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Sciences Po Bordeaux :« l’effet catalyseur » des financements Erasmus+ dans la stratégie internationale

News Tank Éducation & Recherche - Paris - Interview n°155521 - Publié le 09/09/2019 à 16:36
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©  Sciences Po Bordeaux / Twitter
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La stratégie internationale de Sciences Po Bordeaux « est régie par un principe de base » : « Tous nos étudiants partent en mobilité en seconde année dans un de nos 150 établissements partenaires », déclare Dario Battistella, professeur et directeur des études à News Tank le 06/09/2019.

Il ajoute que Sciences Po Bordeaux possède également « depuis près de 20 ans des filières binationales », qui permettent aux étudiants qui les intègrent de partager leur scolarité entre le campus bordelais et le campus de l’établissement partenaire. 

D’autres programmes binationaux complètent la stratégie de l’établissement, ainsi que des doubles diplômes en cours de création, avec la Hong Kong Baptist University notamment. 

Lucile Martin, administratrice du bureau Europe, indique que les financements Erasmus+ ont eu « un effet catalyseur » dans l’élaboration de la stratégie internationale : « Ils incitaient les étudiants à partir en mobilité et nous encourageaient à développer de nouveaux partenariats », ajoute-t-elle.

Sciences Po Bordeaux compte aussi sur ses étudiants pour transmettre leurs expériences : « Chaque année en novembre se tient le forum international pour que les étudiants puissent échanger avant de faire leurs choix de mobilité », indique Lucile Martin.

Aux côtés de Dario Battistella, elle revient sur l’élaboration de la stratégie international de l’établissement, mais aussi sur les implications de récentes actualités comme le plan « Bienvenue en France » et le Brexit.


Lucile Martin et Dario Battistella répondent à News Tank

News Tank : Autour de quels partenariats s’articule votre stratégie internationale ?

Dario Battistella : Premièrement, un principe de base qui régit notre stratégie est le fait que tous nos étudiants partent en mobilité en seconde année dans un de nos 150 établissements partenaires.

Au-delà, nous avons depuis près de 20 ans des filières binationales avec des établissements partenaires : l’Allemagne (Stuttgart), l’Italie (Turin), l’Espagne (Madrid), les Caraïbes (Antilles et Jamaïque). Deux autres partenariats avec le Maroc et le Royaume-Uni sont en train d’être renégociés. Les étudiants qui intègrent ces filières partagent leur scolarité entre notre campus et celui du partenaire.

Nous avons également des programmes binationaux de deuxième cycle pour certains masters qui permettent aux étudiants qui les intègrent de partir une année ou un semestre. Quatre programmes existent à ce jour : Universidad del Rosario de Bogotá en Colombie, l’Université de l’Amitié des Peuples de Moscou en Russie, avec le Middlebury Institute of International Studies at Monterey en Californie dans le cadre de notre master « Bordeaux international relations degree » et enfin avec l’Institut québécois des Hautes Études internationales (HEI) de l’Université Laval, au Canada.

Créer des doubles diplômes »

Enfin, nous sommes en train de créer des doubles diplômes pour des premiers cycles ou des masters, ou les deux. Nous espérons en ouvrir un avec HKBU (Hong Kong Baptist University) en 2020 avec un recrutement au printemps prochain. Ce serait un programme de quatre ans, au sens du bachelor américain, accessible pour un petit nombre d’étudiants au départ.

Un autre diplôme est en élaboration avec la Luiss (Libera Università Internazionale degli Studi Sociali Guido Carli) à Rome, et nous envisageons également de collaborer sur ce modèle avec une université taïwanaise — la NTU National Taiwan University .

Comment est-ce que cette stratégie s’est construite ?

Lucile Martin : Nous avons commencé à établir des partenariats en Europe dès les années 1990. Les financements Erasmus+ ont eu un effet catalyseur : ils incitaient les étudiants à partir en mobilité et nous encourageaient à développer de nouveaux partenariats. Ensuite très naturellement nous avons développé les partenariats hors Europe, avec des financements spécifiques associés.

Au départ, 70 % de nos étudiants partaient en Europe pour leur mobilité de seconde année. Aujourd’hui, cela s’inverse petit à petit, 55 % des étudiants vont étudier en dehors de l’Europe, souvent pour découvrir des destinations plus lointaines et plus diverses culturellement.

De ce point de vue là, Israël est un exemple typique : il y a quelques années, notre partenariat commençait à perdre en intérêt auprès des étudiants, nous avions des partenaires, mais il ne se passait pas grand-chose. À partir du moment où nous avons eu un soutien financier par un programme européen de mobilité, cela a permis de redynamiser le partenariat, à tel point que nous devons aujourd’hui faire une sélection des étudiants.

Le financement, un catalyseur »

Le financement est souvent un catalyseur : à partir du moment où nous avons des fonds, on s’attache à voir ce qui peut être fait et ensuite un engrenage se déclenche, les premiers étudiants partent, reviennent avec un avis positif et donnent envie aux autres d’y aller.

Quelle tournure prend-elle aujourd’hui, notamment alors que vos effectifs augmentent ?

Pour choisir les pays ou les établissements avec lesquels nous souhaitons nouer de nouveaux partenariats, nous nous appuyons à la fois sur l’expertise de nos enseignants et collègues qui ont des relations à l’échelle internationale, mais aussi sur les vœux des étudiants. En effet, lorsqu’ils postulent pour leur mobilité de seconde année, ils font des choix, à partir de ces informations nous réalisons des statistiques pour évaluer les destinations les plus prisées.

