« Je m’explique difficilement un texte aussi méprisant à l’encontre des doctorants » (S.Pommier, RNCD)
« Je m’explique difficilement ce qui peut conduire des professeurs, bien installés, protégés par leur statut, à écrire un texte aussi méprisant à l’encontre des doctorants, et qui plus est, à la sortie d’une période particulièrement difficile pour ces derniers », écrit Sylvie Pommier
Coordinatrice du doctorat DGESIP-DGRI @ Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche (MESR) • VP déléguée doctorat @ Université Paris-Saclay (EPE) • Professeure des universités (Puce) …
, présidente du RNCD
Réseau national des collèges doctoraux
, dans une tribune pour News Tank, le 09/09/2021.
Elle revient sur la publication de l’article « La bourse et la (belle) vie » de Caroline Chamard-Heim, professeure de droit public à l’Université Jean Moulin Lyon 3, et Philippe Yolka, professeur de droit public à l’UGA
Université Grenoble Alpes
, dans « Actualité juridique droit administratif » n° 28-2021 du 02/08.
Les auteurs font le constat qu’« un certain nombre de thèses financées grâce à des contrats doctoraux ne sont jamais soutenues dans les facultés de droit ».
Des « retours d’expérience concordants » les amènent à publier sur ce phénomène qui « existe […] dans des proportions qui ne sont plus négligeables ». « Pour mettre fin à ce gaspillage de deniers publics, une obligation de résultat devrait être prévue et des actions en récupération engagées, le cas échéant », indiquent les deux professeurs de droit.
Sylvie Pommier, également VP
Vice-président(e)
adjointe chargée du doctorat à l’Université Paris-Saclay, réagit à cette publication ainsi qu’aux propositions des auteurs.
« Article ou billet d’humeur ? D’emblée, le ton de ce texte étonne. Bien que les auteurs aient déjà intégré la référence à leur liste de publications dans HAL
Hyper Articles en Ligne, plateforme d’archives ouvertes
, il s’agit bien plus d’un billet d’humeur que d’un article de recherche : les doctorants contractuels en abandon sont ainsi qualifiés de ‘jeunes gens détendus’, ‘indolents’, ‘adeptes de la dolce vita.’ »
La présidente du RNCD
réagit aussi à la proposition des auteurs d’introduire une « obligation de résultat » au doctorat, ainsi que sur leur volonté de voir ceux qui n’accomplissent pas leur doctorat de rembourser les sommes perçues.
« Une mauvaise solution, à un problème mal caractérisé » (S. Pommier, RNCD Réseau national des collèges doctoraux )
Ce texte, qui a suscité de nombreuses réactions notamment parmi les doctorants, appelle un certain nombre d’observations.
Les causes d’abandon évoquées sont « cynisme, duplicité ou disette de candidats valables ». L’abandon serait une « corruption des mœurs qui s’est propagée avec le contrat doctoral », ou encore une « dilapidation des deniers publics destinés à soutenir la jeune recherche ».
Quelle est l’existence du phénomène qu’ils dénoncent ?
Les auteurs conviennent pourtant, dès le deuxième paragraphe, qu’ils n’ont ni enquête de terrain, ni données sur le phénomène auquel ils proposent de « mettre fin ».
Pourtant, ces informations existent, il aurait suffi de les chercher. Les écoles doctorales et les établissements accrédités pour le doctorat suivent la question des doctorants en abandon avec la plus grande attention. Ce sont généralement des situations douloureuses et difficiles, qu’il faut souvent accompagner.
Les auteurs conviennent qu’ils n’ont ni enquête de terrain, ni données sur le phénomène auquel ils proposent de 'mettre fin' »Le rapport annuel sur le doctorat de l’Université Paris-Saclay, par exemple, consacre chaque année un chapitre à cette question. Cette question fait également partie du référentiel d’évaluation des écoles doctorales par le Hcéres Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur : référence 2.2.
Les rapports d’évaluation comprennent presque toujours un paragraphe sur les taux d’abandon et l’analyse de leurs causes : voir par exemple celui de l’ED n° 479 . Enfin, les statistiques nationales produites par le Mesri Ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation - voir le travail du Sies Sous-direction des systèmes d’information et des études statistiques - ne donnent effectivement pas directement les taux d’abandons, mais elles comprennent, parmi d’autres informations, le nombre de 1ères inscriptions en doctorat, le pourcentage des doctorants financés, la durée des thèses et le nombre de soutenances par grands domaines.
En croisant ces données, on peut ainsi estimer le taux d’abandon dans chaque domaine et le corréler aux taux des doctorants financés.
