« Nous sommes devenus des incubateurs d’innovation au quotidien, dans nos vies personnelles. Et pourtant, alors que le mot de transformation digitale est dans toutes les têtes et dans tous les budgets, notre incroyable capacité à inoculer cette nouveauté s’arrête souvent aux portes de l’entreprise », constate Anne-Laure Vincent, fondatrice et présidente d’Alternative Digitale, spécialiste du digital depuis les années 1990, dans sa keynote prononcée lors de Think Education le 30/01/2018 à l’université Paris Dauphine.

« Nous pouvons posséder une technologie très avancée mais si nous ne parvenons pas à embarquer l’ensemble de nos collaborateurs, à les convaincre qu’ils ont un rôle à jouer dans la création de cette recette que nous cuisinons, le plat que nous allons réaliser aura finalement très peu de saveur », indique la fondatrice du site Marmiton et ancienne directrice générale d’aufeminin.com.

« Tous acteurs des évolutions des usages »

« Pour venir à l’université Paris Dauphine et assister à Think, vous avez peut-être commandé un VTC sur une application mobile ou consulté sur internet le trajet en métro. Vous avez pris des nouvelles de votre fille basée en Australie via Facetime ou réservé votre billet de train du week-end prochain pour Bordeaux. Et tout cela, grâce à ce téléphone mobile qui ne vous quitte plus. »

« En quelques années, nous sommes devenus, sans forcément nous en rendre compte, les acteurs des évolutions des usages. Cet outil nous est devenu absolument indispensable. Nous adaptons en permanence nos pratiques de communication. Nous apprenons sans cesse pour faire toujours mieux, toujours plus vite, mais ce, de manière collaborative », selon Anne-Laure Vincent, fondatrice et présidente d’Alternative digitale.

« Les entreprises doivent saisir la créativité des individus »

« Nous sommes devenus des incubateurs d’innovation au quotidien, dans nos vies personnelles. Et pourtant, alors que le mot de transformation digitale est dans toutes les têtes et dans tous les budgets, notre incroyable capacité à inoculer cette nouveauté s’arrête souvent aux portes de l’entreprise. Alors que l’entreprise elle-même a besoin de s’adapter et de faire face à ses nouveaux enjeux et à ses développements, dans une économie mondialisée et pas toujours facile à gérer. Or, quand elle le fait, c’est souvent avec un décalage de temps, comme si l’entreprise n’était pas capable de saisir spontanément la créativité des individus qui la compose. »

Anne-Laure Vincent s’appuie sur son expérience en tant que fondatrice et dirigeante de plusieurs entreprises du numérique pour dresser ces constats. « Mon leitmotiv a toujours été d’accompagner les nouveaux usages liés aux numériques, voire de les anticiper.

• Marmiton.org, le site créé avec trois associés, remplace le carnet de recettes de nos grands-mères. La vraie force de Marmiton tient dans la puissance de sa communauté qui contribue quotidiennement à l’enrichissement de cette base de données de 70 000 recettes et 250 000 commentaires.
• Avec auFeminin.com, nous avons offert aux femmes actives un nouvel espace 100 % numérique répondant à toutes leurs préoccupations, sans limitation et surtout sans tabou : préoccupations liées à leur grossesse, à leur travail. Sur auFeminin.com, on voulait que ces femmes trouvent des réponses à leurs questions. »

La dirigeante pense que ses succès ont reposé sur quatre ingrédients assez simples :

• « intégrer les nouveaux usages ;
• répondre aux nouvelles attentes des internautes ;
• leur offrir un service qu’ils jugent utiles ;
• permettre à tout un chacun de gagner du temps ».

« Mettre l’humain au cœur de la vision »

« J’ai bien dit “Nous”. Mon expérience de dinosaure du digital m’a révélée le secret de la recette : le succès d’une entreprise repose sur sa capacité à mettre l’humain au cœur de sa vision et de ses actions, nous tous, vous tous, les hommes et les femmes qui la constituent. Nous pouvons posséder une technologie très avancée, mais si nous ne parvenons pas à embarquer l’ensemble de nos collaborateurs, à les convaincre qu’ils ont un rôle à jouer dans la création de cette recette que nous cuisinons, le plat que nous allons réaliser aura finalement très peu de saveur », indique Anne-Laure Vincent.

« Quand je dis tous les collaborateurs, je parle du management, des salariés de l’entreprise, mais surtout d’y associer toutes les parties prenantes : clients, fournisseurs, actionnaires, free-lance, tout un chacun qui intervient au sein de l’entreprise. Dans un monde où l’agilité est de mise où les projets se succèdent et s’entremêlent, je suis convaincue que nos engagements associatifs, nos pratiques sportives et culturelles, au même titre que nos expériences professionnelles, sont susceptibles d’apporter une immense richesse à l’entreprise. »

Diversité

« Cette mise en commun est génératrice de diversité et de valeur pour nos entreprises. Cette mise en commun va permettre d’être la source de transmission entre tous les talents qui sont connectés à l’entreprise et à son projet. Pour que cette conviction se concrétise, il semble important de mobiliser nos organisations de manière à ce qu’elles soient plus adaptables, plus souples et qu’elles permettent d’offrir à tout un chacun des espaces de formation, une sécurisation des acquis de chacun et une validation de nos parcours professionnels. »

« Cela permettra à chacun d’entre nous de se prévaloir de compétences objectives mêmes si vérifiables. En effet, la qualité humaine, le sens des responsabilités et la satisfaction des clients constituent des traits de transformation essentiels pour les entreprises qui vont vers le succès. Et pour moi, c’est justement là que se trouve la bonne alternative au tout digital. »