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ExclusifAlain Fuchs à News Tank : « PSL a donné des gages d’intégration poussés aux éditeurs de classements »

News Tank Éducation & Recherche - Paris - Interview n°122056 - Publié le 07/06/2018 à 17:14
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« L’un des signaux majeurs envoyés par les classeurs est que PSL Paris Sciences & Lettres , pourtant régie par le statut de la Comue Communautés d’universités et d'établissements , a donné des gages d’intégration suffisamment poussés pour pouvoir figurer dans deux classements », déclare Alain Fuchs, président du regroupement parisien à News Tank, le 07/06/2018.

L’Université PSL figure en effet au 4e rang du classement du THE sur les universités de moins de 50 ans et à la 50e place du classement mondial de QS, publiés le 06/06/2018. Deux classements qu’il intègre pour la première fois en 2018.

Alain Fuchs revient, pour News Tank sur ce « résultat important » :
• « Nous avons travaillé avec THE et QS pour leur expliquer que PSL pouvait être considérée comme une université à part entière ».
• « Le dialogue avec les agences de classement est direct et ne nécessite l’intervention d’aucun prestataire ou expert intermédiaire : nous ne faisons pas de “lobbying“ ».
• « En matière de visibilité internationale, ces classements attestent que la dynamique de transformation de l’ESR français est en train de porter ses fruits. Pour PSL, ils sont la preuve que l’intégration au sein d’une entité plus large d’institutions de tailles moyennes aux marques reconnues a très nettement accru leur visibilité à l’échelle mondiale. »

Concernant la construction de PSL en tant qu’université intégrée, l’avant-proiet de statut est prêt et a été présenté au Mesri. L’enjeu est maintenant la parution d’une ordonnance permettant à PSL de déroger au code de l'éducation. « Le principe général est que PSL soit envisagée comme un grand établissement afin de pouvoir valoriser l’hétérogénéité de nos composantes. »

Interrogé sur la place de l’EHESS École des hautes études en sciences sociales - un vote des enseignants-chercheurs sur son statut de membre ou d’associé est prévu le 16/06/2018 -, Alain Fuchs affirme : « Je ne peux pas laisser dire que PSL agit dans une logique d’exclusion. »

Enfin, l’ancien président du CNRS s’exprime sur les récents prix scientifiques prestigieux obtenus par des Français : ils sont « le résultat de la confiance accordée à de grands chercheurs, qui ont bénéficié de financements réguliers et pérennes ».


Alain Fuchs répond à News Tank

La présence de PSL dans les classements THE et QS marque-t-elle une étape importante pour le regroupement ?

Des gages d’intégration suffisamment poussés »

Alain Fuchs : C’est un résultat important et un message très encourageant pour nos communautés qui se sont fortement mobilisées ces dernières années.

Figurer dans les classements n’est pas une fin en soi ni la raison pour laquelle nous faisons ce que nous faisons. Mais ils existent, sont lus, utilisés, et ont de l’importance auprès des étudiants, ainsi que des décideurs politiques et économiques. Il faut donc les prendre avec le plus grand sérieux.

L’un des signaux majeurs envoyés par les classeurs est que PSL Paris Sciences & Lettres , pourtant régie par le statut de la Comue Communautés d’universités et d'établissements , a donné des gages d’intégration suffisamment poussés pour pouvoir figurer dans deux classements.

Comment avez-vous obtenu cette décision des deux classements ?

Le statut de Comue est un handicap pour des universités »

Nous avons travaillé avec THE et QS pour leur expliquer que PSL pouvait être considérée comme une université à part entière.

Je m’en réjouis, car le statut de Comue est un handicap pour des universités. Il est mal perçu et mal compris par certaines agences, qui ont souvent pris la décision de ne pas classer tel ou tel regroupement. Nous sommes donc heureux de ne pas avoir attendu la parution de nos nouveaux statuts pour pouvoir être reconnus.

Dans le cas précis de PSL, plusieurs facteurs se sont révélés décisifs.

  • Les membres de PSL ont transféré l’intégralité de leurs diplômes à l’échelle de l’université.
  • Chaque école a décidé de figurer désormais dans les classements sous la seule bannière PSL.
  • Le taux de signature « Université PSL » des publications scientifiques a considérablement progressé ces dernières années pour atteindre désormais les 80 %.

Université PSL obtient un score global de 75,1 sur 100 dans le classement QS 2018.

• Réputation académique : 80,3;

• Réputation auprès des employeurs : 99,3;

• Ratio étudiants/enseignants : 99,9;

• Nombre de citations des publications : 26,6;

• Ratio d’enseignants étrangers ou taux d’internationalisation : 67,7;

• Ratio d'étudiants étrangers : 84,2.

Interrogé par News Tank sur la manière dont PSL a pu obtenir des notes de réputation académique et auprès des employeurs si hautes alors que sa marque est récente, QS précise avoir « additionné et dédoublonné les notes des établissements fusionnés ».