Ce que montrent les rapports et les statistiques
Les rapports et les statistiques sont à rebours de ce qu’avancent les auteurs : le fait que les doctorants soient financés pour préparer leurs thèses limite les abandons. Dans les domaines où il relève de la norme de financer les doctorants, les abandons relèvent de l’exception. À l’inverse, quand les doctorants ne sont pas financés, les taux d’abandon deviennent non négligeables et peuvent dépasser 30 %.
Dans les domaines où il relève de la norme de financer les doctorants, les abandons relèvent de l’exception »Préparer un doctorat est exigeant et demande un réel investissement. Le préparer en parallèle d’une autre activité professionnelle ajoute encore aux difficultés, inhérentes à un travail de recherche, que rencontrent déjà les doctorants.
Que penser d’un principe d’obligation de résultat et d’actions en récupération ?
Assortir la recherche, qu’elle soit doctorale ou non, d’une obligation de résultat est susceptible de conduire à des manquements à l’intégrité scientifique, à un renoncement à la prise de risque que demandent les sujets difficiles et à une vraie ambition scientifique. Dans le cas présent, les auteurs proposent des actions en récupération des sommes versées en cas de manquement à cette obligation, avec des montants évoqués de l’ordre de 100k€. On imagine bien ce que pourrait être la qualité des thèses produites sous une telle menace.
Assortir la recherche, qu’elle soit doctorale ou non, d’une obligation de résultat est susceptible de conduire à des manquements à l’intégrité scientifique »En passant, les auteurs ont été plus que négligents dans leur étude du contexte : ils arrivent à confondre le salaire brut des doctorants contractuels sur trois ans soit 52k€, avec le coût chargé pour l’employeur, environ 90k€. Là encore, l’information est pourtant disponible en ligne.
« Comparer des choses qui n’ont rien à voir »
Ensuite les auteurs évoquent la « pantoufle » des normaliens et des polytechniciens. C’est comparer des choses qui n’ont rien à voir. Ce système, qui existe aussi dans le domaine de la santé, consiste à rémunérer les élèves pendant leurs études dans le cadre d’un pré-recrutement. Les élèves sont payés pour leurs études en échange d’un engagement à travailler, une fois leurs études terminées, dans la fonction publique.
Ils ne sont pas rémunérés en échange d’un travail, de recherche ou d’une autre nature. Lorsqu’ils sont amenés à rembourser « la pantoufle » c’est parce qu’ils rompent leur engagement et préfèrent aller travailler pour un autre employeur. Cela ne s’applique qu’aux études terminées .
Lorsqu’ils échouent, c’est l’État qui rompt l’engagement, ils n’ont donc pas à rembourser. Lorsqu’ils démissionnent sans être en échec, le remboursement fait alors l’objet d’une décision du CA Conseil d’administration , qui en général ne demande pas le remboursement.
« Les doctorants travaillent en échange de leur salaire »
Les doctorants travaillent en échange de leur salaire. C’est entièrement différent. L’article L-612-7 L612-7 du code de l’éducation et l’arrêté du 25/05/2016 précisent clairement que la formation doctorale est une expérience professionnelle de recherche et comprend la réalisation individuelle ou collective de travaux scientifiques originaux.
Le diplôme national de doctorat, quant à lui, est délivré après la soutenance d’une thèse, dont le docteur est le seul auteur. Il valide et atteste du niveau de connaissance et de compétences atteint et peut aussi être obtenu en VAE. Validation des acquis de l’expérience
En d’autres termes, il faut distinguer :
- d’une part, la validation académique d’un niveau de connaissance et de compétences atteint, qui peut se faire en VAE (et donc indépendamment de tout travail de recherche réalisé pour un laboratoire) et qui se concrétise par la délivrance au docteur du diplôme de doctorat, après la présentation d’une thèse, dont le docteur est le seul auteur.
- d’autre part, le travail de recherche, pour lequel les doctorants sont rémunérés, qui est réalisé au sein d’une équipe de recherche, sous le contrôle et la responsabilité d’un directeur de thèse et qui aboutit à la production de connaissances nouvelles, à des publications, des communications, que la thèse soit soutenue ou non. Leur employeur (université ou organisme) dispose, d’ailleurs, de la propriété intellectuelle des résultats et des travaux.
Enfin, faisons l’hypothèse (absurde) que leur proposition d’actions en récupération du coût du contrat doctoral soit adoptée.
Les doctorants sont placés sous le contrôle et la responsabilité de leur directeur de thèse. Le remboursement pourrait donc être demandé, en totalité ou en partie, au directeur de thèse. Avec cette logique, le principe du remboursement pourrait d’ailleurs s’appliquer aussi à son propre salaire. Si un directeur de thèse n’arrive pas à faire soutenir ses doctorants doit-il rembourser la part de son salaire qui correspond à son temps de recherche, pour manquement à ses obligations de résultat ?
Quelles solutions valables peut-on apporter ?
