Demandez votre abonnement gratuit d'un mois !

Critères, méthodologie, élaboration : décryptage du palmarès « écoles de commerce » de L’Etudiant

News Tank Éducation & Recherche - Paris - Actualité n°56299 - Publié le 23/11/2015 à 18:24
- +
© Fotolia He2
© Fotolia He2

« La réputation internationale des écoles et la part de professeurs étrangers visibles à l’international qui contribuent à la recherche de haut niveau », sont deux nouveaux critères du palmarès 2016 de L’Etudiant concernant 37 écoles de commerce masterisées (post-bac ou post-prépa), publié le 04/11/2015. C’est ce qu’expliquent Philippe Mandry, rédacteur en chef de L’Etudiant et Baptiste Legout, journaliste en charge des palmarès de l’Etudiant, dans un entretien à News Tank, le 17/11/2015.

L’Etudiant est classé premier en terme d’impact de ses classements, selon les directeurs de la communication interrogés dans le cadre du Livre blanc sur la communication dans les établissements d’enseignement supérieur, publié le 19/11/2015.

L’objectif et la méthodologie de ce classement ont été revus en 2014 afin d’en faire « un outil d’aide à l’orientation » multicritères et personnalisable. En outre, le questionnaire adressé aux écoles est complété par un sondage effectué par la Junior Entreprise de l’Ensai École nationale de la statistique et de l’analyse de l’information (École nationale de la statistique et de l’analyse de l’information) auprès des diplômés 2014 et 2011 sur leur salaire, leur insertion professionnelle et leur degré de satisfaction vis-à-vis de leur école.


Les critères classants et non classants

Le palmarès de l’Etudiant repose sur 35 critères classants et 37 critères non classants. Les premiers sont utilisés pour constituer les trois tableaux principaux (excellence pédagogique, excellence internationale et proximité avec les entreprises) publiés par l’Etudiant et l’Express ainsi que pour les tableaux proposant des pré-choix mis en ligne sur le site de l’Etudiant. Les critères non classants permettent aux internautes de trier eux-même les écoles selon l’ensemble des données disponibles. 

  • « Pour qu’un critère soit classant, il doit apporter une information qui différencie les établissements en termes de qualité. Par exemple, le prix de la formation est une information intéressante, mais ce n’est pas un gage de qualité. Ou le nombre de mois de stages : cela n’aurait pas de sens d’estimer que plus ils sont nombreux et meilleure est la formation. C’est plutôt une courbe de Gauss, en cloche. »
  • « Les critères classants que nous choisissons permettent de différencier les écoles sur leur pédagogie et la qualité de leurs formations. Les non classants les complètent sur des points que l’on ne peut corréler avec la qualité. »

Voici les 35 critères classants de L’Etudiant :

Deux nouveaux critères classants en 2015

Nous avons créé deux nouveaux critères en 2015 : la réputation internationale des écoles et la part de professeurs étrangers, visibles à l’international, qui contribuent à la recherche de haut niveau. »

« Chaque année nous testons des critères que nous n’utilisons finalement pas parce que nous ne les jugeons pas assez robustes. Cela a été le cas pour le nombre de professeurs visitants en 2015. »

L’Etudiant publie les données brutes utilisées pour réaliser le palmarès. Elles sont consultables sur la page dédiée à chaque école. La méthodologie est également détaillée. « La transparence des données utilisées me semble indispensable à un classement sérieux », indique Philippe Mandry. Le rédacteur en chef de l’Etudiant indique avoir eu des discussions avec des représentants de la CGE sur les bonnes pratiques à adopter pour les classements : « Les journalistes attendent de pouvoir travailler avec des données certifiées, les écoles demandent la transparence sur la méthodologie. »

Réputation internationale

« La réputation internationale d’une école s’estime selon sa présence dans les grands classements mondiaux. C’est un élément qui aide un étudiant étranger à choisir un établissement français plutôt qu’un autre. Nous avons tenu à entériner ce choix en 2015, mais sans être trop sévères non plus. Les points sont accordés selon la présence dans la première ou la seconde moitié du classement, pas selon la place exacte. »

D’après la méthodologie de L’Etudiant, quatre classements sont pris en compte :

  • « Masters in Management 2015 » du FT Financial Times
  • « University Rankings, Business & Management Studies 2015 » de QS
  • « Social Science 2014-2015 » du THE Times Higher Education
  • « Shanghai Eco-Business 2015 »

