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LPPR au Cneser : le Sgen obtient des avancées, mais reste opposé et a « majoritairement » voté contre

News Tank Éducation & Recherche - Paris - Actualité n°186256 - Publié le 19/06/2020 à 16:57
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©  Anne Bruel/Infocom CFDT
Franck Loureiro - ©  Anne Bruel/Infocom CFDT

Le Sgen-CFDT Syndicat général de l’Éducation nationale - Confédération française démocratique du travail a « panaché » ses voix lors du vote final sur le projet de LPPR, examiné par le Cneser Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche dans la nuit du jeudi 18/06 au vendredi 19/06, indique son secrétaire général adjoint, Franck Loureiro à News Tank, le 19/06.

Le Cneser s’est terminé au petit matin par un vote favorable du texte par 32 voix pour, 26 contre et trois abstentions. Contrairement à ce qu’indiquait News Tank en début de journée, le Sgen n’a pas voté unanimement pour le texte.

« Ce ne sont pas nos voix qui font basculer le vote », souligne Franck Loureiro qui précise que l’organisation a voté « majoritairement contre ».

Il pointe le fait que la Snasub-FSU Syndicat National de l’Administration Scolaire Universitaire et des Bibliothèques - Fédération Syndicale Unitaire et le Snesup-FSU, soit sept voix, « n’ont pas assisté du tout à la séance ». Seul le SNCS Syndicat national des chercheurs scientifiques était présent et dispose de deux voix. La CGT, qui dispose de huit voix, ayant quitté la salle avant le vote final, leur présence aurait pu faire basculer le vote. 

« Que chacun assume ses responsabilités », déclare Franck Loureiro, qui pointe le fait que l’ensemble des votes durant la séance sont restés secrets, « à la demande de la CGT, de l’Unef , de Solidaires et de la FSU Fédération syndicale unitaire  ».

« Dans ce type d’instance, la transparence est fondamentale, elle oblige chacun à assumer publiquement. Nous n’avons pas compris la demande d’un vote secret. »

« Globalement, il reste des éléments qui ne nous vont pas : les chaires de professeurs juniors (prévus par l’article 3), les CDI de mission scientifique (article 5) et une programmation budgétaire insuffisante en début de période », résume le secrétaire général.

Pour autant, Franck Loureiro signale plusieurs avancées qui expliquent que son organisation a accordé quelques voix au projet de loi. « Nous sommes opposés à la loi, car elle contient des éléments qui ne vont pas. Mais nous avons mis quelques votes en “favorable“ et en “abstention“, car nous avons obtenu la reprise de pratiquement la moitié de nos amendements. »


Les avancées qui satisfont le Sgen-CFDT

Un dispositif pour « compenser » la création des chaires de professeurs juniors

La veille du Cneser, mercredi 17/06, Frédérique Vidal a réuni les organisations syndicales en multilatérale pour leur proposer un dispositif aménageant les chaires de professeurs juniors. 

« Elle a écrit un courrier au SNPTES, à l’Unsa et au Sgen-CFDT pour pour mettre en place un dispositif dit “un pour 1“, c’est-à-dire que, pour chaque chaire de professeur junior créée, l’établissement recruteur devra ouvrir un poste de professeur pour permettre à un maitre de conférences d’être promu. S’il s’agit d’un organisme de recherche, ce sera un poste de directeur de recherche pour permettre à un chargé de recherche de l’être ».

Malgré cela, le Sgen reste opposé à l’article 3 et n’a pas présenté d’amendement pour le modifier.

« On ne voulait pas rentrer dans le jeu de la négociation sur cet article. Tout ce qu’on aurait pu demander ne relève pas de la loi. Qui recrute ? Qui évalue ? Comment on accompagne les jeunes recrutés ? Toutes ces questions relèvent du réglementaire. » 

Vers un protocole pour améliorer les déroulés de carrières

Comme l’indiquait News Tank le 16/06, le Sgen a obtenu l’accord du Mesri pour ouvrir une discussion qui doit aboutir sur un protocole d’accord sur les déroulés de carrière.

Un engagement ministériel répété lors de la multilatérale du 17/06 et en séance par Frédérique Vidal, rapporte Franck Loureiro.

Les amendements « très importants » portés par le Sgen modifient le rapport annexé au projet de loi en précisant : 

  • La revalorisation des salaires prévue par la LPPR « permettra, par exemple, une majoration sensiblement plus marquée de l’indemnitaire des chargés de recherche et des maîtres de conférences de classe normale, représentant l’équivalent d’une majoration de la rémunération annuelle d’au moins 15 % ». 

« Le niveau de rémunération des enseignants-chercheurs et des chercheurs est loin des standards internationaux, et des annonces plus précises sont nécessaires pour redonner confiance aux agents », selon le Sgen-CFDT. 

  • « Enfin, un travail sera mené pour les personnels relevant du Mesri, et en particulier les enseignants-chercheurs et les chercheurs pour faire évoluer les déroulements de carrière (par exemple diminution de la durée de certains échelons, passage de la classe normale à la hors classe, suppression du contingentement de la hors échelle B, augmentation des possibilités de promotion aux corps de PR et de DR…). »  

Interrogé par News Tank sur l’attitude de la ministre, Franck Loureiro répond : « Elle est restée du début à la fin. Elle répondait systématiquement à toutes les interpellations syndicales. Elle s’engage pour sa loi, elle la défend. »

« A la fin de chaque article, pour lesquels il y a eu à chaque fois un vote, elle nous disait ce qu’elle garderait ou pas », salue le secrétaire générale du Sgen-CFDT.

Pour autant, « nous avons une divergence fondamentale sur la vision de l’ESR qu’elle porte et qui continue à passer essentiellement par les appels à projets, même si elle a insisté sur l’augmentation du préciput. »

©  Anne Bruel/Infocom CFDT
Franck Loureiro - ©  Anne Bruel/Infocom CFDT