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Think 2020 : l’attractivité internationale devient une priorité, dans un contexte de décrochage

Paris - Actualité n°174596 - Publié le 10/02/2020 à 14:15
©  seb Lascoux
Paul Lignières, Anne Zuccarelli, Min-Hà Pham, Anastasia Iline, Françoise Grolleau - ©  seb Lascoux

Le passage de la France de la 4e à la 5e place comme pays d’accueil des étudiants internationaux est « une vraie alerte » en ce qui concerne la mobilité internationale Erasmus+, la France étant cette année le seul pays où le nombre d’étudiants Erasmus est en baisse.

Anastasia Iline
, directrice générale adjointe de Campus France, dévoile et analyse en exclusivité les derniers chiffres de la mobilité étudiante dans le monde, lors de Think Education et Recherche 2020, organisé par News Tank à l’ICP Institut catholique de Paris le 04/02/2020, à l’occasion de la table ronde : « Attractivité internationale : étudiants, chercheurs, comment les convaincre ? ».

Pour Anne Zuccarelli Directrice du département expérience étudiante et opérations @ Edhec Business School (Ecole des hautes études commerciales du Nord)
, associate dean en charge de l’expérience étudiante à l’Edhec, « toute initiative qui favorisera l’attractivité de la France pour attirer les étudiants étrangers est bonne ».  

Selon Minh-Hà Pham Chargée de mission, en charge de la stratégie de développement internationale de la Fondation CNRS @ Centre national de la recherche scientifique (CNRS)
, vice-présidente relations internationales de l’Université PSL Paris Sciences & Lettres , la première volonté de PSL en matière de stratégie internationale a été de « promouvoir la marque », en s’alliant à de très grandes marques internationales en Chine, en Europe ou aux États-Unis, et de renforcer les partenariats « en mettant le maximum de matières dans ces échanges, pour que ce ne soit pas des accords purement formels ».

Françoise Grolleau Présidente @ Université d’Angers
, vice-présidente international à l’Université d’Angers, considère qu’il faut « perfuser cette internationalisation dans toutes les catégories de personnels, mais aussi dans toutes les strates de la gouvernance - que ce soit au niveau de la recherche et de la formation -, et également intégrer les étudiants ».

Pour Paul Lignières Vice-recteur aux relations externes @ Institut Catholique de Paris (ICP)
, vice-recteur aux relations internationales de l’Institut catholique de Paris, l’expérience de l’ICP « peut être pilote : parce que nous sommes plus petits, donc peut-être plus souples que certaines universités, nous avons développé certaines pratiques qui méritent d’être mises en avant ».

Mobilité étudiante dans le monde : les derniers chiffres en exclusivité de Campus France

Anastasia Iline dévoile en exclusivité les chiffres-clés 2020 de Campus France.

Premier constat : une augmentation continue du nombre d’étudiants en mobilité internationale, tendance observée déjà depuis une dizaine d’années, avec en 2017 plus de 5,3 millions d’étudiants mobiles dans le monde. La mobilité étudiante ne concerne toutefois que 2,4 % de la population étudiante mondiale.

La zone géographique Asie-Océanie est toujours majoritaire : 43 % des étudiants en mobilité en sont issue. Suivent l’Europe (28 %), où il s’agit souvent d’une mobilité intraeuropéenne, puis l’Afrique du Nord-Moyen Orient (11 %), les Amériques (10 %), et l’Afrique subsaharienne (9 %).

  • 65 % des étudiants mobiles dans le monde vont en Europe et en Amérique du Nord.

La mobilité étudiante par pays

Les cinq principaux pays d’accueil sont les États-Unis (19 % des étudiants en mobilité, + 33 % entre 2012 et 2017), le Royaume-Uni (8 % / + 2 %), l’Australie (7 % / + 53 %), l’Allemagne (5 %), et la France (5 % / + 15 %).

« On touche ici à une nouveauté qui ne nous réjouit pas vraiment : la France passe en effet de la 4e à la 5e place des pays accueillant des étudiants internationaux ; l’Allemagne vient donc de passer devant la France.

Nous avons été tentés de dire que nous étions 4e ex æquo (peut-être que nous sommes un peu mauvais perdants !) car les chiffres sont très proches, on est à quelques centaines d’unités d’écart, mais bon, les chiffres sont les chiffres ! Et effectivement l’Allemagne passe juste devant la France », souligne Anastasia Iline.

Cette position de l’Allemagne s’explique par une politique de bourses très attractive et très importante quantitativement, et également par l’accueil d’étudiants réfugiés, notamment syriens.

