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ENS de Lyon : un groupe de travail « pour réfléchir à la remise à plat du diplôme » (Emmanuel Trizac)

News Tank Éducation & Recherche - Paris - Actualité n°307576 - Publié le 28/11/2023 à 10:57
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©  ENS Lyon
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« Le diplôme fonctionne aujourd’hui sur une jurisprudence un peu rigide, et nous devons retravailler certains aspects. Il a été acté dans le cadre des instances que nous allions mettre en place un groupe de travail impliquant les départements disciplinaires, mais aussi les élus étudiants, qui va réfléchir à la remise à plat du diplôme », déclare Emmanuel Trizac Président @ École normale supérieure de Lyon (ENS de Lyon) • Professeur des universités @ Université Paris-Saclay (EPE)
, président de l’ENS École normale supérieure de Lyon, à News Tank, le 23/11/2023.

Dans un communiqué du 09/11/2023, les élus étudiants de l'école pointent des « dysfonctionnements inquiétants et persistants » concernant les scolarités, et plus particulièrement le plan d'études que doivent faire valider les étudiants chaque année.

« Des personnes subissent de vives pressions de la part de l’administration pour modifier leur plan d'études. Ces pressions portent souvent sur une conception élitiste de ce que doit être la scolarité normalienne : incitation à passer l’agrégation plutôt que le Capes Certificat d’aptitude au professorat de l’enseignement du second degré , à effectuer une année qui apparaît comme plus prestigieuse qu’une autre, ou imposer aux étudiants des parcours comprenant une année de césure utilisée pour réaliser une partie de leur scolarité normalienne », écrivent-ils.

Emmanuel Trizac le reconnaît : « Certaines dispositions ne sont pas forcément au bénéfice de l’étudiant : par exemple sur le sujet de la césure, il existe aujourd’hui une césure de nécessité, utilisée pas un étudiant pour préparer le concours de l’agrégation ou valider des éléments manquants à sa formation. Or, ce n’est pas l’objectif d’une césure. »

Il souhaite ainsi que soit introduite plus de souplesse au diplôme. « Aujourd’hui, il est préparé en quatre ans, mais si on autorise de l’élasticité dans la durée de validation du diplôme, cela ira dans le sens des attentes de tout le monde. »


« Aujourd’hui aucun plan d’études n’est refusé » (Emmanuelle Boulineau)

« L’accompagnement des étudiants lors de la campagne de plan d'études 2023 - 2024 a été l’occasion pour nous, comme chaque année, de nous confronter à un nombre important de situations problématiques, dont la régularité comme la nature mettent à jour des dysfonctionnements importants dans le système des études », écrivent les élus étudiants dans leur communiqué.

Ils pointent notamment une « gestion verticale des plans d'études », du fait de la validation par la vice-présidente aux études. « Les refus par la VPE de certains plans d'études ne s’appuient souvent sur aucune règle existante autre que sa conception propre des parcours appropriés à une scolarité normalienne. »

Emmanuelle Boulineau, VP aux études revient sur le fonctionnement du dispositif. « Chaque année, avant l’été, nous demandons aux étudiants leur programme de formation pour l’année suivante, s’ils comptent passer des concours, s’ils ont besoin d’un accompagnement pour un projet de formation. Ce projet doit aussi permettre aux étudiants de se projeter progressivement dans un projet professionnel. C’est pour cela que leur tuteur les accompagne durant leur scolarité pour faire murir ce projet. »

« Ce projet est ensuite discuté avec l’équipe pédagogique, et quand tout va bien — ce qui est la très grande majorité des cas — je le signe au titre de la délégation du président. Quand il y a un plan d’études qui ne remplit pas toutes les exigences, on revient vers l’équipe pédagogique pour qu’une discussion s’instaure avec l’étudiant, et qu’il puisse le réajuster. Aujourd’hui aucun plan d’études n’est refusé. »

Emmanuel Trizac ajoute : « Nous sommes à 1 600 plans d’études par an, et ceux qui demandent des ajustements sont peu nombreux. Il y a des plans parfois originaux — ce qui n’est pas un problème au contraire, l’esprit de la recherche c’est aussi de soutenir les idées un peu folles — mais il s’agit toujours de vérifier que c’est conforme à l’intérêt de l’étudiant. Nous sommes contents de voir les étudiants après le diplôme partir dans des secteurs variés. »

L’enjeu de la santé mentale des étudiants

Alors que les élus étudiants estiment que la « campagne de plan d'études est liée à un stress intense, dû notamment à la pression qui est mise sur le choix des parcours », Emmanuel Trizac rappelle qu’il a décidé de faire de la santé mentale des étudiants un axe prioritaire de son mandat.

