« Urgent de travailler ensemble à la fabrique d’un nouveau contrat social pour l’éducation » (Unesco)
« Il est devenu urgent de travailler ensemble à la fabrique d’un nouveau contrat social pour l’éducation, qui puisse répondre aux besoins futurs de l’humanité et de la planète », indique le rapport de l’Unesco
Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture
« Repenser nos futurs ensemble : un nouveau contrat social pour l’éducation », publié le 10/11/2021.
« Tout nouveau contrat social doit se fonder sur les grands principes que supposent les droits humains : inclusion et équité, coopération et solidarité, responsabilité collective et interdépendance.
Il doit aussi respecter les deux principes fondamentaux suivants :
• Garantir le droit à une éducation de qualité tout au long de la vie. Sa portée doit même être élargie pour englober le droit à une éducation de qualité tout au long de la vie. Il importe également d’y inclure le droit à l’information, la culture, la science, ainsi que le droit d’accéder et de contribuer librement à la communauté du savoir, patrimoine de “connaissances communes” qui ne cesse de s’enrichir au fil des générations.
• Renforcer l’éducation comme un projet public et un bien commun. Un nouveau contrat social pour l’éducation doit non seulement garantir son financement public adéquat et équitable, mais aussi parvenir à ce que l’ensemble du tissu social soit intégré dans des débats qui concernent fondamentalement chaque individu. »
Le rapport est le fruit du travail de la « Commission internationale sur Les futurs de l’éducation », présidée par Sahle-Work Zewde, présidente de la République fédérale démocratique d’Éthiopie.
Les propositions
Pédagogies solidaires et coopératives
La pédagogie doit :
- Encourager les apprenants à mettre en commun leurs compétences intellectuelles, sociales et morales pour transformer le monde tout en faisant preuve d’empathie et de compassion ;
- permettre de désapprendre les préjugés, les idées reçues ainsi que tout ce qui est facteur de discriminations ;
- donner lieu à un processus d’évaluation conçu pour encourager, chez tous les élèves, des progrès significatifs en matière de développement et d’apprentissage.
Les curricula et le patrimoine des « connaissances communes »
Ce curriculum doit être en mesure d’aider les élèves et les étudiants à accéder et à contribuer au savoir, tout en développant leur capacité à mettre ce savoir en pratique, mais aussi à le remettre en cause.
Il doit s’inscrire :
- Dans une conception écologique de l’humanité, susceptible de contribuer à rééquilibrer notre rapport à la Terre, susceptible aussi de nous faire prendre conscience que cette planète est vivante et la seule dont nous disposons ;
- la désinformation doit être combattue, notamment par des compétences dans le domaine de la science, des humanités et du numérique, afin de nous aider à mieux distinguer le vrai du faux ;
- enfin, les méthodes, les politiques et les contenus éducatifs doivent encourager une citoyenneté active ainsi que la participation démocratique.
Les enseignants et la profession enseignante
Par leur profession, les enseignants jouent un rôle unique et crucial dans l’élaboration du nouveau contrat social pour l’éducation. Cela passe par la reconnaissance des enseignants à la fois pour leur travail de création de savoir et pour leur rôle de premier plan dans le processus de transformation sociale et éducative. Le travail des enseignants doit s’appuyer sur :
- La collaboration et le travail d’équipe ;
- la réflexion, la recherche, la création de savoir et de nouvelles pratiques pédagogiques doivent faire partie intégrante de l’enseignement lui-même ;
- il est nécessaire de promouvoir l’autonomie et la liberté pédagogique des enseignants, et de veiller à ce qu’ils participent pleinement aux dialogues et débats publics relatifs aux futurs de l’éducation.
Sauvegarder et transformer l’école
Mais les écoles doivent aussi être réinventées, afin de mieux promouvoir la transformation du monde vers des futurs plus justes, plus équitables, plus durables. Les écoles doivent être :
- Ce lieu qui rassemble des groupes de personnes diverses et différentes et les expose à des défis et à des possibilités qu’elles ne rencontreraient pas ailleurs.
