Demandez votre abonnement gratuit d'un mois !

ExclusifUniversité Paris-Saclay : DBA avec le BSI (groupe Igensia) ; « singularité » du projet (J-P. Denis)

News Tank Éducation & Recherche - Paris - Actualité n°401006 - Publié le
- +
©  News Tank
Michel Kalika, Jean-Philippe Denis, Loïck Roche, et Charles Vautrot-Schwarz. - ©  News Tank

La faculté Jean Monnet (droit, économie, management) de l’Université Paris-Saclay et le Business Science Institute (groupe Igensia) lancent un programme d’Executive DBA Doctorate of Business Administration à la rentrée 2025, annonce le BSI Business Science Institute le 10/06/2025.

Ce programme s’adresse à des managers expérimentés, pour une thèse financée sur quatre années, autour de trois grands axes de recherche : santé, management de l’innovation, IA Intelligence artificielle . Le quatrième axe, transverse, est celui de l’environnement.

Jean-Philippe Denis, professeur en sciences de gestion à l’Université Paris-Saclay, souligne l’originalité du positionnement de ce programme. « La plupart des DBA sont portés par des structures de management, orientées sur les sciences de gestion et de management. La singularité de notre projet est d’être d’emblée en lien avec les disciplines de l’Université Paris-Saclay, avec toutes les sciences humaines et exactes », indique-t-il à News Tank.

Pour Michel Kalika Professeur honoraire @ Institut d’administration des entreprises de Lyon (IAE Lyon) • Président @ Business Science Institute
, président du BSI, « une alliance avec Paris-Saclay fait pleinement sens : d’un côté, le BSI cherche à élargir son vivier international de professeurs ; de l’autre, Paris-Saclay dispose d’un potentiel académique exceptionnel dans des domaines de spécialisation très pointus ».

Loïck Roche, DGA du groupe Igensia espère que ce partenariat sera « le vrai déclencheur de la reconnaissance du DBA en France à l’égal de la reconnaissance dans les autres nations », le DBA ne permettant pas d’obtenir le titre national de docteur. A Paris-Saclay, il est rattaché à la faculté Jean-Monnet, non à l’école doctorale.

Jean-Philippe Denis ajoute : « En tant que grande université de recherche, nous sommes conscients qu’en France, l’importance de la recherche appliquée et du niveau doctoral professionnel reste sous-estimée. Cela se traduit notamment par un sous-financement de la recherche par le privé, ou un manque d’articulation entre le monde académique et les entreprises ».


Pourquoi Paris-Saclay et le BSI s’allient pour créer un DBA

Adapter l’offre de Paris-Saclay à « un public professionnel »

« Je dirige la mention de master management stratégique à l’Université Paris-Saclay, en particulier un parcours recherche - le master in management - réalisé en partenariat avec l’ENS École normale supérieure Paris-Saclay, l’ESCP Ecole supérieure de commerce de Paris Business School, Mines Paris PSL Paris Sciences & Lettres , le centre de recherche en gestion de l’École polytechnique… Notre constat est que cette offre devait être adaptée à un public professionnel. D’où l’idée de développer un programme d’Executive DBA », retrace Jean-Philippe Denis.

Il se tourne alors vers le modèle du DBA développé au sein du BSI par Michel Kalika, « une figure du monde académique, bien connue dans le champ des sciences de gestion et du management ».

« Ce qui est remarquable dans le partenariat avec le Business Science Institute, c’est son positionnement original : c’est un DBA accrédité Amba, ce qui constitue un marqueur important pour une université comme Paris-Saclay, dont le rayonnement est, par définition, international », selon lui.

« Le projet de DBA existe en germe depuis plusieurs années, mais il a fallu du temps, 3 ans, pour le faire émerger », indique-t-il. Il reconnaît qu'« il s’agit d’un sujet sensible : un doctorat pour les professionnels continue parfois de susciter des réserves, y compris au sein même de Paris-Saclay ».

« Un pont opérationnel entre la recherche académique et la performance business » (L. Roche, groupe Igensia)

« Pour le groupe Igensia, ce partenariat est évidemment extrêmement important. Nous sommes à la fois un groupe de formation professionnel, d’enseignement supérieur, mais également un groupe académique et de la connaissance », déclare Loïck Roche, directeur général adjoint et directeur académique du groupe Igensia.

