ExclusifTawhid Chtioui dévoile son projet d’école pour l’IA : 20 M€ mobilisés et 300 étudiants visés en 2021
Tawhid Chtioui lance l’école d’enseignement supérieur privée « Aivancity School for Technology, Business & Society Paris-Cachan », le 10/09/2020 au Palais de Tokyo à Paris.
L’établissement sera installé dans les anciens locaux de l’ENS Cachan à compter de septembre 2021, indique l’ancien DG d’EMLyon à News Tank, le 08/09. Le nouvel établissement est « une école pour l’IA
Intelligence artificielle
, l’entreprise et la société », dit son fondateur : « Ce n’est pas une école d’ingénieurs, ni de commerce, elle embrasse l’écosystème de l’IA dans sa globalité, c’est-à-dire un triptyque technologique, business et éthique. »
L’établissement proposera, à la rentrée 2021, un bachelor et un Programme grande école inscrits au RNCP
Répertoire national des certifications professionnelles
. Une école d’été, des formations à destination des professionnels (Msc
Master of science
) et des entreprises sont aussi prévues. Un partenariat stratégique a été noué avec l’EPF
Ecole polytechnique féminine - devenue EPF Ecole d’ingénieurs
, installée sur le même site, et des accords sont conclus avec Arts et Métiers et Berkeley.
Aivancity Paris-Cachan est « le premier établissement d’enseignement supérieur en France créé sous la forme d’une société à mission, prévue par la loi Pacte
Plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises
», indique son fondateur. Initialement Tawhid Chtioui pensait créer une association, « mais aucune banque ne voulait nous financer et je ne voulais pas de fonds d’investissement ».
Le choix de la société à mission a imposé des réflexions inédites, car « pour écrire les statuts, il n’y avait rien dont s’inspirer », rapporte-t-il.
« Avancity a une raison d’être éducative, nous avons pris des engagements forts autour de l’employabilité, de la responsabilité, de la diversité, de l’ancrage territorial et l’ouverture sur la ville », résume-t-il. La tenue de ces engagements sera observée par un comité à mission et fera l’objet d’un audit tous les 24 mois. « Leur respect est un préalable à toute distribution de dividendes. »
Pour financer ce projet de 20 M€, en plus de son investissement personnel, Tawhid Chtioui a obtenu un financement de la part de deux banques, la Caisse d’Épargne et le Crédit Mutuel qui seront présentes au conseil d’administration de l’école.
« C’est un projet innovant qui sort des perspectives classiques. Certaines banques, prises par leurs mécanismes internes n’ont pas pu nous suivre malgré la volonté affichée. Pour celles qui l’ont fait, nous souhaitions qu’elles participent à la stratégie et plus globalement à la vie de l’école. »
L’offre de formation
« On rompt avec les modèles standards par une hybridation totale. Il n’y aura pas de superposition de compétences, comme avec les parcours ingénieurs-managers qui existent aujourd’hui.
À chaque cours data ou IA Intelligence artificielle , les implications business ou éthique sont traitées.
Nous avons fait pour cela un gros travail d’ingénierie pédagogique, sujet trop souvent ignoré des écoles, accaparées par la production de recherche et les accréditations qui ne prennent pas assez en compte la production de la pédagogie », indique Tawhid Chtioui
Fondateur et DG @ Aivancity School for Technology, Business & Society Paris-Cachan
.
Bachelor et PGE Programme grande école
Aivancity vise 300 étudiants à la rentrée prochaine, dont 50 % d’internationaux.
Elle proposera deux titres, qui sont en cours d’enregistrement au RNCP Répertoire national des certifications professionnelles :
- Un bachelor post-bac en « intelligence artificielle appliquée », dont le tarif d’inscription est de 8 900 €.
- 50 places sont à pourvoir pour la rentrée 2021.
- Le titre sera inscrit au RNCP sous l’appellation « Développeur IA » ;
- Un PGE
Programme grande école
« Master of Science Artificial intelligence and data science for business”, entièrement dispensé en anglais, accessible après bac+2 ou +3 et d’une durée de deux ou trois ans, selon la discipline d’origine des étudiants.
