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Vie étudiante : une concertation territoriale en Corse « qui va aider à travailler autrement le -3/+3 »

News Tank Éducation & Recherche - Paris - Actualité n°285061 - Publié le 03/04/2023 à 16:22
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« Les résultats de cette concertation vont nourrir l’évolution du schéma directeur de la vie étudiante de l’université, et permettre la mise en place d’un schéma directeur du handicap. Cela va aussi aider à travailler différemment le -3/+3 entre les lycées et les acteurs de l’enseignement supérieur, et au fond nourrir une logique territoriale », déclare Jean-Philippe Agresti Recteur @ Région académique de Centre-Val de Loire • Recteur @ Académie de Corse • Professeur des universités en histoire du droit et des institutions @ Aix-Marseille Université (AMU)
Chevalier de…
, recteur de la région académique et de l’académie de Corse, à News Tank, le 24/03/2023.

Il revient sur l’organisation par la région académique d’une concertation territoriale sur la vie étudiante, le 22/03, en partenariat avec l’Université de Corse.

« Nous avons travaillé en comité de pilotage pendant trois mois, avec des représentants de la collectivité territoriale de Corse, l’université, les BTS Brevet de technicien supérieur , le Crous Centre régional des œuvres universitaires et scolaires , et des représentants des étudiants. Cela nous a permis de construire la méthodologie. Puis la journée de concertation a permis d’élargir la discussion à tous les autres partenaires (ARS Agence régionale de santé , MDPH Maison départementale des personnes handicapées , acteurs du sport, représentants des communes). Le fonctionnement en ateliers a conduit à des rapports et une synthèse globale, que nous allons mettre par écrit pour la partager avec la ministre de l’ESR Enseignement supérieur et recherche et les acteurs locaux. »

Il voit dans cette journée « à la fois un aboutissement et un point de départ. Nous sommes conjoncturellement dans un moment important, où l’université renouvelle son offre de formation et son contrat, donc sous les fourches caudines du Hcéres Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur . Mais aussi où nous allons signer notre CPER Contrat de plan État-région , et où nous devons renouveler la convention tripartite État, collectivité, université, pour les cinq ans à venir, et définir quels moyens seront mis par les partenaires. »

Il ajoute : « Il a été acté que la méthode était bonne et qu’il fallait continuer à travailler comme cela ».


Poids du public, rôle de la collectivité, implantation : les spécificités de l’ESR corse

Le recteur de la région académique de Corse revient sur les spécificités de l’enseignement supérieur et de la vie étudiante en Corse :

  • « L’enseignement supérieur public y est très dominant : une université à Corte qui compte 5 000 étudiants, des BTS dans des lycées de Bastia et Ajaccio, et une très faible proposition de supérieur privé ».
  • La collectivité territoriale de Corse dispose de compétences larges en matière d’enseignement supérieur du fait d’une convention tripartite entre l’université, l’État et la collectivité. « Le fait d’avoir une convention tripartite rend les choses plus simples, car plus on a des financeurs plus c’est compliqué, mais il faut aussi que les objectifs de tout le monde concordent. Sur la vie étudiante, il n’y a pas de polémique, ce qui limite les postures. »
  • « Alors que souvent les universités se sont développées dans des métropoles, puis ont répondu à des demandes de développement dans des villes secondaires, en Corse, c’est l’inverse. Le cœur de la vie étudiante s’est construit à Corte, en dehors des centres urbains que sont Bastia et Ajaccio, ce qui pose des problématiques en termes de transports et de logement. »

« Le -3/+3 n’est pas juste une question de formation et d’insertion, mais aussi de vie étudiante »

La journée de concertation du 22/03 était organisée autour de plénières et de quatre ateliers :

  • accès aux services relatifs à la vie étudiante, 
  • qualité de l’offre à destination des étudiants,
  • engagement étudiant,
  • parcours de formation et d’insertion.

Une réflexion qui englobe donc l’ensemble des sujets : « Nous avons beaucoup insisté sur le fait que le -3/+3 n’est pas juste une question de formation et d’insertion, car on sait qu’une vie étudiante épanouie est un élément fondamental de la réussite et de l’ambition. D’où la prise en compte de questions sociétales qui relèvent de la vie étudiante : égalité femmes-hommes, prise en compte du développement durable, lutte contre le cyberharcèlement, etc. »

« Par ailleurs, le principe du continuum porte l’idée de proposer une offre de formation de proximité, par une articulation des formations et des débouchés qui tienne compte de la logique territoriale. »

Sur ce sujet de coordination territoriale, il indique qu’une proposition des étudiants a été actée : « avoir des ambassadeurs désignés de la vie étudiante à Corte, pour aller rencontrer les autres acteurs de la vie associative hors Corte, afin de faire un maillage territorial de la vie associative ».

Logement, restauration, transports : trouver des solutions pérennes

Selon le recteur, la question du logement est différente selon qu’elle se pose à Corte et en dehors. « C’est pour cela qu’il faut mettre en place un observatoire du logement étudiant pour s’assurer qu’on puisse maintenir une capacité de logement et avoir des données précises sur le coût du logement. »

Alors que les services du Crous sont basés à proximité de l’université, et pas du tout présents à Ajaccio et Bastia, il indique : « Il ne s’agit pas de dupliquer le Crous dans ces villes, mais de travailler différemment, par conventions, avec des internats, des bailleurs sociaux, en incluant les communes et tous les acteurs de la vie étudiante. »

Quant aux transports, il ajoute : « C’est très concret. Aujourd’hui il est plus facile d’aller de Lyon à Marseille tous les jours pour faire ses études, que d’Ajaccio à Corte, car il y a un col à traverser. Il y a donc des choses à repenser, en concertation, tant pour l’accessibilité, que la circulation interne à la ville, avec une ‘voie douce’ entre les deux grands campus. »

Lutter contre la précarité étudiante

Interrogé sur la précarité étudiante en Corse, le recteur indique : « Les chiffres sont en effet parlants. Depuis l’épidémie de Covid, le Crous a doublé le nombre de repas servis par jour (passés de 500 à 1000) dans un contexte où la collectivité offre la gratuité des repas, sans condition de ressources ! L’épicerie solidaire de Corte reste très fréquentée (une centaine de passages par jour). »

« S’il est vrai que la Corse est une des régions les plus pauvres de France et donc n’échappe pas à cette précarité, il existe aussi une bonne prise en charge, du fait de la présence des collectivités, de l’État. Aussi, lors de cette journée, il a été mentionné qu’il fallait continuer d’aider les étudiants dans le besoin, mais qu’il fallait aussi revenir à une forme d’équilibre, pour ne pas mettre en péril l’ensemble du système. »

« Tracer le calendrier des priorités »

À la suite de cette concertation, Jean-Philippe Agresti indique vouloir continuer à travailler, sous la forme d’un comité de pilotage, sur toutes ces questions « pour voir comment nous avançons sur les priorités, sur certains axes déterminés ».

« Certains enjeux ne sont pas propres à la Corse, mais en attendant les grandes décisions nationales, nous devons continuer à avancer sur les réalités locales : les ambassadeurs étudiants, c’est un dispositif qui peut être mis en place dès la rentrée prochaine, l’observatoire du logement pour une part aussi, car c’est un projet de court et moyen terme.

Quant à la mise en place de prestations de logement ou de restauration, c’est certainement ce qui est le plus long à mettre en place. Mais il nous faut déjà tracer le calendrier pour ces priorités. »

Région académique de Corse

Catégorie : Académies


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