Nous avons un système de témoignages d’anciens étudiants à leur retour de mobilité qui permet aux élèves qui se préparent à partir d’avoir des informations. Chaque année en novembre se tient le forum international pour que les étudiants puissent échanger avant de faire leurs choix de mobilité.

Nous signons régulièrement de nouveaux partenariats, il le faut du fait de l’augmentation de nos effectifs : en 2018 nous avons eu 275 élèves en première année alors qu’il y a deux ans ils étaient 200. Le fait de trouver d’autres partenariats nous amène aussi des étudiants supplémentaires, c’est donc un cercle vertueux qu’il faut maintenir.

Les étudiants entrants prennent-ils des cours en français ou en anglais ?

Dario Battistella : Depuis 2010 nous avons mis en place le dispositif « English Track » qui permet de suivre des cours en anglais pour les étudiants entrants qui le souhaitent. C’est souvent le cas pour des étudiants de l’Europe de l’Est qui sont traditionnellement francophones, mais nous avons noté ces dernières années qu’ils étaient plus à l’aise en anglais. Et la francophonie perd de son attrait dans certains pays.

Lucile Martin : Nous recevons souvent bien plus de demandes pour l’English Track que pour le parcours en français, mais nous effectuons une sélection par rapport au niveau de langue à l’arrivée.

Quelles implications le plan « Bienvenue en France » a-t-il pour votre établissement ?

Lucile Martin : Nous ne sommes pas concernés par les frais différenciés étant donné que nos droits sont modulés en fonction du revenu fiscal du foyer de rattachement de l’étudiant.

Un dispositif d’accueil très élaboré »

Quant à l’appel à projets « Bienvenue en France », nous n’avons pas postulé cette année, peut-être l’an prochain lorsque nous aurons un projet plus abouti. Nous avons déjà un dispositif très élaboré pour l’accueil des étudiants internationaux, comme nous sommes une petite structure, nous avons les moyens de bien les accueillir.

Grâce, entre autres, à des fonds européens, nous proposons plusieurs dispositifs : un stage de rentrée, des visites touristiques, une formation à la méthodologie de Sciences Po, qui peut parfois être déstabilisante pour des étudiants venus d’autres pays. Nous avons également un guichet unique pour ce qui concerne les formalités administratives ainsi que des cours de français au semestre ou à l’année pour tous les étudiants internationaux accueillis.

Concernant les personnels et enseignants, quelle mobilité est possible au sein de votre établissement ?

Dario Battistella : Dans chacune des filières binationales, nous envoyons chaque année un ou deux enseignants et nous recevons des enseignants de nos universités partenaires en échange. Des mobilités similaires existent en dehors des filières, par exemple avec la University of Colorado at Boulder.

Nous avons par ailleurs un programme de professeurs invités, grâce auquel une douzaine de professeurs viennent dans nos centres de recherche. Nous avons souhaité miser sur l’internationalisation at home, en proposant des cours dispensés en anglais par ces visiting professors.

Lucile Martin : 95 % de ces mobilités sortantes sont financées sur des fonds européens ce qui représente 15 allocations chaque année. Ce sont majoritairement des professeurs qui partent. Nous dédions une partie de ces allocations à la mobilité administrative, mais elle est rarement utilisée. Une ou deux collègues responsables des bibliothèques sont parties dans des établissements scandinaves pour découvrir de nouvelles méthodes de travail.

Le Brexit a-t-il un impact particulier sur votre stratégie ?

Lucile Martin : Nous allons peut-être plus nous tourner vers des universités scandinaves, on ne sait pas exactement comment cela va se passer. La plupart des partenaires britanniques pour la mobilité de deuxième année nous ont contactés pour nous dire qu’ils souhaitent continuer, mais nous ne savons pas comment nous allons financer les mobilités. Nous avons une enveloppe dédiée à l’aide aux étudiants sortants qui vont dans des pays hors Europe, notamment dans les cas où les frais de scolarité sont élevés, elle sera désormais accessible aux étudiants qui souhaitent aller en Grande-Bretagne.

Dario Battistella : Habituellement environ 300 étudiants postulent pour des destinations au Royaume-Uni dans le cadre de la filière franco-britannique, c’est un pays très demandé. Cette année, nous n’avons pas fait de recrutement du tout, c’est un vrai contrecoup ; cela fait deux ans que nous voyons que le modèle ne convient plus. Là-bas, ils ont du mal à trouver des étudiants.

Dario Battistella


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Parcours

Université de Bordeaux
Professeur agrégé
Sciences Po Paris (IEP Paris)
Maître de conférences
Sciences Po Paris (IEP Paris)
DEA « Etudes politiques »

Établissement & diplôme

Université d’Amiens
Docteur en sciences politiques

Fiche n° 36292, créée le 09/09/2019 à 11:07 - MàJ le 09/09/2019 à 11:16

Lucile Martin


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Parcours

Sciences Po Bordeaux (IEP Bordeaux)
Administratrice du bureau Europe
ENQHEEI : European Network for Quality of Higher Engineering Education for Industry
Consultante
consulat général de France à Shanghai
Conseillère pédagogique

Fiche n° 36293, créée le 09/09/2019 à 11:19 - MàJ le 09/09/2019 à 11:24

Sciences Po Bordeaux (IEP Bordeaux)

Catégorie : Écoles spécialisées


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Fiche n° 3938, créée le 29/02/2016 à 05:59 - MàJ le 09/09/2019 à 10:54

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