Le « podium de tête » ne change pas, avec les États-Unis qui sont de loin les premiers, le Royaume-Uni qui affiche une faible progression (peut-être les premiers effets du pré-Brexit), et l’Australie, qui se tourne essentiellement en direction des étudiants asiatiques.

S’agissant des principaux pays d’origine des étudiants en mobilité, le classement est le suivant :

  • la Chine (17 % / + 33 % entre 2012 et 2017),
  • l’Inde (6 % / + 73 %),
  • l’Allemagne (2 % / + 3 %),
  • la Corée du Sud (2 % / - 13 %),
  • le Vietnam (2 % / + 76 %),
  • et la France (2 % / +39 %).

La France garde cette année sa sixième place. Certains pays affichent une forte progression, comme l’Inde, qui est aujourd’hui plus dynamique que la Chine. La Corée du Sud a infléchi sa mobilité sortante ces dernières années, alors que le Vietnam a fortement progressé. La France a également progressé, avec des étudiants se rendant principalement vers l’Europe et aussi au Canada.

La mobilité internationale Erasmus+

« Nous avons une vraie alerte sur la place de la France comme pays d’accueil. Clairement, l’évolution n’est pas favorable », note Anastasia Iline. Il s’agit du seul pays où le nombre d’étudiants Erasmus est en baisse.

Les chiffres montrent que la France attire moins les étudiants d’Europe du Nord et de l’Est. L’attractivité de l’Europe du Sud augmente.

« Il va sans doute falloir travailler différemment et davantage pour remonter cette pente », note-t-elle.

Pour Anastasia Iline, « l’attractivité étudiante est l’un des volets de la diplomatie d’influence d’un pays : lorsqu’on regarde l’évolution de tel ou tel pays, et sa politique d’attractivité en matière d’éducation, on y trouve plus largement le reflet de sa politique diplomatique. Forcément, ces dynamiques-là sont influencées par les évolutions géopolitiques, environnementales, économiques ».

« Certains pays ont mis en place des politiques de bourses extrêmement attractives, dynamiques et ambitieuses, qui ont des effets très importants sur la mobilité.

• On voit par exemple l’Arabie saoudite, la Turquie, la Malaisie qui ont connu des croissances très importantes des étudiants internationaux.

• On voit également le retour de la Russie qui, après une chute très importante du nombre d’étudiants internationaux dans les années 1990, redevient aujourd’hui un vrai acteur de l’accueil de ces étudiants.

Cela montre à quel point l’attractivité étudiante est un des volets du soft power ».

Quelle vision les établissements ont-ils de la stratégie nationale « Bienvenue en France » ?

Anastasia Iline présente les trois piliers de « Bienvenue en France » : 

  • Le développement et l’amélioration de l’accueil des étudiants internationaux dans les établissements, avec une enveloppe de 10 M€ déployée par le Mesri Ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation pour soutenir les projets. « Nous attendons la confirmation du renouvellement cette année de l’appel à projets », précise-t-elle. Campus France est chargé de la labellisation, qui consiste à signaler aux étudiants internationaux les établissements qui ont mis en place des dispositifs favorables à leur accueil.
    • 57 établissements ont été labellisés à ce jour.
    • La prochaine commission aura lieu le 13/02/2020, qui labellisera une vingtaine d’établissements supplémentaires.
    • Plus de 170 établissements se sont engagés dans la démarche.
  • Les droits d’inscription différenciés : « Sur le sujet des bourses, nous avons de bons signaux dans la mesure où le MEAE Ministère de l’Europe et des affaires étrangères a envoyé un signal fort dans tous les postes diplomatiques pour augmenter le nombre de bourses allouées aux étudiants internationaux ». Sur la question des droits d’inscription, « nous sommes dans une phase d’incertitude. Nous attendons la décision du Conseil d’État concernant le contentieux sur l’égalité des droits différenciés, en mars probablement ». D’ici à la rentrée 2020, beaucoup d’établissements n’auront sans doute pas eu le temps de mettre en place une politique de droits différenciés et différeront la mise en œuvre de ces droits.
  • Le soutien apporté aux projets de coopération entre établissements français et étrangers. Dans ce cadre-là, il y a notamment le grand appel à projets PEA « Partenariats pour les établissements africains », qui sera lancé par l’AFD Agence française de développement en mars 2020, et sera doté de 20 M€.

Campus France a en outre lancé une grande campagne de communication pour la stratégie Bienvenue en France, déployée dans 60 pays, qui vise à « donner envie aux étudiants, plus que jamais, de rejoindre la France ».