« On sait que ce sont des études difficiles, et il faut qu’on sache accompagner cela. Nous avons pu recruter une médecin qui travaille directement avec les étudiants, sur un volet d’écoute et de prévention. Et il faut désormais qu’on puisse assurer un volet soin, ce qui n’est pas possible pour le moment, mais notre médecin a pris des contacts à l’ARS Agence régionale de santé et nous y travaillons. Et plus globalement, cela se place dans l’enjeu d’une meilleure qualité de vie au travail et qualité de vie des études », dit-il.

Le diplôme de l’ENS à l’heure du bilan

Pour Emmanuel Trizac comme pour les élus étudiants, ce sujet est à replacer dans le contexte plus global de la scolarité qui se décline autour de plusieurs objectifs :

  • « La formation par la recherche qui est un mode d’enseignement : toutes les personnes qui interviennent à l’ENS sont des chercheurs, des docteurs, et la proximité avec les laboratoires de recherche est constante ;
  • la transmission des savoirs : nos élèves apprennent à s’adapter à leur public pour être les passeurs entre la recherche et la pratique, et sauront le faire après l’école, que ce soit par l’enseignement et la recherche, mais aussi dans l’entreprise ;
  • l’exposition à l’international, qui implique un volet mobilité, et une mobilité entrante importante, que ce soit les doctorants ou les étudiants — l’école compte 80 nationalités ;
  • la dimension pluridisciplinaire :
  • l’attention portée à la singularité et à l’accompagnement des parcours, quels qu’ils soient, y compris pour les diplômés qui ne se dirigent pas vers les carrières académiques. »

« Ces grands objectifs ont été mis en musique par notre diplôme, ils font partie des attendus. Et le plan d’études est le garant de cette exigence, il permet de construire les parcours, entre l’étudiant d’un côté, et de l’autre un tuteur avec qui il a des relations étroites, mais aussi l’équipe pédagogique du département et la VPE qui est une enseignante-chercheuse », ajoute-t-il.

Il ajoute que le diplôme, créé en 2017, est relativement récent à l'échelle de l’ENS : « Nous sommes donc à l’heure du bilan. Nous devons regarder ce qui marche bien ou moins bien. »

« Il est important de souligner que le diplôme de l’ENS accompagne aussi notre ouverture vers l’extérieur notamment pour l’accueil des étudiants non issus de la voie fonctionnaire stagiaire. C’est pour cela qu’il est important, car il permet de traiter de la même façon l’effectif étudiant et l’effectif élève. Et à tout point de vue, l’ouverture de l’école à ces étudiants est une réussite », déclare Emmanuel Trizac.

Il indique d’ailleurs avoir demandé aux élus étudiants un rapport sur le sujet de l’ouverture sociale, « et je suis sûr qu’ils le feront sérieusement ».

« Nous entendons l’urgence exprimée par les élus étudiants » (Emmanuel Trizac)

Pour les élus étudiants, « l’ENS de Lyon est à un tournant. Avec l’arrivée tant attendue d’une nouvelle présidence, les prochains mois seront décisifs : prendre les bons virages ou retomber dans les impasses que nous n’avons que trop explorées. Nous avons longuement échangé avec le nouveau président. Nous sommes reconnaissants de son écoute, et nous attendons à présent de sa part des engagements concrets sur la refonte des scolarités. »

Une impatience que comprend le président de l’ENS. « Depuis mon arrivée à la tête de l’ENS, j’ai pris le temps de beaucoup échanger avec les étudiants, ce qui peut paradoxalement augmenter le sentiment d’impatience face à des évolutions qui relèvent d’un changement de culture et qui donc prennent du temps. »

Le groupe de travail qui doit réfléchir à l'évolution du diplôme sera lancé avant fin 2023.

« Nous attendions les élections étudiantes, mais celles-ci ont dû être décalées à janvier, car au scrutin de novembre, aucune liste ne s’était présentée. Nous entendons l’urgence exprimée par le communiqué des élus étudiants. Donc si on veut que les ajustements soient mis en place à la rentrée 2024, il faudra que le GT Groupe de travail travaille assez rapidement et efficacement, et que tout converge en mai avec la validation des instances. »

« Ensuite, ce sera le rôle du conseil de perfectionnement d’assurer le suivi de ces évolutions, et plus globalement de la scolarité et du diplôme, toujours en associant au mieux les étudiants. »

Il rappelle aussi l’importance des instances de gouvernance : « Il ne peut y avoir de conduite du changement sans un conseil d’administration conforté dans son rôle politique. »

École normale supérieure de Lyon (ENS de Lyon)

Catégorie : Établissements publics


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Fiche n° 1899, créée le 05/05/2014 à 12:22 - MàJ le 15/05/2014 à 12:23