Exclusif« Vivre et travailler confiné dans l’Esri » : premiers résultats de l’étude News Tank - Adoc Mètis
• 99 % des personnes interrogées par News Tank et Adoc Mètis affirment que leur activité se poursuit à distance pendant le confinement ;
• près de la moitié (47 %) se jugent moins performants et 49 % ont du mal à fixer convenablement une frontière entre vie privée et vie professionnelle ;
• 74 % utilisent, du fait du confinement, des outils nouveaux et 70 % mettent en place des pratiques nouvelles ;
• 57 % des répondants pensent que leurs pratiques professionnelles vont durablement changer après la crise.
Ces résultats sont tirés de l’enquête « Vivre et travailler confiné dans l’Esri
Enseignement supérieur, recherche et innovation
» à laquelle ont répondu 633 personnes. Imaginée par News Tank et le cabinet Adoc Mètis pour appréhender la manière dont les personnels et dirigeants de l’écosystème ont réagi au confinement.
Ce premier article présente la démarche, détaille le profil des répondants et met en exergue les résultats de questions posées à l’ensemble des répondants.
Par la suite, seront présentées les données relatives à l’impact sur les enseignants-chercheurs, et chercheurs, en particulier en matière de pédagogie et de recherche, sur les personnels de soutien et sur les dirigeants.
Les résultats bruts sont commentés par trois chercheurs associés à l’étude et qui prévoient par ailleurs d’en exploiter les données pour des travaux académiques :
• Romain Pierronnet
Chargé de mission scientifique @ Office français de l’intégrité scientifique (Ofis) • Chargé d’appui à la politique scientifique @ Cerefige (Centre européen de recherche en économie financière et…
, co-concepteur de l’enquête, consultant chez Adoc Mètis et chercheur associé à l’Institut de recherche en gestion (Upec
Université Paris-Est Créteil
- Université Gustave Eiffel) ;
• Tarik Chakor, maitre de conférences en sciences de gestion à l’Université Savoie Mont-Blanc ;
• Hugo Gaillard, enseignant-chercheur en gestion des ressources humaines (Ater
Attaché temporaire d’enseignement et de recherche
) à Le Mans Université.
Pour profiter au mieux des infographies interactives de cet article, nous vous recommandons de le consulter en ligne, sur notre site internet.
Méthodologie
Adoc Mètis et News Tank higher ed & research ont lancé une enquête conjointe destinée à l’ensemble des personnels du secteur de l'Esri Enseignement supérieur, recherche et innovation après la mise en place du confinement, entré en vigueur le 17/03.
Réalisée du 03 au 23/04, l’enquête s’articulait autour d’un total de 94 questions, organisées en six groupes conditionnels de sorte à ne poser certaines questions qu’à certaines catégories de répondants. Un dernier bloc de questions était commun à l’ensemble des répondants.
L’enquête a reçu un total de 633 réponses complètes sur lesquelles s’appuient nos résultats et analyses.
Les données collectées sont à la fois quantitatives (réponses à des questions fermées) et qualitatives (recherche de témoignages, notamment) et feront l’objet d’un traitement sous le double prisme journalistique et scientifique, avant d’être diffusées en open data.
« Nous avons reçu un grand nombre de commentaires complémentaires de la part des répondants.
C’est assez inhabituel pour deux raisons : d’abord parce que ces commentaires sont bien plus nombreux qu’habituellement dans ce genre d’enquête, mais aussi de par leur teneur.
En effet, on nous a très fréquemment remerciés pour cette enquête, parce qu’elle permettait de donner la parole aux personnels dans un contexte de confinement où les lieux habituels de parole ne sont plus les mêmes.
Les commentaires reflétaient aussi l’envie que des enseignements soient tirés de cette expérience contrainte, ce que nous allons essayer d’analyser par la suite », déclare Romain Pierronnet, co-concepteur de l’enquête, consultant chez Adoc Mètis et chercheur associé à l’Institut de recherche en gestion (Upec Université Paris-Est Créteil -Université Gustave Eiffel).
Qui sont les répondants ?
58,1 % des répondants sont des femmes, 38,5 % des hommes et 3,32 % n’ont pas précisé leur genre.
Ont répondu :
- 289 enseignants-chercheurs ;
- 284 personnels d’appui ;
- 60 personnes relevant d’autres statuts.
