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Pôles de compétitivité : « Avec le Covid-19, la régionalisation s’est accélérée » (J-L. Beylat, AFPC)

News Tank Éducation & Recherche - Paris - Actualité n°180772 - Publié le 16/04/2020 à 18:35
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Jean-Luc Beylat, président de l’AFPC - ©  D.R.

« Les pôles de compétitivité sont structurés sur des territoires larges et sont donc habitués à travailler à distance. Globalement, ils se sont adaptés aux conséquences de la crise du Covid-19 et continuent donc leurs activités », indique Jean-Luc Beylat Président @ Association Bernard Gregory • VP Ecosystems, Market Enablers & Customer Innovation Centers, President Nokia Bell Labs France @ Nokia • Expert auprès de la commission Européenne @ Connect… , président de l’association française des pôles de compétitivité, à News Tank le 16/04/2020.

Il ajoute que les pôles se sont mobilisés pour contribuer à la solidarité, grâce aux structures qu’ils hébergent (incubateurs, fablabs, etc.) qui permettent la fabrication de matériel de protection notamment.

« Les périodes de crise représentent des moments où l’on est obligé d’innover et les pôles de compétitivité sont des lieux d’innovation », dit-il.

Concernant l’impact économique de la crise, « les pôles qui avaient fait rentrer des cotisations tôt dans l’année ne sont pas affectés, pour les autres, il est plus compliqué, en cette période, de réclamer des cotisations alors que les entreprises sont touchées de plein fouet ».

Jean-Luc Beylat note cependant que du fait de la crise, la régionalisation des pôles de compétitivité s’est « accélérée ».

« Les mesures décidées en fin d’année 2019 par le gouvernement allaient très lentement, nous étions presque inquiets, mais face à l’urgence générée par l'épidémie et dans le cadre du dialogue soutenu entre l'État et les régions, les choses se sont simplifiées », déclare-t-il.

Ainsi, alors que jusqu'à présent les pôles recevaient des subventions de la part de l'État et des régions, celles-ci représentent maintenant « un guichet unique » en centralisant toutes les subventions.

Si cette accélération n’est pas « homogène », selon les mécanismes de décision des régions et leur capacité à les digitaliser pendant cette période, il considère que « la partie subvention devrait mieux se dérouler en 2020 qu’en 2019 ».

En dehors de l’aspect économique, Jean-Luc Beylat observe que les interactions entre les régions et les pôles se sont « améliorées » depuis le début de l'épidémie : les régions « s’appuient sur les pôles pour interagir avec les entreprises dans le contexte de la crise sanitaire ». Ce qui « était déjà le cas avant, mais s’est d’autant plus fluidifié dernièrement ».  

« Le lien entre les collectivités territoriales et les pôles a pris un nouveau sens dans ce contexte : d’une part cela contribue au fonctionnement des pôles et d’autre part, ils jouent désormais un rôle de diffusion de l’information et des décisions, même si ce n’est pas leur cœur de métier », précise Jean-Luc Beylat.

Jean-Luc Beylat précise que certaines activités des pôles, notamment événementielles, ont diminué ou, si elles n’ont pas pu être digitalisées, sont à l’arrêt, impliquant du chômage partiel pour les équipes concernées. Celles qui se sont tenues en ligne n’ont, selon lui, « jamais été aussi suivies ».


Un nouveau groupe au sein de l’AFPC dédié au Covid-19

Jean-Luc Beylat, président de l’AFPC Association Française des Pôles de Compétitivité , indique que dès la première semaine de confinement, du 16/03, à la demande des pôles, un nouveau groupe de travail a été créé, dédié au Covid-19.

L’AFPC fonctionne habituellement en commission avec des groupes de travail thématiques. « Celui sur le Covid-19 permet aux pôles de mutualiser les informations et d’aborder ensemble cette nouvelle période, notamment pour échanger sur des sujets d’ordre pratique comme le chômage partiel ou la trésorerie », indique Pauline Capus, directrice générale de l’association, à News Tank le 16/04/2020.

« Le groupe se réunit une fois par semaine le vendredi, ce qui permet de mettre à jour les informations, qui évoluent régulièrement avec les décisions du gouvernement et de faire remonter auprès de la DGE Direction générale des entreprises les projets solidaires qui émergent dans les pôles », ajoute Jean-Luc Beylat.

Ces réunions sont l’occasion de « prendre la température de l'économie de l’innovation » et de maintenir des liens entre les pôles, « qui ne jouent pas seulement un rôle de relais d’information, mais poursuivent leurs collaborations », précise le président de l’association.

