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Think Education : « Le design thinking représente un changement de paradigme pour l’enseignement »

Paris - Actualité n°86713 - Publié le 10/02/2017 à 18:07
©  Seb Lascoux
©  Seb Lascoux

« Le design thinking représente un changement de paradigme pour l’enseignement. Avant, l’éducation apportait des connaissances toutes faites aux étudiants. Dans la pensée design, ce sont les étudiants qui construisent eux-mêmes les connaissances », déclare Valérie Chanal Chargée de mission Innovation Pédagogique @ Université Grenoble Alpes (Comue) (UGA) • Professeur de management de l’innovation @ Université Grenoble Alpes (Comue) (UGA)
, coordinatrice scientifique de l’Idefi Initiative(s) d’excellence en formation(s) innovante(s) Promising (Université Grenoble-Alpes), le 07/02/2017.

Elle intervient lors de l’atelier de Think Education intitulé « Comment le design Thinking peut changer l’ESR ? », animé par Manuel Canévet CEO @ Canévet et associés
Canévet et associés a pour vocation d’accompagner les entreprises et institutions, et tout particulièrement les universités et grandes écoles, dans leur stratégie de…
(Canévet associés) et aux côtés de Dominique Sciamma Directeur de CY École de design @ CY Cergy Paris Université (EPE)
, directeur de Strate Ecole de Design et vice-président de France Design Education, et d’Olivier Ryckewaert Directeur @ Design’in, plateforme régionale d’innovation des Pays de la Loire • Animateur du Laboratoire des Mutations @ Région Pays de la Loire (Conseil régional des Pays de la Loire)
, directeur de la plateforme régionale de l’innovation de Pays-de-la-Loire.

Selon les trois intervenants, la pensée design pourrait casser la rigidité du système d’éducation supérieure en France.

La méthode design thinking appliquée à l’ESR 

« Un designer ne s’intéresse qu’aux gens et travaille sur toutes les situations de vie. Elles peuvent être simples, complexes, intimes, publiques, professionnelles, familiales… mais ne perdent jamais de vue la solution à un problème humain. On invoque les savoirs, dans une position léonardesque, comme à la Renaissance : il faut articuler tous les savoirs du monde et relancer le travail avec les autres. Le design thinking est un liant qui peut être partagé par tous les acteurs : un designer, un marketeur, un sociologue ou un philosophe… », indique Dominique Sciamma, directeur de Strate Ecole de Design. 

L’évolution vers ce nouveau modèle d’enseignement ne peut cependant advenir que par « l’autonomie, la transparence et la mise en place d’un manager », souligne-t-il.

« En M2 les étudiants sont déjà formatés »

Dominique Sciamma souligne que « Tim Brown [P-DG d’Ideo auteur de Change by design] a fait le marketing du design thinking, mais les écoles de design pratiquent cette approche depuis plus de 100 ans en Europe ».

La méthode commence en effet à intéresser un public plus large dans l’univers de l’enseignement supérieur, puisqu’elle est proposé à des étudiants non spécialisés en design et n’ayant pas encore d’expérience de travail en mode projet.

  • Ainsi, à l’Université Grenoble-Alpes, le travail en mode projet est proposé pour l’instant aux étudiants en deuxième année de Master. Valérie Chanal estime qu’il faudrait introduire une « révolution complète » et proposer le module plus tôt car « en M2, les étudiants sont déjà trop formatés ».
  • Son ambition est de rendre obligatoire un semestre en mode projet, pendant lequel les étudiants travailleraient leur pensée critique, apprendraient à problématiser une question et s’approprier la pensée design. Ils seraient libres de choisir n’importe quel semestre entre L1 et M2.

Des lieux spécifiques nécessaires ?

Valérie Chanal et Olivier Ryckewaert pensent que les universités, ainsi que les collectivités, n’ont pas besoin de lieux spécifiques  pour organiser des ateliers de design thinking.

« C’est plutôt l’état d’esprit, la posture des enseignants vis-à-vis des étudiants qui comptent », estime Valérie Chanal.

Pour Dominique Sciamma, il reste toutefois important de proposer les ateliers dans un lieu qui incarne la méthode : « Le lieu a beaucoup d’importance parce que c’est un lieu de rencontre de la population. Tant qu’il n’y a pas de rencontre, il ne se passe rien ».

 Combien de temps pour s’approprier la pensée design ?

Les projets de longue durée sont privilégiés pour que les acteurs puissent s’approprier la méthode, tant dans les établissements supérieurs qu’au niveau des collectivités. Une semaine ou un mois ne suffisent pas.

Olivier Ryckewaert fait l’analogie avec le cas de la collectivité Pays-de-la-Loire, au sein de laquelle il a créé une équipe dédiée à l’innovation.

« On amenait des fonctionnaires travailler sur le terrain et faire des immersions pendant une semaine… Mais le lundi d’après ils rentraient aux bureaux et le choc était terrible. Ce n’est pas possible d’avoir cet espace de liberté à côté. »

 Dominique Sciamma partage son avis et suggère des projets qui durent au moins six mois.

« Passer à l’action »

Si les enseignants et les étudiants  sensibilisés accueillent déjà positivement la pensée design, il est temps de « passer par la formation de la base dans les établissements », c’est-à-dire les services administratifs, souligne Valérie Chanal.

Pour Dominique Sciamma, « il faut passer à l’action. Le design, c’est faire. Il faut faire les choses pour savoir et pas inversement ».

Cet article est rédigé par les étudiants du master bilingue journalisme européen de Paris 3 Sorbonne Nouvelle avec lequel News Tank a noué un partenariat. Tout au long de Think Education, ils retranscrivent les ateliers avant leur relecture et publication par la rédaction.

©  Seb Lascoux
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