Il faut d’abord être lucide sur la rémunération des doctorants contractuels. La revalorisation du contrat doctoral est indispensable et a été engagée avec la LPR Loi de programmation de la recherche pour les années 2021 à 2030 et portant diverses dispositions relatives à la recherche et à l’enseignement supérieur .
Ce qu’ils perçoivent actuellement, 1758€ brut mensuel, soit 21k€ brut annuel, est très inférieur à ce qu’ils pourraient obtenir avec une insertion à bac+5. Rappelons que le niveau moyen de rémunération en sortie de Master est de 36k€ brut annuel. De plus, les écoles doctorales cherchent à sélectionner les étudiants les plus brillants, qui peuvent probablement prétendre à une rémunération au-dessus de cette moyenne.
Les doctorants prennent déjà un risque important en poursuivant en doctorat, celui d’accepter un manque à gagner significatif par rapport à une insertion à bac+5, sans avoir la garantie, ni de terminer leur thèse, ni de valoriser leurs années d’expérience ou leur diplôme, ni d’obtenir un poste de chercheur privé ou dans le secteur académique. 14500 docteurs sont diplômés par an pour moins de 2000 ouvertures de postes de maître de conférences ou de chercheurs publics.
Ils prennent ce risque par goût pour la recherche, par curiosité pour leur sujet et en général ne regrettent pas leur choix et s’épanouissent ensuite dans des carrières variées.
« Qui voudrait encore se lancer dans une thèse ? »
Mais si on ajoutait à cela le risque supplémentaire énorme d’avoir à rembourser leur salaire en cas d’échec, soit 100k€ : qui voudrait encore se lancer dans une thèse ? Or le nombre d’inscriptions en 1ère année de doctorat diminue déjà depuis dix ans et cette diminution est fortement corrélée aux conditions de financement (-16,3 % en moyenne, -8,8 % parmi ceux qui sont financés, -15,4 % parmi ceux qui ont une activité professionnelle en parallèle et -66 % parmi ceux qui n’ont aucune rémunération).
Ensuite, les dispositions mises en place par les écoles doctorales : la vérification de la disponibilité des directeurs de thèses, des processus de recrutement ouverts et transparents, faisant appel à des auditions (comme prévu dans la charte européenne de la recherche et le code de conduite pour le recrutement des chercheurs), l’organisation de comités de suivi, permettent de limiter les abandons et de détecter, le plus tôt possible, les thèses qui se déroulent mal.
Une mauvaise solution, à un problème mal caractérisé sur la base d’une étude du contexte insuffisante »Oui, il y a parfois des doctorants qui ne sont pas au niveau, même avec un processus de sélection très exigeant, mais quand chacun assume les responsabilités qui sont les siennes, la thèse est arrêtée le plus vite possible. On peut d’ailleurs valider l’acquisition d’un bloc de compétences pour valoriser ce qui peut l’être de cette expérience et aider à tourner la page.
Quand ce n’est pas le cas, le problème principal n’est pas la dilapidation d’argent public. Les directeurs de thèses arrivent généralement à faire travailler les doctorants les moins autonomes et à tirer parti de leurs résultats pour faire avancer les questions de recherche qu’ils traitent : mais quand, arrivés à la rédaction de la thèse, ces doctorants prennent conscience qu’ils n’y arriveront pas, c’est une vraie douleur. Surtout si les encadrants n’ont jamais su les alerter sur la difficulté de la rédaction de la thèse avant qu’ils y soient confrontés.
Ce texte propose une mauvaise solution, à un problème mal caractérisé sur la base d’une étude du contexte insuffisante. Il est difficile de comprendre comment il a pu être publié dans cette revue.
« Le contrat doctoral ne revient pas qu’à produire un manuscrit de quatre cents pages et effectuer une soutenance »
Godefroy Leménager Responsable du pôle guichet entreprises @ Institut National de la Propriété Industrielle (INPI) • Chef de projet guichet unique @ Institut National de la Propriété Industrielle (INPI) • Intervenant… , président de l'Andès, s’exprime également dans le cadre de cette tribune de Sylvie Pommier. Il revient sur certains points soulevés par les auteurs de l’article « La bourse et la (belle) vie ».
Les données de l’article
« Je partage les observations qui consistent à s’interroger sur la valeur et la pertinence de ces retours d’expérience, qui constituent les données de l’article. Cette publication donne l’impression de se faire l’écho de vieilles pratiques, qui ont du mal à voir évoluer le contexte d’une gestion plus globale de la question des jeunes chercheurs. On y parle notamment de “retour à la vraie vie“ après le doctorat, comme si les doctorants étaient enfermés dans leur tour d’ivoire. La recherche n’est pas dans une bulle, surtout en sciences juridiques ou en SHS, on y observe la société telle qu’elle se construit. »
L’obligation de résultat
« Concernant l’obligation de résultat présentée dans cet article, je pense qu’il est essentiel de se questionner avant tout sur les conditions d’exercice du doctorat, et les étapes de sa réalisation : il est dommage évidemment de pointer du doigt les encadrants lors de l’abandon de thèse ; pointer du doigt les doctorants qui interrompent est tout aussi réducteur et surtout ne répond pas au sujet de fond : comment réduire les abandons de thèse et assurer le bon déroulement de la thèse et du doctorat ? ».