- 75 places seront offertes en première et deuxième année.
- Son coût : 12 900 €.
- Le titre sera inscrit au RNCP sous l’appellation « Chef de projet IA ».
Ces deux diplômes reposent sur 600 à 650 heures de face-à-face par an. 25 % des contenus y seront dédiés à l’éthique. La dernière année est réalisée en apprentissage.
Les étudiants passeront aussi des certifications professionnelles indispensables dans ce secteur, comme celles de Google, Microsoft ou Amazon.
On ne fait pas assez d’ingénierie pédagogique dans les écoles ! »« Les programmes sont prêts, mais nous voulons les travailler toute cette année pour bien réussir le challenge d’intégration pédagogique des différentes disciplines. Nous avons du temps pour cela avec les professeurs que nous avons recrutés. C’est une chance de démarrer un projet pédagogique d’une feuille blanche, que nous voulons mettre à profit, car on ne fait pas assez d’ingénierie pédagogique dans les écoles ! », souligne Tawhid Chtioui.
Le recrutement se veut très ouvert :
« Le bachelor ne sera pas réservé aux profils scientifiques, nous prendrons aussi des bacheliers éco ou littéraires et leur proposerons des remises à niveau. En PGE Programme grande école , il sera possible d’entrer après une prépa littéraire. L’intelligence artificielle est avant tout une question de société et ces profils auront, sans aucun doute, une contribution essentielle pour une IA de la confiance et de la responsabilité. »
L’école dispose aussi d’un fonds de dotation Aivancity, doté par ses soins de 150 k€ par an, pour offrir des bourses garantissant la gratuité jusqu’à 20 élèves au lancement et 50 au total au bout de cinq ans.
Inscription au RNCP grâce à la liste des métiers en tension
Pour obtenir une reconnaissance rapide, Tawhid Chtioui a misé sur le RNCP et France compétences, dont la liste des métiers en tension permet d’obtenir une certification rapide, sans la condition d’avoir diplômé trois promotions d’étudiants.
« Je suis habitué à répondre à des standards académiques, comme le demandent les accréditations d’écoles de commerce ou le grade de master. Néanmoins, les cursus d’Aivancity sont au-delà des frontières classiques des accréditations par domaine. Cela nous a beaucoup challengé de réfléchir à la logique de compétences. Ces diplômes seront vraiment orientés vers le marché de l’emploi, qui était notre principal repère dans l’ingénierie de nos programmes », déclare Tawhid Chtioui.
Les autres programmes
En formation professionnelle, l’école lancera plusieurs Msc Master of science . Le premier, « Machine learning for business intelligence », sera proposé en temps partiel, les vendredis et samedis une semaine sur deux, pendant un an.
Dès janvier 2021, AIvancity proposera une offre certifiante et sur mesure pour les entreprises. Pour cela, elle a déjà réalisé l’audit pour obtenir la certification qualité Qualiopi.
Partenariats avec Linkedin et Microsoft
Aaivancity affiche des partenariats avec Linkedin Learning et Microsoft qui lui permettent d’avoir accès à leurs contenus de formation.
« Les contenus seront déversés dans notre LMS Learning management system - il ne sera pas nécessaire de se connecter à leur plateforme pour y accéder, cela permet de mieux organiser la cohérence de l’apprentissage - et nous avons la possibilité de créer des parcours individualisés et dédiés à nos étudiants en nous appuyant sur leur offre.
Des cursus complets qui s’adaptent à chaque apprenant »Linkedin offre 18 000 cours en ligne, produits à Hollywood avec les meilleurs experts mondiaux… Cela nous interroge sur notre métier, qui n’est pas d’être un simple fournisseur de contenus, où l’on choisit son cours comme dans un supermarché, mais de produire sur des sujets à valeur ajoutée et d’avoir une expertise dans l’ingénierie de l’apprentissage.
