Rapport Pisani-Ferry : 9,2Md€ pour l’Esri dans le grand plan d’investissement dont 8,2 issus du PIA 3
Édouard Philippe
Président @ Entente Axe Seine • Président @ Le Havre Seine Métropole • Maire @ Ville du Havre
, Premier ministre, annonce le lancement du GPI
Grand plan d’investissement
(grand plan d’investissement), doté de 57 Md€ couvrant la période de 2018 à 2022, le 25/09/2017. 9,2 Md€ sont dédiés à l’enseignement supérieur, la recherche et l’innovation. Cela représente 1 Md€ de plus que les 8,2 Md€ déjà prévus dans le cadre du PIA
Programme d’investissements d’avenir
3 et désormais intégrés au GPI.
Le plan poursuit quatre finalités, qui contiennent toutes des initiatives liées à l’Esri
Enseignement supérieur, recherche et innovation
:
• accélérer la transition écologique (20 Md€) ;
• édifier une société de compétences (15 Md€) ;
• ancrer la compétitivité sur l’innovation (13 Md€) ;
• construire l’État de l’âge numérique (9 Md€).
Le contenu du GPI est annoncé à la suite de la remise par Jean Pisani-Ferry, professeur à la Hertie school of governance de Berlin et professeur associé à Sciences po, d’un rapport sur le sujet. Il l’a réalisé avec : Julien Dubertret, inspecteur général des finances ; Thomas Cargill, inspecteur des finances ; Marie Chanchole, administratrice Insee ; Amaury Decludt, inspecteur des finances ; et Christophe Gouardo, économiste à France Stratégie.
Concernant les crédits, Édouard Philippe annonce : « Au total ce sont 57 Md€ d’investissements que nous engagerons, grâce à la mobilisation des budgets des ministères qui vont accorder plus de priorités à ces dépenses d’investissement, grâce au financement du PIA 3 et grâce à la mobilisation exceptionnelle de la Caisse des dépôts et consignations et de la Banque européenne d’investissement ».
Le GPI prévoit ainsi l’inscription des crédits sur les budgets des ministères pour « sortir d’un dualisme entre impulsion réformatrice et routine gestionnaire » et « responsabiliser les ministres ». « La gouvernance du PIA 3 sera cependant maintenue sur son périmètre d’origine. Elle apparaît en effet particulièrement adaptée aux objets qu’il finance », affirment les auteurs du rapport.
Ce grand plan prévoit que les premières actions seront financées « dès le budget 2018 avant de se déployer progressivement au cours de la mandature », indique le Premier ministre.
Principe du grand plan d’investissement
« M. Pisani-Ferry m’a remis ce matin le rapport relatif au grand plan d’investissement 2018-2022 et nous venons de réunir les ministres qui ont participé à l’élaboration de ce plan et qui vont pouvoir bénéficier de ces crédits pour mettre en œuvre les politiques de transformation qui leur incombent », déclare Édouard Philippe, Premier ministre.
Le plan repose sur quatre principes :
- amplification et sanctuarisation de l’effort de l’investissement public : « avec la crise, nous avons un effet d’éviction de la dépense d’investissement or nous devons faire en sorte que l’argent public engage l’avenir. Mobiliser et garantir 50 Md€ d’investissements publics sur la durée du quinquennat pour donner de la puissance et de la visibilité à l’action. »
- Responsabilisation des ministres pour engager ces investissements, réformer et investir c’est la feuille de route de chacun des ministres.
- Mise en avant d’actions concrètes avec un impact visible pour nos concitoyens.
« C’est moins le montant que la nature des investissements qui comptent. »
- Réorientation durable des dépenses de fonctionnement vers des dépenses d’investissement.