En effet, alors que l'épidémie ne se répand pas de la même manière selon les régions, il est d’autant plus « précieux » de pouvoir organiser des « temps d'échange et de retour d’expérience », ajoute Jean-Luc Beylat.

Réfléchir à l’après-Covid

Pauline Capus ajoute que, dans un second temps, ce groupe permettra aux pôles de « réfléchir à l’impulsion qu’ils devront donner dans l’après Covid-19 ».

S’il est aujourd’hui « un peu tôt » pour que des réflexions à ce sujet émergent selon Jean-Luc Beylat, « les pôles devront réfléchir aux actions qu’ils souhaiteront mener collectivement pour aider les entreprises, faciliter les échanges entre les grands groupes et les PME Petites et moyennes entreprises et faire en sorte qu’une chaîne solide se construire pour que l'économie française puisse résister ».

Régionalisation des pôles : « Un décalage entre la parole de l'État et la mise en œuvre » 

Jean-Luc Beylat revient sur les annonces du gouvernement de remplacer le FUI fonds unique interministériel par les PSPC Projets de recherche et développement structurants des pôles de compétitivité -régions. Selon lui, « les choses avancent très lentement. Nous n’avons pas de visibilité. En 2020, il était question de régionaliser encore plus, mais les choses se sont arrêtées ».

« Globalement, la France finance de moins en moins la recherche collaborative, ce qui n’est pas un bon signal étant donné que c'était un élément structurant de l’innovation de demain. Et ce, alors que la recherche en cours pour le Covid est une recherche collaborative », ajoute le président. 

« Cette faiblesse affecte les pôles de compétitivité », selon Jean-Luc Beylat, qui déclare qu’il y a un « décalage entre la parole de l'État et la mise en œuvre », ce qu’il considère comme quelque chose « d’inquiétant ».  

Il prend l’exemple du plan Deep Tech de Bpifrance qui selon lui « ne pourra se développer sans la recherche collaborative ». 

« Ce sont des contradictions de positionnement qui sont difficiles à expliquer, si ce n’est que nous constatons que le discours n’est pas suivi par le financement », ajoute Jean-Luc Beylat. 

La LPPR « attendue, mais en suspens »

Ces avancements font partie des « axes attendus avec la LPPR Loi de programmation pluriannuelle de la recherche et le nouveau PIA Programme d’investissements d’avenir  », selon le président. « Tout ceci est en suspens et pendant ce temps là, nous perdons du terrain ».

« Il n’y a pas d’annonces claires à ce sujet : est-elle décalée ? Quels sont les détails ? Or, cette loi devait permettre de faire émerger une nouvelle politique du gouvernement sur la recherche collaborative ».

Il ajoute qu’il est, « aujourd’hui encore, nécessaire en France de simplifier les choses ».

« Nous avons fait de gros progrès en 20 ans avec les lois Allègre et Pacte Plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises , mais il y a encore beaucoup de choses à mettre en place pour faire de la France une société d’innovation », déclare Jean-Luc Beylat. 

« Un autre sujet d’actualité pour l’AFPC concerne les Comités stratégiques de filières coordonnés par l'État.

Les pôles sont très présents dans beaucoup de CSF Comité stratégique de filière afin de faciliter les interactions et mettre en place le volet innovation.

C’est un élément important pour nous, car cela correspond à notre idée selon laquelle l’innovation doit s’articuler entre les régions, l'État et l’Europe. Cette politique donne une dimension nouvelle à l'État, c’est un point important », indique Jean-Luc Beylat.

 

Jean-Luc Beylat


• Co-auteur avec Pierre Tambourin, du rapport « L’innovation : un enjeu majeur pour la France » rendu au gouvernement en avril 2013.


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Parcours

Association Bernard Gregory
Président
Nokia
VP Ecosystems, Market Enablers & Customer Innovation Centers, President Nokia Bell Labs France
Connect Advisory Forum
Expert auprès de la commission Européenne
Alcatel-Lucent France
VP European Programs & Policy - Head of Alcatel-Lucent Bell Labs France
Alcatel-Lucent France
VP Business Partnership, Bell labs
Alcatel-Lucent France
VP strategic cooperative R&D programs

Établissement & diplôme

Université Paris 6 - Pierre et Marie Curie (UPMC)
PhD Physics

Fiche n° 20224, créée le 24/11/2016 à 09:58 - MàJ le 08/04/2019 à 12:56

Association française des pôles de compétitivité

Catégorie : Associations, réseaux


Adresse du siège

Pépinière de Palaiseau
7 rue Croix Martre
91112 Palaiseau France


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Fiche n° 1943, créée le 05/05/2014 à 12:26 - MàJ le 16/04/2020 à 17:59

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