Notre métier, c’est de construire des cursus complets qui s’adaptent à chaque apprenant. »
300 000 € ont été investis dans le système d’information, construit de bout en bout “avec les meilleurs acteurs du domaine : Aimaira, Sage, Blackboard, EdX, MoocIt, Hubspot, BCdiploma….”
Corps enseignants et production intellectuelle
L’école a recruté 32 enseignants pour son corps professoral, sur des contrats de professeurs associés allant de dix à 120 jours par an. 75 % ont des thèses, 50 % sont des académiques et 50 % des professionnels.
« Ils ont tous signé une logique d’exclusivité et d’affichage avec l’école. »
Ils seront coordonnés par Doreid Ammar, professeur associé à EMLyon, qui deviendra directeur académique à plein temps à partir du 01/10/2020.
Un doctorant, en cotutelle avec l’ENS de Lyon, a été recruté et travaillera sur la dimension sociétale de l’IA.
« Nous avons une vocation professionnelle, mais nous allons bien sûr faire de la production intellectuelle », dit Tawhid Chtioui.
Prendre l’IA comme un objet sociétal
Avant de lancer son école, Tawhid Chtioui a réalisé une analyse des besoins de 200 entreprises, de 2000 offres d’emploi et de l’offre proposée par une trentaine de formations supérieures.
« Je voulais savoir comment le sujet était abordé par les recruteurs, les organismes de formation et les écoles. J’ai constaté que la dimension technologique est dominante, alors que l’IA est avant tout un objet sociétal.
Les enjeux éthiques sont complètement absents ou presque comme le souligne Cédric Villani Titulaire de la chaire IHES-Université de Lyon en analyse @ Institut des hautes études scientifiques (IHES) • Président du comité consultatif @ EPA Paris-Saclay • Membre du conseil scientifique … dans son rapport. Quand le sujet est présent dans les formations, c’est de manière secondaire. Or les problèmes que génère l’IA ce sont des craintes, des biais, des problèmes de robustesse, qui ont des impacts très importants. »
Aivancity entend donc traiter les « enjeux fondamentaux » de l’éthique de l’IA, comme le droit, le RGPD Règlement général sur la protection des données , mais aussi des sujets « beaucoup plus complexes en faisant de l’IA un enjeu sociétal ».
L’école y ajoute la dimension business :
« Aujourd’hui, les acteurs de l’IA les plus performants ne sont pas ceux qui ont la meilleure technologie, mais ceux qui, comme Google, ont trouvé le bon business model.
Certains experts parlent déjà d’un avenir avec une IA sans code, l’aspect technique passe donc au second plan, d’autant plus que les langages évoluent et que les connaissent acquises se périment vite.
Ce dont manquent les entreprises, ce ne sont pas de techniciens, ce sont d’équipes qui comprennent la relation client, les liens entre les systèmes et les métiers qu’il faut penser dans un cadre global. »
L’employabilité
Les perspectives d’emploi sont « considérables », selon Tawhid Chtioui.
« On dénombre 300 000 experts en IA et Data dans le monde, alors que les besoins se comptent en millions. Les PME ne pourront pas s’offrir différents profils pour chaque brique de l’écosystème de l’IA ; elles auront besoin de nos profils hybrides. »
Il souligne aussi que l’employabilité n’est pas l’insertion :
« Nous n’allons pas simplement donner à nos étudiants une connaissance technique, mais des fondamentaux qui permettent de réinventer la technique demain. »
Autre spécificité pédagogique, la création d’une « clinique de l’IA », inspirée des écoles de médecine ou d’ostéopathie au sein desquelles les étudiants s’exercent à leur métier au contact de vrais patients.
Ainsi, Aivancity disposera d’un espace « équipé avec les meilleures technologies » où les étudiants, supervisés par des enseignants, offriront leurs services et travailleront sur de vrais projets.
« Ce sera une vraie valeur ajoutée offerte à notre écosystème local et régional. »
« Garantie à vie »
Aivancity proposera une « garantie à vie de mise à jour du diplôme » à ses alumni. Un « concept unique protégé par un brevet déposé », affirme Tawhid Chtioui.
