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Occupation à Nanterre : « Une erreur de cibler l’université, un sujet national » (P. Gervais-Lambony)

News Tank Éducation & Recherche - Paris - Actualité n°234648 - Publié le 24/11/2021 à 15:43
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©  Romain Pichon-Sintes/Université Paris-Nanterre
Philippe Gervais-Lambony - ©  Romain Pichon-Sintes/Université Paris-Nanterre

« L’occupation de la tour administrative porte des enjeux syndicaux et politiques, mais l’erreur est de cibler l’Université Paris Nanterre dans cette action. Le vrai sujet du manque de places, en L1 Licence 1 et cette année surtout en M1 Master 1 , est national, et connu et reconnu par de nombreux établissements », déclare Philippe Gervais-Lambony Président @ Université Paris Nanterre • Professeur des universités en géographie @ Université Paris Nanterre
, président de l’université, à News Tank le 23/11/2021.

Investi par un groupe d’étudiants depuis le 27/10, organisé autour de l’Unef Union nationale des étudiants de France Tacle, la section locale de l’organisation étudiante, le bâtiment Grappin, qui héberge l’administration de l’université, est toujours occupé par une vingtaine de personnes au 23/11.

« Les raisons de fonds pour lesquelles les universités comme Nanterre ne peuvent pas répondre aux demandes de poursuite d’études correspondent bien à une situation de manque de moyens, qui s’aggrave d’année en année. Nous atteignons la limite du possible », ajoute-t-il.

Le président « appelle à la fin de l’occupation, parce que cela a trop duré. Les personnels qui y travaillent sont dans une situation de difficulté importante, voire de souffrance. Ce n’est pas un mode de fonctionnement acceptable ».

Il annonce avoir proposé aux étudiants sans solution « une forme d’accompagnement, de suivi et d’aide à l’orientation, sous la forme d’échanges et d’entretiens. Nous pouvons envisager de travailler sur chaque cas en ce sens ».

Philippe Gervais-Lambony conclut : « Bien sûr et malheureusement il y aura des situations sans solution, sauf s’il y a une intervention à un autre niveau, mieux placé pour permettre d’en trouver. De notre côté, nous pouvons aussi penser à un accompagnement social pour ces étudiants. »


« Ce n’est pas mon rôle de président de négocier des places par-dessus la tête des collègues »

« Les occupants s’appuient sur le droit à la poursuite d’études. La présidence pourrait ainsi décider d’imposer des inscriptions à ses formations même si les dossiers ont été préalablement refusés par les équipes pédagogiques, même s’il n’y plus de place dans les salles et les capacités d’accueil ont déjà été dépassées. Ce n’est pas ma conception du rôle de président de négocier des places par-dessus la tête des collègues », déclare Philippe Gervais-Lambony à News Tank.

Si des rendez-vous hebdomadaires étaient organisés entre les représentants des étudiants sans affectation et de l’Unef Union nationale des étudiants de France Tacle avec la présidence jusqu’à fin octobre, « à partir du début de l’occupation, j’ai indiqué que nous ne pouvions avancer dans ces conditions ».

Deux rendez-vous ont tout de même été organisés depuis le 27/10, mais les participants étaient « en désaccord sur ce qu’étaient ces rendez-vous. Nous leur avons indiqué que l’université était arrivée au bout de ce qu’elle pouvait proposer et cherchait des solutions externes, tout en réitérant notre souhait de sortir de l’occupation, quand les étudiants nous demandaient combien de places supplémentaires nous pouvions proposer ».

« La situation de ces étudiants sans solution n’est pas normale »

« Le vrai problème est celui de la poursuite d’études pour ces étudiants qui ont réussi leur licence et se retrouvent ensuite empêchés de poursuivre. La situation de ces étudiants sans solution n’est pas normale », indique le président de l’Université Paris Nanterre.

