ne l’ont pas définitivement acceptée sont au nombre de 142 751, soit 55,7 % de l’ensemble des candidats sur Parcoursup au 22/05.
Le fait que les IUT comptent de nombreux candidats encore indécis n’inquiète toutefois pas Laurent Gadessaud. « Nous sommes mi-juillet, c’est encore tôt et on pense que des jeunes vont se décider dans les semaines à venir du fait de la recherche d’un logement. Que nous n’ayons pas les noms de nos étudiants n’est pas une difficulté pour le moment. Cela va peut-être décaler le rythme des inscriptions et poser quelques soucis administratifs, mais des jeunes pourront tout à fait commencer chez nous avant d’avoir finalisé leur inscription. »
S’il trouve plutôt une bonne chose que les jeunes soient « libres de leur choix et de leur préférence », il estime que la suppression de la hiérarchie des vœux a décalé le processus d’orientation : « La réflexion autour de l’ordre des vœux sur APB les amenait à réfléchir un peu en amont à leurs préférences. Là, on pensait qu’au 22/05, ils se décideraient vite, par rapport à leur vœu préférentiel, mais ils ont attendu de voir ce qui tombait ». Selon lui, « peut-être qu’il faut trouver un système intermédiaire, avec une hiérarchie sur les trois premiers vœux pour que cela aille plus vite ».
Il revient aussi sur l’arrêté licence : « Il ne concerne pas directement les IUT, mais comporte des éléments intéressants auxquels nous réfléchissons aussi : l’approche par compétences, une forme d’individualisation des parcours, les passerelles avec les formations existantes — puisque nous avons vocation à accueillir des jeunes de licence en 2e ou 3e année et réciproquement — ou encore la place de l’enseignement à distance pour nos étudiants empêchés ».
Concernant le DUT
Diplôme universitaire de technologie
en 180 ECTS
European Credits Transfer System
, il annonce que la discussion avec le Mesri
Ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation
débutera en septembre, et « portera sur un calendrier et une méthode ».
Parcoursup : « La phase de réponse montre que l’orientation n’est pas assez préparée en amont »
Pour Laurent Gadessaud, le fait que les candidats attendent le dernier moment pour décider « n’est pas de l’indécision, c’est plutôt rationnel en fait : on leur a laissé la possibilité de décider, ils la prennent », dit-il. Il estime que l’attente « renseigne aussi sur la hiérarchie qu’ils ont faite, car ils ont des préférences, ils construisent eux-mêmes cette hiérarchisation ».
Cela montre aussi que les candidats ne sont pas été suffisamment préparés à l’orientation, « même si ce n’est pas nouveau ; les jeunes ne travaillent pas assez cette démarche en amont alors qu’ils ont un panel de choix très large. Nous essayons d’y participer avec nos JPO Journées portes ouvertes , les salons, etc. Mais il faudra encore renforcer cette démarche avec l’ensemble des acteurs. »
Y a-t-il eu de l’inquiétude exprimée par les familles ? « Oui, au début notamment. Les familles n’avaient pas réalisé que, le 22/05, seuls les excellents dossiers auraient leur réponse, et même pas les bons dossiers. On pensait que cela irait plus vite, mais ces candidats ont pris leur temps pour répondre. Et ainsi de suite. On pense que l’an prochain, les gens seront mieux préparés. »
Situation des candidats sur Parcoursup du 06/07 au 19/07
Parcoursup : évolution de la situation des candidats du 06/07 au 20/07/2018
Répartition des candidats selon leur situation
Fiche avenir : un outil intéressant « mais pas suffisamment homogène »
Sur la phase d’étude des dossiers, le vice-président de l'Adiut Assemblée des directeurs d’IUT estime qu’il n’y a pas eu de réel changement pour les IUT Institut universitaire de technologie . « Nous avions un outil qui ressemblait déjà beaucoup à Parcoursup, avec un accès aux mêmes informations que maintenant : les notes, le dossier, le CV, la lettre de motivation, etc. », indique-t-il.
Principale nouveauté : la fiche avenir. À ce sujet, il indique que les IUT sont partagés :
« Nous avions déjà une sorte de synthèse des éléments de lycée avec un avis du conseil de classe, mais un peu parcellaire. Avec la fiche avenir, on a un avis plus précis sur l’adéquation entre le projet de l’élève et son niveau. On l’a donc regardée, mais est-ce qu’elle a bouleversé notre analyse ? Non, car il nous semble qu’il n’y a pas eu d’approche homogène de la part des équipes du secondaire et qu’elles doivent encore s’approprier cet outil. Nous devons aussi peut-être discuter avec elles pour leur dire ce qu’on en attend, autour des compétences ».
