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Adiut : inquiétudes sur les moyens pour mettre en œuvre le BUT3 et la baisse des NPEC (M. Martin)

News Tank Éducation & Recherche - Paris - Actualité n°291993 - Publié le 15/06/2023 à 16:22
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©  Adiut
©  Adiut

« La généralisation de la troisième année du BUT Bachelor universitaire de technologie arrive, avec un élément attendu : les étudiants qui se sont inscrits en IUT Institut universitaire de technologie en 2021 pour obtenir un BUT veulent aller au bout, et ne cherchent pas à utiliser les passerelles sortantes. C’est évidemment un signe de succès de la réforme, mais aussi une source de grande tension », déclare Martial Martin Président @ Assemblée des Directeurs d’IUT (ADIUT) • Directeur de l’IUT de Troyes @ Université de Reims Champagne-Ardenne (Urca) • Maître de conférences en sciences de l’information et de la… , président de l’Adiut Assemblée des directeurs d’IUT , à News Tank le 13/06/2023.

Lancée à la rentrée 2021, la réforme du BUT va entrer dans sa troisième année. « Cela représente une hausse des effectifs de 25 % environ, qui est plus ou moins absorbable selon les IUT sur un plan RH Ressources humaines et batimentaire. » Selon lui, une quarantaine d’IUT sont en difficulté. Sylvie Retailleau
avait annoncé en décembre 2022 un soutien du MESR Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche .

« Nous sommes en juin et le MESR n’a toujours pas envoyé de notification aux universités concernées. Cela va mettre en difficulté des IUT à la rentrée, notamment leurs personnels qui sont déjà très largement sous pression. »

Autre source d’inquiétude : la baisse des NPEC Niveaux de prise en charge des contrats d’apprentissage des contrats d’apprentissage, prévue par France Compétences. « C’est de nature à précariser le modèle économique des IUT. Nous avions accepté que notre dotation reste constante, malgré la réforme, parce que nous avions la capacité à aller chercher des ressources supplémentaires, notamment via l’alternance. Or, si ces revenus baissent, l’État va-t-il compenser en augmentant la SCSP Subvention pour charges de service public  ? J’en appelle à la responsabilité des décideurs publics et à de la cohérence. »

Martial Martin fait un point sur la mobilisation des Esas Enseignants du second degré affectés dans le supérieur , nombreux dans les IUT, qui afin d’être intégrés au Ripec Régime indemnitaire des personnels enseignants et chercheurs , menacent d’abandonner leurs tâches administratives à la rentrée. Une position soutenue par l’Adiut, même si elle redoute les effets pour la rentrée. « La solution est du côté du MESR », dit-il.


Mise en œuvre de la réforme du BUT : « Nous avons bien fait notre travail »

« Nous arrivons au moment de faire un état des lieux de la réforme du BUT, et d’abord de ce qui a bien été mis en place », indique Martial Martin. Il pointe que le Mesri Ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation , à l’époque où Frédérique Vidal Conseillère spéciale du président @ European Foundation for Management Development (EFMD)
était ministre, « a mis une pression folle sur les IUT pour faire la réforme en un temps record, sans possibilité de gradation des efforts par exemple pour l’accueil de 50 % de bacheliers technologiques ».

« Force est de constater aujourd’hui que nous avons bien fait notre travail. Nous faisons réussir nos étudiants à peu près au niveau de ce qu’on faisait en DUT Diplôme universitaire de technologie , alors même que cette génération de bacheliers a été fragilisée par le Covid. La base est bonne, même si nous voulons aller au-delà et être plus efficace.

Ce qui fonctionne aussi, c’est la mise en œuvre de passerelles, sortantes et entrantes notamment à destination de certains BTS Brevet de technicien supérieur proches de spécialités de BUT. Tout cela a été fait, dans un contexte de refonte pédagogique complète, et il faut saluer le travail énorme des équipes. »

L’accompagnement des IUT plus fragiles : « Cela pouvait être anticipé »

« Désormais, nous sommes à un croisement », ajoute-t-il concernant la mise en place du BUT3 et notamment la hausse des effectifs en IUT pour la prochaine rentrée.