« À PSL, nous entrons dans cette dynamique de labellisation » (Minh-Hà Pham)

Minh-Hà Pham indique que PSL a obtenu des financements dans le cadre du premier appel d’offres.

L’université a mis en place « des choses classiques », c’est-à-dire un Welcome desk qui existait, mais qui « a été renforcé », un « Buddy program », c’est-à-dire un accompagnement des étudiants internationaux par des étudiants déjà établis en France, un programme de mentorat, ainsi qu’un accompagnement psychologique spécifique pour les étudiants internationaux par un psychologue bilingue. 

En ce qui concerne les droits différenciés  : dans la perspective d’une mise en œuvre progressive et au vu de la décision en suspens du Conseil d’État, PSL a choisi cette année « de reconduire l’exonération ». L’université envisage une application à partir de l’année 2021, en mettant en place un système vertueux.

« Si des droits différenciés sont perçus, ils sont redéployés sous forme de bourses ou consacrés à l’amélioration des services », indique Minh-Hà Pham.

Les droits différenciés : « Une mesure injuste » (Françoise Grolleau)

L’Université d’Angers se situe dans la première vague des établissements labellisés, avec aujourd’hui un label deux étoiles. L’établissement est déjà très avancé en matière d’accueil d’étudiants étrangers. Des dispositifs ont été mis en place depuis longtemps pour accueillir au mieux les étudiants, notamment un guichet info campus et des services offerts aux étudiants dès leur arrivée, qu’ils soient nationaux ou étrangers.

Françoise Grolleau souligne que « les droits différenciés représentent une mauvaise mesure pour nous », et précise que seules quatre universités les appliquent actuellement.

« Nous considérons que c’est une mesure injuste. Nous avons donc reconduit l’exonération pour la rentrée à venir. Nous attendons le Conseil d’État, mais nous attendons aussi de connaître quelles sont les marges de manœuvre accordées par le gouvernement sur le dépassement de ce fameux 10 %, sachant que certaines universités sont bien au-delà de 10 % d’exonération ».

« L’Edhec étudie cette possibilité de labellisation » (Anne Zucarelli)

Anne Zucarelli indique que l’Edhec « étudie cette possibilité » de labellisation par Campus France : « Nous considérons que toute initiative qui favorisera l’attractivité de la France pour attirer les étudiants étrangers est bonne ».

  • L’Edhec accueille un tiers d’étudiants étrangers. Sur une population de 8000 étudiants, plus de 100 nationalités sont représentées.
  • Les frais différenciés pour les non-Européens, qui sont pratiqués depuis longtemps à l’Edhec, représentent environ 15 % de frais supplémentaires sur un certain nombre de programmes.

L’accueil des étudiants étrangers demande plus de ressources (accueil à l’aéroport, trouver un logement, aide aux démarches pour le visa, etc.). Une équipe a été mise en place pour les aider à s’intégrer.

« Ces 15 % supplémentaires nous permettent de les accueillir, de les intégrer, de les inclure dans tout l’écosystème Edhec ».

« À l’ICP, notre expérience peut être pilote » (Paul Lignières)

À l’ICP, « nous avons assez peu d’impact sur les programmes nationaux, dans la mesure où l’enseignement catholique ne concerne qu’environ 1,5 % de la population étudiante globale », souligne Paul Lignières.

Toutefois, « notre expérience peut être pilote : parce que nous sommes plus petits, donc peut-être plus souples que certaines universités, nous avons développé certaines pratiques qui méritent d’être mises en avant ».

Sur une population de 10 000 étudiants, l’ICP accueille environ un tiers d’étrangers. 60 nationalités sont représentées. Beaucoup d’étrangers viennent pour étudier à l’Institut de langue et de culture françaises. De nombreux partenariats ont été développés avec un grand nombre d’universités à l’international.

« Nous avons un vrai dilemme sur la francophonie », souligne Paul Lignières : « On préférerait s’adresser d’abord aux étudiants francophones », mais il ne s’agit pas des « zones géographiques les plus solvables », et en tant qu’université privée, payante, il est difficile de se tourner exclusivement vers le monde francophone.

Il convient soit de trouver des francophones dans des pays non francophones, soit de délivrer des enseignements en anglais, mais les avis divergent sur le sujet car « cela change fondamentalement le projet de l’université ».

Sur les 10M€ disponibles dans le cadre de « Bienvenue en France », 5 M€ ont été attribués via un appel à projets. 80 établissements ont déposé un seul ou plusieurs projets.

« Il est impressionnant de voir la mobilisation des établissements, on ne s’attendait pas à avoir autant de candidats », souligne Anastasia Iline. 

