
Stand up for science : des scientifiques alertent sur la situation aux USA ; mobilisation en France
« Au NIH
National Institutes of Health
, 1 200 des 20 000 employés ont déjà été renvoyés. Ceux qui restent ont l’interdiction de parler aux journalistes, d’assister à des congrès scientifiques ou de publier des travaux sur les inégalités », décrit Dominique Costagliola, épidémiologiste à l’Inserm
Institut national de la santé et de la recherche médicale
. Cinq scientifiques de renom, signataires de la tribune « Stand up for science » parue dans Le Monde le 04/03/2025, s’expriment sur l’état de l’ESR
Enseignement supérieur et recherche
aux États-Unis lors d’une conférence de presse au Collège de France, le 07/03/2025.
Le même jour, des mobilisations ont lieu dans toute la France à l’appel d’institutions universitaires, afin de soutenir le mouvement américain.
Pour Patrick Boucheron, historien au Collège de France, « ce dont il est question, ce sont des scientifiques en danger. Il s’agit d’une attaque massive contre la démocratie. » Il y voit « un coup d’État numérique, un obscurantisme technophile. »
« L’attaque contre la recherche est générale. La brutalité de ces décisions est stupéfiante et montre bien qu’il s’agit d’une stratégie délibérée », déclare Claire Mathieu, informaticienne et mathématicienne au CNRS
Centre national de la recherche scientifique
. « Si la recherche aux États-Unis est en souffrance, c’est le monde entier qui en pâtit. »
Valérie Masson-Delmotte
Vice-présidente @ Comité Éthique en commun Inrae-Cirad-Ifremer-IRD • Membre @ Académie des technologies • Directrice de recherche @ Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives…
, paléoclimatologue au CEA
Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives
et coprésidente du groupe 1 du Giec
Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat
jusqu’en 2023, décrit « la censure sur les thématiques liées aux inégalités, la santé, la protection des milieux naturels, le changement climatique, la justice environnementale. »
« L’initiative Stand up for science ne vient pas des institutions, elle vient des jeunes scientifiques américains qui ont tout à perdre », et dont elle salue leur courage.
Une forte inquiétude chez les chercheurs
« Nos collègues américains et les institutions scientifiques font face à un traitement brutal, de l’intimidation, des coupes budgétaires, des licenciements et la menace, par exemple pour les dirigeants d’organismes, d’être jetés en pâture à l’opinion publique sur les réseaux sociaux. Cela conduit à paralyser, à faire profil bas, à de l’autocensure », dit Valérie Masson-Delmotte.
« J’ai été frappée de voir que certains de mes collègues n’osent pas me répondre sur le fond. Ils ont peur et ne veulent pas prendre de risque », déclare Dominique Costagliola.
« Certains ont accepté de témoigner, mais à condition que les universités où ils travaillent ne soient pas citées, par peur des représailles », indique Claire Mathieu.
Des répercussions au-delà du monde de la recherche, aux États-Unis et dans le monde
« La recherche en santé et la santé publique sont directement attaquées, aussi bien aux États-Unis que dans d’autres parties du monde », fait savoir Dominique Costagliola.
L’aide internationale est aussi touchée. Dominique Costagliola décrit :
« Pepfar, le programme assurant la prise en charge d’environ 20 millions de patients atteints du VIH Virus de l’immunodéficience humaine dans le monde est suspendu. Il fournit des antirétroviraux, des mesures de prévention mère-enfant. Sur leur site, un décompte en temps réel de l’impact de cette suspension affiche déjà 18 000 décès chez les adultes et 2 000 chez les enfants depuis le 24/01.
La suspension est censée durer 90 jours, pour voir si l’argent est bien dépensé. Dans certains pays, l’intégralité de la prise en charge du VIH repose sur ce programme. »
Valérie Masson-Delmotte mentionne « du côté de l’USA United States of America ID l’interruption du service d’alerte précoce pour les sécheresses en Afrique, financé par l’USAID mais aussi avec les moyens de la NOAA National oceanic and atmospheric administration et de la Nasa National Aeronautics and Space Administration , ainsi que l’interruption du réseau de surveillance de la qualité de l’air mis en place dans les ambassades et consulats américains, qui a joué un rôle important dans la prise en compte de la pollution atmosphérique en Chine, et souvent dans des pays qui ne disposent pas de tels réseaux de mesure. »
« Cela endommage en fait la production et la mise à disposition d’informations sur la pollution atmosphérique importante pour la santé », indique-t-elle.
