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CNRS : pas de congés imposés aux agents qui télétravaillent, une reprise en présentiel progressive

News Tank Éducation & Recherche - Paris - Actualité n°181481 - Publié le 24/04/2020 à 17:51
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Siège du CNRS - ©  D.R.

« J’ai décidé de ne pas imposer aux agents qui travaillent à distance de prendre des jours de congés, considérant que l’investissement de chacun et chacune dans cette période difficile est exemplaire. Naturellement, chacun conserve la possibilité de solliciter des jours de congés dans les conditions habituelles », écrit Antoine Petit P-DG @ Centre national de la recherche scientifique (CNRS) • Professeur des universités @ École normale supérieure Paris-Saclay (ENS Paris-Saclay)
, P-DG Président(e)-directeur(rice) général(e) du CNRS Centre national de la recherche scientifique , dans un message envoyé le 22/04/2020 aux agents de l’organisme, dont News Tank a obtenu copie.

« Concernant les agents qui ne travaillent pas à distance [ceux en autorisation spéciale d’absence], une ordonnance du 16/04/2020 impose de prendre dix jours de RTT ou congés sur la période ayant commencé le 16/03. Ce texte s’impose à toute la fonction publique et je ne peux qu’en prendre acte. »

En outre, le P-DG évoque dans son message la reprise en présentiel à partir du 11/05. « Je sais que la plupart d’entre vous attendent cette sortie avec impatience.  Compte tenu de la situation sanitaire, nous devons toutefois nous préparer à travailler encore dans des conditions dégradées. La reprise progressive en présentiel prendra du temps. »

Et de préciser que cette reprise « ne sera pas non plus uniforme d’une direction, délégation, service ou unité à l’autre, ou d’un site à l’autre. De plus, nous devons la préparer en tenant compte de beaucoup d’incertitudes et même d’inconnues. »

Il souligne aussi la nécessité de s'« adapter aux contraintes locales liées aux transports mais aussi à la réouverture des écoles et lycées, des services et des entreprises ».

« Tous ces paramètres conditionneront, entité par entité, le retour progressif à la normale. Selon les consignes que donnera le gouvernement, beaucoup d’entre vous vont probablement rester, au moins partiellement, en télétravail pendant plusieurs semaines. Une présence par roulement pourra également être prévue le cas échéant. »


Congés : la réaction du Sgen-CFDT et du SNTRS-CGT

Télétravail : une décision « sage » d’Antoine Petit de ne pas imposer de congés

« Encourager la prise de congés en ce moment, sans l’imposer, me paraît sain », commente à News Tank, le 23/04/2020, Yannick Bourlès Ingénieur de recherche hors classe @ Centre national de la recherche scientifique (CNRS) • Secrétaire général - Recherche @ Syndicat Général de l'Éducation Nationale - CFDT (SGEN - CFDT)
, ingénieur de recherche, secrétaire général du Sgen-CFDT Syndicat général de l’Éducation nationale - Confédération française démocratique du travail Recherche EPST Établissement public à caractère scientifique et technologique et élu au conseil d’administration du CNRS Centre national de la recherche scientifique .

« C’est une décision sage de la part d’Antoine Petit, parce qu’il aurait pu imposer cinq jours de congés. L’Inserm Institut national de la santé et de la recherche médicale et Inrae Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement , qui sont aussi des EPST, l’ont fait. ». Pour lui, « la décision de l’Inserm et d’Inrae est paradoxale : au moment où on a le plus besoin des chercheurs, et de les mettre en confiance, on les met en congés d’office ».

« J’ai été surpris que le traitement ne soit pas le même pour l’Inserm et Inrae qu’au CNRS, parce qu’Antoine Petit nous avait dit qu’il se concertait sur ces sujets avec le “G5” des organismes de recherche : Inserm, Inrae, Inria Institut national de recherche en informatique et en automatique , CEA Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives — et CNRS. »

Cette décision fait dire à Josiane Tack Secrétaire générale @ Syndicat National des Travailleurs de la Recherche Scientifique (SNTRS-CGT)
, ingénieure de recherche, secrétaire générale du SNTRS-CGT Syndicat National des Travailleurs de la Recherche Scientifique - Confédération générale du travail et également élue au conseil d’administration du CNRS : « Notre employeur est à l'écoute et voit bien que la situation est difficile pour les personnels du CNRS, et ne souhaite pas ajouter à ces difficultés ».

ASA Autorisation spéciale d’absence  : une ordonnance « pas du tout adaptée au monde de la recherche »

Par ailleurs, pour Yannick Bourlès, « l’ordonnance qui impose dix jours de congés aux agents en autorisation spéciale d’absence n’est pas du tout adaptée au monde de la recherche. C’est discriminatoire à plusieurs niveaux :

  • Si les chercheurs et les cadres ingénieurs font facilement et régulièrement du télétravail, ce n’est pas le cas des agents de catégorie B ou C, comme les agents d’accueil.
  • Et ce sont souvent les femmes qui se sont mises en autorisation spéciale d’absence, pour s’occuper des enfants. »

« De plus, certains agents qui sont en ASA Autorisation spéciale d’absence , car ils vivent en zone blanche par exemple, continuent à travailler », ajoute-t-il.

Certaines personnes ont travaillé sur leur ordinateur personnel, tout en étant en ASA »

Pour Josiane Tack, le problème est également que « la direction de l'établissement nous dit depuis le début : “mettez-vous en télétravail ou en ASA, pour nous, cela ne change rien” ».