• Il s’agit soit de projets qui existaient déjà et qui se sont enrichis, comme les guichets uniques ou les bureaux d’accueil.

• Des « choses plus innovantes » ont également été mises en place, comme le parrainage, les cours de français langue étrangère et le développement de l’offre en anglais. L’intégration d’un psychologue anglophone par PSL a également été jugée très intéressante.

• Autre exemple : les formations linguistiques des personnels administratifs des établissements a également été développée. 

Comment les établissements font-ils pour attirer les « meilleurs » ?

PSL : augmenter la visibilité des établissements, renforcer les partenariats internationaux, « repérer les pépites »

Minh-Hà Pham - ©  Seb Lascoux
Minh-Hà Pham souligne l’une des spécificités de PSL, celle d’être « une jeune université constituée de composantes anciennes », comme le Collège de France qui date du XVIe siècle. Mais un certain nombre d’établissements, malgré leur caractère prestigieux, « ne passent pas forcément les frontières » du fait de leur petite taille, « à part peut-être Dauphine ou l’École normale supérieure ».

C’est pourquoi PSL cherche à accroître la visibilité de ces établissements qui ont en commun d’être sélectifs, « de promouvoir l’excellence, mais aussi la diversité », d’être au centre de Paris, d’être plutôt à des niveaux graduate (masters et doctorats), et très orientés vers la recherche.

Face à cette réalité, la première tendance de PSL en termes de stratégie internationale a été de « promouvoir la marque », en s’alliant à de très grandes marques internationales en Chine, en Europe ou aux États-Unis, comme Berkeley, Columbia, etc.

Il s’agit également de renforcer les partenariats « en mettant le maximum de matières dans ces échanges, que ce ne soit pas des accords purement formels », ce qui amène à s’appuyer en premier lieu sur des collaborations de recherche « qui amènent assez naturellement des mobilités étudiantes ».

De nombreux partenaires étrangers sont intéressés par des mobilités relativement brèves qui peuvent prendre la forme de stages de recherche, écoles d’été, etc.

Les principaux objectifs à l’international sont en premier lieu d’augmenter le nombre d’étudiants, mais également de mettre en œuvre des critères plus qualitatifs, à savoir « l’aptitude à identifier des endroits où la recherche ou la collaboration a vocation à se cristalliser, comme à Singapour ou aux États-Unis, l’idée étant de repérer des pépites parmi ces collaborations qui préexistent ».

En ce qui concerne la formation en anglais à PSL, « elle est encore assez limitée » :

« Notre objectif est que les étudiants, une fois passés chez nous, soient bilingues, voire trilingues, avec leur langue native, l’anglais comme langue d’échanges, et qu’ils parlent français correctement en partant ».

Minh-Hà Pham souligne toutefois la difficulté de PSL qui n’est pas « un campus unifié », d’où l’importance d’organiser des événements interculturels à Paris (associatifs, sportifs), et de « porter cette problématique particulière au cœur de Paris ».

Université d’Angers : « les étudiants viennent principalement de nos partenaires internationaux »

Françoise Grolleau, VP de l’Université d’Angers - ©  Seb Lascoux
Françoise Grolleau présente la situation de l’Université d’Angers en termes d’internationalisation : 25 000 étudiants dont 12 % d’étudiants internationaux, 590 accords internationaux, 441 partenariats dont 250 en Europe.

 « Il faut nous fixer des priorités et dire : nous sommes sur des zones géographiques et pas sur d’autres (…). Il faut s’interroger sur le sens de nos coopérations ».

Le premier contingent d’étudiants internationaux vient de Chine. L’établissement a deux délocalisations, à Shanghai et à Canton, avec environ 700 étudiants inscrits à l’Université d’Angers, mais qui étudient en Chine et viennent en France pour leur 3e année de licence ou leur master ; ces étudiants chinois apprennent le français, il s’agit donc selon Françoise Grolleau d’un « très bon soutien à la francophonie ». 

« [Dans les établissements], il faut perfuser cette internationalisation dans toutes les catégories de personnels, mais aussi dans toutes les strates de la gouvernance - que ce soit au niveau de la recherche et de la formation -, et également intégrer les étudiants ».

Elle souligne « l’importance de la labellisation et du financement [par Campus France] qui a permis d’améliorer nos processus d’interculturalité et de développer le parrainage ».  

« Sommes-nous obligés d’accueillir des étudiants internationaux sur nos campus ? La réponse est évidemment non. Mais si nous faisons ce choix, il faut offrir au moins une filière en anglais dans chacune des huit composantes », souligne Françoise Grolleau.