« Les États-Unis arrêtent leur partenariat pour la sortie du charbon avec l’Afrique du Sud ou l’Indonésie. Ils arrêtent le financement du Fonds vert pour l’aide à l’adaptation dans les pays vulnérables. En plus des effets directs sur la santé, ça ne va faire qu’exacerber les inégalités d’exposition et vulnérabilités face au changement climatique. »
« On parle souvent de compétition scientifique, mais en réalité, nos travaux se construisent les uns sur les autres. La recherche américaine est un pilier pour la recherche mondiale » souligne Claire Mathieu.
Valérie Masson-Delmotte va dans le même sens : « Nous travaillons en coopération sur les sujets météo, climat, biodiversité et écosystèmes. Nous avons besoin de cette coopération scientifique. »
« Le fait d’attaquer les connaissances scientifiques, de véhiculer de la désinformation, c’est de l’obscurantisme qui atteint le plus haut niveau politique américain », déclare Valérie Masson-Delmotte. « La liberté académique est, avec l’esprit critique, un fondement des droits humains et de la démocratie, pour pouvoir délibérer sur la base de faits, et pas d’idéologies ou de croyances. Cela relève du sabotage au détriment de la société américaine. »
« L’organisation de la science, c’est délicat, c’est fragile, lent à construire et facile à détruire. C’est l’héritage des Lumières qui est en jeu », poursuit-elle. « Le vice président américain JD Vance en 2021 devant le congrès du national conservatisme, s’est exprimé très clairement : “l’Université est l’ennemi, le professeur est l’ennemi.“ »
Les projets scientifiques censurés
« Certains mots sont interdits, notamment “femme“. Il est interdit de mener des recherches sur les différences de santé entre hommes et femmes, alors que ces différences sont bien réelles », fait savoir Dominique Costagliola.
« Une revue des projets déjà financés est en cours pour arrêter le financement de ceux qui n’entrent pas dans les nouvelles priorités. Lorsque ces thématiques d’inclusivité ou d’égalité sont centrales, le financement s’arrête. Les projets qui peuvent survivre sans traiter la thématique DEI (diversité, égalité, inclusion), ont dû renégocier leurs financements et les voir diminuer. »
Elle rapporte que « le Doge [département de l’efficacité gouvernementale] s’est même vanté d’avoir arrêté des études prétendument “transgenres“ sur des souris et des rats, alors que les recherches concernées n’avaient rien à voir avec cette question. »
« Un collègue a vu son contrat gelé simplement parce qu’il aurait utilisé un mot interdit dans le résumé de son projet », décrit Claire Mathieu. Pourtant, « il travaille sur les algorithmes, un domaine qui n’a absolument rien à voir avec les sujets ciblés par le gouvernement ».
« Sur des sites Internet publics, les informations liées au changement climatique ont été éliminées de sites de départements d’État pour l’agriculture, l’énergie, le transport et de l’Agence de protection de l’environnement », décrit Valérie Masson Delmotte.
Certains scientifiques se mobilisent, comme l’indique Dominique Costagliola : « Au CDC, certains scientifiques ont pris l’initiative de récupérer des informations supprimées et de les rendre disponibles sur des sites non officiels. »
Une forte diminution des budgets
« Les financements pour les jeunes chercheurs, prévus pour 3 à 5 ans afin de développer leurs projets de recherche, ont été arrêtés du jour au lendemain, sans raison donnée », indique Dominique Costagliola.
« Les commissions d’évaluation ne se réunissent plus. Il est impossible de savoir si et quand les projets seront examinés, ce qui entraîne un gel du financement et une incertitude totale. »
« Les coûts indirects sont maintenant limités à 15 %. Or, le financement de la recherche ne couvre pas seulement le travail scientifique : il inclut aussi les bureaux, les infrastructures, l’électricité, les animaleries… Cette mesure est illégale, car elle devrait relever d’une décision du Congrès. Pourtant, aucune clarté n’existe sur le cadre juridique, et certaines universités, les plus fragiles, ont déjà annulé des recrutements. »
« Il est interdit de collaborer avec l’OMS Organisation mondiale de la santé , y compris d’utiliser des fonds déjà reçus de cette organisation pour mener des recherches », fait-elle savoir.