« Partir de l’expérience des praticiens en entreprise à travers leurs travaux de recherche, c’est créer de la valeur pour le monde économique, la société et le monde académique.

C’est contribuer à créer plus encore un pont opérationnel entre la recherche académique et la performance business dans le respect et la prise en compte des impératifs liés à la régulation écologique et à la question des inégalités sociales ».

« Un point qui est aussi au cœur de cette alliance est l’existence de réseaux d’alumni très puissants de part et d’autre. Du côté de l’Université Paris-Saclay, nous souhaitons fortement communiquer auprès de ces alumni pour les sensibiliser au fait que ce n’est pas parce qu’ils ont quitté l’université qu’ils ne peuvent pas y revenir pour s’y former, et viser un parcours doctoral adapté », déclare Jean-Philippe Denis.

« Du côté du groupe Igensia, anciennement groupe IGS, la force de ce réseau d’alumni est très importante en France », ajoute-t-il.

Un DBA universitaire et singulier

« Toute l’innovation de ce projet repose sur le fait qu’il se déploie sans IAE Institut d’administration des entreprises . Nous sommes dans une perspective universitaire stricto sensu », déclare Charles Vautrot-Schwarz, doyen de la faculté Jean Monnet de l’Université Paris-Saclay.

« Travailler dans une forme de dialogue interdisciplinaire »

Michel Kalika annonce « des promotions de petite taille. Ce qui importe avant tout, c’est la qualité des sujets proposés, leur pertinence vis-à-vis des thématiques de recherche de Paris-Saclay ». Jean-Philippe Denis détaille ces thématiques :

  • « la santé - car Paris-Saclay est membre de l’alliance européenne Eugloh (European University Alliance for Global Health), ce qui fait pleinement partie de notre stratégie internationale ;
  • l’innovation, c’est l’ADN même de Paris-Saclay. Toute la question du management de l’innovation est centrale pour nous ;
  • l’intelligence artificielle, sujet incontournable, mais surtout, Paris-Saclay est l’un des lieux en Europe où les travaux de fond sur l’IA sont les plus avancés, au niveau scientifique ;
  • un dernier thème qui est totalement transverse, c’est celui de l’environnement. C’était quelque chose qui était déjà dans l’ADN du Business Science Institute. Donc, nous n’avons pas voulu “ préempter” ce thème, puisqu’il est très largement transverse à toutes les thèses, et il fait même partie des critères d’accréditation de l’Amba. »

« Sur le thème de l’intelligence artificielle, ce qui est très intéressant, c’est que cela va permettre aussi, au-delà de la seule science de gestion et du management, de travailler dans une forme de dialogue interdisciplinaire, notamment avec les écoles doctorales et les travaux déjà portés sur ces trois thématiques-là. Cela inclut le droit, mais aussi toutes les sciences exactes qui travaillent sur ces questions », ajoute-t-il.

Michel Kalika et Jean-Philippe Denis sont interrogés par News Tank sur un apparent paradoxe : le DBA nécessite des années d’expérience en management pour pouvoir y postuler, pourtant les bouleversements induits par l’IA dans l’organisation des entreprises sont très récents.

Selon Michel Kalika, « le fait que l’IA repose sur des technologies nouvelles et en pleine évolution n’empêche pas d’engager un processus de recherche.

Certes, pour un DBA, « l’expérience est requise parce que le manager qui a de l’expérience apporte un sujet de recherche qui a du sens pour l’entreprise » mais « dans les entreprises, on entend se saisir de sujets d’actualité, sur lesquels la réflexion académique apporte un éclairage novateur ».

Il remarque notamment qu'« au cours des entretiens récents avec les candidats, les sujets qui sont apportés - notamment dans des entreprises de technologies et d’information - sont des sujets en lien avec l’IA, et pas uniquement sur le plan technique, mais aussi managérial ».

Jean-Philippe Denis estime que ce « paradoxe est tout l’intérêt d’un DBA ». Les sciences de gestion sont entendues comme « les sciences de l’évolution dans un monde paradoxal », et « Paris-Saclay est au front avancé sur les questions qui touchent à l’IA et à son éthique ».