« J’avais alerté la Dgesip Direction générale de l’enseignement supérieur et de l’insertion professionnelle sur cet aspect qui pouvait être anticipé, car les capacités d’accueil en première année de BUT sont restées stables. Fin décembre 2022, Sylvie Retailleau nous avait annoncé un soutien du MESR au déploiement du BUT3 dans les territoires où cela pouvait être problématique, du fait de sous-dotations historiques ou de difficultés à développer des ressources propres, par exemple dans les outre-mer.

Dès lors, la Dgesip s’est emparée du sujet et a travaillé sur des critères d’allocation des moyens notamment RH, mais leur première proposition a été refusée par la ministre. Elle a retravaillé cela avec l’Adiut pour en trouver de nouveaux plus justes. Mais depuis silence radio. »

Une aide entre 13 et 15 M€, « pas démesuré au regarde de certains AAP Appel à projets  »

Pour lui, « cela fait d’autant plus désordre qu’il y a un discours politique visant la réindustrialisation de la France, et pour lequel on met en place des outils notamment de financement sur projet. Et de l’autre côté, on peine à refinancer un outil présent sur tout le territoire, les IUT, qui a largement fait ses preuves, notamment à la fin des années 1960 quand il a fallu réindustrialiser la France. Je déplore que les actes ne soient pas à la hauteur des promesses faites à notre réseau ».

Cette aide du MESR devait concerner près de 40 IUT pour un montant de 13 à 15 M€, indique-t-il. « Cela ne semble pas un effort démesuré au regard des 700 M€ du second volet de l’AMI Appel à manifestation d’intérêt CMA Compétences et métiers d’avenir  ! »

« La question n’est pas de savoir si nous répondons à CMA ou pas, nous savons le faire. Mais il semblerait juste et nécessaire de refinancer l’outil de formation que sont les IUT, et donc d’orienter de la masse salariale sur le financement des universités pour accueillir des jeunes qui accompagneront le développement de l’industrie et des services. »

« Il faut maintenir le “quoi qu’il en coûte“ sur la formation des jeunes en apprentissage car on voit à quel point c’est nécessaire pour les entreprises et les jeunes pour qui c’est une solution pour réaliser leurs études. Il s’agit d’un vrai investissement dans les capacités de notre pays. »

Présidents d’université : un soutien majoritaire mais quelques cas problématiques

À la question de savoir si les présidents d’université soutiennent les IUT, Martial Martin répond : « France Universités est bien sûr dans la boucle, et ils sont en attente comme nous, d’un signe sur les moyens alloués pour déployer le BUT3. Les présidents d’université voient bien l’intérêt de déployer un premier cycle professionnalisant. Certains m’ont même sollicité directement pour travailler à des courriers dans le sens d’allocations supplémentaires. »

« Cependant, il y a quelques cas problématiques où des IUT doivent déployer la réforme avec des moyens humains en baisse, ce qui est une rupture d’engagement des présidents, et n’est pas acceptable. On voit bien que si le nombre de postes en IUT baisse alors que le nombre d’étudiants augmente d’un tiers, ce n’est pas tenable ! Il faut comprendre les risques psycho-sociaux que cela implique. C’est aussi une question de conditions de travail. J’en appelle à beaucoup de responsabilité de la part des présidents. »

Il appelle aussi les présidents à se saisir des nouveaux outils que sont les COMP pour mettre en avant les IUT, « d’autant que les moyens venant de la SCSP Subvention pour charges de service public ne sont pas forcément fléchés vers le BUT3 ».