Claire Mathieu rapporte que « les disciplines comme l’informatique, les mathématiques et l’économie ne sont pas directement attaquées, mais elles sont tout de même touchées, en tant que victimes collatérales, depuis l’investiture de Trump. Nous ne sommes pas protégés. »
« Cet automne, je devais effectuer un séjour scientifique aux États-Unis. Ce projet a été remis en question en raison des mesures prises par Trump contre les coûts indirects des NIH. Ces coupes perturbent l’ensemble du financement de la recherche de l’université, entraînant la suspension de toutes les dépenses non essentielles jusqu’à nouvel ordre. En fonction du résultat des actions judiciaires pour bloquer ces mesures, il est possible que ce déplacement soit annulé. »
« Les candidatures des étudiants en doctorat ont été examinées, les entretiens ont eu lieu, et les comités de sélection étaient prêts à envoyer leurs propositions. Pourtant, tout est désormais suspendu en raison du manque de visibilité budgétaire. La gouvernance de cette université envisage une année blanche, c’est-à-dire l’absence totale de recrutement de doctorants dans tous les domaines. »
« Il y a une menace de coupe d’environ 65 % du budget de l’Agence de protection de l’environnement », fait savoir Valérie Masson-Delmotte.
« Les cartes de crédit des scientifiques américains, celles qui permettent d’éviter de passer par des marchés publics pour des achats courants ont été plafonnés à 1 $. »
Des mesures moins directement ciblées sur les laboratoires, comme les droits de douane envers le Canada, le Mexique ou la Chine, ont des répercussions, car ces pays sont de gros fournisseurs de matériel scientifique et médical.
Des débuts de carrière empêchés
Valérie Masson-Delmotte déclare aussi qu’à la NSF National Science Foundation , « ce qui a été également arrêté, ce sont des stages organisés tous les étés pour des jeunes scientifiques, notamment de communautés sous-représentées dans la science, pour leur permettre de découvrir ce qu’est la recherche fondamentale et créer des vocations. C’est une atteinte au droit à participer à la science. La science, elle a pour mission d’être inclusive. »
Dominique Costagliola se demande : « Que se passera-t-il sans budget, sans embauche de jeunes chercheurs ? Il y a une volonté claire de décourager les gens à s’engager et de nier les évidences, notamment en interdisant toute recherche sur la santé des femmes. »
De nombreux licenciements et une pression sur les personnels
« Aux CDC Center for Disease Control and Prevention (Centers for Disease Control and Prevention), 10 % des effectifs ont été licenciés, notamment dans l'« intelligence service «, qui enquête sur les alertes alimentaires et infectieuses », rapporte Dominique Costagliola. « Trois semaines plus tard, certains ont été rappelés, mais sans avoir été payés sur cette période. Les chercheurs des CDC ne peuvent plus communiquer publiquement ni publier de données de surveillance. Cela est particulièrement inquiétant en ce qui concerne la grippe aviaire. »
« Les employés fédéraux reçoivent des e-mails leur demandant de démissionner et de justifier leur travail, en citant cinq choses qu’ils ont faites dans la semaine. »
Claire Mathieu relate le cas de « Tracy Kimbrel, la responsable d’un programme de financement sur les fondements algorithmiques au NSF, qui occupait son poste depuis 15 ans, a été licenciée brutalement. »
Valérie Masson-Delmotte indique que la NOAA a déjà connu 800 licenciements et que « des menaces sur les baux des locaux qui hébergent des centres de calcul » ont été formulées.
Elle revient sur d’autres institutions : « À la Fish and Wildlife Service, c’est 400 personnes licenciées, environ 5 % des effectifs, ce qui touche la capacité à assurer le suivi de terrain de ces espèces menacées. Les Rangers des parcs nationaux ont subi 750 à 1000 licenciements. »
Elle partage plusieurs exemples de scientifiques licenciés brutalement, ne sachant pas s’ils peuvent se rendre aux conférences scientifiques où ils étaient attendus et s’ils peuvent terminer la publication de travaux en cours.
L’impact sur la recherche sur le climat et l’environnement
« Si on regarde les publications scientifiques dans le monde avec le mot-clé changement climatique, la contribution de signataires basés aux États-Unis, c’est environ 23 %. Ce leadership scientifique américain est aux antipodes des choix de l’administration Trump. »
« La diplomatie scientifique est touchée directement à travers le Giec. Katherine Calvin, chief scientist de la NASA, coprésidente du groupe trois du GIEC, a été interdite de déplacement à la dernière session plénière où a eu lieu l’approbation du rapport qu’elle doit superviser.
Son équipe d’appui a été démantelée. Le gouvernement a fait la politique de la chaise vide pour la première fois, dans un contexte de difficulté de définition du calendrier de rendu des rapports du septième cycle du Giec pour le deuxième bilan mondial de l’accord de Paris. Tout retard au démarrage fragilisera la capacité à rendre ce rapport à temps. »
« Le Conseil pour l’adaptation au changement climatique auprès du ministère de l’Intérieur a été détruit.