Comment travaillez-vous sur les classements ?

 

Nous ne faisons pas de « lobbying » »

Le dialogue avec les agences de classement est direct et ne nécessite l’intervention d’un prestataire ou expert intermédiaire : nous ne faisons pas de « lobbying », pas plus, comme j’ai pu l’entendre parfois avec un certain étonnement, voire agacement, que nous n’avons payé pour figurer dans les classements.

Le travail est réalisé en interne, par un chercheur, Daniel Egret Chargé de mission @ Université PSL (Comue)
, en lien avec le directeur de la recherche. Nous n’avons pas vocation à nous doter d’un département de scientométrie plus étoffé.  

En ce qui concerne le classement de Leiden, déjà paru, nous n’avons pas eu le temps de discuter de manière approfondie avec eux, mais le dialogue, je l’espère, aboutira l’an prochain.

Quant à ARWU Academic Ranking of World Universities (« Shanghai ») qui doit paraître le 15/08, je ne sais pas si PSL y figurera. Mais j’espère que notre statut juridique ne sera pas jugé bloquant, car pour le reste, PSL offre de sérieux gages.

Pierre Tapie Membre du conseil de surveillance @ Glion Institut de Hautes Études • Président @ VersLeHaut • DG @ Paxter • Vice président, président et président d’honneur @ Conférence des grandes écoles (CGE)
déclarait, lors de la semaine du management, à propos des business schools mondiales que la puissance des classements créait des institutions « machines à tricher ». N’est-ce pas aussi un risque pour les universités à terme ?  

Je ne souhaite pas rentrer dans des considérations ou des querelles d’experts ès classements ; mettons que cette déclaration me semble excessive. 

Il serait pour le moins contradictoire, après s’être alarmés en 2007-2008 de l’absence des universités françaises dans les principaux classements, de craindre maintenant d’en devenir les otages après une décennie de considérables efforts humains et financiers pour transformer le paysage de l’ESR français et le rendre plus visible à l’international. 

La dynamique de transformation de l’ESR français est en train de porter ses fruits »

En matière de visibilité internationale, ces classements attestent que la dynamique de transformation de l’ESR français est en train de porter ses fruits. Pour PSL, ils sont la preuve que l’intégration au sein d’une entité plus large d’institutions de tailles moyennes aux marques reconnues a très nettement accru leur visibilité à l’échelle mondiale.

Nous construisons PSL pour être plus visibles internationalement et que la science, la formation, la recherche et la valorisation françaises soient mieux considérées dans un contexte extrêmement compétitif. On ne se rend pas compte, en France, combien les choses bougent à l’international.

Reste que la valeur d’une université excédera toujours les batteries de critères, aussi affinés et utiles soient-ils. Einstein nous rappelle qu’« on ne peut pas compter tout ce qui a de la valeur, et ce que l’on peut compter n’a pas forcément de valeur ».

Justement PSL travaille depuis fin 2017 sur un projet de statuts pour la future université intégrée…

Nous avons déposé un avant-projet de statuts au ministère fin 2017, traduction fidèle de l’accord politique voté par tous les établissements.

Le but est simple : transformer le plus vite possible le statut de Comue de PSL en un statut raisonnable d’université, de grand établissement universitaire.

Nous travaillons d’arrache-pied sur nos statuts »

Ce changement dépend de la façon dont avance le vote du projet de loi pour un État au service d’une société de confiance et, en particulier, de son article 28 portant sur la gouvernance des regroupements. Nous espérons la parution de l’ordonnance permettant des mesures dérogatoires au courant de l'été. 

Nous travaillons d’arrache-pied sur nos statuts avec d’une part nos élus en interne, et d’autre part le ministère, via un groupe de travail mis en place par la Dgesip Direction générale de l’enseignement supérieur et de l’insertion professionnelle . Nous le faisons main dans la main avec l’Université Paris Saclay, afin de bénéficier de dérogations au code de l'éducation conduisant à un statut de grand établissement.

Ces nouveaux statuts, qui ne sont pas encore publics, répondent-ils aux exigences de gouvernance fixées par le jury Idex Initiative(s) d’excellence  ?

Il s’agit de sujets distincts : d’une part le statut juridique, d’autre part ce qui nous est demandé pour démontrer que l’intégration est une réalité au sein de PSL. Nous sommes très attentifs aux recommandations du jury, et nous entendons aussi les volontés de l’État.

Le principe général est que PSL soit envisagée comme un grand établissement afin de pouvoir valoriser l’hétérogénéité de nos composantes.

Nous avons l’espoir, sans que je ne puisse m’y engager, de voir nos nouveaux statuts adoptés au premier semestre 2019. 

Quelle formule avez-vous trouvée pour que le président de PSL ait, comme le demande le jury, le dernier mot en matière budgétaire et de recrutements, sachant que ce n’est même pas le cas en matière RH Ressources humaines dans les UFR des universités fusionnées ?