- il faut en repenser l’architecture, les espaces, les horaires, les emplois du temps ou encore la manière dont elles répartissent les élèves, de manière à encourager les individus à travailler ensemble ;
- les technologies numériques doivent servir à renforcer et compléter — et non remplacer — l’école. Afin d’ouvrir la voie vers cet avenir auquel nous aspirons, les écoles doivent garantir le respect des droits humains et se montrer exemplaires en matière de durabilité et de neutralité carbone.
Les différents temps et espaces de l’éducation
Il appartient aux individus de les saisir et aux collectivités de les développer. Chacun doit avoir accès, tout au long de sa vie, à de vraies opportunités éducatives de qualité. Nous devons :
- Mettre en relation l’ensemble des espaces d’apprentissage, qu’ils soient bâtis, naturels ou encore en ligne, pour pouvoir tirer profit de leur spécificité ;
- en matière d’éducation, les principales responsabilités incombent aux gouvernements, dont il faut par conséquent renforcer la capacité de financement public et de régulation ;
- le droit à l’éducation doit aussi être élargi pour durer toute la vie, et inclure le droit à l’information, à la culture, à la science et à la connectivité.
Un appel à l’action
Le dialogue proposé dans le présent rapport vise à faire participer le plus grand nombre de personnes possible. Ce rapport propose que les enseignants, les universités, les gouvernements, les organisations internationales et les jeunes jouent un rôle spécifique dans l’élargissement de ce dialogue et de cette action.
Un appel à la recherche et à l’innovation
« Un nouveau contrat social suppose la mise en œuvre d’un programme de recherche mondial et collaboratif consacré au droit à l’éducation tout au long de la vie. Ce programme doit se concentrer sur le droit à l’éducation et prendre en considération les méthodes d’acquisition des connaissances les plus variées, dont l’apprentissage horizontal et les échanges transfrontaliers de savoirs. Toutes les contributions doivent être entendues, qu’elles proviennent d’enseignants, d’élèves, d’universitaires, de centres de recherche, de gouvernements ou d’organisations de la société civile », indique le rapport.
Un appel à la solidarité mondiale et à la coopération internationale
« L’élaboration d’un nouveau contrat social pour l’éducation nécessite un engagement renouvelé pour une collaboration mondiale qui défende le statut de bien commun de l’éducation ; engagement qui suppose une coopération plus juste et plus équitable entre acteurs étatiques et non étatiques. Au-delà des flux Nord-Sud d’aide à l’éducation, les flux Sud-Sud et les coopérations “triangulaires” doivent aussi être renforcés pour participer à une production accrue de savoirs et de connaissances. »
« La communauté internationale a ici un rôle essentiel à jouer, en proposant un référentiel commun de normes et d’objectifs autour desquels les acteurs étatiques et non étatiques pourront s’accorder, et ainsi mettre en œuvre ce nouveau contrat social. Dans ce cadre, le principe de subsidiarité doit être respecté et tous les efforts locaux, nationaux et régionaux doivent être encouragés.
En ce qui concerne les besoins éducatifs des demandeurs d’asile, des réfugiés, des apatrides et des migrants en particulier, la coopération et les institutions internationales ont un rôle essentiel à jouer. »
L’apport des universités et des établissements d’enseignement supérieur
« Ce nouveau contrat social pour l’éducation ne pourra pas se faire sans l’apport des universités et des établissements d’enseignement supérieur », indique le rapport.
Et d’ajouter : « En tant que lieux dédiés à la créativité, à l’innovation et au renforcement de l’éducation comme bien commun, ces institutions jouent un rôle crucial dans les futurs de l’éducation. Le soutien qu’ils apportent à la recherche et aux progrès scientifique, par exemple, ou encore leur association avec d’autres établissements et programmes éducatifs, au sein de leur communauté ou à travers le monde sont précieux. »
Le présent rapport se propose de répondre à trois questions essentielles : « Que devons-nous conserver des pratiques éducatives ? Que devons-nous abandonner ? Et que devons-nous entièrement réinventer ? Cependant, les propositions qu’il avance ne sont qu’un point de départ. Ce rapport constitue moins un plan d’action qu’une invitation à réfléchir, à imaginer et à dialoguer : c’est aux communautés, aux pays, aux écoles et aux programmes et systèmes éducatifs de toutes sortes, partout à travers le monde, qu’il appartient de se saisir de ces questions. »
Unesco
Catégorie : Associations, réseaux
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