Journée mondiale des enseignants : comment former les professeurs de demain ? (Réseau des Inspé)
« Loin d’être la première cause de la crise d’attractivité du métier d’enseignant, la formation initiale des enseignants est probablement l’un des leviers mobilisables pour l’endiguer. À condition toutefois d’en envisager les évolutions dans le temps long. Depuis dix ans, elle est régulièrement soumise à de fréquentes réformes qui donnent l’impression d’un système instable et peu lisible », écrit le Réseau des Inspé, présidé par Alain Frugière
Président @ Réseau des Inspé (INSPE) • Directeur @ Institut national supérieur du professorat et de l’éducation de l’académie de Paris (Inspé de l’académie de Paris) • Professeur des universités …
, dans une tribune adressée à News Tank, le 04/10/2024.
Le réseau qui rassemble les instituts de formation des enseignants en France délivrant notamment le master Meef
Métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation
s’exprime à l’occasion de la Journée mondiale des enseignants de l’Unesco
Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture
. L’occasion de formuler quatre propositions pour une formation rénovée — une des priorités affichées par le gouvernement de Michel Barnier
Premier ministre @ Chef du Gouvernement - Hôtel de Matignon
, alors que le projet porté précédemment par Gabriel Attal
Député de la 10ème circonscription des Hauts-de-Seine @ Assemblée nationale
n’est pas arrivé à son terme.
Le Réseau des Inspé avance quatre axes :
• « Un haut niveau de maîtrise des compétences nécessaires à l’exercice du métier.
• Une formation intégrative, ouverte à la diversité des publics, qui s’inscrive dans un continuum sur au moins cinq années et qui permette l’acquisition de l’ensemble des compétences professionnelles de façon progressive.
• Une formation universitaire ancrée dans la recherche et qui établisse les bases du développement professionnel ultérieur.
• Une formation en lien direct avec la pratique du métier au sein des territoires. »
Le métier d’enseignant : une désaffection marquée dans de très nombreux pays
Le 04/10, l’Unesco Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture célèbre la Journée mondiale des enseignants. Il s’agit de commémorer l’adoption de la Recommandation OIT Organisation internationale du travail /Unesco de 1966 concernant la condition du personnel enseignant et de la Recommandation de l’Unesco de 1997 concernant la condition du personnel enseignant de l’enseignement supérieur. Ces instruments normatifs énoncent les droits et les responsabilités des enseignants, ainsi que les normes internationales relatives aux principales préoccupations professionnelles, sociales, éthiques et matérielles des enseignants.
Alors que les métiers de l’enseignement font l’objet d’une désaffection marquée dans de très nombreux pays, cet événement est l’occasion de se pencher sur les conditions de formation, d’entrée dans le métier et d’exercice de la profession d’enseignant.
En France, les raisons de la crise d’attractivité ont été pointées par une enquête de la Cour des comptes réalisée en 2022, et plus récemment par le rapport de l’OCDE Organisation de coopération et de développement économiques dans Regards sur l’Éducation 2024. Ces résultats dessinent le portrait d’un métier peu valorisé, avec des salaires peu attractifs et de faibles opportunités de carrière, souffrant de conditions de travail difficiles.
La formation : un des leviers mobilisables
Loin d’être la première cause de cette crise d’attractivité, la formation initiale des enseignants est probablement l’un des leviers mobilisables pour l’endiguer. À condition toutefois d’en envisager les évolutions dans le temps long. Depuis dix ans, elle est régulièrement soumise à de fréquentes réformes qui donnent l’impression d’un système instable et peu lisible.
- Comment, dès lors, former durablement les quelque 60 000 étudiants inscrits dans les masters Meef Métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation qui constituent la majorité des futures enseignantes et futurs enseignants ?
- Comment leur garantir une formation inscrite dans la durée et une entrée dans le métier basée sur des compétences solides ?
- Comment leur permettre d’acquérir et d’articuler les apports disciplinaires, une approche pratique du métier et un ancrage scientifique dans les différents champs de la recherche en et pour l’éducation (didactiques, psychologie cognitive ou sociale, etc.)
Et s’il s’agissait d’intégrer tous ces éléments dans une logique cohérente, quels seraient les fondements d’une formation universitaire des enseignants rénovée, pensée sur le long terme et visant un système stable et pérenne ?
Les fondements d’une formation rénovée
Dans une logique de réflexion collective et en s’appuyant sur son expertise croisée avec celle des grands acteurs et analystes du système éducatif, le Réseau des Inspé pose ici les quatre axes d’un tel projet :
Un haut niveau de maîtrise des compétences nécessaires à l’exercice du métier. Maîtriser les contenus disciplinaires et savoir les mobiliser de façon réfléchie dans une perspective d’apprentissage en contexte réel de classe est indispensable à l’exercice serein de son métier.
Une formation intégrative, ouverte à la diversité des publics, qui s’inscrive dans un continuum sur au moins cinq années et qui permette l’acquisition de l’ensemble des compétences professionnelles de façon progressive. Intégrer toutes les dimensions du métier dès le début de la formation plutôt que de les aborder successivement est la logique la plus cohérente et la plus efficace pour garantir la construction d’une identité professionnelle solide.
Une formation universitaire ancrée dans la recherche et qui établisse les bases du développement professionnel ultérieur. Combiner la mise à disposition d’outils directement applicables en classe et leur mise en perspective éclairée par la recherche doit permettre de former des enseignants responsables, au fait de l’actualité scientifique.
Une formation en lien direct avec la pratique du métier au sein des territoires. La compréhension du métier s’apprend dans l’exercice réel et le contact direct avec l’environnement professionnel. La prise progressive de responsabilités en contexte constitue autant de gages de réussite d’un parcours professionnel en construction.
Ce continuum de formation doit donc être pensé à l’université et en tirant profit de toutes les compétences présentes dans les Inspé, les UFR Unité de formation et de recherche partenaires et les rectorats.
Au-delà de la formation initiale
Penser ou repenser la formation initiale des enseignants et des CPE Conseiller principal d’éducation ne pourra apporter que des solutions partielles si ne sont pas interrogés en parallèle les mécanismes de formation tout au long de la vie et les évolutions de carrière.
Les changements doivent être à large périmètre et s’inscrire dans le temps long. Ils doivent prendre appui sur des exemples internationaux sans renier les spécificités de notre système éducatif.
Il faut enfin se donner les moyens d’évaluer cette réflexion à l’aune de la cohérence et de la pérennité du système ainsi revisité, en croisant les regards de tous les acteurs éducatifs.
Être enseignant, c’est avoir la chance unique de transformer la vie des autres, de favoriser l’épanouissement de chacun en contribuant à façonner un avenir durable. À l’heure où renforcer l’attractivité du métier d’enseignant n’est plus une option, sachons investir pour l’avenir de notre pays et réfléchir ensemble aux conditions de formation et d’accueil de nos futurs professeurs.
Réseau des Inspé (INSPE)
Catégorie : Associations, réseaux
Adresse du siège
29 rue Boursault75017 Paris France
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Fiche n° 3867, créée le 08/02/2016 à 06:46 - MàJ le 03/10/2024 à 16:22