Cela reste un outil intéressant selon lui : « Tout ce qui amène des éléments d’éclairage sur le dossier d’un jeune nous intéresse, car nous avons toujours regardé un projet et pas juste les notes. »
Accueillir plus de bacheliers technologiques
Parcoursup va-t-il faire évoluer le profil des candidats attendus ? Pour Laurent Gadessaud, il est encore un peu tôt pour répondre : « On verra à la rentrée s’ils ont des projets différents. Il faudra voir aussi l’effet “attendus” : est-ce qu’ils ont mieux réussi à se positionner sur des formations en s’aidant de ces éléments ? On l’évaluera dans le dialogue avec les étudiants. »
Ce qui est certain en revanche, c’est que les IUT accueilleront davantage de bacheliers technologiques, du fait des quotas prévus par la loi. « Il est clair que nous avons vocation à en accueillir davantage. Après, nous ne connaissons pas encore leur nombre exact, car nous n’avons pas encore les chiffres consolidés. L’Adiut, avec la CPU, la CGE Conférence des grandes écoles et la Cdefi Conférence des directeurs des écoles françaises d’ingénieurs , négocie avec la Dgesip Direction générale de l’enseignement supérieur et de l’insertion professionnelle pour avoir accès aux données statistiques. C’est une décision qui aura lieu en octobre. »
Quelles seront les conséquences pour les IUT ? « Les bacheliers technologiques ont étudié différemment que les bacheliers généraux, ils ont souvent un taux de réussite inférieur en DUT, mais c’est à nous de nous adapter. Après cela ne passe pas forcément par un processus de remise à niveau, plutôt une réflexion de fond sur l’approche pédagogique », indique Laurent Gadessaud.
Selon lui, cela passe par un meilleur accompagnement — le tutorat, le coaching — d’autres pratiques pédagogiques - la classe inversée, les spinroom, l’approche projet, etc. - « Cela nous aiguillonne pour aller plus loin dans la transformation de nos pratiques. Et depuis quelques années, nous pratiquons une meilleure mutualisation des bonnes pratiques, notamment grâce aux journées pédagogie et professionnalisation, qui est une réflexion annuelle de trois jours organisée au printemps ».
Le DUT en 180 ECTS : « pas avant 2020 ou 2021 »
Selon le vice-président de l’Adiut, Frédérique Vidal a eu « des paroles fortes » ces dernières semaines, concernant le projet du DUT en 180 ECTS pour lequel milite l’Adiut, « notamment devant notre assemblée à Corte où elle s’est déclarée favorable au projet, à condition que cela se fasse de manière concertée avec nos présidents d’université. Et nous sommes tout à fait en phase avec cela. »
Une première session de travail doit avoir lieu en septembre, « qui consistera notamment à fixer le calendrier et la méthode ». Selon lui, la réforme ne sera pas mise en place avant 2020 ou 2021.
« Mais même pour cela, nous aimerions un top départ assez vite dès 2018-2019, car si cela aboutit, ce sera une vaste réforme : il ne s’agit pas juste d’étaler le DUT de deux à trois ans, mais de mener une vraie réflexion sur la compétence de nos jeunes, sur l’officialisation de l’international, la professionnalisation, etc. Et un programme se travaille dans nos réseaux, en lien avec le monde socio-économique. »
« Parcours licence en IUT » : premier bilan et deuxième vague en 2018
Dans cette démarche, l’Adiut pourra aussi s’appuyer sur les expérimentations mises en place à la rentrée 2017 dans 87 instituts, autour du « Parcours licence en IUT ». « C’est un projet antérieur au DUT en 180 ECTS, mais qui est à la fois compatible, préparatoire et complémentaire à la future réforme », note Laurent Gadessaud.
Il en rappelle le principe : sécuriser un parcours en trois ans pour des jeunes entrant après le bac. « Ils ont la garantie d’obtenir un DUT puis une licence professionnelle, dans un cadre réglementaire déjà existant, et qui permet de procéder à une rénovation de nos pratiques pédagogiques : une place accrue des professionnels, réflexions sur l’international, l’engagement étudiant, etc. »
L’expérimentation continue à se déployer, avec une seconde vague pour septembre 2018. « On compte une quinzaine de nouveaux IUT volontaires, ce qui montre que l’engagement continue à vivre. Et cela permettra de faire le lien jusqu’à la mise en place du DUT en 180 ECTS European Credits Transfer System ».
Quel bilan les IUT tirent-ils de cette expérimentation ? « Nous avons réuni les porteurs de projet début 2018, et beaucoup ont exprimé une vraie satisfaction, notamment de voir comment les jeunes s’étaient emparés de leur projet de professionnalisation, du fait qu’on leur montre davantage les métiers accessibles après un bac+3. » Autre intérêt : le fait que ces parcours intègrent une forte proportion de bacheliers technologiques, « qui sont plus intéressés par une insertion à bac+3 ».
Un bilan complet de la première année aura lieu en octobre-novembre : « Nous réunirons l’ensemble des porteurs de projets sur une journée, afin de partager les bonnes pratiques ».
Laurent Gadessaud
Vice-Président et Porte-Parole @ Assemblée des Directeurs d’IUT (ADIUT)
Directeur @ IUT de Créteil-Vitry
Enseignant en économie @ IUT de Créteil-Vitry
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