L’Université d’Angers s’est appuyée sur un dispositif financé en partie par la Région Pays de la Loire pour encourager les professeurs à enseigner en anglais, qui a consisté notamment à recruter une personne pour accompagner certains professeurs, notamment sur les traductions et la préparation des cours à l’oral, dans la mesure où beaucoup d’enseignants ne parlent pas bien anglais.

Des missions ont par ailleurs été financées pour tester leurs nouveaux cours dans des établissements anglo-saxons.

« L’anglais n’est pas forcément lié au marché de l’enseignement supérieur ou à des objectifs économiques, cela permet surtout de travailler la mixité sur nos campus : seuls 10 % des étudiants français partent à l’étranger ; les 90 % qui restent peuvent bénéficier des étudiants internationaux que l’on accueille sur nos campus ».

Edhec : accompagnement des étudiants, programmes de bourses et enseignement en anglais

Anne Zuccarelli - ©  Seb Lascoux
L’Edhec accorde une grande importance à l’accompagnement des étudiants internationaux : « Cet accompagnement se fait avant, pendant et après l’admission », souligne Anne Zucarelli. Dès son admission, l’étudiant a un contact permanent avec l’International Students Office, une équipe dédiée à l’accueil des étudiants internationaux, qui va les accompagner au quotidien dans toutes leurs démarches (administration, logement, etc.).

« Avec les étudiants internationaux, nous sommes sur un marché très porteur, mais très concurrentiel : vous êtes en compétition avec les plus grandes marques américaines. Cela veut dire aussi que vous devez être dans les classements internationaux et avoir un corps professoral international. Il faut mettre en place des outils marketing qui permettent d’être présents partout dans le monde et de parler à ces étudiants pour leur dire de venir chez nous », souligne Anne Zuccarelli.

  • Parmi ces outils : des programmes de bourses, « incontournables, sans quoi vous passez à côté de très bons étudiants » ; le conseil aux étudiants « avant, pendant et après » ; des programmes complets d’enseignement en anglais.
  • L’Edhec est le premier établissement en France à avoir proposé en master des programmes 100 % en anglais.

« Depuis 10 ans, nous avons compris que si nous ne proposions pas de programmes complètement en anglais, nous passerions à côté d’un énorme marché.

Cela ne veut pas dire que ces étudiants internationaux ne seront pas demain porteurs de la francophonie, mais ces cours en anglais permettent de les inclure dans la salle de classe, sachant que ces derniers ont également des cours de français.

Ils vivent en France, ils apprennent la France. Proposer des cours en anglais ne signifie pas forcément être contre le développement de la francophonie. Mais si vous voulez toucher l’ensemble du marché, cela marche comme ça ».

ICP : « Nous apportons une culture naturellement internationale »

Paul Lignières - ©  Seb Lascoux
« Je ne sais pas si l’enseignement catholique est un critère d’attractivité, mais il nous apporte déjà une culture naturellement internationale. Le catholicisme, c’est l’universel », souligne Paul Lignières.

À l’ICP, la plupart des professeurs ont suivi quelques années d’études dans des pays européens, cette situation étant « très fortement liée à notre identité », précise Paul Lignières. En second lieu, cela permet d’apporter un réseau : l’enseignement catholique dans le monde a bonne réputation, il existe depuis très longtemps et dans de nombreux pays. Il a aussi la réputation d’un enseignement professionnalisant, avec une forte tradition de proximité avec la société civile et les entreprises.

L’ICP abrite le siège de Fédération internationale des universités catholiques, qui regroupe plus de 100 universités. « Cela facilite les contacts internationaux ; nous venons d’ailleurs de conclure un partenariat important avec l’Australie, et la proximité culturelle facilite les choses, c’est indéniable ».

En ce qui concerne les cours en anglais, il en existe dans certains programmes de l’ICP, mais pas de manière systématique : « Il faut savoir ce que l’on veut, chacun a sa propre stratégie. De notre côté, nous ne souhaitons pas passer à des cours en anglais pour être plus rentables sur le marché mondial ».

Paul Lignières souligne que si la totalité des cours à l’ICP était en anglais, il y aurait 70 % d’étudiants internationaux sur le campus et donc des droits d’inscription plus élevés : « Nous pourrions être rapidement très performants sur ce type de marché, mais ce n’est pas notre vocation ».

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Paul Lignières, Anne Zuccarelli, Min-Hà Pham, Anastasia Iline, Françoise Grolleau - ©  seb Lascoux