Lille : l’I-site Ulne mobilise 2 M€ pour la recherche sur le Covid-19, « en lien avec sa stratégie »
« Nous avons pris cette décision, car il y a une urgence à laquelle nous voulons répondre, et parce qu’elle s’intègre à notre stratégie », déclare Régis Bordet, directeur général de la Fondation I-site
Initiative-Science-Innovation-Territoire-Economie
Ulne
Université Lille Nord Europe
(Université Lille Nord-Europe), à News Tank, le 07/04/2020.
Le conseil d’administration de la fondation a voté, le 31/03, un plan d’urgence contre le Covid-19, prévoyant la mise à disposition de 2 M€ au profit de la « task force recherche » lilloise émanant du CRBSP (Comité de la recherche en matière biomédicale et de santé publique) et à laquelle participe l’I-site lilloise, aux côtés du CHU
Centre hospitalier universitaire
, de l’université, l’Inserm
Institut national de la santé et de la recherche médicale
, le CNRS
Centre national de la recherche scientifique
et l’Institut Pasteur de Lille, comme l’indiquait News Tank, le 01/04.
La task-force a pour mission de « répartir le plus efficacement possible ce budget entre les propositions qui lui seront soumises par les chercheurs et les médecins, selon le cahier des charges fixé par le conseil d’administration de l’I-site, en lien avec sa stratégie. » Ce travail de sélection doit débuter « dès la fin de cette semaine ».
Pour obtenir un financement, les projets :
• devront être développés suivant trois axes : un axe physiopathologie, un axe diagnostic et un axe pharmacologie et thérapeutique ;
• « porter sur des recherches originales, qui ne sont pas déjà conduites dans d’autres cadres pour éviter les redondances
• et s’assurer de leur articulation avec les coordinations nationales et européennes de lutte contre le Covid-19. »
Il s’agit aussi d’aider des projets « avec un impact médical rapide », précise le DG
Directeur(rice) général(e)
. Une façon de ne pas pénaliser les autres projets soutenus par l’I-site. « On est très attentifs à ce que cette mobilisation ne vienne pas obérer les projets en cours sur d’autres champs disciplinaires, ou qui doivent être lancés prochainement, comme l’accueil de talents ou le programme jeunes chercheurs. »
Régis Bordet voit par ailleurs dans cette réponse coordonnée par l’I-site « un exemple fort du partenariat entre tous les acteurs, et un des moteurs du futur établissement expérimental que nous sommes en train de mettre sur pied. En tant que directeur de la Fondation I-site qui devra défendre le dossier auprès du jury en 2021, cela nous donne des arguments pour montrer combien le site lillois est en ordre de marche. »
Le projet I-site prévoit la création d’un établissement de type expérimental en 2022, autour de l’Université de Lille avec comme établissements-composantes Sciences Po Lille, l’Ensap
École nationale supérieure d’architecture et de paysage
, l’ESJ
Ecole supérieure de journalisme
Lille et Centrale.
« La crise du Covid-19 est un cas d’école pour la médecine de précision », un des hubs d’excellence de l’I-site
Après la mise en place de la task-force lilloise, fin mars, à laquelle il a participé, Régis Bordet dit « avoir senti assez vite, qu’au-delà de la coordination et la mise en réseau, qu’il y aurait besoin d’un accompagnement financier de la recherche ».
Une démarche d’autant plus évidente à mener pour l'I-site Initiative-Science-Innovation-Territoire-Economie qu’elle s’inscrit dans l’un de ses trois hubs d’excellence, consacré à la santé de précision.
« Sans cela, nous ne l’aurions pas fait. Pour cette thématique, la crise constitue un véritable cas d’école, et nous pourrons mettre en valeur tout ce qui a été produit dans le bilan de l’I-site. On le fait de manière un peu accélérée, mais avec la possibilité de capitaliser ensuite sur tout ce qui a été fait, au profit d’autres sujets. Cela fait pleinement partie de nos missions », ajoute celui qui est aussi vice-président stratégie de l’Université de Lille et médecin pharmacologue au CHU Centre hospitalier universitaire de Lille.
Les trois axes pour les projets soutenus
Il reviendra à la task-force de sélectionner les projets à financer, selon trois axes indique la fondation :
- Le premier axe concerne la physiopathologie et la compréhension des mécanismes associés à la sévérité à court terme de la pathologie : les médecins ont besoin de mieux comprendre ces phénomènes pour appliquer des traitements disponibles ou expérimentaux. Il s’agit d’appliquer les principes de la médecine de précision à la compréhension de ces phénomènes physiopathologiques qui sont pour beaucoup inattendus.
- Le deuxième axe porte sur le diagnostic. Il sera essentiel de comprendre l’articulation entre séroconversion et pathologie, et les mécanismes de transmission. Il s’agira d’appuyer les travaux de recherche pour préparer des outils de diagnostic de précision et préparer la période de sortie du confinement.
- Le troisième axe est un axe pharmacologique et thérapeutique avec le test in vitro de molécules candidates, notamment sur la base d’une chimiothèque construite à Lille de longue date, mais aussi la mise en place d’essais thérapeutiques originaux, menés avec une méthodologie rigoureuse, et complémentaires des essais en cours par exemple portant sur les patients qui n’ont pas encore développé les symptômes les plus graves, mais qui appartiennent aux populations à risques : les patients diabétiques, obèses, hypertendus, âgés ou qui présentent des déficits immunitaires.