Ainsi, les diplômés auront accès à la plateforme en ligne et pourront revenir se former à l’école. Pour les élèves du PGE, ce service sera gratuit pendant dix ans, puis accessible sous forme d’abonnement.
Une offre qui se concrétise par l’inscription du diplôme dans la blockchain, avec l’aide de l’entreprise BCdiploma, qui sera automatiquement mis à jour à chaque nouvelle formation suivie par le diplômé dans son école.
« On entre dans une logique de diplôme dynamique », résume le fondateur de l’école.
6 M€ investis dans les locaux
L’école disposera de 4 000 m2 dans les anciens locaux de l’ENS Cachan.
Tawhid Chtioui a créé la société Aivancity Patrimoine pour gérer ce volet immobilier auquel sont consacrés 6 M€ de travaux. La rénovation du bâtiment a été confiée au cabinet d’architecture Patriarche.
« On achète un bâtiment au cœur de la cité universitaire de Cachan au sein de laquelle on retrouvera l’EPF Ecole polytechnique féminine - devenue EPF Ecole d’ingénieurs , l’Icam Institut catholique d’arts et métiers et l’IUT Institut universitaire de technologie Paris-Sud de Cachan.
La Ville investit énormément pour maintenir une offre d’enseignement supérieur de grande qualité et nous a ouvert les bras à des conditions exceptionnelles.
Dans la perspective de partenariats durables avec la Ville, AIvancity sera ouverte sur son écosystème et entend avoir de l’impact sur le territoire », affirme son fondateur.
Gouvernance et partenariats
Tawhid Chtioui est le seul actionnaire du projet. Le conseil d’administration, qui sera l’organe stratégique, réunira trois collèges composés de personnalités de premier plan dans leur domaine : institutionnel, entreprises, scientifique. Choose Paris Region et le Syntec numérique figurent parmi les soutiens de l’établissement.
L’école dispose d’une alliance stratégique avec l’EPF École d’ingénieur.e.s et d’un partenariat avec Arts et Métiers.
En outre, un partenariat avec Berkeley sera annoncé jeudi 10/09 lors d’une conférence de presse, “permettant une immersion internationale au plus haut niveau pour les étudiants”.
« Une logique d’apprentissage »
Je suis dans une logique d’apprentissage »Quel lien entre cette nouvelle école et le projet avorté d’école de l’IA que Tawhid Chtioui portait lorsqu’il dirigeait EMLyon dont il a été directeur général pendant quelques mois ?
« J’ai écrit le premier projet il y a deux ans, lorsque j’étais encore au Maroc… quand je le relis aujourd’hui, ce n’est pas loin de ce que l’on a fait ! Le plus important, ce ne sont pas les idées, mais la capacité à les mettre en œuvre. », répond l’intéressé.
« Ce projet est un aboutissement et pas une revanche » après son départ d’EMLyon du fait d’un conflit avec le fonds Qualium, propriétaire de l’école, assure-t-il.
« Je suis dans une logique d’apprentissage, l’expérience EMLyon m’a été très utile notamment sur la question des levées de fonds et pour imaginer le modèle de financement compatible avec un projet éducatif humain et durable. Je rêvais de créer une école, c’était le bon moment ! »
Tawhid Chtioui
Fondateur et DG @ Aivancity School for Technology, Business & Society Paris-Cachan
Tawhid Chtioui est Chevalier de l’ordre des Palmes Académiques (promotion du 14 juillet 2016).
Consulter la fiche dans l‘annuaire
Parcours
Fondateur et DG
Directeur général
Président du directoire
Directeur Général Afrique
Directeur National ISEG Business & Finance School
Directeur Exécutif
Directeur délégué
Maitre de conférences associé
Professeur et directeur de Mastère Spécialisé
Allocataire-moniteur puis Attaché Temporaire d’Enseignement et de Recherche
Établissement & diplôme
Executive certificate - Leadership Development Program in Higher Education
Doctorat en sciences de gestion
DEA, décision, contrôle
Fiche n° 3266, créée le 01/04/2014 à 09:11 - MàJ le 01/12/2021 à 12:06