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Législatives : France Universités, CDEFM, Cdefi et CGE « disent non » au RN

News Tank Éducation & Recherche - Paris - Actualité n°330390 - Publié le 01/07/2024 à 10:03
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©  Photo by Arnaud Jaegers on Unsplash
©  Photo by Arnaud Jaegers on Unsplash

France Universités, la CDEFM Conférence des directeurs d’écoles françaises de management , la Cdefi Conférence des directeurs des écoles françaises d’ingénieurs , et la CGE Conférence des grandes écoles « disent non au Rassemblement national pour les universités et les écoles », dans un communiqué commun du 01/07/2024, au lendemain du premier tour des élections législatives anticipées où le RN Rassemblement national et ses alliés obtiennent 33,15 % des suffrages exprimés.

« La menace est immédiate, réelle et inédite. Elle doit être affrontée avec gravité et détermination, car elle ne constitue pas une alternance ordinaire en démocratie. Ce sont bel et bien les valeurs universelles et humanistes qui sont en péril : l’ouverture aux autres, la tolérance, la curiosité intellectuelle ou encore l’esprit critique », indiquent les conférences.

Elles ajoutent que « l’alerte dépasse les établissements d’ESR Enseignement supérieur et recherche . Il ne s’agit donc pas de protéger des intérêts corporatistes, mais bien de défendre les valeurs de la République ».

« Parce qu’elle se fonde sur des principes d’exclusion, de repli, mais aussi sur la peur et le rejet de l’autre, la politique portée par le RN met en danger notre enseignement supérieur et la chance qu’il offre à toute la jeunesse, quels que soient son parcours, ses origines et son milieu social. Elle compromet l’accueil d’étudiants étrangers parmi lesquels certains deviendront doctorants et participeront, demain, au rayonnement de la science française dans le monde. »

« Elle menace l’indépendance du service public, de l’enseignement supérieur dans son ensemble, ainsi que l’autonomie de sa recherche et la liberté académique et pédagogique de celles et ceux qui ont en charge la formation de la jeunesse et concourent au développement du pays, dans chacun de nos territoires. »

« C’est encore une autre idée de l’Europe dont nous ne voulons pas, celle où les universités européennes n’auront plus leur place et où la mobilité étudiante portée par le programme Erasmus, plébiscité depuis de nombreuses années, est en danger. »


D’autres réactions de l’ESR

SNPTES Syndicat national des personnels techniques, scientifiques et des bibliothèques de l’enseignement supérieur, de la recherche et de la culture -Unsa Union nationale des syndicats autonomes  : appel à faire barrage au RN

« Le SNPTES appelle à faire barrage à l’arrivée au pouvoir du rassemblement national et plus largement à tout parti d’extrême droite, et à soutenir le programme du nouveau front populaire  ! » indique-t-il le 28/06/2024, soit avant le premier tour des législatives.

« L’ESR se sont toujours construits et enrichis grâce à des femmes et des hommes, prestigieux ou inconnus, venus de l’étranger. Ainsi, les statuts respectifs des chercheurs, des enseignants-chercheurs, des ingénieurs de recherche, ingénieurs d’études et assistants ingénieurs (ITA Ingénieurs, techniciens et personnels administratifs et ITRF Ingénieurs et personnels Techniques de Recherche et de Formation ) permettent de recruter des fonctionnaires sans que la condition de nationalité française ne soit exigée.

Par ailleurs, de nombreux contractuels qui ne sont pas de nationalité française ou qui sont binationaux exercent leurs missions au sein de nos établissements et services et contribuent pleinement à la richesse de ceux-ci.