En outre, « le CNRS disait au départ que, si nous n’avions pas d’ordinateur professionnel, nous ne pouvions pas nous mettre en télétravail, et nous devions nous mettre en ASA. Donc certaines personnes ont travaillé sur leur ordinateur personnel, tout en étant en autorisation spéciale d’absence. »

Sur ce point, « l’employeur a demandé à ce que les cas complexes lui soient remontés. Et nous avons demandé à ce qu’un maximum de personnels soient en télétravail pour le mois à venir », ajoute la secrétaire générale de SNTRS-CGT.

Plus largement, « l’intersyndicale de l'ESR Enseignement supérieur et recherche réfléchit à interpeller la ministre Frédérique Vidal sur le sujet des congés imposés ».

Reprise : des incertitudes

« Lundi 20/04, nous avons eu une réunion avec Antoine Petit au cours de laquelle les conditions de reprise ont été évoquées, avec les mêmes incertitudes » que dans le message aux agents, poursuit Yannick Bourlès. « Mais Antoine Petit ne peut pas faire autrement : il y a encore beaucoup d’inconnues, il est dépendant des décisions gouvernementales. »

Une réflexion laboratoire par laboratoire

Tenir compte des conditions d’ouverture fixées par l’établissement hébergeur »

Le P-DG Président(e)-directeur(rice) général(e) du CNRS déclare dans son message que, « pour les unités de recherche et de service, les directions des instituts vont se rapprocher de leurs directeurs et directrices pour déterminer, activité par activité, les grandes lignes du calendrier et des modalités de reprise ou de poursuite dans les locaux de l’unité. Ce travail important sera partagé avec les différentes tutelles des unités et tiendra compte des conditions d’ouverture fixées par l’établissement hébergeur. »

Josiane Tack estime que le message d’Antoine Petit concernant cette reprise progressive est « sage, pour protéger son personnel ».

Elle approuve le fait que « chaque laboratoire réfléchisse à sa politique de sortie du confinement », avec des modalités qui dépendront de plusieurs facteurs : « Il y a des expérimentations à faire, des deadlines sur certains projets. Chaque laboratoire va avoir ses urgences. »

La secrétaire générale souhaite en outre que la dimension psychologique de la situation des agents fasse partie des éléments pris en compte pour le retour en présentiel.

« Certains collègues veulent revenir travailler, parce qu’ils sont dans des situations inconfortables chez eux, et se sentent mal, psychologiquement. Ils ne rêvent que de retourner sur leur lieu de travail pour sortir de leur enfermement.

Donc je pense qu’il faut que les laboratoires fassent attention à cet aspect psychologique, parfois même psychiatrique. Et si les agents doivent revenir petit à petit, peut-être prendre en compte le fait que certains souhaitent vraiment le faire. »

Protection des agents

La « priorité absolue » est la santé des agents, affirme en outre Antoine Petit dans son message.

« Nous devrons bien sûr respecter scrupuleusement les gestes barrière et suivre les instructions encore à venir, en ce qui concerne le port et le type des masques, tant dans les trajets professionnels que sur les lieux de travail. »

Un des enjeux étant la manière de fournir des masques aux agents du CNRS, souligne Yannick Bourlès.

Lors de la réunion entre les représentants syndicaux et Antoine Petit du 20/04, cette question a été évoquée : « Est-ce au CNRS de faire les démarches pour en avoir ? Ou aux collectivités locales d’en fournir de manière coordonnée, et un peu plus efficace ? Parce que les masques deviennent une denrée rare. »

« Nous avons aussi mis l’accent sur le fait que les masques devraient être obligatoires dans les transports, parce que c’est l’endroit, semble-t-il, le plus risqué », ajoute le secrétaire général du Sgen-CFDT Recherche EPST.

Pour Josiane Tack, « nous sommes dans une situation de défaillance de l’État en matière de mise en œuvre de la protection de ses citoyens et de ses propres personnels ».

« Dans le cadre de cette crise, les organisations syndicales sont consultées en mode dégradé et en visioconférence  par la direction du CNRS, ce qui ne permet pas un véritable dialogue social », déclare par ailleurs Yannick Bourlès, précisant que le dernier conseil d’administration du CNRS « a eu lieu le 13/03, juste avant le confinement ».

Toutefois, Josiane Tack estime que le dialogue social est « correct, malgré les conditions, nous n’avons pas à nous plaindre ». « La direction fait attention à garder un contact avec les organisations syndicales », ajoute-t-elle.

Antoine Petit


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Parcours

Alliance Athéna
Président
Institut national de recherche en informatique et en automatique (Inria)
Directeur par interim Centre Saclay-Ile-de-France
Institut national de recherche en informatique et en automatique (Inria)
Directeur Centre de recherche Paris-Rocquencourt
École normale supérieure Paris-Saclay (ENS Paris-Saclay)
Directeur du département informatique

Établissement & diplôme

Université Paris-Sud (Paris 11)
Habilitation à diriger les recherches
Université Paris 7 - Diderot
PhD in Computer Science
Université Paris-Sud (Paris 11)
Agrégation de Mathématiques, Master of Mathematics

Fiche n° 6252, créée le 28/09/2014 à 21:32 - MàJ le 19/06/2023 à 14:37

Centre national de la recherche scientifique (CNRS)

Le CNRS est le principal organisme de recherche français.


Catégorie : Organismes publics de recherche
Entité(s) affiliée(s) :
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Adresse du siège

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Fiche n° 1955, créée le - MàJ le 16/04/2024 à 17:49

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