La préparation du rapport américain National Nature Assessment pour l’état de la nature, les tendances et les projections sur les écosystèmes terrestres et aquatiques, a été arrêté. Les scientifiques souhaitent le faire, mais sans soutien fédéral. »
Faire passer l’économie américaine avant tout
« L’administration Trump construit une obstruction aux technologies propres et l’efficacité énergétique pour produire et exporter le plus d’énergies fossiles possibles », indique Valérie Masson-Delmotte. « Cette brutalité cache une immense lâcheté, le pays qui a historiquement le plus contribué au réchauffement laisse tomber les plus vulnérables. »
Concernant la volonté du gouvernement américain de privatiser certains services scientifiques, notamment de prévisions météorologiques, elle souligne que « toutes les entreprises commerciales de prévisions météorologiques dépendent en réalité de la qualité de l’information issue du service public de la recherche » et ne peuvent assurer le suivi mis en place par la NOAA.
En France
« En France, nous voyons déjà une diminution des crédits de recherche et de l’aide internationale, ainsi qu’une montée des attaques sous prétexte de « wokisme «. Nous ne sommes pas si loin de voir ces phénomènes arriver ici aussi, il faut une solidarité internationale autour de ces enjeux. La science et la recherche de la vérité sont déterminantes pour notre espèce. Il ne faut pas se laisser vaincre », conclut l’épidémiologiste, Dominique Costagliola.
« Nous assistons déjà en France à un délitement des crédits, à une diminution progressive des recrutements, » constate Claire Mathieu. « Nous n’avons pas encore atteint le même degré de censure absurde, mais nous voyons apparaître des signaux inquiétants, comme le mur dressé devant l’Inrae Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement en décembre. Nous ne sommes pas dans la même situation, ce n’est pas comparable, mais les germes sont là et demandent de la vigilance. »
« Ce qui justifie ma présence aujourd’hui, c’est l’horreur de ce qu’il se passe aux États-Unis. Il est insupportable de ne rien dire. Au-delà du simple témoignage, c’est pour essayer de comprendre comment on en est arrivé là, comment nous pouvons aider nos collègues aux USA et comment nous pouvons faire pour qu’une attaque similaire ne puisse pas arriver en France. »
Valérie Masson-Delmotte interroge : « Quand en France on mure l’entrée de l’Ofb, de l’Anses Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail ou de l’Inrae, quand on attaque l’Ademe Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie , qu’est-ce qu’on veut dire ? On veut intimider, on ne veut pas voir, entendre ou pas laisser parler. »
« Nous n’en sommes pas au même niveau d’attaques sur la science, mais je pense qu’il faut être collectivement extrêmement vigilants et interpeller les décideurs politiques par rapport à la science comme bien commun, par rapport à l’importance de s’appuyer sur des connaissances scientifiques pour la santé, les inégalités sociales, la protection de l’environnement. »
« En France, en 2024, les énergies fossiles, c’est 57 % de l’énergie que nous consommons depuis 2022. Les États-Unis sont devenus le premier fournisseur de gaz et de pétrole de la France. On est passé de Poutine à Trump, de Charybde en Scylla. Nous finançons ces attaques sur la science. »
Stand up for science en France
Les 06 et 07/03, de nombreux organismes et institutions ont exprimé leur soutien au mouvement Stand up for science, parmi lesquels le CNRS, l’Inrae, l’Ined Institut national d’études démographiques , l’IRD Institut de recherche pour le développement , l’EHESS École des hautes études en sciences sociales , Udice Association réunissant les universités labellisées Idex , France Universités, l’Université Côte d’Azur, l’Université de Lorraine, Nantes Université, Universcience (qui regroupe la Cité des sciences et de l’industrie et le Palais de la découverte) ou encore le SNCS-FSU Fédération syndicale unitaire .
À Paris, la conférence de presse des cinq scientifiques a été suivie d’une manifestation à laquelle ont participé plusieurs responsables universitaires dont les présidents et présidentes des universités Paris Cité, Sorbonne Université et Paris-Saclay.