Le remboursement des sommes perçues
« La question du remboursement des sommes perçues dans le cadre du contrat doctoral en cas d’abandon du doctorat est inenvisageable. Le contrat doctoral ne revient pas qu’à produire un manuscrit de quatre cents pages et effectuer une soutenance. La proposition des auteurs revient à créer un lien très binaire et direct. D’une part on oublie la production d’articles, la participation aux colloques, mais aussi les missions de vulgarisation scientifique ou de médiation. D’autre part, sont négligées les compétences développées pendant cette expérience professionnelle, celles inscrites au RNCP, elles sont uniques au doctorat, quelle que soit la discipline. »
Le « débroussaillage » en première année
« J’observe qu’il y a une question mise de côté : il est employé le terme de « débroussaillage » pour parler de la première année. En interprétant, il est possible de penser que les contrats doctoraux évoqués de la sorte ne sont pas bien définis. La première année n’est pas tant le moment du « débroussaillage » si l’on suit le processus du recrutement notamment évoqué dans le guide du doctorat. Quand bien même le sujet sera amené à évoluer, le sujet est déjà construit. Il en va donc d’une question de sélection, et de l’encadrant."
Sylvie Pommier
Coordinatrice du doctorat DGESIP-DGRI @ Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche (MESR)
VP déléguée doctorat @ Université Paris-Saclay (EPE)
Professeure des universités (Puce) @ École normale supérieure Paris-Saclay (ENS Paris-Saclay)
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Parcours
Coordinatrice du doctorat DGESIP-DGRI
VP déléguée doctorat
Professeure des universités (Puce)
Membre du Haut conseil scientifique
Vice-présidente du comité de suivi Licence-Master-Doctorat
Membre du conseil d’administration de l’ABG- Intelliagence et du bureau de l’association
Présidente du Réseau National des Collèges Doctoraux
Vice-présidente adjointe chargée du doctorat
Présidente du comité de suivi Licence-Master-Doctorat
Directrice du collège doctoral
Membre du comité de suivi de la loi ORE
Vice-présidente recherche et études doctorales
Directrice de l’école doctorale 285
Membre du comité national section 9 - évaluation des unités de recherche, commission pour l’évaluation, la promotion et le recrutement des chercheurs
Professeur assistant
Doctorante Cifre
Établissement & diplôme
Habilitation à diriger des recherches, Fatigue et rupture
Doctorat de mécanique
Titulaire d’un DEA de Génie des matériaux
Ingénieure
Fiche n° 15259, créée le 15/01/2016 à 20:15 - MàJ le 12/11/2024 à 17:13
Godefroy Leménager
Responsable du pôle guichet entreprises @ Institut National de la Propriété Industrielle (INPI)
Chef de projet guichet unique @ Institut National de la Propriété Industrielle (INPI)
Intervenant en master 2 Dipi @ Univesrité Paris Saclay
Trésorier @ Association nationale des docteurs (Andès)
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Parcours
Responsable du pôle guichet entreprises
Chef de projet guichet unique
Intervenant en master 2 Dipi
Vice-président
Ingénieur brevet
Ingénieur de recherche documentaire
Administrateur
Chercheur en science des matériaux
Postdoctoral fellow
Chargé d’enseignements
Établissement & diplôme
Doctorat en physique
Master de physique fondamentale
Fiche n° 40703, créée le 30/09/2020 à 11:02 - MàJ le 18/07/2023 à 10:27
Réseau national des collèges doctoraux - France PhD (RNCD)
Catégorie : Associations, réseaux
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Fiche n° 11804, créée le 09/03/2021 à 12:26 - MàJ le 28/10/2024 à 15:48
Association nationale des docteurs (Andès)
Catégorie : Associations, réseaux
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Fiche n° 4307, créée le 04/08/2016 à 04:24 - MàJ le 29/07/2020 à 17:40
© News Tank Éducation & Recherche - 2024 - Code de la propriété intellectuelle : « La contrefaçon (...) est punie de trois ans d'emprisonnement et de 300 000 euros d'amende. Est (...) un délit de contrefaçon toute reproduction, représentation ou diffusion, par quelque moyen que ce soit, d'une oeuvre de l'esprit en violation des droits de l'auteur. »