« Nous devons regarder ce qui marche et ce qui ne marche pas pour orienter les crédits et budgets là où ils sont les plus efficaces. »
L’Esri dans le grand plan d’investissement
Financement des initiatives liées à l’Esri dans le GPI
Ancrer la compétitivité sur l’innovation (13 Md€)
Le rapport Pisani-Ferry prévoit l’investissement de 8,1 Md€ pour la finalité « Ancrer la compétitivité sur l’innovation », dont 7,1 Md€ dans le cadre du PIA Programme d’investissements d’avenir 3, sur la durée du quinquennat.
« La recherche sera au centre des investissements du PIA 3, afin de consolider son assise internationale et d’accélérer sa valorisation », déclarent les auteurs du rapport.
« Notre modèle d’enseignement supérieur et de recherche présente d’indéniables atouts qui ont permis à la France de se maintenir au 6e rang des puissances scientifiques mondiales. Cependant, ce modèle doit être amélioré, afin de continuer à susciter des vocations, de former des chercheurs talentueux, d’attirer des chercheurs du monde entier et de faire rayonner la France sur la scène scientifique. »
Le rapport donne quatre directions pour « dynamiser l’innovation de nos entreprises et leur permettre de se positionner en tant que leaders sur les marchés de demain » :
- « renforcer le lien entre la recherche universitaire publique et la recherche appliquée privée ;
- soutenir la prise de risque et la croissance d’entreprises innovantes dans les secteurs émergents, comme l’intelligence artificielle, l’exploitation des mégadonnées ou la cybersécurité ;
- accompagner la transformation de secteurs en mutation et l’évolution des modèles économiques, par exemple en matière de transition énergétique, de santé, de nouvelles mobilités ou pour des investissements culturels contribuant à l’attractivité et la revitalisation économique et sociale ;
- accompagner le développement du très haut débit sur l’ensemble du territoire ».
Détail des initiatives
Accélérer la transition écologique (20 Md€)
« Si la mutation de nos modes de production et de nos modes de vie s’étend sur plusieurs décennies, c’est dès maintenant qu’il faut presser le pas. En particulier, la crédibilité du virage vers la neutralité carbone en 2050 se joue au cours des cinq à dix prochaines années. Le plan concernera le bâtiment, les transports, les énergies renouvelables et l’innovation environnementale. 5 Md€ seront consacrés à l’accompagnement social des changements des modes d’habitat et de transport. »
Accueillir des chercheurs du monde entier pour lutter contre le changement climatique
Le programme d’accueil de scientifiques du monde entier pour « conduire des recherches sur les enjeux scientifiques et techniques de la lutte contre le changement climatique », piloté par le CNRS Centre national de la recherche scientifique , sera financé à hauteur de 30 M€ par le grand plan d’investissement et de 30 M€ supplémentaires par les organismes bénéficiaires.
Cela permettra « d’accueillir des chercheurs sur la durée du quinquennat ».
Accélérer le développement d’un modèle de transport durable
150 M€ du GPI sont destinés au financement du « développement d’innovations de rupture dans les transports », au travers de « projets commerciaux à forte dimension technologique menés en coopération entre laboratoires publics et industriels pour favoriser la mobilité durable ».
Édifier une société de compétences (15 Md€)
« Les compétences sont la clef de l’emploi et de la compétitivité de demain. La contribution du plan d’investissement à cet effort collectif, qui concerne tous les actifs et toutes les entreprises, sera principalement de rendre l’accès à l’emploi à un million de chômeurs peu qualifiés et à un million de jeunes décrocheurs. Il s’agira de formations longues et qualifiantes, assorties d’un accompagnement personnalisé. »
« Cette société de compétences, elle passe, en pratique, par la transformation de l’université afin de faire cesser cette réalité, vécue quotidiennement dans l’université française, qui consiste à sélectionner par l’échec et qui vaut à un très grand nombre d’étudiants d’entrer à l’université et d’en sortir, quatre ans après, sans aucun diplôme, sans aucune formation qualifiante », déclare Édouard Philippe.
