ExclusifTSE grand établissement : « Ingérence du Mesri dans l’autonomie des universités » (H. Kenfack, UT1)
L’Université Toulouse 1 Capitole « demande au gouvernement de clarifier sa position concernant l’octroi éventuel du statut de grand établissement à la Toulouse School of Economics (TSE
Toulouse School of Economics
) », dans un communiqué transmis à News Tank le 25/02/2022.
Comme l’indiquait News Tank la semaine dernière, Hugues Kenfack
Président @ Université Toulouse Capitole (EPE) • Professeur d’université en droit privé @ Université Toulouse Capitole (EPE)
, président d’UT1
Université Toulouse 1 Capitole
, a été informé par la ministre de l’Esri
Enseignement supérieur, recherche et innovation
Frédérique Vidal
Conseillère spéciale du président @ European Foundation for Management Development (EFMD)
le 18/02 de la volonté du Gouvernement de conférer à la Toulouse School of Economics, composante de Toulouse 1 Capitole, le statut de grand établissement.
« J’ai appris cette décision, que je n’ai toujours pas reçue officiellement par écrit, via un appel de la ministre, et sans aucune négociation préalable. Ce que je comprends c’est que la discussion a eu lieu directement entre notre tutelle et TSE, sans que je sois informé », déclare Hugues Kenfack, le 25/02 à News Tank.
Il rencontrera Frédérique Vidal le 28/02 et affirme : « Je consulterai ensuite au sein de mon établissement de manière large et approfondie. J’ai saisi France Universités
, car nous ne sommes pas seuls concernés. »
« Si le Mesri
Ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation
peut, sans concertation, créer un grand établissement et sortir une composante, cela peut arriver à d’autres universités. Si le Mesri peut façonner un site à sa manière par décret qu’il le fasse, mais cela va à l’encontre de l’autonomie des universités », ajoute celui qui préside l’université depuis décembre 2020.
« En prenant cette décision, le ministère fait de l’ingérence dans les rapports internes au sein d’une université qui fonctionne bien », dit aussi Hugues Kenfack.
La décision de la ministre « ne respecte pas » les votes des instances
L’annonce d’une transformation de TSE Toulouse School of Economics en grand établissement intervient après le dépôt par le site toulousain d’un dossier en réponse à l'AAP Appel à projets « Excellences », baptisé Tiris (Toulouse Initiative for Research Impact on Society), porté par la Comue Communautés d’universités et d’établissements UFTMP Université fédérale Toulouse Midi-Pyrénées .
Un dossier alternatif (TTU pour Toulouse Tech University) était défendu par TSE et reposait sur la création d’un établissement public expérimental avec Toulouse 3 Paul Sabatier.
« Le 18/01 le CA Conseil d’administration de Toulouse 1 Capitole s’est prononcé contre la participation de TSE au projet TTU et contre la sortie de TSE de l’université. Sur 32 votants, 26 voix ont dit non à cette sortie », retrace Hugues Kenfack, interrogé par News Tank.
En outre, « tous les CA de toutes les universités du site ont remis en cause le projet TTU, qui impliquait la sortie de TSE de Toulouse 1 Capitole, et ont voté pour le projet Tiris ».
Ainsi, juge le président, « la décision de la ministre ne respecte pas ces votes ».
La relation d’UT1 avec sa composante TSE
Selon Hugues Kenfack, « il convient de rectifier plusieurs inexactitudes qui circulent » :
- « TSE ne pourrait pas recruter à l’étranger : c’est faux, une bonne partie de ses E-C enseignant(s)-chercheur(s) sont recrutés à l’étranger. TSE verse des compléments de rémunérations, ce qui lui permet de le faire. Toulouse 1 a énormément aidé à cela.
- De nombreux étudiants viennent de pays étrangers. »
« On utilise ces arguments pour dire qu’on ne peut pas se développer sans être grand établissement et hors d’UT1 Université Toulouse 1 Capitole . Alors même que nous étions en train de négocier un contrat d’objectifs et de moyens pluriannuels », ajoute-t-il.
« La réalité c’est qu’UT1 a énormément favorisé le développement de sa composante. C’est pourquoi on a pris la semaine dernière un vrai coup de bâton : tous les efforts que l’on a faits pour donner à cette composante une perspective et une évolution qui correspondent à ses ambitions tombent à l’eau. »
Le nouveau bâtiment de TSE
« Sur l’immobilier, nous avons financé le bâtiment de TSE, dont nous sommes propriétaires. La composante n’a contribué qu’à hauteur de 5 M€ sur une cinquantaine de millions d’euros. Il n’a pas encore pu être inauguré qu’ils veulent déjà partir ! », déplore Hugues Kenfack.
