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Genci : acquisition d’un simulateur quantique de la start-up Pasqal dans le cadre d’un AAP européen

News Tank Éducation & Recherche - Paris - Actualité n°255683 - Publié le 20/06/2022 à 17:14
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De g. à d. Philippe Lavocat, Claire Giry, Bruno Bonnell et Georges-Olivier Reymond - ©  Genci

Le grand équipement national de calcul intensif Genci Grand équipement national de calcul intensif signe un partenariat avec la start-up française Pasqal pour l’acquisition d’un simulateur quantique d’une capacité de 100 qubits, annonce Genci le 15/06/2022 depuis son stand au salon Viva Technology du Parc des expositions de la Porte de Versailles à Paris.

Le 17/06, le SGPI Secrétariat général pour l’investissement Bruno Bonnell Secrétaire général pour l’investissement @ Secrétariat général pour l’investissement (SGPI)
et la DGRI Directeur/rice général(e) de la recherche et de l’innovation Claire Giry Présidente @ Agence nationale de la recherche (ANR)
se sont rendus sur le stand pour assister à la signature entre Philippe Lavocat PDG @ Genci (Genci)
, P-DG de Genci, et Georges-Olivier Reymond, directeur général de Pasqal.

Doté de 12 M€ sur quatre ans, le projet européen HPCQS High-Performance Computer and Quantum Simulator hybrid , dans le cadre duquel la machine de Pasqal a été sélectionnée, vise à créer une infrastructure de simulation hybride impliquant le HPC High Performance Computing, le calcul haute performance ou calcul intensif et le quantique à travers un prisme pan-européen. Le simulateur de Pasqal a été choisi pour s’installer en 2023 dans deux centres de calcul haute performance, au TGCC Très grand centre de calcul du CEA Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives à Bruyère-le-Châtel, où il sera couplé au Joliot-Curie, et à Jülich en Allemagne.

L’opération est co-financée par l’entreprise commune pour le calcul à haute performance EuroHPC et les États-membres participants, dont la France.

La solution conçue par Pasqal repose sur la technologie des atomes neutres. Il servira d’accélérateur quantique pour des travaux spécifiques dans les domaines de l’optimisation, de la chimie quantique (appliquée à des domaines comme les matériaux, la biologie ou la santé) et de l’apprentissage automatique.

« L’acquisition par la France, au travers de Genci, d’un calculateur quantique conçu par Pasqal marque une étape majeure pour l’avenir de la R&I Recherche et innovation . Aujourd’hui, la France s’engage à mettre à disposition de la recherche les outils de calcul quantique parmi les plus avancés au monde », déclare Bruno Bonnell.


HQI, l’initiative nationale pour « favoriser la recherche ouverte »

L’initiative française HQI (Hybrid Quantum Initiative) vise à structurer la mise en place nationale de machines de calcul hybride couplant plusieurs technologies quantiques et de HPC High Performance Computing, le calcul haute performance ou calcul intensif .

En France, elle associe donc des machines de calcul hybride au supercalculateur Joliot Curie de Genci Grand équipement national de calcul intensif au TGCC Très grand centre de calcul du CEA Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives , à travers un programme de recherche partenariale et un travail de dissémination des usages.

Cette initiative permet aux chercheurs académiques et industriels, français et européens, d’évaluer gratuitement, sur une infrastructure publique, le potentiel du calcul quantique pour leurs applications. Elle vise également à développer des collaborations internationales pour favoriser la recherche ouverte.

« HQI donne un cadre de premier plan pour la mise à disposition d’outils et de services issus des technologies quantiques, plus particulièrement dans le champ du calcul. Il a permis l’acquisition du simulateur quantique Fresnel de Pasqal dans le cadre de la stratégie quantique française et du projet européen HPCQS High-Performance Computer and Quantum Simulator hybrid  », déclare Philippe Lavocat, P-DG de Genci.

Pour Neil Abroug Responsable du programme quantique @ Institut national de recherche en informatique et en automatique (Inria)
, coordinateur de la stratégie quantique au SGPI Secrétariat général pour l’investissement , « l’Initiative HQI tient une place majeure dans son déploiement. Aujourd’hui, en faisant le pari de Pasqal, nous marquons une étape déterminante pour devenir l’un des premiers pays maîtrisant ces technologies ».

« Un partenariat qui s’organise avec les entreprises » (Harold Ollivier, Inria)

Pour Harold Ollivier, chercheur Inria en traitement de l’information quantique et responsable de QuantumTech, structure interne d’Inria dédiée à l’informatique quantique, « que ce soit dans la recherche ou dans les entreprises, tout le monde a besoin de gens formés aux technologies quantiques ».