Réforme du premier cycle (450 M€ dans le cadre du PIA 3)
Ce volet comprend notamment la réforme du premier cycle universitaire qui est doté de 450 M€ prévus dans le cadre du PIA 3.
« Avec un taux de 60 % d’échec en première année de licence, [le premier cycle] requiert une transformation urgente. Ce résultat excessivement médiocre représente un gâchis humain, social et financier, dont les conséquences se font sentir dans l’insertion professionnelle des jeunes », précise le rapport.
La réforme du premier cycle fait l’objet d’une vaste concertation, dont les résultats sont attendus pour la fin du mois d’octobre :
« Les axes de travail consistent notamment à améliorer l’orientation des jeunes dès le secondaire, à leur proposer des parcours dans lesquels ils auront toutes les chances de réussir, à personnaliser leur cursus et à renforcer leur accompagnement pédagogique. Le dispositif d’affectation Admission post-bac (APB) sera remplacé par une véritable plateforme d’orientation. »
L’efficacité de ces actions sera jugée « à l’aune de l’amélioration des taux de réussite des étudiants (baisse du taux de décrochage lors des premiers mois, hausse du taux d’obtention de la licence), par la baisse du chômage des jeunes diplômés et par le remplacement du système de tirage au sort par un système plus juste. »
Il indique par ailleurs que « le GPI mettra l’accent sur l’expérimentation, l’évaluation et l’adaptation des politiques publiques. Cette approche apparaît particulièrement pertinente puisqu’elle permet de développer rapidement et à bas coûts des solutions innovantes, qui, si elles sont concluantes, peuvent être étendues au bénéfice de tous. Les expérimentations financées devront chercher à améliorer le niveau des jeunes les plus en difficulté et à assurer leur avenir professionnel. »
Des formations dédiées aux chômeurs faiblement qualifiés (7,1 Md€)
La priorité est également donnée à la formation et l’accompagnement vers l’emploi d’un million de chômeurs faiblement qualifiés. L’effort mobilisera 7,1 Md€ sur la durée du quinquennat. Il vise à améliorer le taux de retour à l’emploi des demandeurs d’emploi peu qualifiés formés de 15 points.
Le rapport recommande que « le plan d’investissement dans les compétences finance plus de deux millions de formations, comprenant 1,8 million de formations pour les personnes faiblement qualifiées, et 250 000 formations à distance (concernant l’ensemble des publics) ».
Le plan doit permettre à un million des demandeurs d’emploi peu qualifiés, hors jeunes, de bénéficier de ces actions au bénéfice d’un accès à des emplois stables :
« Les formations seront adaptées aux profils de chacun. Les formations longues (entre six mois et neuf mois) et les formations certifiantes seront privilégiées, parce qu’elles garantissent plus durablement l’accès à l’emploi que les formations courtes. »
Le plan présente « trois différences fortes avec les actions de formations antérieures » :
- un accent sur les formations certifiantes qui améliorent durablement l’accès à l’emploi ;
- un accompagnement des demandeurs d’emploi avant, pendant et après leur formation ;
- en cohérence avec la réforme à venir, un effet de levier visant une transformation qualitative de l’offre de formation professionnelle.
Former et accompagner vers l’emploi un million de jeunes décrocheurs (6,7 Md€)
Le plan d’investissement dans les compétences permettra à 800 000 jeunes d’accéder à des actions de formation :
- 470 000 jeunes auront accès à des formations qualifiantes et certifiantes, ainsi qu’à des formations visant l’acquisition des postures professionnelles et des compétences relationnelles attendues par les recruteurs ;
- 330 000 jeunes pourront accéder à une préparation aux dispositifs d’apprentissage et d’alternance.
Le plan d’investissement dans les compétences « permettra, en plus de conforter les suivis intensifs actuellement mis en œuvre dans le cadre de la Garantie jeunes, d’augmenter de + 200 000 sur la durée du quinquennat le nombre de jeunes peu qualifiés accompagnés en vue de leur retour durable vers l’emploi ».