La recherche de cofinancements
Sur le choix du montant mobilisé, Régis Bordet indique que le CA Directeur(rice) général(e) de la fondation I-site s’est basé « sur la visibilité des projets, qui sont plutôt coûteux, que ce soit en physiopathologie, sur le montage d’un essai thérapeutique, ou sur le test de molécules. Cela a contribué à l’équation. »
Par ailleurs, la fondation cherche des cofinancements, « notamment de donateurs privés, mais aussi de l'ANR Agence nationale de la recherche et de l’Europe, car en parallèle, les chercheurs répondent aux appels à projets nationaux et européens ».
« Dans une situation de crise, la réalité de l’EPE apparaît »
Pour Régis Bordet, la mobilisation des acteurs lillois, dans le cadre de la task-force « apporte la démonstration de quelque chose qu’à titre personnel je sentais depuis quelques mois, car en tant que PU-PH Professeur des universités - praticien hospitalier , je me trouve un peu au carrefour des différentes institutions, mais ce n’était pas le cas de tout le monde. D’un seul coup, dans une situation de crise, la réalité de l’établissement expérimental apparaît. »
Il cite l’exemple d’un week-end fin mars où il a mis en relation l’institut de pharmacie du CHU avec les laboratoires disposant d’imprimantes 3D : « Le lundi on fabriquait des flacons pour le gel hydroalcoolique ».
« C’est cela un EPE Etablissement public expérimental , quand tout le monde a l’esprit maison, l’esprit de corps. Je pense que grâce à cette crise, tout le monde en a pris conscience », dit-il.
Une marge de manœuvre financière
Il estime par ailleurs que l’I-site a fait la preuve de son efficacité. « Le fait d’avoir un label d’excellence donne un peu de marge financière. On me rétorque souvent “15 M€ c’est quoi par rapport au budget d’une université ou d’un CHU ?”. En effet, mais quand on a besoin d’être réactif, cela donne la possibilité de venir aider des institutions qui n’ont pas ce levier, parce qu’elles ont 83 % de masse salariale ».
Une preuve qui pourrait se révéler utile alors que les acteurs de l’I-site vont entrer dans la phase de préparation des projets de statuts, qui peut générer des tensions.
« On n’est pas très différent de Nantes ou Lyon, avec une tendance pour certains établissements - que je comprends tout à fait - à regarder son périmètre, ses prérogatives. Mais je pense que ce genre de réflexe explose assez vite quand il y a besoin de faire ensemble, qu’on peut réagir vite, et que cela fonctionne. On comprend bien ce qu’est une I-site et à quoi elle sert. »
« Un test de cohérence et de connivence »
Cette crise a montré « la solidité des circuits, et la confiance qui s’est installée entre les acteurs : Emmanuel Duflos, directeur de Centrale fait partie de la task-force et pourtant, il n’est pas médecin, mais Centrale et les écoles ont leur rôle à jouer. »
« Le fait de travailler ensemble au montage de l’EPE Etablissement public expérimental a été un bon test de la cohérence et même la connivence entre nous. C’est une mise à l’épreuve positive. Et c’est une grande satisfaction de voir que les acteurs, au-delà des positionnements institutionnels se retroussent les manches pour aller dans le même sens. »
Un impact sur le calendrier de la construction de l’EPE
Seule ombre au tableau, le décalage dans la construction de l’établissement cible, imposé par la fermeture actuelle.
« Nous avions une fin de trimestre importante avec des votes prévus dans les instances des établissements sur un document d’orientation stratégique », indique Régis Bordet.
Ce document se compose de deux grandes parties :
- « Une qui détaille les ambitions de l’EPE, ce qu’on veut y faire en matière d’enseignement, de recherche, d’international, etc. qui est bien avancée et qui fait relativement consensus.
- Une autre sur le futur schéma d’organisation de l’EPE, et qui est moins avancée, notamment sur la question du “comment”, où les discussions commencent ».
Si deux CA exceptionnels ont pu se tenir, à l’université et à l'ESJ Ecole supérieure de journalisme , les trois prévus le 26/03, à Centrale, Sciences Po et l'Ensap École nationale supérieure d’architecture et de paysage ont été reportés.
« Cela va nous faire perdre deux ou trois mois, même si ce n’était qu’un vote intermédiaire, puisque le vote final sur les statuts n’aura lieu que fin 2020.
Mais, nous avons voulu être clairs sur le fait qu’il n’y aurait aucune décision importante prise sur l’EPE dans cette période de fermeture, où les conditions de dialogue et de réunion des instances sont dégradées », dit-il.
Pas question pour autant de ne pas avancer. « À la suite des premiers votes en CA, il y a eu des remarques, donc nous profitons de cette période de confinement pour continuer à affiner les discussions entre établissements, et voir comment répondre aux questions. On organise des échanges en visioconférence.
Notre objectif à tous est d’arriver à une copie finale qui permette à des communautés différentes de se projeter dans un même établissement, d’avoir ce sentiment d’appartenance. »
Parcours
Président
Directeur général
Directeur de l’unité mixte de recherche sur les troubles cognitifs dégénératifs et vasculaires
Vice-président stratégie et prospective
Vice-Président Recherche
Coordonnateur
Directeur
Fiche n° 31905, créée le 13/07/2018 à 17:38 - MàJ le 10/07/2024 à 16:27