Il rappelle que l’établissement a trouvé une formation pour plus de 300 étudiants. « Il faut distinguer les 140 dossiers portés par l’Unef Tacle, et les près de 3 000 dossiers transmis individuellement par des étudiants en recherche d’affectation. Au total, 63 dossiers de l’Unef ont été résolus et le reste de demandes individuelles. »

« Nous l’avons fait en échange constant avec les commissions pédagogiques. Nous n’avons pas souhaité aller jusqu’à inscrire les étudiants en cas de refus de la commission, pour des raisons de place ou de non-conformité aux attentes.

Néanmoins, les formations ont réalisé des efforts très importants pour intégrer de nouveaux étudiants, en priorité les personnes correspondant aux critères définis par l’établissement (réfugiés, en situation de handicap, avec des problèmes de santé, ou en cas de déménagement). »

« À partir du moment où nous n’avions plus de solution à Nanterre, nous nous sommes tournés vers le rectorat et vers les collègues présidents d’universités dont certains ont généreusement accepté d’aider. D’autres établissements n’ont pas souhaité accueillir ces étudiants supplémentaires pour des raisons que je peux bien sûr comprendre », ajoute Philippe Gervais-Lambony.

Manque de moyens : « Cela devient trop difficile à tenir »

« Nous accueillons de plus en plus d’étudiants chaque année, avec des moyens immobiles. Ces dotations insuffisantes nous amènent à faire appel à plus de contractuels et de vacataires. Cela devient trop difficile à tenir », indique-t-il.

« Ces moyens manquants portent sur les enseignants, les E-C enseignant(s)-chercheur(s) et les personnels administratifs. Quand, en plus, ces mêmes personnels sortent de mois et de mois de Covid, de fatigue, de lassitude, c’est très difficile. Après une belle rentrée en présentiel, avec des étudiants très présents sur les campus, nous repartons dans un cycle d’occupation, contradictoire avec l’esprit de la rentrée. »

Élu à la présidence en juin 2020, Philippe Gervais-Lambony indique « arriver désormais à un point où nous avons acquis une bonne connaissance de la situation de l’établissement. Nous mesurons notre taux d’encadrement, qui reste une donnée parmi d’autres, mais se situe parmi les plus bas des universités françaises ».

Par ailleurs, « le fonctionnement systématique par appels à projets pour obtenir des moyens constitue un cercle vicieux, car nous ne disposons pas des moyens humains suffisant pour répondre à ces AAP Appel à projets . J’en suis à un point d’inquiétude fort sur ce sujet, dont j’ai alerté le ministère déjà l’an dernier. Nous n’avons toutefois pas obtenu de moyens supplémentaires, notamment pour la compensation du GVT Glissement vieillissement technicité alors même que nos besoins réels vont bien au-delà », ajoute-t-il.

« J’ai besoin de mettre en place une campagne d’emplois qui devra agir comme une respiration pour l’établissement, sinon les équipes étoufferont, mais les moyens manquent. L’occupation actuelle est un des éléments dans ce paysage compliqué. »

Concernant l'évolution de la procédure d’inscription en master prévue pour la rentrée 2022, comprenant l’harmonisation des procédures et la création d’un portail unique de candidatures à toutes les universités, Philippe Gervais-Lambony « ne pense pas que la plateforme puisse résoudre le problème posé par le manque de moyens ».

« Nous n’en savons pas encore assez, mais mon inquiétude est que le portail ne soit qu’une sorte de reproduction au niveau master du système Parcoursup, avec ce que cela pourrait susciter comme inquiétudes et difficultés pour les étudiants.

En outre, la rapidité avec laquelle cela est mis en place n’est pas vraiment rassurante. »

Philippe Gervais-Lambony


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Directeur de l'école doctorale « Milieux, cultures et sociétés du passé et du présent »
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Directeur du laboratoire de Géographie comparées des Suds et des Nords
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Catégorie : Universités


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Philippe Gervais-Lambony - ©  Romain Pichon-Sintes/Université Paris-Nanterre