« Mais cette question de l’immobilier souligne la grande dépendance de TSE pour son enseignement et sa recherche. J’entends dire que la décision n’aura aucune conséquence. C’est faux, il y en aura. TSE n’a aucun bâtiment si demain elle sort de l’université. »
Les conséquences de la sortie de TSE
« Je suis très préoccupé des conséquences pour les personnels Biatss Bibliothèques, Ingénieurs, Administratifs, Techniciens, Social, Santé et pour les étudiants », poursuit Huges Kenfack.
- « TSE sélectionne à l’entrée de la L3 Licence 3 (33 % seulement des L2 Licence 2 poursuivent en L3 à TSE) ; les autres peuvent continuer dans l’établissement, car nous les accueillons à TSM Toulouse School of Management (IAE de Toulouse) , en AES Administration économique et sociale , droit, informatique…
- C’est une politique d’établissement qui permet de ne pas laisser les étudiants au bord de la route. Je ne sais pas comment on va suivre et accueillir ces étudiants à l’avenir. »
« La direction de TSE indique vouloir créer une école de réputation mondiale réunissant économistes et gestionnaires à l’image de la LSE London School of Economics … dont je signale qu’elle a également des juristes. En bref, c’est UT1 Capitole ! On veut créer une université alternative, plus élitiste, mais dont le périmètre est celui d’UT1. À ceci près que notre modèle est ouvert au plus grand nombre. C’est cela notre conception de l’excellence », défend-il.
Des garanties nécessaires
« Je suis très pragmatique et tout l’établissement avec moi. Si la décision doit se prendre, cela ne doit pas être au détriment des étudiants, des enseignants-chercheurs et des Biatss. L’université devra avoir des moyens d’accueillir ses 20 000 étudiants (contre 22 000 avec TSE) ; il faudra toutes les garanties nécessaires.
L’université veut continuer à se développer, s’internationaliser, s’ouvrir sur le monde socio-économique et accomplir sa mission de service public dans les meilleures conditions, y compris d’installation immobilière en centre-ville de Toulouse et dans ses sites de Rodez et Montauban. »
« In fine, le CA aura à se prononcer. On a peut-être tort, mais on croit encore en la démocratie universitaire. »
La participation de Toulouse 1 au projet Tiris : « Une étape importante »
La participation de Toulouse 1 au projet Tiris a fait débat et été fortement contestée par les composantes de l’établissement, au-delà de TSE. En effet Toulouse School of Management et la faculté de droit s’y sont opposées.
Interrogé sur ce point Hugues Kenfack répond : « Qu’aurait-on dit si UT1 avait été la seule à ne pas s’inscrire dans une démarche de construction du site ? Nous aurions été isolés. »
« Certes, les composantes droit et TSE ont voté contre le projet Tiris, mais pour des raisons différentes : la première car cela allait trop loin, TSE car cela n’allait pas assez loin. Au final, l’université était dans une position équilibrée. »
Il ajoute : « Nous avons été le seul établissement à organiser toutes ces consultations (AG Assemblée générale pour tous les personnels, AG des E-C, AG Biatss, débats dans tous les conseils [sans vote, ndlr], avis du CT Comité technique et décision du CA). »
Pour le président, « si ce projet a quelques faiblesses, il était temps de montrer que les universités de Toulouse peuvent travailler ensemble. C’est donc une étape importante, même si pas suffisante ».
« Je serai très sensible à ce que dira le jury international. Attendons de voir ce qu’il va décider, même si j’ai peur que ce qui vient de se passer porte un énorme préjudice au site.
J’ai dit à mes partenaires qu’UT1 restera dans la construction du site. »
Hugues Kenfack
Président @ Université Toulouse Capitole (EPE)
Professeur d’université en droit privé @ Université Toulouse Capitole (EPE)
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Fiche n° 41957, créée le 24/11/2020 à 14:22 - MàJ le 09/06/2023 à 09:44
Université Toulouse 1 Capitole
Catégorie : Universités
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Fiche n° 1516, créée le 19/02/2014 à 11:42 - MàJ le 24/04/2023 à 18:05