De la même manière, la mise en place de la préférence nationale ainsi que d’autres idées du RN en la matière, notamment, dans le domaine de l’éducation ou de l’accueil des élèves auraient, pour l’éducation nationale, pour nos établissements, pour les élèves et pour la communauté éducative des effets dévastateurs alors que nos collègues et leurs élèves ont simplement besoin de moyens ou de sérénité. »

« Avec la préférence nationale, l’ESR pourrait être gravement impacté » (Unsa)

Dans une analyse du 25/06, l’Unsa estime que l’extrême droite « est aussi l’ennemie de l’enseignement supérieur et de la recherche ».

« Durant la pandémie, le RN n’a cessé de s’asseoir sur les résultats scientifiques pour mieux cultiver un discours simpliste et populiste au service de leur stratégie de développement. Par exemple, Marine Le Pen a alimenté l’opposition à la vaccination, en particulier celle des enfants, en assénant des contre-vérités et sophismes sur l’efficacité de la vaccination pour lutter contre la propagation du virus.

Sur les enjeux écologiques, le programme du RN relève du déni de réalité. Loin de prendre en considération l’accélération du bouleversement climatique que les scientifiques démontrent d’une étude à une autre, le RN propose une approche écologique inconséquente à rebours des recommandations du Giec Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat . »

Déni de réalité sur les enjeux écologiques »

« Nous pouvons, en outre, anticiper les répercussions sur l’ESR d’un gouvernement du RN en regardant également ce qui se passe dans des pays déjà gouvernés par l’extrême droite et dont le RN se réclame proche. On prendra l’exemple de la Hongrie, pays où Marine Le Pen a d’ailleurs obtenu son prêt pour financer sa campagne de 2022. Depuis l’arrivée de Orbán à la tête du pays, les universités hongroises subissent diverses pressions et la liberté académique (pédagogique et de recherche) est la cible principale du gouvernement. Ainsi, la politique d’Orbán consiste à attaquer toutes les recherches dont les résultats contredisent ses valeurs réactionnaires et d’extrême droite. »

« Enfin, avec la préférence nationale que le RN met en première ligne de sa politique, l’ESR pourrait être gravement impacté. En effet, les politiques discriminatoires voulues par le RN conduiraient à se couper des forces vives que représentent les étudiants étrangers pour l’ESR français. Alors que l’époque appelle à plus de coopérations scientifiques que la France a besoin d’asseoir sa diplomatie par le soft power que représente l’accueil d’étudiants venus de tout horizon, le RN prône des mesures pour dissuader les étrangers de venir faire leurs études en France. »

Les sciences sociales menacées par l’extrême droite

L’AFS (Association française de sociologie) et l’Ases (Association des sociologues enseignant.es du supérieur) appellent « la communauté des sociologues et plus largement de la recherche et de l’enseignement supérieur à se mobiliser contre l’extrême droite. C’est notre survie qui est en jeu, celle des valeurs de dialogue, d’émancipation, d’outillage intellectuel et critique, et de la mission de service public que nous défendons », indiquent-elles le 20/06/2024.

Selon elles, « l’arrivée de l’extrême droite au pouvoir constituerait un très grave danger pour la communauté académique et ses personnels. Partout où l’extrême droite et/ou des régimes autoritaires se sont imposés, leurs droits sont bafoués. Les expériences récentes de plusieurs pays (comme l’Argentine, le Brésil, la Hongrie, la Turquie…) montrent que la liberté académique y est systématiquement attaquée (censures, licenciements, emprisonnements, réduction drastique des budgets et des postes…) ».

« Les sciences sociales en particulier sont les premières à subir ces assauts, et notamment les recherches sur les rapports sociaux de sexe et de race, et tous les travaux adoptant une approche intersectionnelle - comme le montrent déjà, en France, les dénonciations d’un prétendu “islamo-gauchisme” ou du “wokisme” à l’université. Plus généralement, la remise en cause de la recherche libre par les partis d’extrême droite, qui n’hésitent pas à s’appuyer sur des discours complotistes (par exemple sur les problématiques environnementales ou migratoires), est à rebours de nos valeurs d’émancipation collective. »

©  Photo by Arnaud Jaegers on Unsplash
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