Mobilisation des Esas : « L’exclusion du Ripec a créé une blessure »

« Dans l’annonce de la nécessaire revalorisation des enseignants-chercheurs, qui ne fait aucun doute, il y avait un message dissonant avec le fait d’en exclure les enseignants du supérieur issus du second degré », indique le président de l’Adiut, qui a lui-même été un enseignant du second degré (Prag Professeur agrégé ) avant d’obtenir un doctorat et de devenir maître de conférences.

« Cela a provoqué une vraie blessure, car nos collègues Esas sont pleinement investis dans les IUT, les charges pédagogiques, la gestion des départements, la direction même. Ils sont, au même titre que les E-C enseignant(s)-chercheur(s) , des enseignants d’IUT, et nous avons toujours travaillé avec un mutuel respect. La revalorisation des enseignants-chercheurs n’aurait pas dû passer par une dévalorisation des autres. »

Il ajoute que c’est un sujet que l’Adiut a évoqué avec les cabinets ministériels, en juin 2022. « En décembre, nous avons voté une motion de soutien aux Esas soulignant la nécessité de reconnaître leur investissement, notamment sur le volet 1 du Ripec. Rien n’a été fait depuis, et nous arrivons malheureusement aujourd’hui à un point de crispation fort, avec des collègues qui annoncent renoncer à des activités et se désengager à la prochaine rentrée. Il est regrettable qu’on en arrive là. »

« Sans engagements clairs et rapides du MESR, nous serons en difficulté pour poursuivre la réforme à la rentrée »

« Nous souhaiterions que le MESR prenne des mesures rapidement, sous la forme qu’il aura décidé mais avec des engagements clairs. Sans cela, nous serons en difficulté pour poursuivre la réforme à la rentrée. C’est un souci pour nous tous de voir que la situation n’a pas été prise suffisamment au sérieux, et cela va se répercuter sur les usagers. On ne peut pas mettre la pression sur les agents pour faire une réforme, et en même temps prendre son temps sur la gestion des problèmes qui les touchent ! ».

Il ajoute : « Ce n’est pas le problème seulement des IUT, mais de nombreuses composantes, et d’ailleurs avec d’autres réseaux, nous réfléchissons à une manière commune de manifester notre soutien. »

Pour lui, il risque d’y avoir des impacts à moyen terme. « Le MESR doit aussi se soucier de la capacité à recruter de nouveaux personnels à l’avenir. Ces collègues sont très estimés dans les IUT, ils sont complémentaires des E-C dans ce qu’ils apportent, tout comme les vacataires. Cette rupture d’égalité va questionner cette forme d’équilibre, et c’est dommage. Notre travail va consister à retisser du lien. »

« Ensuite la revalorisation peut passer par d’autres leviers, notamment pour répondre aux difficultés dans la gestion de carrière : est-ce que cela passe par un changement de corps ? Peut-être, mais il faut surtout prendre le sujet au sérieux et apporter des réponses. »

Martial Martin


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Parcours

Université de Reims Champagne-Ardenne (Urca)
Directeur de l’IUT de Troyes
Université de Reims Champagne-Ardenne (Urca)
Maître de conférences en sciences de l’information et de la communication
Université de Reims Champagne-Ardenne (Urca)
Directeur adjoint de l’IUT de Troyes
Université de Reims Champagne-Ardenne (Urca)
Chef de département MMI (métiers du multimédia et de l’Internet)

Établissement & diplôme

Université Paris 7 - Diderot
Doctorat en sémiologie du texte et du document
Université de Caen Normandie
Agrégation de lettres modernes

Fiche n° 43683, créée le 21/05/2021 à 11:16 - MàJ le 21/05/2021 à 11:31

Assemblée des Directeurs d’IUT (ADIUT)

Association réunissant les directeurs et directrices des 113 IUT.

Catégorie : Associations, réseaux


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Fiche n° 3798, créée le 08/01/2016 à 10:19 - MàJ le 23/01/2023 à 17:09

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