La recherche scientifique, un enjeu démocratique
« Nous devons nous attendre à défendre les institutions, mais ne nous attendons pas à ce qu’elles nous défendent », déclare Patrick Boucheron. Pour lui, les mesures contre la recherche attaquent également la démocratie, qui « n’est pas seulement un suffrage, mais une tâche à accomplir, fondée sur des présupposés qui ont à voir avec la vérité, elle-même détenue par la science. »
Patrick Boucheron souligne que « nous ne défendons pas seulement l’emploi scientifique. Cela arrive souvent que des gens soient licenciés, et ce n’est pas non plus qu’une question budgétaire. C’est avant tout un enjeu démocratique. Comment faire comprendre que la science est un bien commun et que, lorsqu’on attaque la science, c’est l’ensemble de la société qui est attaquée ? »
« Nous devons comprendre que l’État de droit ne tient que si nous y tenons et si nous remplissons nos fonctions. Si nous n’en prenons pas soin, il s’effondre très vite. Face à cette situation, il existe une forme de sidération, qui traduit une incapacité politique à saisir le moment dans lequel nous sommes. »
« Nous devons renforcer la solidarité entre les sciences expérimentales et les sciences sociales, qui ont été les premières cibles. Les sciences de la nature et l’informatique sont les victimes collatérales d’une attaque massive menée depuis plusieurs années à l’échelle mondiale, y compris en France, où le trumpisme a des représentants déterminés. »
« Cette solidarité doit fonctionner dans les deux sens, car nous aurons besoin de toutes les disciplines pour comprendre pourquoi ce que nous avons à dire est nécessaire, mais aussi pourquoi il n’est pas évident que cela soit entendu. »
« Les mesures prises ne sont pas légales », souligne Dominique Costagliola, « mais personne ne sait jusqu’où cela ira. Nous sommes face à un coup d’État politique contre la science, et les protections juridiques risquent de ne pas tenir face à des gouvernements qui ne respectent plus l’État de droit. »
Selon Valérie Masson-Delmotte, « ce que nous voyons aujourd’hui, c’est la destruction de ce qui a été construit patiemment et de manière bipartisane : la protection des parcs nationaux, le GIEC… Il faut rappeler que les Républicains eux-mêmes ont joué un rôle important dans ces avancées. »
Avant Trump, les attaques de Milei en Argentine contre l’université
« On peut trouver un précédent en Argentine », considère Patrick Boucheron. « Il y a eu un laboratoire brésilien puis argentin de la destruction systématique du régime de vérité. »
« Milei a été un pionnier dans la mise en place de politiques de destruction de la science, et pas seulement de la science », déclare José Eduardo Wesfreid. « Son programme repose sur une réduction drastique des dépenses publiques et une suppression des subventions. »
« L’Argentine compte environ 2 millions d’étudiants. Le budget des universités a été réduit de 25 %, officiellement justifié par des accusations de corruption et de mauvaise utilisation des fonds, en attendant un audit complet de toute l’activité, tous les frais et toutes les dépenses de l’université. Le niveau des salaires des enseignants universitaires a baissé de 33 % du salaire des enseignants depuis l’ascension de Milei. »
« Un million de manifestants sont sortis à la rue pour protester contre cette diminution et cette coupe de budget universitaire », indique le physicien.
Il décrit « des financements qui sont bloqués depuis deux ans, et seulement 2 % du budget scientifique prévu est effectivement exécuté. Cela inclut même les crédits étrangers destinés à la recherche. »
« Le budget de la science est passé de 0,3 % du PIB Produit intérieur brut à 0,15 %. 53 m$ de la Banque internationale de développement, destinés à la recherche, sont actuellement bloqués. »
« Les sciences humaines et sociales, qui représentent environ 25 % des universités, sont particulièrement touchées », indique-t-il, et il souligne également « la collaboration scientifique entre la France et l’Argentine reste forte, avec plus de 300 programmes ».

Valérie Masson-Delmotte
Vice-présidente @ Comité Éthique en commun Inrae-Cirad-Ifremer-IRD
Membre @ Académie des technologies
Directrice de recherche @ Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA)
• Médaille d’argent du CNRS (2019)
• Grand prix Etienne Roth de l’Académie des sciences avec Françoise Vimeux (2002).
• Prix Louis D. de l’Institut de France (obtenu de façon collective avec le thème climat du LSCE, 2004).
• Prix Descartes de la Commission Européenne pour la recherche collaborative transnationale (Epica, 2008).
• Prix d’excellence scientifique de l’UVSQ (2011).
• Prix Irène Joliot-Curie de 2013 dans la catégorie « femme scientifique de l’année ».
• Associée au Prix Nobel de la Paix remis à Al Gore et au Giec en 2007.
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Parcours
Vice-présidente
Directrice de recherche
Coprésidente du groupe de travail n° 1
Responsable de l’équipe Glaccios
Chargée de recherche
Établissement & diplôme
Habilitation à diriger les recherches
Thèse de doctorat en physique des fluides et des transferts
DEA et Diplôme d’ingénieur, spécialité en physique des fluides et des transferts, mention bien
Ingénieur (énergétique)
Fiche n° 13620, créée le 08/10/2015 à 14:17 - MàJ le 07/03/2025 à 18:52
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