S’engager dans un DBA permet selon lui d’éviter « les effets de Cassandre et simultanément d’emballement autour de l’IA », en créant « un espace-temps pour être accompagné, pour élaborer et mettre en confrontation des travaux de recherche sous la supervision d’un ou une directrice de thèse. »

Un encadrement conjoint

Sur la question de l’encadrement des participants au programme, Michel Kalika indique : « Nous avons l’habitude de travailler ensemble, entre professeurs, en dehors des partenariats. Ce partenariat donne une dimension institutionnelle, et permettra de mobiliser plus d’enseignants de Paris-Saclay. Il y a aussi tout un cadre formel et pédagogique et ensuite, on déroule ce cadre pédagogique à tous les stades du processus, que ce soit la sélection des candidats, les intervenants ou la soutenance de thèse ».

« C’est pourquoi nous avons développé ce partenariat avec BSI : nous en connaissons le sérieux », poursuit Jean-Philippe Denis. « Le processus de thèse, ce sont des séminaires qui permettent une mise à niveau de la part des doctorants, et de choisir un directeur de thèse, avec un suivi mensuel de la production jusqu’à la soutenance de thèse. C’est le déroulé d’une thèse classique ».

« Le corps professoral va concerner les professeurs de Paris-Saclay, et ils sont nombreux à vouloir s’y engager. On espère aller au-delà de la discipline gestion, et on veut étendre cela à des professeurs de l’université et à des collègues HDR Habilitation à diriger des recherches . Nous sommes dans la tradition du programme doctoral », indique Jean-Philippe Denis.

Interrogé sur le coût de la formation, Michel Kalika indique que les frais d’inscription sont en cours de définition, et qu’ils seront « les plus abordables du marché, francophone et anglophone » parmi les programmes accrédités Amba The Association of MBAs .

Jean-Philippe Denis observe que la non-gratuité du doctorat reste « un sujet sensible ». Selon lui, il faut la lier avec la question de l’accompagnement : « C’est aussi pourquoi nous avons voulu le faire en partenariat. Il fallait maîtriser cette technologie d’accompagnement particulière, différente de l’accompagnement d’un doctorat classique ».

« J’entends parfois : “Est-ce que ce n’est pas une machine à cash ?”. Mais il n’y a rien de honteux à vouloir s’autofinancer. Cela va plus loin : ça fait partie de la reconnaissance par le monde privé de la valeur de la recherche. Les entreprises ont les moyens d’envoyer leurs cadres faire ce DBA », ajoute-t-il.

Faire avancer la reconnaissance du doctorat dans l’entreprise

Pour Charles Vautrot-Schwarz, il y a « un retard français sur la reconnaissance de la valeur de la recherche au niveau doctoral. Le DBA peut être intéressant pour rattraper ce retard. Ce dernier est pénalisant pour la compétitivité de nos entreprises. Si les dirigeants sont familiarisés et comprennent l’intérêt de former et d’embaucher des praticiens chercheurs, on aura fait un grand pas pour la compétitivité française et cela contribuera immanquablement à la reconnaissance de la valeur du doctorat dans le monde de l’entreprise ».

Selon Jean-Philippe Denis, il y a à Paris-Saclay « une sorte de creuset qui va permettre de déployer d’abord la promotion du doctorat dans l’entreprise. Car, certes, nous parlons ici d’un programme doctoral exécutif, mais nous sommes aussi dans une démarche de promotion du doctorat en lui-même dans l’entreprise, qui, dans le monde français n’est pas reconnu à sa juste valeur ».

« C’était tout l’objet du livre blanc du DBA qui a fédéré une dizaine de programmes et qui visait à montrer que le doctorat est utile aux entreprises et à la société. Le doctorat n’est pas réservé à des jeunes étudiants à temps plein ; des praticiens ancrés sur des problématiques managériales et sociétales peuvent eux aussi créer de la connaissance, dans un cadre académique », ajoute Michel Kalika, auteur de ce livre blanc publié début 2025.

Université Paris-Saclay (EPE)

Etablissement de type expérimental

Catégorie : Universités
Entité(s) affiliée(s) : Université Évry Paris-Saclay (Université d'Évry)


Consulter la fiche dans l‘annuaire

Fiche n° 9319, créée le 06/11/2019 à 04:21 - MàJ le 08/07/2025 à 17:21

Business Science Institute

Catégorie : Écoles spécialisées


Consulter la fiche dans l‘annuaire

Fiche n° 11410, créée le 04/01/2021 à 02:26 - MàJ le 10/06/2025 à 11:15

©  News Tank
Michel Kalika, Jean-Philippe Denis, Loïck Roche, et Charles Vautrot-Schwarz. - ©  News Tank