« À Inria, notre rôle est aussi d’amener les étudiants à venir faire de la recherche. Dans l’initiative HQI, ce qui est important c’est d’avoir un partenariat qui s’organise avec les entreprises, car c’est un aspect qu’on avait pas dans le PEPR quantique [dont Inria est copilote avec le CNRS et le CEA], puisque les entreprises n’en font pas partie ou à un niveau très marginal.

Avec HQI, on peut financer des projets de recherche avec des entreprises, ce qui permet à des étudiants de niveau master qui ne savent pas encore s’ils veulent s’engager dans une carrière académique ou aller dans le privé, de faire une thèse Cifre Convention industrielle de formation par la recherche en entreprise en collaboration avec nous. Dans le domaine de l’informatique quantique, on peut dire que la France est au même niveau que les États-Unis s’agissant des allers-retours public-privé. Il n’y a pas de barrière et c’est très bénéfique pour les étudiants », indique-t-il.

Avec la machine de Pasqal qui intègrera la plateforme, « on va commencer à pouvoir découvrir quelques cas d’intérêt industriels, car il est important que les utilisateurs finaux aient quelque chose pour expérimenter ».

« Augmenter la taille des équipes avec des chercheurs permanents »

Interrogé par la DGRI Claire Giry sur les besoins de la recherche pour relever rapidement le défi de l’ordinateur quantique dans la compétition internationale, Harold Ollivier répond : 

« Nous avons la chance à Inria de pouvoir faire grossir nos équipes, ce qui n’est pas le cas partout et qui est pourtant absolument crucial. Une grande partie des moyens ajoutés au travers du plan quantique national permettent d’attirer des étudiants, de financer des post-docs, mais pas d’augmenter la taille des équipes avec des chercheurs permanents. Or, nous avons besoin de cette capacité contractuelle pour être attractif à l’international et aller chercher des expertises. »

Olivier Ezratti, ingénieur expert des technologies quantiques, auteur et consultant indépendant, ajoute que ces problématiques de recrutement concernent aussi les laboratoires du CNRS Centre national de la recherche scientifique travaillant sur ces questions, ainsi que le CEA List.

Pour les industriels, « important de benchmarker les différentes solutions quantiques » (Thales)

Frédéric Barbaresco, responsable du segment technologique clé “Traitement, contrôle et cognition” chez Thales qui entend utiliser les plateformes hybrides d’HQI, indique que ces dernières permettront à aux équipes techniques de l’entreprise de connaître les technologies des capteurs et télécommunications quantiques afin de comprendre l’intérêt de l’ordinateur quantique.

« Nous souhaiterions nous positionner à terme comme le premier utilisateur industriel des technologies quantiques en France, car il s’agit d’un sujet de souveraineté », déclare-t-il, ajoutant qu’il est « important pour les industriels de pouvoir “benchmarker” les différentes solutions d’algorithmes quantiques et, à terme, d’ordinateur quantique ».

« Nous nous appuyons sur le réseau international de Thales avec nos activités à l’Institut quantique de l’Université de Sherbrooke au Canada, mais aussi à Singapour où nous engageons des collaborations avec l’écosystème local, et en Angleterre. » 

Comment former les ingénieurs

« La question que se posent les industriels, c’est comment former les ingénieurs aux nouvelles technologies quantiques et avoir un coup d’avance en commençant déjà à constituer les équipes. C’est la raison pour laquelle nous avons mis en place une équipe spécifique au sein de “Thales Recherche & Technology” en contact avec les ingénieurs et les lignes business qui est chargée d’identifier des sujets d’intérêt.

Dans le cadre d’un programme de recherche commun avec Pasqal, nous avons par exemple identifié l’enjeu de faire passer à l’échelle les algorithmes actuels utilisés pour les constellations de satellites, qui ne sont aujourd’hui pas optimisés. Les technologies quantiques pourraient ici être une solution.

Au total, Thales a déjà identifié plus de 20 cas d’usage pour les technologies quantiques », indique Frédéric Barbaresco.

« Constituer un écosystème académique »

« Nous sommes par ailleurs à la recherche de candidats pour des thèses Cifre et essayons de constituer un écosystème académique autour de l’équipe-projet QuaCS (Quantum computation structures) impliquant CentraleSupélec, l’ENS Paris-Saclay, l’Université Paris-Saclay, Inria et le CNRS sur le plateau de Saclay.

Nous sommes aussi en rapprochement avec le nouvel Institut quantique de Sorbonne Université avec qui nous avions déjà des accords dans le domaine de l’IA », déclare-t-il.

Genci (Genci)

En charge de mettre à disposition des moyens de calcul performants, Genci a pour objectif de favoriser l’usage du calcul intensif au bénéfice des communautés scientifiques françaises.

Catégorie : Entreprises


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Fiche n° 6751, créée le 12/03/2018 à 03:29

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