Zoom sur quelques caractéristiques des répondants
Votre statut
Votre type d’établissement
Êtes vous membre de l’équipe de direction ?
L’impact du confinement pour l’ensemble des répondants
La quasi-totalité des répondants poursuivaient, au moins partiellement, leur activité au moment de l’enquête.
- Ils se partagent de manière presque égale entre ceux qui estiment parvenir à fixer les frontières en vie privée et vie professionnelle (oui à 51 %) et ceux qui n’y arrivent pas (49 %).
- Près de la moitié (47 %) jugent être moins performants dans cette nouvelle configuration.
- Ils sont 70 % à avoir mis en place de nouveaux modes de fonctionnement et 74 % à utiliser de nouveaux outils, 66 % des répondants ayant eu des consignes de leur établissement à ce sujet.
« L’activité se poursuit en grande partie, l’adaptation est réelle, mais elle se fait à marche (parfois) forcée », estime Tarik Chakor, maître de conférences à l’Université Savoie Mont-Blanc.
S’agissant des adaptations mises en place, les répondants évoquent, dans leurs commentaires :
- des réunions plus fréquentes et de durée réduite,
- des activités pédagogiques basculées à distance,
- l’écriture de procédures, la fabrication de supports de cours adaptés,
- l’utilisation de nouveaux logiciels,
- de nouveaux rituels de contact avec les collègues ou collaborateurs…
Les nouveaux outils utilisés sont également cités dans les commentaires : Microsoft Teams, Zoom, Moodle sont, de loin, les plus fréquemment évoqués. Discord, Skype, Renater, Slack et Webex le sont dans une moindre mesure.
Interrogés sur leur connaissance, avant la crise, des différents types d’outils numériques, les répondants connaissent moins les LMS (Moodle, Blackboard…) et outils de liste de tâches, que les solutions collaboratives (Teams, Slack, Trello, Discord), les logiciels de visioconférence (Teams, Skype, Zoom etc.), les VPN ou les réseaux sociaux, dont ils sont plus familiers.
L’impact du confinement pour l’ensemble des répondants
Des changements majeurs, mais pas forcément durables
57 % des répondants évoquent un changement de sens de leur métier, du fait de la crise.
« Il y a une reconsidération du sens donné à son métier, notamment autour de la frontière vie privée, vie professionnelle, de son équilibre, sur l’engagement, sur le sens de la vie en général et la place du travail, synthétise Tarik Chakor.
Les répondants évoquent aussi une “prise de recul“, une “pause dans le temps“, ainsi que de nouvelles priorités (place de la famille et des relations humaines) ou la confirmation de leur propre utilité (pour les métiers en lien avec le numérique, la santé etc.). »
Le confinement m’amène à reconsidérer le sens que je donne à mon métier :
Avez-vous le sentiment que vos pratiques professionnelles vont durablement changer à l’avenir, une fois le confinement achevé ?
La réponse des employeurs à la crise, jugée plutôt positivement par l’ensemble des personnels
« La gestion de la crise est essentiellement perçue comme adaptée (83 %) et le plan de continuité d’activité est connu à 73 % », note Tarik Chakor.
La gestion de la crise par votre employeur est…
Avez-vous connaissance du plan de continuité de l’activité de votre employeur ?
L’état d’esprit en trois mots-clés
Invités à décrire leur état d’esprit du moment en trois mots, les répondants citent majoritairement la fatigue.
L'inquiétude est également très évoquée, mais des termes plus positifs comme la sérénité, le calme et la motivation figurent en bonne place.
« La fatigue est ici employée par les répondants pour décrire leur état d’esprit. Ceci est intéressant en soi, parce que l’on associe fréquemment la fatigue à un état physique et moins souvent psychologique. Les nombreux changements vécus par les E-C enseignant(s)-chercheur(s) , qui se traduisent par des ruptures à la fois culturelles (le sens) et pratiques (les outils, les procédures), peuvent constituer de premiers éléments d’explication d’une charge mentale importante, se traduisant à la fois par une situation de fatigue physique et psychologique », analyse Hugo Gaillard, enseignant-chercheur en gestion des ressourceshumaines (Ater Attaché temporaire d’enseignement et de recherche ) à Le Mans Université.
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