Excellence de la recherche

  • « Le choix de placer notre curseur “recherche” sur les publications de catégorie 1 est voulu : nous mettons en avant l’excellence de la recherche. Ces publications sont plus difficiles et prennent plus de temps que des catégories 4. C’est davantage une démarche qualitative que quantitative que certaines écoles assument clairement. »
  • « Nous avions déjà pondéré les scores en fonction de la catégorie de la publication en 2014. Nous avons testé le changement sur les résultats 2014, cela n’a pas un très grand impact. »
  • « En 2014, nous prenions en compte les publications sur un an. A partir de 2015, nous les analysons sur 3 ans, en reprenant les données fournies par les écoles les années précédentes. Cela permet de mettre en avant les écoles qui investissent ce champ, qui sacrifient leur nombre de publications sur le court terme pour monter en gamme. »

Suppression de doublons

« Un doublon a été supprimé en 2015 : auparavant, la catégorie “professeurs internationaux” apparaissait à la fois dans l’excellence académique et dans l’excellence internationale. Nous l’avons finalement retiré du second, à la suite de discussions avec les directeurs d'écoles ».

Les critères pré-sélectionnés du classement « excellence internationale » sont désormais :

  • Proportion de double-diplômés
  • Nombre d'élèves par accord accrédité
  • Échanges avec des partenaires accrédités
  • Recherche de haut niveau des professeurs internationaux
  • Réputation internationale

Pondération des critères

« Il n’y a pas de pondération des critères, car dans un classement pondéré, il peut y avoir une forte volatilité. Dans le classement de l’Etudiant, chaque critère a donc la même valeur que les autres. »

« En revanche, nous réfléchissons à l’idée de permettre à l’internaute de rentrer ses propres coefficients, pour s’approprier encore davantage l’outil. Les journalistes n’ont plus de pouvoir absolu, ils n’ont pas à déterminer arbitrairement quels coefficients attribuer. »

Un outil d’aide à l’orientation

« Les palmarès figurent parmi les meilleures fréquentations éditoriales. Nous espérons que notre travail permet de faire évoluer les différents avis sur les écoles. D’ailleurs nous voyons cela comme un outil d’aide à l’orientation qui a remplacé le classement unique que nous élaborions. »

« Sur notre site, pour ne pas laisser l’internaute à l’abandon, une dizaine de thématiques sont proposées pour découvrir les écoles. Dans l’Etudiant et dans l’Express qui publient une synthèse, trois critères que nous estimons les plus importants sont mis en avant : l’excellence académique, l’excellence internationale et la proximité avec les entreprises. »

Elaboration du classement

« Nous sommes cinq à travailler sur le classement. La procédure commence lors du 1er semestre, les questionnaires sont envoyés fin avril/début mai. Puis, nous récoltons les questionnaires et nous vérifions toutes les données. Les palmarès sont prêts autour du 15 septembre, puis nous vérifions pendant environ un mois. »

« Nous revérifions également tous les chiffres fournis par la junior entreprise de l’Ensai, qui procède à l’enquête auprès des diplômés de deux promotions (2014 et 2011 pour ce classement) ».

Satisfaction des diplômés

« Nous réalisons cette enquête depuis trois ans, nous pouvons donc consolider plus facilement nos résultats. Les écoles doivent avoir suffisamment de taux de réponse, ce n’est pas le cas de toutes. »

« Nous n’avons pas un taux minimum fixe, comme le FT qui attend 20 % de réponses. L'échantillon doit être représentatif au sens statistique, c’est-à-dire qu’il dépend de la taille des promotions. »

News Tank s’est procuré les questions posées par l’Ensai aux diplômés :

Salaires des diplômés

Salaires à la sortie de l'école

Les écoles sont classées en trois groupes en fonction des salaires (annuels, bruts et hors primes) à la sortie déclarés par leurs diplômés :

  • 1 point : moins de 33 000 euros annuels.
  • 2 points : de 33 000 à 40 000 euros annuels.
  • 3 points : plus de 40 000 euros annuels.

Salaire trois ans après la sortie

Trois ans après la sortie, jusqu'à trois points sont accordés selon le montant du salaire annuel, brut et hors primes :

  • 1 point : moins de 40 000 euros annuels.
  • 2 points : de 40 000 à 59 000 euros annuels.
  • 3 points : plus de 59 000 euros annuels.

« Nous sommes persuadés que le choix d’une école ne doit pas se faire sur ce seul critère, qui est le plus difficile à mesurer de façon fiable et homogène. C’est pourquoi nous ne donnons que des fourchettes. »

Surprise du classement 2016

« Cette année, c’est l’ESC Rennes qui nous a surpris, notamment sur la qualité de sa recherche. Son nombre de publications de catégorie 1 a explosé. »

© Fotolia He2
© Fotolia He2