Nous avons mis en place des procédures budgétaires et RH. Le droit de veto du président sur les recrutements ne figure pas dans le code de l’éducation.

Dans sa récente évaluation de PSL, le Hcéres Haut Conseil de l'évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur pointe le manque de clarté sur les responsabilités respectives de PSL et de ses composantes…

Le rapport Hcéres a été mené dans un esprit constructif. Reste que la visite du comité est malheureusement intervenue trop tôt dans le calendrier et partant, le comité n’a pas été au fait des derniers développements figurant dans le projet de statuts. En l’espèce, ce dernier établit clairement les compétences partagées ou conservées dans les établissements et celles qui sont transférées, de même qu’il clarifie la question plus générale du niveau de subsidiarité.

Qu’en est-il des membres de PSL et notamment de l'EHESS École des hautes études en sciences sociales qui devait en faire partie, mais a, pour le moment, renoncé au vu des exigences du jury international ?

Nous avons défini le périmètre de l’Université PSL, qui est constituée de neuf établissements (Chimie ParisTech, EPHE Ecole pratique des hautes études , ENS École normale supérieure - PSL , Observatoire de Paris, ESPCI Ecole supérieure de physique et de chimie de la ville de Paris Paris, Paris-Dauphine, Mines ParisTech, Institut Curie et ENC École nationale des Chartes ). L’Université a par ailleurs des associés, qui jouent un rôle important.

L’EHESS était la dernière à ne pas s’être prononcée et, alors que je considérais, tout comme son nouveau président Christophe Prochasson Directeur d'études @ EHESS • Président @ École des hautes études en sciences sociales (EHESS)
Domaines de recherche / Thèmes principaux : Histoire de la France contemporaine (XIXe-XXe
, que sa place était parmi les membres de PSL, les choses ont évolué.

Dès la publication du communiqué du ministère, le bureau de l’EHESS a déclaré que, dans les conditions fixées par le jury, il ne pouvait plus être membre, mais associé.

Nous avons pris acte de cette décision : les droits et les devoirs des associés sont clairs, ils ont été du reste établis en commun. Je ne peux pas laisser dire que PSL agit dans une logique d’exclusion.

Les enseignants-chercheurs de l’EHESS voteront sur le statut de l'établissement au sein de PSL (Paris Sciences Lettres) Université, le 16/06/2018, apprend News Tank, le 07/06/2018.

L'établissement est le seul du regroupement parisien à ne pas encore avoir déterminé s’il souhaitait être membre ou associé. L’Assemblée générale de l’EHESS s'était déjà prononcée en faveur du statut de membre le 04/02/2017.

Cependant, après les résultats de l'évaluation de l’Idex PSL par le jury international et les exigences en matière de gouvernance fixées par le Premier ministre, l’EHESS a choisi de revoir sa position.

Quels sont vos autres chantiers et échéances ? 

Nous poursuivons la structuration et l’intégration de l’université sous forme d’une offre de programmes gradués (graduate programs) alliant recherche et formation aux niveaux master et doctorat. Ce travail s’inscrit dans la suite de la nouvelle cartographie des masters que nous avons élaborée et de la première vague des appels EUR Ecole universitaire de recherche du PIA Programme d’investissements d’avenir .

Tel que se dessine le nouvel appel à projets EUR - et j’espère que l’idée ira jusqu’au bout -, il s’agira de déposer non pas plusieurs projets évalués séparément, mais une offre globale évaluée en son ensemble.

 

Vincent Studer lauréat 2017 du prix Jean Jerphagnon pour ses travaux en neurosciences ; Prix Albert-Einstein à Jean-Pierre Changeux ; prix Kavli 2018 accordés aux françaises Emmanuelle Charpentier et Christine Petit… Interrogé par News Tank sur son analyse de ces résultats, Alain Fuchs répond :

« La France est un grand pays de science, qui forme de grands cerveaux. Elle reçoit de façon assez régulière des prix prestigieux ces 10-12 dernières années : c’est la décennie la plus remarquable, y compris si l’on la compare à la décennie fabuleuse du tout début du siècle avec les Nobel de Marie Curie.

Ces grands scientifiques, il faut les financer. Dans les années 60/70 il y a bien eu des financements réguliers, illustration de la stratégie qu’un grand pays de science se doit de mettre en œuvre pour développer tous les domaines de la connaissance.

Ces prix sont le résultat de la confiance accordée à de grands chercheurs, qui ont bénéficié de financements réguliers et pérennes, pour mener leurs travaux sans la pression d’une obligation d’innovation de rupture immédiate.

Il faut s’en réjouir car ils sont la démonstration que lorsque la recherche est financée sur du long terme et de façon régulière, avec des prises de risque, les résultats sont visibles des décennies plus tard. »

Alain Fuchs


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Fiche n° 2393, créée le 04/03/2014 à 15:48 - MàJ le 31/03/2022 à 10:07

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